Lot Essay
Ce dessin et les deux suivants ont appartenu au pape Clément XI, connu pour son grand intérêt envers l’archéologie ; au puissant et savant cardinal Alessandro Albani, mécène de l’historien de l’art Johan Joachim Winckelmann et de l’artiste Anton Raphael Mengs ; et au roi d’Angleterre, Georges III. C’est néanmoins leur origine qui les rend encore plus fascinants : ils ont été exécutés dans le cadre du projet formidablement ambitieux du savant italien du XVIIe siècle et mécène des arts, Cassiano dal Pozzo. Avec son frère Carlo Antonio, Cassiano a commencé vers 1615 à rassembler un grand nombre de dessins et de gravures pour documenter les bâtiments, monuments, œuvres d’art et les coutumes du passé, en particulier de l’Antiquité, mais aussi des illustrations des sciences naturelles. Il les a organisés afin de former son Museum chartaceum, ou « musée de papier ». Les dessins de toutes sortes d’oiseaux, dont les trois proposés dans cette vente faisaient autrefois partie, donnent une idée de l’ampleur de l’entreprise de Cassiano : son « musée » comprenait plus de deux cents dessins (1) classés dans des albums qui documentaient les animaux et la nature.
Une grande partie de la collection d’arts graphiques de Cassiano, qui comptait plus de 7000 feuilles, a fini dans à la Royal Collection, au British Museum et à l’Institut de France, ce qui a permis une étude approfondie de son champ et de ses principes, et a abouti à la publication continue des dessins et des estampes dans un catalogue en plusieurs volumes. Le principal dépositaire des dessins d’oiseaux existants est la Royal Collection, mais près de la moitié d’entre eux – et parmi eux, beaucoup des plus beaux et des plus grands feuilles – ont été dispersés après la Première Guerre Mondiale, et sont aujourd’hui éparpillés dans un grand nombre de collections privées et publiques (2).
Le projet de Cassiano semble avoir été de faire graver les dessins et de les publier sous forme de livres. Si cette ambition ne s’est jamais concrétisée, un livre de ce type est paru, à Rome en 1622, et était consacré aux oiseaux (L’uccelliera, écrit pour Cassiano par Giovanni Pietro Olina). De nombreuses gravures ont été réalisées à partir d’aquarelles du dessinateur Vincenzo Leonardi, également à l’origine des présentes feuilles. Élève du peintre et graveur Antonio Tempesta, Leonardi a accompagné Cassiano lors d’un voyage en France en 1625 et a travaillé pour lui jusqu’à la fin de sa vie (3). Bien qu’il ait également dessiné des éléments antiques pour le musée de Cassiano, son principal talent semble avoir été la représentation de la nature. Les trois exemples présentés ici ne correspondent à aucune des planches de L’uccelliera et ont probablement été réalisés plus tard. Ces feuilles, en excellent état et conservées sur le montage qui leur avait été donné lors leur entrée dans la Royal Collection au XVIIIe siècle, témoignent du talent de Leonardi pour combiner la précision de la représentation des oiseaux – de profil pour une clarté maximale – avec la sensibilité artistique et le raffinement de l’exécution.
(1) McBurney et Violani, op. cit., nos 1-208, ill.
(2) H. McBurney, ‘History and contents of the dal Pozzo collection in the Royal Library, Windsor Castle’, in Cassiano dal Pozzo. Atti del Seminario Internazionale di Studi, Rome, 1989, p. 81.
(3) McBurney et Violani, op. cit., pp. 61-65, et passim.
Une grande partie de la collection d’arts graphiques de Cassiano, qui comptait plus de 7000 feuilles, a fini dans à la Royal Collection, au British Museum et à l’Institut de France, ce qui a permis une étude approfondie de son champ et de ses principes, et a abouti à la publication continue des dessins et des estampes dans un catalogue en plusieurs volumes. Le principal dépositaire des dessins d’oiseaux existants est la Royal Collection, mais près de la moitié d’entre eux – et parmi eux, beaucoup des plus beaux et des plus grands feuilles – ont été dispersés après la Première Guerre Mondiale, et sont aujourd’hui éparpillés dans un grand nombre de collections privées et publiques (2).
Le projet de Cassiano semble avoir été de faire graver les dessins et de les publier sous forme de livres. Si cette ambition ne s’est jamais concrétisée, un livre de ce type est paru, à Rome en 1622, et était consacré aux oiseaux (L’uccelliera, écrit pour Cassiano par Giovanni Pietro Olina). De nombreuses gravures ont été réalisées à partir d’aquarelles du dessinateur Vincenzo Leonardi, également à l’origine des présentes feuilles. Élève du peintre et graveur Antonio Tempesta, Leonardi a accompagné Cassiano lors d’un voyage en France en 1625 et a travaillé pour lui jusqu’à la fin de sa vie (3). Bien qu’il ait également dessiné des éléments antiques pour le musée de Cassiano, son principal talent semble avoir été la représentation de la nature. Les trois exemples présentés ici ne correspondent à aucune des planches de L’uccelliera et ont probablement été réalisés plus tard. Ces feuilles, en excellent état et conservées sur le montage qui leur avait été donné lors leur entrée dans la Royal Collection au XVIIIe siècle, témoignent du talent de Leonardi pour combiner la précision de la représentation des oiseaux – de profil pour une clarté maximale – avec la sensibilité artistique et le raffinement de l’exécution.
(1) McBurney et Violani, op. cit., nos 1-208, ill.
(2) H. McBurney, ‘History and contents of the dal Pozzo collection in the Royal Library, Windsor Castle’, in Cassiano dal Pozzo. Atti del Seminario Internazionale di Studi, Rome, 1989, p. 81.
(3) McBurney et Violani, op. cit., pp. 61-65, et passim.