Félix Vallotton (1865-1925)
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Félix Vallotton (1865-1925)

Chemin de la Croix-Rouge

Details
Félix Vallotton (1865-1925)
Chemin de la Croix-Rouge
signé et daté ‘F. VALLOTTON. 18’ (en bas à gauche)
huile sur toile
54 x 73 cm.
Peint à Honfleur en 1918

signed and dated ‘F. VALLOTTON. 18’ (lower left)
oil on canvas
21 ¼ x 28 ¾ in.
Painted in Honfleur in 1918
Provenance
Galerie Druet, Paris (acquis auprès de l'artiste en 1922).
Alfred Pacquement, Paris (acquis auprès de celle-ci le 26 décembre 1922).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
Livre de Raison, no. 1178 (listé ‘LRZ 1178: Paysage. chemin de la croix rouge matin clair à gauche moissonneurs et un cheval. a [sic]
droite grands arbres ébranchés (T 20 P)').
H. Hahnloser-Bühler, Félix Vallotton et ses amis, Paris, 1936, p. 314.
M. Ducrey, Félix Vallotton, L'œuvre peint, Lausanne, 2005, vol. III, p. 690, no. 1243 (illustré).
Exhibited
Bâle, Kunsthalle, Félix Vallotton, janvier-février 1957, no. 126 (titré ‘Aux environs d’Honfleur’).
Further details
"Que la force créatrice se répande par tout mon être, qu'une forme substantielle jaillisse de mon coeur! Je ne fais que trembler et tâtonner. Mais je te connais nature, il faut que je te saisisse. Qu'il me tarde de te sentir aimante et fidèle, alors tu éclaireras toutes les forces de mon être, et mon étroite existence prendra des dimensions d'éternité" (notes de l'artiste sur un carnet de croquis, vers 1885-87, in M. Ducrey, Félix Vallotton, L'œuvre peint, Le peintre, Lausanne, 2005, vol. I, p. 165).
Par ces quelques phrases écrites à tout juste vingt ans, Félix Vallotton résume toute la fascination qu'exercent sur lui la nature et sa représentation, sous-jacente dans chacun des innombrables paysages peints tout au long de sa carrière. Ce parisien d'adoption, éternel nostalgique de son enfance à la campagne, gardera toute sa vie un attachement et un respect profond pour la nature dans toute sa grandeur. Depuis ces jeunes années, il se livre ainsi à une véritable quête: celle de lui rendre hommage par sa peinture.
En combinant les enseignements tirés de ses explorations artistiques passées, il accède enfin à la réalisation de ce qu'il pressent et appelle de ses vœux dès 1918 dans son Livre de raison: le paysage composé. Comme il l'explique dans son journal: "Je rêve d'une peinture dégagée de tout respect littéral de la nature, je voudrais reconstituer des paysages sur le seul secours de l'émotion qu'ils m'ont causée, quelques grandes lignes évocatrices, un ou deux détails, choisis, sans superstition d'exactitude d'heure ou d'éclairage. Au fond, ce serait une sorte de retour au fameux "paysage historique". Pourquoi pas ?" (cité in op. cit., p. 178). Vallotton est alors fortement influencé par Nicolas Poussin, dont certaines compositions inspirent directement ses toiles. De celui-ci, il hérite la technique du paysage recomposé en atelier mais aussi la volonté de reconstituer une nature somptueuse et impassible, par opposition à une condition humaine fragile et éphémère. De façon significative et à l'exemple du présent tableau, les rares personnages présents dans les paysages du peintre suisse semblent, comme dans les compositions tardives de Poussin, ne pas être le sujet principal du tableau, mais au contraire de simples faire-valoir de la nature luxuriante qui les entoure. Comme l'écrivit Paul-Elie Gernez dans un article consacré aux paysages du peintre évoquant ce sentiment d'ascendant de la nature sur l'homme: "Spectateur, nous participons devant eux à leur métaphysique figurée et nous nous inclinons à notre insu sous leur emprise de choses muettes [...] Les paysages de Vallotton, comme ceux de Vigny, nous attendent dans un silence austère. Ils nous ramènent à la nature des choses et ils nous y incorporent" (cité
in op. cit., p. 193).

"May creative strength penetrate all my being, may substantial form spring from my heart! I can only tremble and stumble around. But I know you nature, I must hold you. How I long to feel you loving and faithful, you will then illuminate all the strengths within me and my narrow life shall take the dimensions of eternity" (artist's notes on a sketchbook, around 1885-1887, in M. Ducrey, Félix Vallotton, L'oeuvre peint, Le peintre, Lausanne, 2005, vol. I, p. 165).
With these few lines, written at just twenty years old, Félix Vallotton expresses all the fascination which nature and its representation hold for him, underlying each of the numerous landscapes painted all along his career. A Parisian by adoption, eternally longing for the country of his childhood, he retained throughout his life a deep attachment and respect for nature in all its grandeur. From his early years, he set off on a single quest: paying tribute to nature through his painting.
Combining what he had learnt from his past artistic investigations, he finally reached the fulfillment of what he had sensed and wished for since 1918 in his Livre de raison: the composed landscape. As he explained in his diary: "I dream of painting free from any literal respect of nature, I would like to reconstruct landscape, only with the help of the emotion it aroused in me, a few evocative lines, one or two details, selected without any superstition regarding exactness of time or light. It would be in fact a return to the "historical landscape". Why not?" (quoted in op. cit., p. 178). Vallotton was at the time strongly influenced by Nicolas Poussin, some of the latter's compositions directly inspiring Vallotton's paintings. He inherited from this master the technique of the landscape recomposed in the studio but also the will to recreate nature as sumptuous and impassive nature, in its opposition to the fragility and transience of human existence. Significantly, as in this painting, the rare figures in the Swiss painter's landscapes seem not to be the main subjects of the painting, but rather there only to highlight the lush nature surrounding them, as in Poussin's later works.
Paul-Elie Gernez wrote in an article about the painter's landscapes, evoking this feeling of domination of nature over man: "We take part in the figurative metaphysics of these mute elements and we bend unknowingly under their power [...] Vallotton's landscapes, as Vigny's, wait for us in austere silence. They bring us back to the nature of things and integrate us into it" (quoted in op. cit., p. 193).

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Antoine Lebouteiller
Antoine Lebouteiller Head of Department

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