Lot Essay
Le tableau que nous présentons témoigne du goût pour les chinoiseries, interprétation européenne des ornements et œuvres d’art d’Extrême-Orient, dont Jean-Baptiste Pillement s’est imprégné dès son séjour aux Gobelins, en 1743, avant son départ pour l’Espagne. Son œuvre se caractérise par la présence de personnages, de rinceaux et d’encadrements dont l’imagerie s’éloigne des panneaux, bronzes, laques, soies et broderies venues d’Orient pour laisser place à une vision très personnelle, voire purement imaginaire. Les jeunes femmes Chinoises, à l’image de celles aperçues dans ce tableau, sont de jeunes Européennes déguisées alors que les hommes ont une allure plus authentique, renforcée par leur barbe d’inspiration mongole. Les fleurs fantaisistes et arabesques représentent une des manifestations les plus caractéristiques du goût asiatique très en vogue au XVIIIe siècle : l’amour de la ligne courbe, l’enchevêtrement des motifs et l’attention accordée aux détails atteignent alors leur paroxysme. Les fleurs sous le pinceau de Pillement sont les plus baroques du XVIIIe siècle, avec des pétales colorés surmontés de fruits exotiques. A cette flore s’ajoute une faune extraordinaire où se mêlent dragons au cou sinueux, paons multicolores et vautours décharnés. Pillement insère ces différents éléments dans des pavillons, ponts, barques et escaliers où se mêlent ruisseaux, branchages et guirlandes végétales (G. Pillement, Jean Pillement, Paris, 1945, pp. 57-68).
A la mode à la fin du XVIIe siècle sous l'impulsion du commerce des compagnies des Indes Orientales – East India Company, Compagnie française des Indes, Verenigde Oost-Indische Compagnie et Svenska Ostindiska Companiet –, les chinoiseries furent très prisées tout au long du XVIIIe siècle et de nombreux artistes se sont inspirés de cette esthétique exotique. Parmi les peintres, il convient de citer Antoine Watteau (1684-1721) et François Boucher (1703-1710) dont les dessins et gravures ont donné lieu à diverses manifestations du goût chinois retrouvées dans l’ameublement, la décoration intérieure, l’architecture et les jardins. Parmi celles-ci figurent les fameuses Tentures chinoises tissées par la Manufacture royale de Beauvais d’après des cartons de Boucher dont le Rijksmuseum possède l’une des plus belles tapisseries (inv. BK-1956-62). Mais de tous ces artistes, ainsi que le rappellent les historiens de l’art Dawn Jacobson (D. Jacobson, Chinoiserie, Londres, 1993, p. 75) et William Mills Ivins (W. Mills Ivins Jr., Prints and Books, Informal Papers, Cambridge, 1926, p. 312), c’est probablement Jean Pillement dont l’œuvre est la plus importante et prolifique.
L’influence de Pillement sur les arts décoratifs européens fut considérable. Cette incroyable popularité s’explique par son talent et son imagination mais surtout par la publication de ses gravures dans une série de recueils tels que Nouvelle Suite de Cahiers de Dessins Chinois à l’usage des dessinateurs et des peintres (ill. 1) dont les motifs furent repris par différentes manufactures. La faïencerie de Lunéville-Saint-Clément s’est par exemple servie de son œuvre pour son fameux décor « au Chinois » (G. Aubry et al., La route du Chinois, Lunéville, 1995, p. 5). Ces planches révèlent une imagination sans cesse en éveil (M. Gordon-Smith, « The influence of Jean Pillement on French and English Decorative Arts. Part One », Artibus et Historiae, 2000, vol. 21, no. 41, pp. 77) que l’artiste transposera dans ses paysages à la fin du XVIIIe siècle, une fois la mode des chinoiseries passée.
Ill. 1. Élément ornemental du recueil Nouvelle Suite de Cahiers de Dessins Chinois à l’usage des dessinateurs et des peintres, gravure à l'eau-forte, Cooper Hewitt, Smithonian Design Museum, New York, inv. 1921-41-21.
A la mode à la fin du XVIIe siècle sous l'impulsion du commerce des compagnies des Indes Orientales – East India Company, Compagnie française des Indes, Verenigde Oost-Indische Compagnie et Svenska Ostindiska Companiet –, les chinoiseries furent très prisées tout au long du XVIIIe siècle et de nombreux artistes se sont inspirés de cette esthétique exotique. Parmi les peintres, il convient de citer Antoine Watteau (1684-1721) et François Boucher (1703-1710) dont les dessins et gravures ont donné lieu à diverses manifestations du goût chinois retrouvées dans l’ameublement, la décoration intérieure, l’architecture et les jardins. Parmi celles-ci figurent les fameuses Tentures chinoises tissées par la Manufacture royale de Beauvais d’après des cartons de Boucher dont le Rijksmuseum possède l’une des plus belles tapisseries (inv. BK-1956-62). Mais de tous ces artistes, ainsi que le rappellent les historiens de l’art Dawn Jacobson (D. Jacobson, Chinoiserie, Londres, 1993, p. 75) et William Mills Ivins (W. Mills Ivins Jr., Prints and Books, Informal Papers, Cambridge, 1926, p. 312), c’est probablement Jean Pillement dont l’œuvre est la plus importante et prolifique.
L’influence de Pillement sur les arts décoratifs européens fut considérable. Cette incroyable popularité s’explique par son talent et son imagination mais surtout par la publication de ses gravures dans une série de recueils tels que Nouvelle Suite de Cahiers de Dessins Chinois à l’usage des dessinateurs et des peintres (ill. 1) dont les motifs furent repris par différentes manufactures. La faïencerie de Lunéville-Saint-Clément s’est par exemple servie de son œuvre pour son fameux décor « au Chinois » (G. Aubry et al., La route du Chinois, Lunéville, 1995, p. 5). Ces planches révèlent une imagination sans cesse en éveil (M. Gordon-Smith, « The influence of Jean Pillement on French and English Decorative Arts. Part One », Artibus et Historiae, 2000, vol. 21, no. 41, pp. 77) que l’artiste transposera dans ses paysages à la fin du XVIIIe siècle, une fois la mode des chinoiseries passée.
Ill. 1. Élément ornemental du recueil Nouvelle Suite de Cahiers de Dessins Chinois à l’usage des dessinateurs et des peintres, gravure à l'eau-forte, Cooper Hewitt, Smithonian Design Museum, New York, inv. 1921-41-21.