Lot Essay
L’ÉTERNEL ÉTÉ INDIEN
« Cette poupée hopi évoque la déesse du maïs : dans l’encadrement crénelé de la tête, vous découvrirez les nuages sur les montagnes ; dans ce petit damier, au centre du front, l’épi ; autour de la bouche, l’arc-en-ciel […] Est-ce là, oui ou non, la poésie telle que nous continuons à l’entendre ? »
André Breton, Le Littéraire, 1946
Sio Hemis est une « kachina1 empruntée » du Pueblo de Jemez (Nouveau-Mexique) et adoptée par les Hopis (Arizona). Cet esprit joue un rôle primordial dans les cérémonies Niman. Il est responsable d’événements bénéfiques et constitue une prière pour la pluie, salutaire à la germination et aux bonnes récoltes agricoles. La tableta, qui surplombe cette poupée, fait d’ailleurs écho à ce rôle par les motifs stylisés de trois épis de maïs. L’exemplaire de la collection Périnet est remarquable tant par ses dimensions que par sa polychromie.
En Europe, les kachina sont entrées très tôt dans les ateliers d’artistes. Emil Nolde en représente trois dans deux de ses tableaux de 1911 (Exotic Figures I et II) et Max Ernst s’y intéresse tout particulièrement (Cf. en témoigne la photographie Max Ernst wearing Kachina mask, Oak Creek Canyon, 1946, ou encore celle prise sur la terrasse de Peggy Guggenhein à New York en 1942). Elles ont également fasciné André Breton qui, en août 1945, assiste aux cérémonies kachina en Arizona.
Nul doute que le discernement et l’audace de Michel Périnet l’ont conduit à s’intéresser de près à ces poupées et à voir en elles, à la manière du poète surréaliste Benjamin Péret « la tête [qui] parfois figure schématiquement un château médiéval. [Un château qui] n’a pas de portes et [dont] ses murailles ont l’épaisseur de mille siècles. »2
1ka : respect / china : esprit in Waters, F., Book of the Hopi, New York, 1978
2Breton, A., La parole est à Péret, Paris, 1943
THE ETERNAL INDIAN SUMMER
“This Hopi doll represents the goddess of maize. In the crenelated frame around the head, you’ll see the clouds over the mountains; in the small chequerboard at the centre of the forehead, the ear of maize; and around the mouth, the rainbow […]. Is this not poetry as we continue to hear it?”
André Breton, Le Littéraire, 1946
Sio Hemis is a “kachina1 borrowed” from the Pueblo de Jemez (New Mexico) that was adopted by the Hopi (Arizona). It represents a foremost role in Niman ceremonies: it is responsible for beneficial events including rain, which provides the people with a generous harvest. The tableta around the head of this doll reflects its role through the symbolism of three ears of maize. The example from the Périnet collection is remarkable, both for its dimensions and for its polychromy.
Kachina dolls were brought into artists’ workshops in Europe very early on. Emil Nolde portrayed three of them in two of his 1911 paintings (Exotic Figures I and II), and Max Ernst took a keen interest in them (Cf. for example, the photograph of Max Ernst wearing Kachina mask, Oak Creek Canyon, 1946, or the photograph taken on Peggy Guggenhein’s terrace in New York City in 1942). They also fascinated André Breton, who travelled to attend kachina ceremonies in Arizona in 1945.
It is certain that the discernment and bold spirit of Michel Périnet led him to take an interest in these dolls, and to see in them, as the surrealist poet Benjamin Péret put it, “a head [that] sometimes roughly resembles a medieval castle. [A castle] that has no doors, and [of which] the walls are a thousand centuries thick.”2
1ka: respect / china: spirit in Waters, F., Book of the Hopi, New York, 1978
2Breton, A., La parole est à Péret, Paris, 1943
« Cette poupée hopi évoque la déesse du maïs : dans l’encadrement crénelé de la tête, vous découvrirez les nuages sur les montagnes ; dans ce petit damier, au centre du front, l’épi ; autour de la bouche, l’arc-en-ciel […] Est-ce là, oui ou non, la poésie telle que nous continuons à l’entendre ? »
André Breton, Le Littéraire, 1946
Sio Hemis est une « kachina1 empruntée » du Pueblo de Jemez (Nouveau-Mexique) et adoptée par les Hopis (Arizona). Cet esprit joue un rôle primordial dans les cérémonies Niman. Il est responsable d’événements bénéfiques et constitue une prière pour la pluie, salutaire à la germination et aux bonnes récoltes agricoles. La tableta, qui surplombe cette poupée, fait d’ailleurs écho à ce rôle par les motifs stylisés de trois épis de maïs. L’exemplaire de la collection Périnet est remarquable tant par ses dimensions que par sa polychromie.
En Europe, les kachina sont entrées très tôt dans les ateliers d’artistes. Emil Nolde en représente trois dans deux de ses tableaux de 1911 (Exotic Figures I et II) et Max Ernst s’y intéresse tout particulièrement (Cf. en témoigne la photographie Max Ernst wearing Kachina mask, Oak Creek Canyon, 1946, ou encore celle prise sur la terrasse de Peggy Guggenhein à New York en 1942). Elles ont également fasciné André Breton qui, en août 1945, assiste aux cérémonies kachina en Arizona.
Nul doute que le discernement et l’audace de Michel Périnet l’ont conduit à s’intéresser de près à ces poupées et à voir en elles, à la manière du poète surréaliste Benjamin Péret « la tête [qui] parfois figure schématiquement un château médiéval. [Un château qui] n’a pas de portes et [dont] ses murailles ont l’épaisseur de mille siècles. »2
1ka : respect / china : esprit in Waters, F., Book of the Hopi, New York, 1978
2Breton, A., La parole est à Péret, Paris, 1943
THE ETERNAL INDIAN SUMMER
“This Hopi doll represents the goddess of maize. In the crenelated frame around the head, you’ll see the clouds over the mountains; in the small chequerboard at the centre of the forehead, the ear of maize; and around the mouth, the rainbow […]. Is this not poetry as we continue to hear it?”
André Breton, Le Littéraire, 1946
Sio Hemis is a “kachina1 borrowed” from the Pueblo de Jemez (New Mexico) that was adopted by the Hopi (Arizona). It represents a foremost role in Niman ceremonies: it is responsible for beneficial events including rain, which provides the people with a generous harvest. The tableta around the head of this doll reflects its role through the symbolism of three ears of maize. The example from the Périnet collection is remarkable, both for its dimensions and for its polychromy.
Kachina dolls were brought into artists’ workshops in Europe very early on. Emil Nolde portrayed three of them in two of his 1911 paintings (Exotic Figures I and II), and Max Ernst took a keen interest in them (Cf. for example, the photograph of Max Ernst wearing Kachina mask, Oak Creek Canyon, 1946, or the photograph taken on Peggy Guggenhein’s terrace in New York City in 1942). They also fascinated André Breton, who travelled to attend kachina ceremonies in Arizona in 1945.
It is certain that the discernment and bold spirit of Michel Périnet led him to take an interest in these dolls, and to see in them, as the surrealist poet Benjamin Péret put it, “a head [that] sometimes roughly resembles a medieval castle. [A castle] that has no doors, and [of which] the walls are a thousand centuries thick.”2
1ka: respect / china: spirit in Waters, F., Book of the Hopi, New York, 1978
2Breton, A., La parole est à Péret, Paris, 1943