STATUE HEMBA
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STATUE HEMBA

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Details
STATUE HEMBA
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Haut. 80 cm (31 ½ in.)
Provenance
Pierre Dartevelle, Bruxelles, acquis ca. 1970
Collection Comte Baudouin de Hemricourt de Grunne (1917-2011), Wezembeek-Oppem, Belgique
Lance et Roberta Entwistle, Londres
Collection Michel Périnet (1930-2020), Paris, acquis en 1991
Literature
Neyt, F. et de Strycker, L., Approche des arts Hemba, Arts d'Afrique Noire, Villiers-le-Bel, 1975, vol. XI, p. 23, n° 19-20
Marijnissen, R.H., Cent Chefs-d'oeuvre du Musée Ethnographique d'Anvers et de Collections Particulières. Sculptures Africaines : Nouveau Regard sur un Héritage, Anvers, 1975, p. 56, n° 75
Neyt, F., La grande statuaire Hemba du Zaïre, Louvain-la-Neuve,1977, pp. 116-118
African Arts, vol. XXII, n° 4, Los Angeles, août 1989, plat verso
Exhibited
Anvers, Marcel Peeters Centrum, Cent Chefs-d'oeuvre du Musée Ethnographique d'Anvers et de Collections Particulières. Sculptures Africaines : Nouveau Regard sur un Héritage, 16 novembre - 2 décembre 1975
Further details
HEMBA FIGURE, DEMOCRATIC REPUBLIC OF THE CONGO

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Alexis Maggiar
Alexis Maggiar International Head, African & Oceanic Art, Vice Chairman of Christie's France

Lot Essay

L’ABSCISSE ET L’ORDONNÉE
par Bernard Dulon

Contrairement aux idées reçues, parmi les centaines d’ethnies que compte le pays, seules quelques cultures du sud-est congolais ont traditionnellement réalisé des statues d’ancêtres, c’est-à-dire des portraits de défunts notables dont les noms ont été conservés dans la mémoire du groupe.

Chez les Hemba, ces statues étaient connues sous le nom de singiti (lusingiti au singulier). Soigneusement gardées dans des sanctuaires consacrés, elles relevaient de la catégorie des objets investis par un esprit, les miisi. Les chefs de lignage hemba possédaient plusieurs de ces statues et chacune d’elles participait à la construction généalogique du clan en représentant un aïeul bien identifié. De la bonne exécution des rituels liés au culte des ancêtres et supervisés par les chefs de lignage en présence des statues, dépendait leur bienveillance pour l’ensemble de la communauté des vivants1. En structurant le monde du passé, les singiti permettaient d’asseoir la légitimité du pouvoir politique présent et la possession d’un territoire par un clan2.

Pour réaliser les singiti, les sculpteurs (ou ngoongo) utilisaient le plus souvent le bois d’un arbre bien particulier, le muvula (chlorophora excelsa), une essence plantée devant le foyer du chef de clan et qui jouait le rôle « d’autel végétal » pour les cultes ancestraux.

Le talent de ces artistes permit à chaque chefferie de développer son identité propre. La cohérence culturelle du monde hemba autorisait en effet une liberté plastique comparable à celle de l’Europe romane d’où émergèrent les canons catalans, bourguignons, rhénans, siennois, etc. Les travaux précurseurs des chercheurs François Neyt et Louis de Strycker ont permis d’identifier un grand nombre de ces styles et leurs territoires de production.

Les deux chefs-d’œuvre de la collection Périnet illustrent de façon complémentaire la diversité des styles de la grande statuaire hemba.

Venu du nord, de la chefferie de Milundwa selon certains informateurs, d’au-delà de la rivière Luika selon d’autres, le lusingiti aux yeux de cauris, ornement rarissime en pays hemba, témoigne du caractère puissant et archaïque des œuvres de la région septentrionale. Malgré le temps passé depuis sa disparition, le roi conserve son expression fière et austère. Son corps tout en robustesse est bien campé au sol sur des jambes ramassées tandis que le dynamisme du traitement de ses bras lui confère une formidable énergie virtuelle. Il reste pour l’éternité un souverain debout et fort, toujours disposé à intervenir au gré des circonstances.

Le second portrait d’ancêtre de la collection atteste de la douceur et du raffinement des styles méridionaux. D’après Neyt et de Strycker, il provient du village de Mbuli et se rattache indubitablement au style dit « à cou annelé » de la chefferie Honga. Le monarque est assis sur son tabouret à caryatide, un témoignage régalien et une iconographie peu courante pour la région. Son corps délié montre de grandes finesses dans le rendu de certains détails anatomiques. Serein et recueilli, il semble encore à l’écoute des doléances et des prières du peuple sur lequel il continue de veiller depuis le monde de l’au-delà.

1Associé aux bienveillants singiti, le redoutable kabeja, affectant la forme d’un janus aux corps siamois, devait toujours être présent lors des cultes ancestraux et présidait aux sacrifices destinés aux mânes. Le chef de clan héritait en même temps des singiti et du kabeja
2Dès le XVIIe siècle, des luttes territoriales opposèrent Bembe et Buyu. Or, en se référant aux lois du « premier occupant », les Buyu et leurs effigies d’ancêtres attestant de lignages anciens avaient plus de poids dans les négociations. Les Bembe adoptèrent donc à leur tour ces nouvelles armes diplomatiques, ce qui suscita quelques oppositions des notables traditionnalistes bembe initiés au bwamè, l’équivalent bembe du bwami des Léga (voir Le masque du philosophe)

THE ABSCISSA AND THE ORDINATE
by Bernard Dulon

Contrary to popular belief, among the hundreds of ethnicities in the Congo, only a few cultures in its southeast region have traditionally crafted ancestor statues. Each one is the portrait of a deceased notable whose name is remembered collectively by the group.

Among the Hemba, such statues were known as singiti (lusingiti in the singular). Carefully kept within special sanctuaries, they are among the miisi, or objects believed to be inhabited by spirits. Each chief of the Hemba lineage possessed several of these statues, and each statue contributed to the genealogical reconstruction of the clan, since it represented a well-identified elder. The ancestors’ favour of the entire living community was required for the correct execution of the ancestor worship rituals, which were supervised by the chiefs of the lineage in the presence of the statues1. By bringing structure to the world of the past, the singiti enabled the legitimate wielding of political power in the present and the clan’s possession of a territory2.

To craft singiti, sculptors (or ngoongo) most often used the wood of a very special tree, the muvula (chlorophora excelsa), a species planted in front of the clan chief ’s home which was used as a “plant altar” for ancestor worship.

The talent of these artists enabled each chiefdom to develop its own identity. Indeed, the cultural coherency of the Hemba world authorised an artistic liberty comparable to that of Latin Europe, which produced the canonical modes of Catalan, Burgundy, the Rhine, Siena, and so on.The pioneering work of the researchers François Neyt and Louis de Strycker have made it possible to determine a great number of these styles and the territories where they were produced.

The two masterpieces of the Périnet collection are acomplementary illustration of the style diversity of the great range of Hemba statues.

The northerly origins of the lusingiti reside with the Milundwa chiefdom according to certain informants and beyond the Luika River according to others. Its cowrie shell eyes - an exceedingly rare ornament in Hemba country - demonstrate the powerful, ancient character of this septentrional region. Despite the time that has passed since his death, the king’s expression remains proud and stern. His robust body squats solidly on the ground on stocky legs, while the dynamic shapes of his arms bring him an incredible lifelike energy. He will forever remain a strong, solid sovereign, always available to intervene as circumstances require.

The second ancestor figure of the collection shows the softness and refinement of the southern styles. According to Neyt and Strycker, it comes from the village of Mbuli and it indubitably demonstrates the “ringed neck” style of the Honga chiefdom. The monarch is seated on his caryatid stool, a regal symbol that is unusual for the region. His slender body reveals great finesse in the rendering of certain anatomic details. Serene and contemplative, he appears to still be listening for the complaints and prayers of the people over whom he continues to watch from beyond.

1Combined with the sympathetic singiti, the fearsome kabeja - which took on a Janus form with Siamese body shapes - always had to be present at ancestor worship rituals, and they presided over the sacrifices made to the spirits. The chief of the clan simultaneously inherited the singiti and kabeja
2Beginning in the 17th century, territorial struggles opposed the Bembe and Buyu peoples. The Buyu referred to the laws of “first settlers”, and since their ancestor effigies attested to the ancient lineages, they had more sway in the negotiations.The Bembe therefore took up these new diplomatic arms, raising protest among a few traditionalist Bembe notables who were initiated into the bwamè fraternity, the Bembe equivalent of the Lega bwami (see Le masque du philosophe)

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