Lot Essay
La collection Fiore Arts d’art taino est un exemple unique de collection privée constituée de trente-huit objets réalisés sur divers supports comprenant l’os de lamentin, le coquillage, le bois et la terre cuite, tous empreints d’une forte iconographie symbolique.
Les pièces les plus importantes ont été exposées sur le long terme au Museum of Fine Arts, Boston et au Metropolitan Museum of Art, ou dans des expositions spécifiques à la culture des Tainos organisées par les plus importantes institutions culturelles des États-Unis et d’Europe, telles que l'American Museum of Natural History, le Museo del Barrio ou encore le Petit Palais à Paris.
Ce type d’œuvres témoigne de la créativité des Tainos et tient une place unique dans l’histoire des premières rencontres entre les Amérindiens et Christophe Colomb, puis dans la mise en place postérieure des modèles coloniaux en Amérique latine.
The Fiore Arts Collection of Taino art is a unique private collection composed of thirty-eight works made in a variety of media including manatee bone, shell, wood and terracotta, layered with symbolically charged iconography.
The most important pieces have been on long term loan at the Museum of Fine Arts, Boston and the Metropolitan Museum of Art and in special exhibitions on Taino culture in the leading institutions of the United States and Europe including the American Museum of Natural History, the Museo del Barrio and the Petit Palais in Paris.
The works speak to the creativity of the Taino and hold a unique role in the story of the first encounter of Amerindians with Christopher Columbus and the subsequent development of Colonial patterns in Latin America.
L'ART TAÏNO ET JEAN-MICHEL BASQUIAT : DES ORIGINES CARIBÉENNES PARTAGÉES
Jean-Michel Basquiat, comme Marcel Duchamp, Francis Picabia, Pablo Picasso et d’autres artistes du courant de l’appropriation avant lui, était passé maître pour réinterpréter une iconographie destinée à servir ses besoins artistiques. L’aspect de brutalité de ce qu’on appelle l’art « primitif » n’est pas très présent chez Basquiat, qui intégrait dans ses créations une imagerie néolithique et précolombienne lorsqu’il voulait confronter le racisme, la lutte des classes, l’héritage de l’esclavage et de la suprématie blanche, ou d’autres problématiques sociétales. Dans Sans titre, peint en 1984, Basquiat représente Tlazolteol, la divinité aztèque de la Naissance et il produit alors le texte explicatif, Aboriginal Generative, qui permet au spectateur d’y associer une interprétation muséographique inspirée d’une divinité précolombienne intégrée à l’œuvre.
Plagiaire sans arrière-pensée, Basquiat utilisa pour ses productions des représentations aborigènes de l’Ancien et du Nouveau Monde. En regardant son chef-d’œuvre de 1982, Untitled (Skull), on peut attribuer la source iconographique du crâne à bouche carrée à la sculpture classique Taïno. Les crânes aux orbites démesurées, les grandes dentitions et la mâchoire saillante sont des signes caractéristiques de l’imagerie Taïno visibles avec les Zemi, la divinité ancestrale du peuple indigène des Antilles. L’assimilation d’une iconographie inspirée des Taïnos ne peut être négligée quand on se souvient que Basquiat était particulièrement fier de ses origines caribéennes. En effet, né de père haïtien et de mère portoricaine, son héritage culturel familial a été pour lui comme un moteur qui a conduit au cours de sa trop brève carrière à la production de plus de mille tableaux.
August Uribe
Chercheur en histoire de l’art du Nouveau Monde
CARIBBEAN ROOTS: TAINO ART AND JEAN-MICHEL BASQUIAT
Jean-Michel Basquiat, like Marcel Duchamp, Francis Picabia, Pablo Picasso and other appropriation artists before him, was a master of repurposing imagery to suit his needs. The ferocity of so-called "primitive" art was not lost on Basquiat who incorporated Neolithic and pre-Columbian imagery when confronting racism, class struggle, the legacy of slavery and white supremacy and other societal issues in his art. In Untitled, painted in 1984, Basquiat depicts Tlazolteol, the Aztec Birth Figure and provides the explanatory text, Aboriginal Generative. Thus, the viewer associates the museum label inspired with Precolumbian idol incorporated into the painting.
An unabashed plagiarist, Basquiat imbued his art with arboriginal icons form the Old and New World alike. When viewing his 1982 masterpiece Untitled (Skull), Basquiat’s source imagery for the square-mouthed skull can be attribuated to classic taino sculpture. Skulls with exaggerated eye sockets, large dentition and protuding jaw are hallmarks of Taino imagery that are visible in Zemi, the ancestral deity of the West Indies indigenous people. The assimilation of Taino-inspired iconography cannot be discounted when one recognizes that Basquiat was deeply proud of his Caribbean roots. Indeed, born of his Haitian father and Puerto Rican mother, the cultural legacy of his parents provided the spark that led to his all-too-brief carrer with a legacy of over 1000 paintings.
August Uribe
Scholar of New World Art
Spatule de taille exceptionnelle représentant un Zemi anthropomorphe imposant et assis, les pieds tournés vers l’intérieur avec des orteils incisés, avec des mains posées sur les genoux, à la cage thoracique concave très en profondeur, à la tête bombée avec des yeux et des dents en retrait, et paré de brassards, d’un bandeau de tête décoratif et d’une ceinture à l’arrière.
Les chamans guérisseurs Tainos, les behiques, servaient d’intermédiaires entre le monde de l’au-delà et celui d’ici-bas. Ces derniers communiquaient avec les divinités au travers de jeûnes rituels. Le tabac à priser hallucinogène qu’ils consommaient permettait aux behiques d’établir le contact entre le monde des hommes et celui des êtres spirituels.
Les pièces les plus importantes ont été exposées sur le long terme au Museum of Fine Arts, Boston et au Metropolitan Museum of Art, ou dans des expositions spécifiques à la culture des Tainos organisées par les plus importantes institutions culturelles des États-Unis et d’Europe, telles que l'American Museum of Natural History, le Museo del Barrio ou encore le Petit Palais à Paris.
Ce type d’œuvres témoigne de la créativité des Tainos et tient une place unique dans l’histoire des premières rencontres entre les Amérindiens et Christophe Colomb, puis dans la mise en place postérieure des modèles coloniaux en Amérique latine.
The Fiore Arts Collection of Taino art is a unique private collection composed of thirty-eight works made in a variety of media including manatee bone, shell, wood and terracotta, layered with symbolically charged iconography.
The most important pieces have been on long term loan at the Museum of Fine Arts, Boston and the Metropolitan Museum of Art and in special exhibitions on Taino culture in the leading institutions of the United States and Europe including the American Museum of Natural History, the Museo del Barrio and the Petit Palais in Paris.
The works speak to the creativity of the Taino and hold a unique role in the story of the first encounter of Amerindians with Christopher Columbus and the subsequent development of Colonial patterns in Latin America.
L'ART TAÏNO ET JEAN-MICHEL BASQUIAT : DES ORIGINES CARIBÉENNES PARTAGÉES
Jean-Michel Basquiat, comme Marcel Duchamp, Francis Picabia, Pablo Picasso et d’autres artistes du courant de l’appropriation avant lui, était passé maître pour réinterpréter une iconographie destinée à servir ses besoins artistiques. L’aspect de brutalité de ce qu’on appelle l’art « primitif » n’est pas très présent chez Basquiat, qui intégrait dans ses créations une imagerie néolithique et précolombienne lorsqu’il voulait confronter le racisme, la lutte des classes, l’héritage de l’esclavage et de la suprématie blanche, ou d’autres problématiques sociétales. Dans Sans titre, peint en 1984, Basquiat représente Tlazolteol, la divinité aztèque de la Naissance et il produit alors le texte explicatif, Aboriginal Generative, qui permet au spectateur d’y associer une interprétation muséographique inspirée d’une divinité précolombienne intégrée à l’œuvre.
Plagiaire sans arrière-pensée, Basquiat utilisa pour ses productions des représentations aborigènes de l’Ancien et du Nouveau Monde. En regardant son chef-d’œuvre de 1982, Untitled (Skull), on peut attribuer la source iconographique du crâne à bouche carrée à la sculpture classique Taïno. Les crânes aux orbites démesurées, les grandes dentitions et la mâchoire saillante sont des signes caractéristiques de l’imagerie Taïno visibles avec les Zemi, la divinité ancestrale du peuple indigène des Antilles. L’assimilation d’une iconographie inspirée des Taïnos ne peut être négligée quand on se souvient que Basquiat était particulièrement fier de ses origines caribéennes. En effet, né de père haïtien et de mère portoricaine, son héritage culturel familial a été pour lui comme un moteur qui a conduit au cours de sa trop brève carrière à la production de plus de mille tableaux.
August Uribe
Chercheur en histoire de l’art du Nouveau Monde
CARIBBEAN ROOTS: TAINO ART AND JEAN-MICHEL BASQUIAT
Jean-Michel Basquiat, like Marcel Duchamp, Francis Picabia, Pablo Picasso and other appropriation artists before him, was a master of repurposing imagery to suit his needs. The ferocity of so-called "primitive" art was not lost on Basquiat who incorporated Neolithic and pre-Columbian imagery when confronting racism, class struggle, the legacy of slavery and white supremacy and other societal issues in his art. In Untitled, painted in 1984, Basquiat depicts Tlazolteol, the Aztec Birth Figure and provides the explanatory text, Aboriginal Generative. Thus, the viewer associates the museum label inspired with Precolumbian idol incorporated into the painting.
An unabashed plagiarist, Basquiat imbued his art with arboriginal icons form the Old and New World alike. When viewing his 1982 masterpiece Untitled (Skull), Basquiat’s source imagery for the square-mouthed skull can be attribuated to classic taino sculpture. Skulls with exaggerated eye sockets, large dentition and protuding jaw are hallmarks of Taino imagery that are visible in Zemi, the ancestral deity of the West Indies indigenous people. The assimilation of Taino-inspired iconography cannot be discounted when one recognizes that Basquiat was deeply proud of his Caribbean roots. Indeed, born of his Haitian father and Puerto Rican mother, the cultural legacy of his parents provided the spark that led to his all-too-brief carrer with a legacy of over 1000 paintings.
August Uribe
Scholar of New World Art
Spatule de taille exceptionnelle représentant un Zemi anthropomorphe imposant et assis, les pieds tournés vers l’intérieur avec des orteils incisés, avec des mains posées sur les genoux, à la cage thoracique concave très en profondeur, à la tête bombée avec des yeux et des dents en retrait, et paré de brassards, d’un bandeau de tête décoratif et d’une ceinture à l’arrière.
Les chamans guérisseurs Tainos, les behiques, servaient d’intermédiaires entre le monde de l’au-delà et celui d’ici-bas. Ces derniers communiquaient avec les divinités au travers de jeûnes rituels. Le tabac à priser hallucinogène qu’ils consommaient permettait aux behiques d’établir le contact entre le monde des hommes et celui des êtres spirituels.