Lot Essay
Dr Andreas Neufert a confirmé l'authenticité de cette œuvre.
Au cours de l'été 1935, Wolfgang Paalen rencontre André Breton. Ce dernier le fait alors rapidement rentrer dans son cercle d’artistes surréalistes ainsi que dans l'organisation de l'Exposition surréaliste internationale de Londres, en 1936. Paalen y présente d’ailleurs son premier fumage. Cette technique qu’il a inventée, consiste à utiliser la fumée d'une lampe à kérosène ou d'une bougie pour créer une marque sur la toile ou le papier, qui servait d'image de départ. Parfois, ces traces de fumée étaient ensuite réinterprétées et recouvertes de peinture. Cette technique fut rapidement partagée par d’autre artistes, comme Dalí qui y vit une véritable tentative de transformer l’expérience de l’écriture automatique en dessin et en peinture. Cette année-là est propice à Paalen : il participe à sa première exposition personnelle à la Galerie Pierre, approfondit ses relations avec Breton, rencontre et travaille avec Duchamp, illustre le programme de Ubu Enchainé, pièce de théâtre d’Alfred Jarry,…
À cette époque, Paalen développe sur ses toiles des formes éphémères visionnaires, qu'il recouvre ensuite le plus souvent d’huile. Il crée ainsi un certain nombre de tableaux de maturité qui font rapidement sa réputation internationale. La présente huile sur carton, Paysage totémique de mon enfance (III), a été réalisée par Wolfgang Paalen, juste après le voyage qu’il avait entrepris l’été de la même année, entre Prague, la Bohème et la Silésie. L’artiste y représente des figures féeriques, des paysages de l’âme, inspirés par les expériences d'hallucinations qu’il connut dans son enfance. Il nous montre ici une transposition littérale de sa vision, vision ‘totémique’, habitée par des êtres vivants qui ont la capacité de se transformer : ours, aigles, loups, corbeaux sont à la fois des animaux et des blasons. Même les arbres peuvent apparaître sous un autre aspect.
L’orientation surréaliste que prend l’artiste est désormais claire. En 1938, bien intégré et reconnu au sein du mouvement, il s’impliquera dans la conception de l'Exposition internationale du surréalisme de Paris. Il y crée, avec Duchamp, Dalí et Man Ray un véritable environnement artistique. Le mannequin que Paalen décore ressemble à une entité totémique couverte de vignes et de champignons qui évoquent les forces mystérieuses de la nature, thème cher à l’artiste. Breton ne peut alors que saluer l’œuvre de Paalen. Il écrit : "les peintures de Wolfgang Paalen sont fondamentales : les sens transpercent le mur séparant la vision nouvellement créée de la réalité [...]. Tous les grands artistes inventent un monde nouveau : mais ces nouveaux mondes révèlent les expériences originelles de la race humaine" (H. Read, ‘Wolfgang Paalen’, in Minotaure, Paris, mai 1939, No. 12⁄13, p. 90).
En 1939, la carrière de l’artiste surréaliste français prend un tournant décisif. Paalen décide de fuir une Europe en guerre, pour s’installer aux États-Unis puis au Mexique. Il y devient alors une figure clé du mouvement surréaliste, à la fois théoricien et innovateur. Nul doute que Wolfgang Paalen ait inspiré certains des plus grands artistes de son temps, lui qui a su faire émaner de ses toiles un désir mélancolique, qui a su suggérer la rêverie et explorer l’inconscient. Paalen, artiste au talent lyrique extraordinaire, harmonieux et précis parvint mieux que quiconque à décrire fidèlement l'état d'éveil de la conscience.
In the summer of 1935, Wolfgang Paalen met André Breton, who quickly welcomed him into his group of surrealist artists and involved him in the organisation of the 1936 London International Surrealist Exhibition. That is where Paalen showed his first fumage. This technique, which he invented, consists in using the smoke from a kerosene lamp or candle to create markings on canvas or paper, which provides the initial image. Sometimes the traces of smoke are reinterpreted and covered with paint. This technique was rapidly adopted by other artists, including Dalí who saw it as a true attempt to transpose the automatic writing experience into drawing and painting. 1936 was a notable year for Paalen: he had his first solo exhibition at Galerie Pierre, deepened his relationship with Breton, met and worked with Duchamp, illustrated the programme for Ubu Enchainé, a play by Alfred Jarry, and more.
During this time, Paalen was creating visionary, ephemeral shapes on his canvases, which he usually covered with oil. He produced a number of mature paintings that quickly garnered him an international reputation. This oil on board, Paysage totémique de mon enfance (III), was painted by Wolfgang Paalen right after a trip he took in the summer of 1936 to Prague, Bohemia and Silesia. In it, the artist depicts magical figures, landscapes of the soul, inspired by the hallucinatory episodes he experienced as a child. He shows us a literal transposition of his vision, a "totemic vision", inhabited by living beings that can transform themselves: bears, eagles, wolves and crows are both animals and crests. Even the trees can take on a difference appearance.
The artist’s surrealist direction was unmistakable. In 1938, he was thoroughly integrated and well known within the movement; he played a part in designing the Exposition Internationale du Surréalisme in Paris. Along with Duchamp, Dalí and Man Ray, he created a truly artistic environment. The mannequin that Paalen decorated looked like a totemic figure covered with grapevines and mushrooms, evoking the mysterious forces of nature, a favourite theme for the artist. Breton was full of admiration for Paalen’s work, writing: "Wolfgang Paalen’s paintings are fundamental: the senses pierce through the wall separating the newly created vision of reality […]. All great artists invent a new world: but these new worlds reveal the original experiences of the human race" (H. Read, ‘Wolfgang Paalen’, in Minotaure, Paris, May 1939, No. 12⁄13, p. 90).
For the French surrealist, 1939 was a decisive turning point in his career. Paalen decided to flee war-torn Europe and settle in the United States, then Mexico. Across the Atlantic, he became a key figure in the surrealist movement, as both a theorist and an innovator. There is no doubt that Wolfgang Paalen inspired some of the great artists of his time, as he honed his ability to create paintings that convey melancholic desire, to encourage reverie and to explore the unconscious. An artist of extraordinary lyrical talent with a harmonious, precise style, Paalen was better than anyone else at faithfully describing the state of awakening of the conscious mind.
Au cours de l'été 1935, Wolfgang Paalen rencontre André Breton. Ce dernier le fait alors rapidement rentrer dans son cercle d’artistes surréalistes ainsi que dans l'organisation de l'Exposition surréaliste internationale de Londres, en 1936. Paalen y présente d’ailleurs son premier fumage. Cette technique qu’il a inventée, consiste à utiliser la fumée d'une lampe à kérosène ou d'une bougie pour créer une marque sur la toile ou le papier, qui servait d'image de départ. Parfois, ces traces de fumée étaient ensuite réinterprétées et recouvertes de peinture. Cette technique fut rapidement partagée par d’autre artistes, comme Dalí qui y vit une véritable tentative de transformer l’expérience de l’écriture automatique en dessin et en peinture. Cette année-là est propice à Paalen : il participe à sa première exposition personnelle à la Galerie Pierre, approfondit ses relations avec Breton, rencontre et travaille avec Duchamp, illustre le programme de Ubu Enchainé, pièce de théâtre d’Alfred Jarry,…
À cette époque, Paalen développe sur ses toiles des formes éphémères visionnaires, qu'il recouvre ensuite le plus souvent d’huile. Il crée ainsi un certain nombre de tableaux de maturité qui font rapidement sa réputation internationale. La présente huile sur carton, Paysage totémique de mon enfance (III), a été réalisée par Wolfgang Paalen, juste après le voyage qu’il avait entrepris l’été de la même année, entre Prague, la Bohème et la Silésie. L’artiste y représente des figures féeriques, des paysages de l’âme, inspirés par les expériences d'hallucinations qu’il connut dans son enfance. Il nous montre ici une transposition littérale de sa vision, vision ‘totémique’, habitée par des êtres vivants qui ont la capacité de se transformer : ours, aigles, loups, corbeaux sont à la fois des animaux et des blasons. Même les arbres peuvent apparaître sous un autre aspect.
L’orientation surréaliste que prend l’artiste est désormais claire. En 1938, bien intégré et reconnu au sein du mouvement, il s’impliquera dans la conception de l'Exposition internationale du surréalisme de Paris. Il y crée, avec Duchamp, Dalí et Man Ray un véritable environnement artistique. Le mannequin que Paalen décore ressemble à une entité totémique couverte de vignes et de champignons qui évoquent les forces mystérieuses de la nature, thème cher à l’artiste. Breton ne peut alors que saluer l’œuvre de Paalen. Il écrit : "les peintures de Wolfgang Paalen sont fondamentales : les sens transpercent le mur séparant la vision nouvellement créée de la réalité [...]. Tous les grands artistes inventent un monde nouveau : mais ces nouveaux mondes révèlent les expériences originelles de la race humaine" (H. Read, ‘Wolfgang Paalen’, in Minotaure, Paris, mai 1939, No. 12⁄13, p. 90).
En 1939, la carrière de l’artiste surréaliste français prend un tournant décisif. Paalen décide de fuir une Europe en guerre, pour s’installer aux États-Unis puis au Mexique. Il y devient alors une figure clé du mouvement surréaliste, à la fois théoricien et innovateur. Nul doute que Wolfgang Paalen ait inspiré certains des plus grands artistes de son temps, lui qui a su faire émaner de ses toiles un désir mélancolique, qui a su suggérer la rêverie et explorer l’inconscient. Paalen, artiste au talent lyrique extraordinaire, harmonieux et précis parvint mieux que quiconque à décrire fidèlement l'état d'éveil de la conscience.
In the summer of 1935, Wolfgang Paalen met André Breton, who quickly welcomed him into his group of surrealist artists and involved him in the organisation of the 1936 London International Surrealist Exhibition. That is where Paalen showed his first fumage. This technique, which he invented, consists in using the smoke from a kerosene lamp or candle to create markings on canvas or paper, which provides the initial image. Sometimes the traces of smoke are reinterpreted and covered with paint. This technique was rapidly adopted by other artists, including Dalí who saw it as a true attempt to transpose the automatic writing experience into drawing and painting. 1936 was a notable year for Paalen: he had his first solo exhibition at Galerie Pierre, deepened his relationship with Breton, met and worked with Duchamp, illustrated the programme for Ubu Enchainé, a play by Alfred Jarry, and more.
During this time, Paalen was creating visionary, ephemeral shapes on his canvases, which he usually covered with oil. He produced a number of mature paintings that quickly garnered him an international reputation. This oil on board, Paysage totémique de mon enfance (III), was painted by Wolfgang Paalen right after a trip he took in the summer of 1936 to Prague, Bohemia and Silesia. In it, the artist depicts magical figures, landscapes of the soul, inspired by the hallucinatory episodes he experienced as a child. He shows us a literal transposition of his vision, a "totemic vision", inhabited by living beings that can transform themselves: bears, eagles, wolves and crows are both animals and crests. Even the trees can take on a difference appearance.
The artist’s surrealist direction was unmistakable. In 1938, he was thoroughly integrated and well known within the movement; he played a part in designing the Exposition Internationale du Surréalisme in Paris. Along with Duchamp, Dalí and Man Ray, he created a truly artistic environment. The mannequin that Paalen decorated looked like a totemic figure covered with grapevines and mushrooms, evoking the mysterious forces of nature, a favourite theme for the artist. Breton was full of admiration for Paalen’s work, writing: "Wolfgang Paalen’s paintings are fundamental: the senses pierce through the wall separating the newly created vision of reality […]. All great artists invent a new world: but these new worlds reveal the original experiences of the human race" (H. Read, ‘Wolfgang Paalen’, in Minotaure, Paris, May 1939, No. 12⁄13, p. 90).
For the French surrealist, 1939 was a decisive turning point in his career. Paalen decided to flee war-torn Europe and settle in the United States, then Mexico. Across the Atlantic, he became a key figure in the surrealist movement, as both a theorist and an innovator. There is no doubt that Wolfgang Paalen inspired some of the great artists of his time, as he honed his ability to create paintings that convey melancholic desire, to encourage reverie and to explore the unconscious. An artist of extraordinary lyrical talent with a harmonious, precise style, Paalen was better than anyone else at faithfully describing the state of awakening of the conscious mind.