Lot Essay
De par leur historique, leurs prestigieux collectionneurs, leur provenance et leurs expositions, les deux volets de retable que nous présentons ont toujours été au cœur des préoccupations des historiens d’art depuis le début du XXe siècle.
De Hulin de Loo à Friedländer, de Bouchot à Sterling, l’œuvre a été reconnue, à la fois pour ses qualités picturales mais aussi pour son iconographie rare et érudite. L’œuvre reste cependant mystérieuse, et l’identification de son auteur n’a, encore de nos jours, pas réussi à faire l’unanimité, pas plus que sa localisation géographique précise de réalisation.
Ces deux volets supposent bien évidemment l’existence d’une partie centrale sur laquelle ils devaient se refermer. La présence de la scène de l’Annonciation, en grisaille, avec l’ange sur une partie et la Vierge sur l’autre en est une démonstration. Le sujet de la partie intérieure est effectivement assez rare. On retrouve les quatre pères de l’Église occidentale : saint Jérôme, en haut à gauche (avec sa robe de cardinal), saint Augustin en bas à gauche (portant la crosse et tenant la mitre et le cœur), saint Grégoire en haut à droite (en tenue de pape) et saint Ambroise (aux côtés de son attribut, la ruche). Les quatre Pères de l’Église sont ici représentés en tenue ecclésiastique, assis, en train d’écrire les ouvrages dits 'patristiques' qui ont contribué à fonder les multiples aspects savants de la doctrine chrétienne. Ce sujet savant laisse supposer une commande prestigieuse, érudite, certainement pour un couvent ou un monastère. On peut imaginer également une partie centrale renvoyant au fondement du christianisme comme la figuration de la sainte Trinité.
Notre paire de volets de triptyque fut exposée en 1904 au pavillon de Marsan du Louvre, à Paris, lors de la prestigieuse exposition fondatrice des 'Primitifs français'. Ils étaient alors déjà rattachés à l’école française avec un intitulé comme 'école de l'Artois vers 1450', invitant largement à s’enquérir des influences des écoles du Nord. Par la suite, Charles Sterling (1901-1991) envisagera un rapprochement avec les œuvres de l’artiste Simon Marmion (1485-1489, actif dans le duché de Bourgogne, membre de la guilde de Tournai, puis actif à Amiens et Valenciennes) (Sterling, op. cit., p. 63, n°46 du répertoire).
Dans une France artistiquement morcelée, une France en pleine mutation politique et territoriale, la peinture française va se définir petit à petit au XVe siècle. Elle va se construire, se façonner dans une émulation artistique stimulée par de fortes nouveautés. Ainsi, l’émergence des maîtres flamands ou encore des peintres italiens ou même espagnols se montre décisive. Même si la peinture de cette époque s’appréhende mieux par région (école d’Avignon, école d’Amiens, école d’Artois, …), elle doit aussi se comprendre d’une manière plus large, plus européenne. Les échanges culturels sont forts et nos tableaux en sont une parfaite illustration.
Nous remercions les historiens d'art et conservateurs de leur aide apportée à la rédaction de cette notice.
De Hulin de Loo à Friedländer, de Bouchot à Sterling, l’œuvre a été reconnue, à la fois pour ses qualités picturales mais aussi pour son iconographie rare et érudite. L’œuvre reste cependant mystérieuse, et l’identification de son auteur n’a, encore de nos jours, pas réussi à faire l’unanimité, pas plus que sa localisation géographique précise de réalisation.
Ces deux volets supposent bien évidemment l’existence d’une partie centrale sur laquelle ils devaient se refermer. La présence de la scène de l’Annonciation, en grisaille, avec l’ange sur une partie et la Vierge sur l’autre en est une démonstration. Le sujet de la partie intérieure est effectivement assez rare. On retrouve les quatre pères de l’Église occidentale : saint Jérôme, en haut à gauche (avec sa robe de cardinal), saint Augustin en bas à gauche (portant la crosse et tenant la mitre et le cœur), saint Grégoire en haut à droite (en tenue de pape) et saint Ambroise (aux côtés de son attribut, la ruche). Les quatre Pères de l’Église sont ici représentés en tenue ecclésiastique, assis, en train d’écrire les ouvrages dits 'patristiques' qui ont contribué à fonder les multiples aspects savants de la doctrine chrétienne. Ce sujet savant laisse supposer une commande prestigieuse, érudite, certainement pour un couvent ou un monastère. On peut imaginer également une partie centrale renvoyant au fondement du christianisme comme la figuration de la sainte Trinité.
Notre paire de volets de triptyque fut exposée en 1904 au pavillon de Marsan du Louvre, à Paris, lors de la prestigieuse exposition fondatrice des 'Primitifs français'. Ils étaient alors déjà rattachés à l’école française avec un intitulé comme 'école de l'Artois vers 1450', invitant largement à s’enquérir des influences des écoles du Nord. Par la suite, Charles Sterling (1901-1991) envisagera un rapprochement avec les œuvres de l’artiste Simon Marmion (1485-1489, actif dans le duché de Bourgogne, membre de la guilde de Tournai, puis actif à Amiens et Valenciennes) (Sterling, op. cit., p. 63, n°46 du répertoire).
Dans une France artistiquement morcelée, une France en pleine mutation politique et territoriale, la peinture française va se définir petit à petit au XVe siècle. Elle va se construire, se façonner dans une émulation artistique stimulée par de fortes nouveautés. Ainsi, l’émergence des maîtres flamands ou encore des peintres italiens ou même espagnols se montre décisive. Même si la peinture de cette époque s’appréhende mieux par région (école d’Avignon, école d’Amiens, école d’Artois, …), elle doit aussi se comprendre d’une manière plus large, plus européenne. Les échanges culturels sont forts et nos tableaux en sont une parfaite illustration.
Nous remercions les historiens d'art et conservateurs de leur aide apportée à la rédaction de cette notice.