Lot Essay
C’est notamment grâce à l’étude approfondie de l’œuvre de Jean Armand ainsi que de tout ce courant artistique incarné par Pierre Gole par l’historien de l’art Calin Demetrescu, qu’il est aujourd’hui possible d’attribuer cette extraordinaire paire de miroirs à l’un de ces brillants artisans du XVIIe siècle.
De son vrai nom Jan Ghermaens, Jean Armand très probablement originaire d’Allemagne ou des Flandres ne nous était connu qu’à travers les rapports des Comptes des Bâtiments du Roi publiés par Jules Guiffrey. Nous savons aujourd’hui qu’il habitait Paris dès les années 1630-35 et qu’il fut désigné dès 1640 Menuisier du Roi en ébène, Ebéniste de la Reine-Mère, Anne d’Autriche, puis ébéniste de Gastons d’Orléans qui n’était autre que l’oncle de Louis XIV. Nous savons d’après son inventaire après décès (Arch. Nat, M.C., CII, 69) qu’il possédait un atelier relativement bien fourni composé de quatre établis et où se retrouvaient aussi bien des bois nobles en quantité tels que de l’ébène, du cèdre et des bois du Brésil, que des matériaux précieux tels que de l’ivoire et de l’écaille destinés à la confection de ses panneaux de marqueterie comme en témoignent les dix-sept pièces de marqueterie d’yvoir, esbeine et escaille et quelques rinceaux (n°110) de son inventaire.
Bien que les documents d’archives et les écrits de cette période restent très lacunaires C. Demetrescu dégage judicieusement de cette production Louis XIV marquetée d’ivoire et d’écaille de tortue, un corpus de plusieurs œuvres significatives qui pourraient être attribuables à Jean Armand et dont fait notamment partie cette paire de miroirs.
Un premier cabinet dit de « Nicolas Fouquet » daté de 1650 initialement attribué à Pierre Gole par Lunsingh, renferme en son sein une statuette représentant Junon accompagnée d’un paon (ill. C. Demetrescu, op. cit., p. 220, fig. 224). Une allusion très claire à la Reine-Mère que l’on représentait volontiers sous les traits de cette déesse antique, or nous savons qu’à cette époque Armand était alors ébéniste d’Anne d’Autriche et très probablement le créateur de ce meuble. Les revers des volets intérieurs sont recouverts de marqueteries de vases, de fleurs et d’oiseaux, dont le dessin se retrouve également sur les vantaux d’un petit cabinet marqueté d’ivoire et d’écaille aujourd’hui conservé au Musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis (ill. C. Demetrescu, op. cit., p. 220, fig. 225). De par certains de ses détails ce cabinet est très proche d’un coffret datant des années 1660-65 comprenant les mêmes motifs et orné de la même manière que notre paire de miroirs de petits médaillons en argent aux angles (vente Christie’s, Londres, 11 décembre 2003, lot 58). Pour compléter ce corpus, Demetrescu relève un second coffret de provenance royale et dont le décor particulièrement similaire se compose d’une fleur de lys entourée de palmes entrecroisées et surmontée d’une couronne de prince du sang à trois fleurons fleurdelisés sans doute réalisé pour Gaston d’Orléans lui-même. (ill. C. Demetrescu, op. cit., p. 221, fig. 228).
Véritable chef-d’œuvre de marqueterie, cette paire de miroirs nous permet aujourd’hui de mettre en lumière l’œuvre encore trop peu connue de Jean Armand, ébéniste visiblement majeur du XVIIe siècle à l’instar de son confrère Pierre Gole.
De son vrai nom Jan Ghermaens, Jean Armand très probablement originaire d’Allemagne ou des Flandres ne nous était connu qu’à travers les rapports des Comptes des Bâtiments du Roi publiés par Jules Guiffrey. Nous savons aujourd’hui qu’il habitait Paris dès les années 1630-35 et qu’il fut désigné dès 1640 Menuisier du Roi en ébène, Ebéniste de la Reine-Mère, Anne d’Autriche, puis ébéniste de Gastons d’Orléans qui n’était autre que l’oncle de Louis XIV. Nous savons d’après son inventaire après décès (Arch. Nat, M.C., CII, 69) qu’il possédait un atelier relativement bien fourni composé de quatre établis et où se retrouvaient aussi bien des bois nobles en quantité tels que de l’ébène, du cèdre et des bois du Brésil, que des matériaux précieux tels que de l’ivoire et de l’écaille destinés à la confection de ses panneaux de marqueterie comme en témoignent les dix-sept pièces de marqueterie d’yvoir, esbeine et escaille et quelques rinceaux (n°110) de son inventaire.
Bien que les documents d’archives et les écrits de cette période restent très lacunaires C. Demetrescu dégage judicieusement de cette production Louis XIV marquetée d’ivoire et d’écaille de tortue, un corpus de plusieurs œuvres significatives qui pourraient être attribuables à Jean Armand et dont fait notamment partie cette paire de miroirs.
Un premier cabinet dit de « Nicolas Fouquet » daté de 1650 initialement attribué à Pierre Gole par Lunsingh, renferme en son sein une statuette représentant Junon accompagnée d’un paon (ill. C. Demetrescu, op. cit., p. 220, fig. 224). Une allusion très claire à la Reine-Mère que l’on représentait volontiers sous les traits de cette déesse antique, or nous savons qu’à cette époque Armand était alors ébéniste d’Anne d’Autriche et très probablement le créateur de ce meuble. Les revers des volets intérieurs sont recouverts de marqueteries de vases, de fleurs et d’oiseaux, dont le dessin se retrouve également sur les vantaux d’un petit cabinet marqueté d’ivoire et d’écaille aujourd’hui conservé au Musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis (ill. C. Demetrescu, op. cit., p. 220, fig. 225). De par certains de ses détails ce cabinet est très proche d’un coffret datant des années 1660-65 comprenant les mêmes motifs et orné de la même manière que notre paire de miroirs de petits médaillons en argent aux angles (vente Christie’s, Londres, 11 décembre 2003, lot 58). Pour compléter ce corpus, Demetrescu relève un second coffret de provenance royale et dont le décor particulièrement similaire se compose d’une fleur de lys entourée de palmes entrecroisées et surmontée d’une couronne de prince du sang à trois fleurons fleurdelisés sans doute réalisé pour Gaston d’Orléans lui-même. (ill. C. Demetrescu, op. cit., p. 221, fig. 228).
Véritable chef-d’œuvre de marqueterie, cette paire de miroirs nous permet aujourd’hui de mettre en lumière l’œuvre encore trop peu connue de Jean Armand, ébéniste visiblement majeur du XVIIe siècle à l’instar de son confrère Pierre Gole.