Lot Essay
PERCEVOIR L'AU-DELÀ
Cette magnifique sculpture était à l’origine un cimier ; sa taille ainsi que les trous creusés sur la partie inférieure tendent à suggérer que la sculpture était posée sur la tête d’un danseur portant un costume de fibres maintenu à l’aide d’une vannerie. Ce type de masque est propre à la région de la Cross River au Nigeria, où différentes associations de guerriers comme les bekarum (Bokyi), les nkang (Bokyi), nchibbi (Widekum) utilisaient des masques-heaumes ou des masques cimiers durant divers cérémonies ou rituels. Si cette région du Nigeria abrite différents peuples aux traditions esthétiques assez similaires, les scarifications qui agrémentent ce cimier sont propres aux Boki : des chéloïdes horizontales parcourent les tempes et une longues rangée de scarifications descend le long des joues jusqu’à la mâchoire soulignant ainsi des pommettes finement modelées.
Une aura mystérieuse semble se dégager de cet envoûtant cimier. Deux grands yeux couverts de pigments blancs emplissent un visage à l’expression figée ; ces restes de coloration symbolisent la capacité à percevoir le monde de l’au-delà et le domaine des esprits. Surplombant un menton où est fichée une série de clous figurant la barbe, la bouche entrouverte semble aspirer le vide tandis que les sourcils, arqués et arrondis, agrandissent le visage lui donnant une attitude quasi-médusée.
Bien que ce cimier, d’une grande beauté, soit singulier, il nous faut le réunir avec celui attribué aux Igala, de l’ancienne collection Ben Heller, publié dans Kloman, S., Beauty Unusual. Masterpieces from the Ceil Pulitzer Collection of African Art, Milan, 2021, pp. 77 et 162, n° 26. Un autre exemple analogue est actuellement conservé au Musée Barbier-Mueller (inv. n° 1015-54) et publié dans Kerchache, J., Paudrat, J.-L. et Stephan, L., L’art africain, Paris, 1988, p. 552, n° 955.
FEEL THE INVISIBLE
This magnificent sculpture was originally a crest; its size and the holes in the lower part suggest that it was placed on the head of a dancer wearing a fibre suit held together with wickerwork. This type of mask is specific to the Cross River region of Nigeria, where different warrior associations such as the bekarum (Bokyi), nkang (Bokyi), nchibbi (Widekum) used helm masks or crest masks during various ceremonies or rituals. Although this region of Nigeria is home to different populations with quite similar aesthetic traditions, the scarifications that adorn this crest are unique to the Boki: horizontal keloids cross the temples and a long row of scarifications runs down the cheeks to the jaw, emphasising the finely modelled cheekbones.
A mysterious aura seems to emanate from this bewitching crest. Two large eyes covered in white pigment fill a face with a frozen expression; these remnants of colouring symbolise the ability to perceive the world beyond and the realm of spirits. Overlooking a chin where a series of nails representing the beard is set, the half-open mouth seems to suck in the void while the eyebrows, arched and rounded, enlarge the face giving it an almost meditative attitude.
Although this crest is singularly beautiful, we must join it with the one attributed to the Igalas, from the former Ben Heller collection, published in Kloman, S., Beauty Unusual. Masterpieces from the Ceil Pulitzer Collection of African Art, Milan, 2021, pp. 77 and 162, no. 26. Another similar example is currently in the Barbier-Mueller Museum (inv. no. 1015-54) and published in Kerchache, J., Paudrat, J.-L. and Stephan, L., L'art africain, Paris, 1988, p. 552, no. 955.
Cette magnifique sculpture était à l’origine un cimier ; sa taille ainsi que les trous creusés sur la partie inférieure tendent à suggérer que la sculpture était posée sur la tête d’un danseur portant un costume de fibres maintenu à l’aide d’une vannerie. Ce type de masque est propre à la région de la Cross River au Nigeria, où différentes associations de guerriers comme les bekarum (Bokyi), les nkang (Bokyi), nchibbi (Widekum) utilisaient des masques-heaumes ou des masques cimiers durant divers cérémonies ou rituels. Si cette région du Nigeria abrite différents peuples aux traditions esthétiques assez similaires, les scarifications qui agrémentent ce cimier sont propres aux Boki : des chéloïdes horizontales parcourent les tempes et une longues rangée de scarifications descend le long des joues jusqu’à la mâchoire soulignant ainsi des pommettes finement modelées.
Une aura mystérieuse semble se dégager de cet envoûtant cimier. Deux grands yeux couverts de pigments blancs emplissent un visage à l’expression figée ; ces restes de coloration symbolisent la capacité à percevoir le monde de l’au-delà et le domaine des esprits. Surplombant un menton où est fichée une série de clous figurant la barbe, la bouche entrouverte semble aspirer le vide tandis que les sourcils, arqués et arrondis, agrandissent le visage lui donnant une attitude quasi-médusée.
Bien que ce cimier, d’une grande beauté, soit singulier, il nous faut le réunir avec celui attribué aux Igala, de l’ancienne collection Ben Heller, publié dans Kloman, S., Beauty Unusual. Masterpieces from the Ceil Pulitzer Collection of African Art, Milan, 2021, pp. 77 et 162, n° 26. Un autre exemple analogue est actuellement conservé au Musée Barbier-Mueller (inv. n° 1015-54) et publié dans Kerchache, J., Paudrat, J.-L. et Stephan, L., L’art africain, Paris, 1988, p. 552, n° 955.
FEEL THE INVISIBLE
This magnificent sculpture was originally a crest; its size and the holes in the lower part suggest that it was placed on the head of a dancer wearing a fibre suit held together with wickerwork. This type of mask is specific to the Cross River region of Nigeria, where different warrior associations such as the bekarum (Bokyi), nkang (Bokyi), nchibbi (Widekum) used helm masks or crest masks during various ceremonies or rituals. Although this region of Nigeria is home to different populations with quite similar aesthetic traditions, the scarifications that adorn this crest are unique to the Boki: horizontal keloids cross the temples and a long row of scarifications runs down the cheeks to the jaw, emphasising the finely modelled cheekbones.
A mysterious aura seems to emanate from this bewitching crest. Two large eyes covered in white pigment fill a face with a frozen expression; these remnants of colouring symbolise the ability to perceive the world beyond and the realm of spirits. Overlooking a chin where a series of nails representing the beard is set, the half-open mouth seems to suck in the void while the eyebrows, arched and rounded, enlarge the face giving it an almost meditative attitude.
Although this crest is singularly beautiful, we must join it with the one attributed to the Igalas, from the former Ben Heller collection, published in Kloman, S., Beauty Unusual. Masterpieces from the Ceil Pulitzer Collection of African Art, Milan, 2021, pp. 77 and 162, no. 26. Another similar example is currently in the Barbier-Mueller Museum (inv. no. 1015-54) and published in Kerchache, J., Paudrat, J.-L. and Stephan, L., L'art africain, Paris, 1988, p. 552, no. 955.