Maurice Denis (1870-1943)
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Jeunes filles qu'on dirait des anges (recto); Cimetière en fleurs (verso)

Details
Maurice Denis (1870-1943)
Jeunes filles qu'on dirait des anges (recto); Cimetière en fleurs (verso)
huile sur toile
32.4 x 40.6 cm.
Peint vers 1892 (recto); peint avant 1892 (verso)

oil on canvas
12 ¾ x 16 in.
Painted circa 1892 (recto); painted by 1892 (verso)
Provenance
Atelier de l’artiste.
Pauline Dejean, France (par descendance).
Sam Josefowitz, Pully (acquis auprès de celle-ci le 8 avril 1989).
Puis par descendance aux propriétaires actuels.
Literature
D. Delouche, Maurice Denis et la Bretagne, Quimper, 2009, p. 18 (illustré en couleurs).
Exhibited
Paris, Le Barc de Boutteville, Troisième Exposition des Peintres Impressionnistes et Symbolistes, novembre 1892, p. 9, no. 33 (titré ‘Des Anges’).
Paris, Pavillon de Marsan, Union Centrale des Arts Décoratifs, Exposition Maurice Denis, 1888-1924, avril-mai 1924, p. 3, no. 28.
Paris, Orangerie des Tuileries, Maurice Denis, juin-août 1970, p. 31, no. 48.
Tokyo, Musée National d'Art Occidental et Kyoto, Musée National d'Art Moderne, Maurice Denis, septembre-décembre 1981, no. 18 (illustré).
Portland, Portland Museum of Art, Impressionism and Post- Impressionism, The Collector's Passion, juillet-octobre 1991, p. 35-36 (illustré en couleurs, p. 36, fig. 12).
Lyon, Musée des Beaux-Arts; Cologne, Wallraf-Richartz Museum; Liverpool, Walker Art Gallery et Amsterdam, Van Gogh Museum, Maurice Denis, septembre 1994-septembre 1995, p. 146, no. 24 (illustré en couleurs).
Florence, Palazzo Corsini et Montréal, Montreal Museum of Fine Arts, The Time of the Nabis, mars-novembre 1998, p. 98, no. 54 (illustré en couleurs, p. 27).
Pont-Aven, Musée des Beaux-Arts de Pont-Aven, Maurice Denis et la Bretagne, juin-octobre 2009, p. 24 (illustré en couleurs).
Le Cannet, Musée Bonnard, Inspirantes Inspiratrices, juillet-novembre 2018, p. 68 et 185, no. 10 (illustré en couleurs, p. 103).
Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Maurice Denis, Amour, février-mai 2021, p. 102, no. 25 (illustré en couleurs, p. 103).
Further details
Cette œuvre sera incluse au catalogue raisonné de l'œuvre de Maurice Denis actuellement en préparation par Claire Denis et Fabienne Stahl.

« Contrairement aux compositions intimistes de Bonnard ou de Vuillard qui visaient à établir une complicité avec le spectateur, celles de Denis suscitent une admiration distante. Peuplées d’égéries aux silhouettes graciles et aux attitudes élégantes, elles témoignent d’un désir de se réfugier dans un rêve personnel, à mi-chemin entre le fantasme et la réalité »
(cité dans Maurice Denis, Amour, cat. exp., Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, 2021, p. 30).

"Unlike the intimist compositions of Bonnard and Vuillard, which sought to establish a complicity with the viewer, Denis's paintings arouse a distant admiration. Populated by muses with graceful silhouettes and elegant attitudes, they testify to a desire to take refuge in a personal dream, halfway between fantasy and reality"
(quoted in Maurice Denis, Amour, exh. cat., Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, 2021, p. 30).

Véritable tour de force peint vers 1892, le présent tableau, tant en son recto qu’en son verso incarne véritablement cette «surface plane recouverte de couleurs», dont le récit puissant empli d’éléments symbolistes, concentre l’esthétique Nabi chère à Maurice Denis. Après avoir guidé le pinceau et le choix des couleurs de Paul Sérusier pour son Talisman peint en octobre 1888 (Paris, Musée d'Orsay), Paul Gauguin réunit autour d’une sensibilité nouvelle de jeunes étudiants de l'Académie Julian à Paris parmi lesquels figurent Maurice Denis, Pierre Bonnard, Paul-Élie Ranson ou encore Édouard Vuillard.
Ces derniers, qui forment alors le groupe des Nabis, partagent une même culture picturale à la fois symbolique, synthétique et spirituelle ; la couleur est alors perçue comme ornement musical de l’âme: «Les formes et les couleurs ne sont plus utilisées pour leur valeur imitative du réel mais pour leur valeur sensible, leur capacité à susciter des états de conscience» (cité dans Le Talisman de Paul Sérusier, Une prophétie de la couleur, cat. exp., Musée d’Orsay, Paris, p. 59).
À peine âgé de vingt ans et toujours étudiant à l'École des Beaux-Arts de Paris, Denis rédige en 1890 une déclaration définitive qui préfigure les principes fondateurs du cubisme et du fauvisme et pose les jalons des abstractions qui perdureront tout au long du XXe siècle: «Il est bon de se rappeler qu'un tableau – avant d'être un cheval de bataille, une femme nue ou une anecdote – est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées» (cité dans ‘Définition du néo-traditionalisme’, in Art et Critique, 2e année, No. 65, Paris, 23 août 1890, p. 540).
Peinte au revers d’une composition antérieure à 1892 et figurant un cimetière aux abords d’une église, Jeunes filles qu’on dirait des anges dépeint à trois reprises le visage de la muse éternelle de l’artiste, son épouse Marthe. L’artiste rencontre Marthe Meurier en 1890 et lui consacre son amour dans son Journal, à partir de juin 1891, dans une section intitulée «Amours de Marthe». Poursuivis tant pendant la longue période de fiançailles du couple, qu’après leur mariage le 12 juin 1893, et ce jusqu’au décès de l’aimée en 1919, ces écrits ont une place centrale dans l’œuvre de Denis.
Marthe apparaît ici comme à la fois réelle et symbolisée: elle rayonne et fait figure de muse, à même d’inspirer toutes les autres. À la fois familière et transfigurée, «la figure de Marthe apporte […] cette forme d’une pureté idéale du visage, et cet élan sur le chemin de la vie, qui nourrit un motif emblématique de ces premières années: la jeune fille au visage réduit à la ligne arabesque» (cité dans J.-P. Bouillon, Maurice Denis, Le Spirituel dans l’art, Paris, 2006, p. 22). Les couleurs éclatantes, les lignes sinueuses et l’attention portée à l’ornement ne décrivent pas ; elles accompagnent le spectateur dans l’intimité de l’artiste dans des motifs qui ne sont pas sans rappeler les explorations entreprises quelques années plus tard par les figures de proue de la Sécession Viennoise.

A veritable tour de force painted circa 1892, this recto/verso painting, truly embodies that “flat surface covered with colours”, whose powerful narrative, full of symbolist elements, encapsulates the Nabi aesthetic so dear to Maurice Denis. After having guided Paul Sérusier's brushwork and choice of colours for his Talisman, painted in October 1888 (Paris, Musée d'Orsay), Paul Gauguin brought together young students from the Académie Julian in Paris, including Maurice Denis, Pierre Bonnard, Paul-Élie Ranson and Édouard Vuillard, around a new artistic approach.
These students became known as 'Les Nabis' and shared a pictorial culture that was symbolic, synthetic and spiritual; colour was seen as a musical ornament of the soul: "Shapes and colours are no longer used for their value in imitating reality but for their sensitive value, their capacity to arouse states of consciousness" (quoted in Le Talisman de Paul Sérusier, Une prophétie de la couleur, exh. cat., Musée d'Orsay, Paris, p. 59).
Barely twenty years old and still a student at the École des Beaux-Arts in Paris, Denis wrote a definitive statement in 1890 that prefigured the founding principles of cubism and fauvism and laid the groundwork for the abstractions that would endure throughout the twentieth century: "It is well to remember that a painting - before being a warhorse, a nude woman or an anecdote - is essentially a flat surface covered with colours assembled in a certain order" (quoted in ‘Définition du néo-traditionalisme’, in Art et Critique, 2nd year, No. 65, Paris, 23 August 1890, p. 540).
Painted on the reverse of a composition dating from before 1892 and depicting a churchyard, Jeunes filles qu’on dirait des anges [Young girls who look like angels] depicts the face of the artist's eternal muse, his wife Marthe, in triplicate. The artist met Marthe Meurier in 1890 and wrote about his love for her in his Diary from June 1891, in a section entitled 'Amours de Marthe'. Continued both during the couple's long engagement and after their marriage on 12 June 1893, until the death of his beloved in 1919, these writings play a central role in Denis's work.
Marthe appears here as both real and symbolised: she radiates and acts as a muse, able to inspire all the others. At once familiar and transfigured, "the figure of Marthe brings […] that ideal purity of face, and that élan on the path of life, which feeds an emblematic motif of these early years: the young girl with a face reduced to an arabesque line" (quoted in J.-P. Bouillon, Maurice Denis, Le Spirituel dans l 'art, Paris, 2006, p. 22). The vibrant colours, sinuous lines and attention to ornament are not merely descriptive; they lead the viewer into the intimate world of the artist with motifs that are reminiscent of the explorations undertaken a few years later by the leading figures of the Vienna Secession.

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