Kees van Dongen (1877-1968)
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Le Sentier de la vertu

Details
Kees van Dongen (1877-1968)
Le Sentier de la vertu
signé 'Van Dongen.' (en bas centre), daté et inscrit 'Le Sentier de la vertu Janvier 1913' (au revers)
huile sur toile
130.2 x 97.2 cm.
Peint en janvier 1913

signed 'Van Dongen.' (lower center), dated and inscribed 'Le Sentier de la vertu Janvier 1913' (on the reverse)
oil on canvas
51 ¼ x 38 ¼ in.
Painted in January 1913
Provenance
Galerie Bernheim-Jeune, Paris (acquis auprès de l’artiste en 1913).
Galerie Moos, Genève (en octobre 1918).
Collection Pervana, Athènes.
Sam Josefowitz, Pully (en 1964).
Puis par descendance aux propriétaires actuels.
Literature
L. Chaumeil, Van Dongen, L'homme et l'artiste, La vie et l'œuvre, Genève, 1967, p. 327, no. XXI (illustré en couleurs, pl. XXI; illustré en couleurs en couverture).
J. Melas Kyriazi, Van Dongen et le fauvisme, Lausanne et Paris, 1971, p. 147, no. 53 (illustré en couleurs, p. 127).
Exhibited
Genève, Galerie Moos, Exposition de peinture française moderne, juin-juillet 1916, p. 8, no. 26.
Genève, Galerie Moos, Exposition d’art français, décembre 1918, p. 19, no. 314.
Paris, Galerie Charpentier, Van Dongen, 1942, no. 45 (daté '1910').
Lausanne, Galerie Paul Vallotton, Hommage à Van Dongen, Peintures et aquarelles fauves,, septembre 1971, no. 2.
Paris, Grand Palais des Champs-Élysées, Salon d'automne, Grandes Œuvres Russes des collections françaises, Van Dongen, Villes Nouvelles, octobre-novembre 1972, p. 31, no. 28.
Rotterdam, Museum Boymans-van Beuningen, Kees van Dongen, décembre 1989-février 1990, no. 43 (illustré en couleurs).
Paris, Musée d'art moderne de la ville de Paris, Van Dongen, Le Peintre, mars-juin 1990, p. 168 et 257 (illustré en couleurs, p. 169).
Monaco, Salle d’expositions du Quai Antoine-1er; Montréal, Musée des Beaux-Arts et Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen, Kees Van Dongen, juin 2008-août 2009, p. 335, no. 189 (illustré en couleurs, p. 275).
Further details
Cette œuvre sera incluse au catalogue raisonné en ligne de l'œuvre de Kees van Dongen actuellement en préparation par le Wildenstein Plattner Institute.

Le Sentier de la vertu (1913) est l’une des rares peintures de Van Dongen à avoir été assez précisément datée. Le peintre a inscrit au dos de la toile le titre et la date à laquelle le tableau a été peint: ‘janvier 1913’. La peinture n’a cependant pas fait partie de l’exposition consacrée à Van Dongen à la galerie Bernheim-Jeune le même mois (du 27 janvier au 8 février). Elle a sûrement été acquise par Bernheim-Jeune quelques temps plus tard. Cette hypothèse correspond au numéro «19884» inscrit au dos, faisant référence à un achat en février ou en mars (J. Melas Kyriazi, op. cit., p. 126).
La représentation de Van Dongen des cavaliers et des promeneurs au Bois de Boulogne, plus particulièrement la manière dont il les a peint, est conforme à cette période. L’atmosphère est hivernale, les arbres sont nus. Quelques dernières feuilles sont rendues dans des gris clairs et foncés, une teinte qui se mélange à celle du ciel et s’harmonise avec le vert transparent des sous-bois. L’exécution fluide de cette peinture s’accorde également parfaitement avec les ébauches des silhouettes, le format vertical de la toile et le chemin représenté en perspective. Van Dongen a utilisé tous ces éléments dans le but de mettre en évidence les personnages principaux de ce tableau, l’élégante solitaire au centre du premier plan et le cavalier à sa droite, qui la regarde en passant. Le sujet rappelle la description par Charles Baudelaire de l’art sensuel de Constantin Guys dans Le Peintre de la vie moderne (1863). Le titre de la peinture, Le Sentier de la vertu, semble contredire cela. Mais ce titre ambigue, n’est-il pas justement un commentaire ironique du caractère indécent de la scène? Ou bien la mondaine solitaire rejette-t-elle froidement les avances du cavalier? La froideur et la distance alternent avec la séduction et l’élégance, jusqu’au moindre détail comme la fourrure des manchons et du col.
L’autre sujet indirect de cette œuvre est la mode de Paul Poiret, représentée ici par la jupe étroite tombant sur les chevilles, proche d’une jupe-culotte, et le chapeau oriental à plume, semblable à un turban. Avec cette silhouette élancée
– libérant les femmes des jupons et des corsets – Poiret a créé un style contemporain et sensuel. En tant que couturier, il était capable de créer une tendance, inspirée du succès des Ballets russes, organisant des fêtes exotiques
auxquelles Van Dongen se rendait de temps en temps, tel que la fête sur le thème arabe «La Mille et Deuxième Nuit» en 1911 et «Les Festes de Bacchus» en 1912 – créant des décors et des costumes de théâtres attrayants et collaborant avec des illustrateurs tels que Paul Iribe et Georges Lepape. Comme personne avant lui, Poiret s’est créé une clientèle exclusive, aussi bien nationale qu’internationale, ainsi que son propre marché. Van Dongen était impressionné par ce développement et fasciné par la nouvelle image de la femme chic.
La mode de Poiret correspondaient parfaitement avec la peinture fluide de Van Dongen et son sens de la couleur, ce qui lui a permis de transformer les spécificités de ce qui l’inspire en caractéristiques artistiques indépendantes et personnelles. En produisant de telles œuvres, Van Dongen a réussi à se libérer, en particulier de sa relation contractuelle avec Bernheim-Jeune, qu’il trouvait trop restrictive. Il redynamise son travail à partir des années 1912-1913, en partie grâce à l’influence d’un voyage en Egypte et à Poiret, comme en témoigne Le Sentier de la vertu et ses œuvres suivantes.
Anita Hopmans

Le Sentier de la vertu (1913) is one of the few paintings by Van Dongen to have been fairly precisely dated. On the back of the canvas he noted both the title and when it was painted, ‘Janvier 1913’. The painting did not however feature in Van Dongen’s solo exhibition at Galerie Bernheim-Jeune that same month (27 January-8 February). However, it was probably acquired for Bernheim-Jeune shortly afterwards. This assumption corresponds with the number ‘19884’ noted on the back, which refers to a purchase in February or March (J. Melas Kyriazi, op. cit., p. 126).
Van Dongen’s impression of riders and walkers in the Bois de Boulogne, particularly the way in which he depicts them, is in line with this period. The atmosphere is wintry, the trees are bare. A few remaining leaves are rendered in light and darker greys, a tone that blends with the sky and harmonises with the transparent green of the undergrowth. The uent execution of this painting corresponds perfectly with the sketchy quality of the gures, the vertical format of the canvas, and the path rendered in perspective. Van Dongen used all these elements to accentuate the main feature, the solitary élégante in the centre foreground and the rider to the right of her, glancing across. The subject recalls Charles Baudelaire’s description of the sensual art of Constantin Guys in Le Peintre de la vie moderne (1863). The title of the painting, Le Sentier de la vertu, seems to contradict this. But is this title in fact an ironic comment on the wanton character of the scene depicted, or is the lonely mondaine coolly rejecting the attentions of the rider? The cool and distant alternate with the seductive and stylish, right down to details like the fur of the muff and collar.
The other, indirect subject of this painting is the fashion of Paul Poiret. It is present here in the narrow ankle-length skirt, akin to a jupe-culotte, and the oriental, turban-like hat with a feather. With this slender silhouette – freeing women of petticoats and corsets – Poiret created a contemporary, sensual style. As a couturier, he set trends, following on from the success of the Ballets Russes, organising exotic parties – some of them attended by Van Dongen, such as the Arabic-themed party ‘La Mille et Deuxième Nuit’ in 1911 and ‘Les Festes de Bacchus’ in 1912 – designing attractive theatre sets and costumes, and engaging illustrators like Paul Iribe and Georges Lepape. Like none before him, Poiret created exclusive circles of clients, both domestic and international, and his own market. Van Dongen was impressed by this development, and inspired by the new image of the fashionable woman.
Poiret’s fashions were an ideal match for Van Dongen’s flowing manner of painting and sense of colour, which allowed him to transform the specifics of that which inspired him into independent, personal artistic characteristics, as is apparent in Le Sentier de la vertu and the work that followed. By producing such work, Van Dongen managed to liberate himself, not least from his contractual relationship with Bernheim-Jeune, which he found increasingly restrictive. Thanks in part to Poiret, and the influence of a trip to Egypt, he revitalised his work from 1912-13 onwards.
Anita Hopmans

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