BUREAU IMPERIAL DE STYLE NEOCLASSIQUE
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BUREAU IMPERIAL DE STYLE NEOCLASSIQUE

PAR IPPOLIT MONIGHETTI, LIVRE POUR ALEXANDRE II AU PALAIS LIVADIA, vers 1860

Details
BUREAU IMPERIAL DE STYLE NEOCLASSIQUE
PAR IPPOLIT MONIGHETTI, LIVRE POUR ALEXANDRE II AU PALAIS LIVADIA, vers 1860
En placage de poirier noirci et lapis-lazuli, et ornementation de bronze ciselé et doré, le plateau gainé de cuir noir, orné d'une marqueterie de fleurs en pierres dures et ceint de frises de feuilles d'acanthe et rais-de-cœur, ouvrant par deux tiroirs latéraux en ceinture, les entrées de serrure à décor d'enroulements feuillagés, les pieds balustres, cannelés à asperges et ornés chacun en partie haute de deux médaillons, dont l'un au 'A' couronné et de guirlandes de feuilles de laurier, réunis par une entretoise en H ; restaurations
H.: 76 cm. (30 in.) ; L.: 184 cm. (72 ½ in.); P.: 97 cm. (38 in.)
Provenance
Livré pour le Tsar Alexandre II (1818-1881), probablement pour le palais de Livadia ;
Probablement offert à l’Imam Chamil (1797-1871)
Literature
Bibliographie comparative :
E. Ducamp, Tsarskoie selo : de Catherine II à Nicolas II : trois siècles de splendeur impériale, Paris, 2010, pp. 186-187.
Further details
A NEOCLASSICAL IMPERIAL ORMOLU-MOUNTED, LAPIS-LAZULI, PIETRA DURA AND EBONISED DESK, BY IPPOLITE MONIGHETTI, SUPPLIED FOR ALEXANDRE II FOR THE LIVADIA PALACE, CIRCA 1860

Brought to you by

Hippolyte de la Féronnière
Hippolyte de la Féronnière Head of European Furniture Department

Lot Essay


Ce bureau est un témoignage exceptionnel du talent de l’architecte Ippolit Monighetti au service du tsar Alexandre II et du savoir-faire des artisans russes au XIXe siècle.


IPPOLIT MONIGHETTI : ARCHITECTE DU TSAR

Ce somptueux bureau fut livré au tsar Alexandre II (1818-1881), grand amateur d’art et mécène. Il fut réalisé vers 1860 par Ippolit Antonovich Monighetti (1819-1878), probablement pour son palais de Livadia. Cet architecte travailla pour la cour à Saint-Pétersbourg jusqu’à la fin de sa vie sur d’importants projets. Après des études de dessin à Moscou, puis d’architecture à l'Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg (dès 1834), il voyagea en Europe, notamment en Suisse, en Italie (1842-1844) et en Grèce, ainsi qu’en Orient, pour y étudier les architectures locales qu’il répertoria dans un recueil de dessins. Celui-ci lui valut à son retour en 1847 le titre d’académicien. Il entama alors une carrière officielle au service du tsar et fut nommé architecte en chef de la résidence impériale de Tsarskoïe Selo, aujourd’hui Musée Pouchkine. Il fut en charge de la réalisation de certains travaux et notamment ceux du grand escalier en marbre entre 1860 et 1863, et de l’aménagement du salon de Lyon. Celui-ci avait été initié par Charles Cameron entre 1780 et 1783 dans un style résolument Louis XVI. Cet opulent salon est décoré de lapis-lazuli et d’une doublure murale en soie dorée de Lyon, d’où le nom de la pièce. Monighetti y apporta sa touche personnelle sans en altérer l’esprit initial, en réalisant quelques aménagements entre 1848 et 1861. Il conçut de nouveaux meubles, dont certains plaqués de lapis-lazuli, notamment un impressionnant lustre orné de bronze doré à quatre-vingt-quatre bougies suspendu au plafond, ainsi qu'une table de milieu de style néoclassique en collaboration avec le magasin anglais Nicholls & Plinke et la Taillerie impériale de Peterhof vers 1858-1861, avec des ornements en bronze très similaires à notre bureau (E. Ducamp, Tsarskoie selo : de Catherine II à Nicolas II : trois siècles de splendeur impériale, Paris, 2010, pp. 186-187). Ces meubles font partie d'un ensemble en mosaïque de lapis-lazuli de Badakhshan et de Baïkal et ornés de bronze doré, comprenant tables, écrans de cheminée, paravent, lustre, appliques, gaines et vases décoratifs. Ils portent le monogramme de l'impératrice Maria Alexandrovna, épouse d'Alexandre II. Elle les avait spécialement commandés en 1856. Le salon de Lyon avait été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale et seulement une partie du mobilier a pu être sauvé. La reconstruction fut entièrement achevée en 2021. La soie murale dorée que l’on peut apprécier encore aujourd’hui fut réalisée par La Manufacture Prelle (Prelle & Cie). Il s’agit d’une reconstitution de celle qui fut réalisée en 1866 par leur prédécesseur, l'usine de tissage lyonnaise Lamy et Giraud.


UN BUREAU IMPERIAL

Monighetti, devenu professeur ordinaire dès 1858, fut chargé par Alexandre II de l’aménagement du domaine de Livadia près de Yalta (aujourd’hui Ukraine), où il y fit construire une église en 1859 et un palais (détruit en 1911). C’est pour ce palais qu’aurait probablement été commandé notre bureau à Monighetti qui s’inscrit dans la lignée des meubles réalisés pour Tsarskoïe Selo. L’exécution des bronzes et leur dorure fut confiée à l’entreprise Nichols and Plinke à Saint-Pétersbourg. Elle fut l’un des plus grands fournisseurs de l’Empire avant d’être éclipsée par la montée de l’atelier Fabergé et de fermer ses portes en 1880. Nous pouvons citer un autre de ses ouvrages dans le même style, également en collaboration avec Monighetti et sur lequel se retrouve du lapis-lazuli. Il s’agit d’un cabinet conservé au Hillwood Estate, Museum & Gardens, de Washington (inv. 32.22) et daté de 1873. Il fut commandé par le tsar Alexandre II et son épouse Maria Alexandrovna, pour être offert au grand-duc Konstantin Nikolaevich et à la grande-duchesse Alexandra Iosifovna, frère et belle-sœur du tsar, à l'occasion de leur vingt-cinquième anniversaire de mariage. Se retrouvent au sommet les initiales de ces derniers (A et K).

L’imposante ornementation de bronze ciselé et doré de notre bureau, avec ses chutes de guirlandes de feuilles de laurier, rappelle celle du bureau-cartonnier de Lalive de Jully par Joseph Baumhauer, vers 1757, conservé au Château de Chantilly (inv. OA 357). La ciselure est d’une grande finesse et d’une qualité d’exécution irréprochable. Certains détails rappellent le caractère impérial de ce bureau. Ainsi, les entrées de serrure sont surmontées d’une couronne et les pieds ornés en partie supérieure d’un médaillon au ‘A’ couronné d’Alexandre II. Le lapis-lazuli utilisé en placage est une pierre typique des montagnes de l’Oural. C’est véritablement cette pierre d’un bleu outremer qui fait toute la préciosité de notre bureau puisqu’il en est entièrement recouvert. Il s’agit probablement du plus grand meuble jamais réalisé avec une telle quantité de lapis-lazuli. Bien que très imposant, son décor présente quelques touches de raffinement, notamment des fleurs en incrustations de pierres dures polychromes de part et d’autre du dessus de cuir.


UN CADEAU DIPLOMATIQUE

Il semblerait que ce bureau ait été par la suite offert à l’Iman Chamil du Daguestan entre 1865 et 1868. Les relations entre Alexandre II et Chamil s’inscrivaient initialement dans le contexte de la guerre du Caucase initiée par la Russie et qui s’acheva dans les années 1950. Chamil incarnait la figure de la résistance face à l’invasion russe lorsqu’il accéda au pouvoir en 1834 et jusqu’en 1859, date à laquelle il finit par se rendre avec sa famille suite à une ultime offensive de la Russie opérée deux ans plus tôt. Ils furent emprisonnés puis envoyés à Saint-Pétersbourg où il fut présenté à Alexandre II. Celui-ci prit la décision de l’exiler à Kalouga, près de Moscou. En décembre 1868, Chamil obtint la permission de s’installer à Kiev où il résida dans une somptueuse villa. Il y aurait vécu dans un certain luxe grâce aux sommes importantes que lui versait le tsar pour subvenir à ses besoins. Ce serait donc pendant cette période qu’il aurait reçu comme cadeau ce bureau de la part du tsar. Après avoir été autorisé à faire un pèlerinage à la Mecque en 1869, Chamil décéda à Médine en 1871. Ses loyalistes, qui auraient continuer d’occuper son palais de Kalouga à sa mort, auraient récupéré en 1917 le bureau et autres objets offert par le tsar pour les ramener au Daghestan. Ce meuble figure dans une importante collection européenne depuis plusieurs décennies.



This desk is an exceptional testament to the talent of architect Ippolit Monighetti in the service of Tsar Alexander II and to the skills of Russian craftsmen in the 19th century.


IPPOLIT MONIGHETTI: ARCHITECT TO THE TSAR

This sumptuous desk was created for Tsar Alexander II (1818-1881), a great amateur and patron of the arts. It was produced around 1860 by Ippolit Antonovich Monighetti (1819-1878), presumably for the Tsar’s Livadia palace. This architect worked on major projects for the Royal Court in Saint Petersburg until the end of his life. After studying drawing in Moscow followed by architecture at the Academy of Fine Arts in Saint Petersburg (from 1834), he travelled around Europe, and particularly Switzerland, Italy (1842-1844) and Greece, as well as the Orient, to study local architectures, which he recorded in a collection of drawings. This achievement earned him the title of Academician upon his return in 1847. He then embarked on an official career serving the Tsar and was appointed chief architect of the imperial residence at Tsarskoye Selo, now known as the Pushkin Museum. He was responsible for a number of projects, most notably the grand marble staircase between 1860 and 1863, and the interior design of Lyons Hall. This was started by Charles Cameron between 1780 and 1783 in a resolutely Louis XVI style. This opulent hall is decorated with lapis lazuli and a golden silk wall lining from Lyon, hence the name of the room. Monighetti contributed his signature touch whilst retaining the original spirit, undertaking a few alterations between 1848 and 1861. He designed new furniture, some veneered with lapis lazuli, including an impressive chandelier embellished with gilded bronze and eighty-four candles hanging from the ceiling, as well as a neoclassical style middle table designed with the English shop Nicholls & Plinke and the Imperial Peterhof Cutting factory around 1858-1861, featuring bronze ornaments very similar to those of our desk (E. Ducamp, Tsarskoie selo: de Catherine II à Nicolas II: trois siècles de splendeur impériale, Paris, 2010, pp.186-187). These pieces of furniture are part of a set featuring lapis lazuli from Badakhshan and Baikal mosaics embellished with gilded bronze, including tables, mantel screens, screens, chandeliers, brackets and ornamental vases. They are embossed with the monogram of Empress Maria Alexandrovna, the wife of Alexander II. She commissioned them especially in 1856. The Lyon Hall was destroyed during the Second World War and only part of the furniture was salvaged. Reconstruction was fully completed in 2021. The golden silk mural we can still admire today was crafted by the Manufacture de la Prelle (Prelle & Cie). This is a reconstitution of the one was produced originally by their predecessor, the Lamy et Giraud weaving mill in Lyon, in 1866.


AN IMPERIAL DESK

Monighetti, who had become an ordinary professor in 1858, was commissioned by Alexander II to plan the Livadia estate near Yalta (now Ukraine), where he constructed a church in 1859 and a palace (demolished in 1911). Monighetti was probably commissioned to produce our desk for this palace, as it is in the same vein as the furniture designed for Tsarskoye Selo. The bronze work and their gilding were executed by Nichols and Plinke in Saint Petersburg. The company was one of the major suppliers to the Empire before being eclipsed by the rise of the Fabergé workshop and closing its doors in 1880. We can mention another of its works in the same style, also in collaboration with Monighetti and featuring lapis lazuli. The piece in question is a cabinet housed in the Hillwood Estate, Museum & Gardens, Washington (inv. 32.22), dated 1873. It was commissioned by Tsar Alexander II and his wife Maria Alexandrovna as a twenty-fifth wedding anniversary gift for the Grand Duke Konstantin Nikolaevich and the Grand Duchess Alexandra Iosifovna, the Tsar’s brother and sister-in-law. Their initials (A and K) appear at the top of the piece.

The imposing ornamentation of engraved and gilded bronze on our desk, adorned with laurel leaf garlands, resembles that on the desk with file case crafted for Lalive de Jully by Joseph Baumhauer, circa 1757, preserved at the Château de Chantilly (inv. OA 357). The engraving is of great finesse and impeccable craftsmanship. A number of details recall the imperial character of this desk. The lock escutcheons are mounted with a crown, and the upper section of the feet is adorned with a medallion bearing the crowned “A” of Alexander II. The lapis lazuli used for veneering is a stone typical of the Ural Mountains. This ultramarine blue stone confers exceptional preciousness to our desk since it is entirely coated with it. This is probably the largest piece of furniture ever created with such an abundance of lapis lazuli. Whilst very imposing, its ornamentation features a number of refined touches, notably flowers inlaid with polychrome hard stones on either side of the leather top.


A DIPLOMATIC GIFT

This desk was allegedly subsequently gifted to Iman Chamil of Dagestan sometime between 1865 and 1868. Relations between Alexander II and Chamil originated in the context of the Caucasian War initiated by Russia which ended in the 1950s. Chamil embodied resistance against the Russian invasion from the time he came to power in 1834 until 1859, when he and his family finally surrendered following an ultimate Russian offensive conducted two years earlier. They were imprisoned and sent to Saint Petersburg, where he was introduced to Alexander II. The latter decided to exile him to Kaluga, near Moscow. In December 1868, Chamil obtained permission to settle in Kiev, where he lived in a lavish villa. It is thought that he lived in some luxury courtesy of the large sums granted by the Tsar to provide for his needs. It would therefore have been during this period that he received this desk as a gift from the Tsar. Following an authorized pilgrimage to Mecca in 1869, Chamil died in Medina in 1871. His loyalists, who allegedly remained in his Kaluga palace after his death, are said to have retrieved the desk and other objects gifted by the Tsar in 1917 and taken them back to Dagestan. This piece of furniture has now been part of a major European collection for several decades.

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