MASQUE-DOUBLE NDA BAULÉ
MASQUE-DOUBLE NDA BAULÉ
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Masque-double nda Baulé

Côte d’Ivoire

Details
Masque-double nda Baulé
Côte d’Ivoire
Hauteur : 29 cm. (11 3⁄8 in.)
Provenance
Roger Bédiat (1897-1958), Abidjan
Henri Kamer (1927-1992), Cannes, acquis en 1955
Collection Monique (1929-2019) et Jean Paul (1930-2016) Barbier-Mueller, Genève, acquis le 23 novembre 1978 (inv. n° 1007-65)
Literature
Delange, J., L’art de l’Afrique Noire, Besançon, 1958, p. 28, pl. XVI, n° 114
Laude, J., Les arts de l’Afrique Noire, Paris, 1966, p. 219, n° 115
Meauzé, P., L’art nègre. Sculpture, Paris, 1967, pp. 64 et 65
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Fagg, W., Masques d’Afrique dans les collections du musée Barbier-Müller, Paris, 1980, plat recto, pp. 62 et 63
Lehuard, R., « Publicité musée Barbier-Müller/Barbier-Müller Museum Advertisement », in Arts d'Afrique Noire, Arnouville, printemps 1981, n° 37, p. 1
Hierro, J., Hier, aujourd’hui, demain. Regards sur les collections et sur les activités du musée Barbier-Mueller 1977-1987/Yesterday, Today and Tomorrow. The Collections and Activities of the Barbier-Mueller Museum 1977-1987, Genève, 1987, p. 42
Schmalenbach, W. et al., Arts de l’Afrique noire dans la collection Barbier-Mueller/Afrikanische Kunst aus der Sammlung Barbier-Mueller, Genf, Munich, 1988, p. 131, n° 64
Kerchache, J., Paudrat, J.-L. et Stephan, L., L’art africain/Art of Africa, Paris, 1988, p. 526, n° 888
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Newton, D. et Waterfield, H., Sculpture. Chefs-d’œuvre du musée Barbier-Mueller/Tribal Sculpture. Masterpieces from Africa, South East Asia and the Pacific in the Barbier-Mueller Museum, Genève, 1995, pp. 90 et 91
Montañés, E. et al., Historia del arte. El arte en América, África y Oceanía, Barcelone, 1996, p. 2617
Hahner-Herzog, I. et al., L’autre visage. Masques africains de la collection Barbier-Mueller/African Masks. The Barbier-Mueller Collection/ Das zweite Gesicht. Afrikanische Masken aus der Sammlung Barbier-Mueller, Munich, 1997, pp. 118-119 et 259, pl. 41, n° 122
Geoffroy-Schneiter, B., Arts premiers/Tribal Art. Africa, Oceania, Southeast Asia, Paris, 1999, plat recto, pp. 246 et 247
Barbier-Mueller, J.P., « Confidentiellement vôtre…/Confidentially Yours… », in Arts & Cultures, Genève, 2003, n° 4, pp. 199 et 256, n° 21
Barbier-Mueller, J.P. et Enthoven, R., Rêves de collection. Sept millénaires de sculptures inédites - Europe, Asie, Afrique, Genève, 2003, p. 164
Boyer, A.-M., Butor, M. et Morin, F., L’homme et ses masques. Chefs-d’œuvre des musées Barbier-Mueller, Genève, 2005, pp. 302-303 et 364, n° 116
Hahner-Herzog, I. et Stepan, P., Spirits Speak. A Celebration of African Mask, Munich, 2005, p. 162, n° 23
Alleva, A. d’ et al., Arts d’Afrique et d’Océanie. Fleurons du musée Barbier-Mueller/Arts of Africa and Oceania. Highlights from the Musée Barbier-Mueller, Genève, 2007, pp. 140-141 et 387
Boyer, A.-M., Baule, Milan, 2007, p. 101, n° 18
Barbier-Mueller, J.P., 1977-2007. Musée Barbier-Mueller, Genève, 2007, p. 7
Baeke, V. et al., A Legacy of Collecting. African and Oceanic Art from the Barbier-Mueller Museum at The Metropolitan Museum of Art, Genève, 2009, pp. 62 et 63, n° 10
Listri, M., African Art - Art africain - Afrikanische kunst - Arte africano - Arte africana - Afrikaanse kunst, Florence, 2011, p. 104
Kwahulé, K., Orsenna, E. et Schmitt, E.-E., Masques à démasquer, Genève, 2012, pp. 30 et 31, n° 2
Barley, N. et al., Les collections Barbier-Mueller. 110 ans de passion, Grenoble, 2017, pp. 112 et 113, n° 18
Boyer, A.-M., « L'Afrique et la pérennité de l'immatériel/Africa and the Permanence of the Immaterial », in Arts et Cultures, Genève, 2017, n° 18, p. 114, n° 13
Morin, F., « L’Afrique aux mille visages/Africa of a Thousand Faces », in Tribal Art Magazine, Arquennes, 2017, Hors-série n° 7, pp. 40 et 41, n° 36
Levy, A. et Ouvrier, Z., Pensées invisibles. Invisible Thoughts, Genève, 2023, pp. 108, 110, 114, 119 et 137, n° 15
Exhibited
Besançon, Palais Granvelle, Art de l’Afrique noire, 17 juillet - 5 octobre 1958
Soleure, Kunstmuseum Solothurn, Masques d’Afrique dans les collections du musée Barbier-Müller, 1er janvier - 31 décembre 1980
Düsseldorf, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Afrikanische Kunst aus der Sammlung Barbier-Mueller, Genf, 27 février - 10 avril 1988 ; Francfort-sur-le-Main, Schirn Kunsthalle Frankfurt, 4 juin - 14 août 1988 ; Munich, Haus der Kunst, 17 décembre 1988 - 19 février 1989 ; Genève, Musée Rath, 15 mars - 15 mai 1989 ; Berne, Kunstmuseum Bern, 12 août - 22 octobre 1989
Genève, Musée Barbier-Mueller, Arts de la Côte d’Ivoire dans les collections du musée Barbier-Mueller, 6 mai - 30 septembre 1993
Genève, Musée Barbier-Mueller, Sculpture. Chefs-d’œuvre du musée Barbier-Mueller, septembre 1995
Munich, Haus der Kunst, Das zweite Gesicht. Afrikanische Masken aus der Sammlung Barbier-Mueller/L’autre visage. Masques africains de la collection Barbier-Mueller, 7 février - 24 avril 1997 ; Bielefeld, Kunsthalle Bielefeld, 15 mai - 3 août 1997 ; Luxembourg, Banque générale du Luxembourg, 15 septembre - 23 novembre 1997 ; Tervuren, Musée royal de l’Afrique centrale, 29 mai - 13 septembre 1998 ; Paris, Mona Bismarck American Center, 21 septembre - 28 octobre 1999
Genève, MEG - Musée d’Ethnographie de Genève, L’invité du MEG. Le musée Barbier-Mueller, 24 avril 2007 - 26 août 2007
New York, The Metropolitan Museum of Art, A Legacy of Collecting. African and Oceanic Art from the Barbier-Mueller Museum, 2 juin - 27 septembre 2009
Genève, Musée Barbier-Mueller, Masques à démasquer, 21 février - 16 septembre 2012
Genève, Musée Barbier-Mueller, Arts de la Côte d’Ivoire, autour des Yohouré, 24 novembre 2016 - 30 avril 2017
Genève, Musée Barbier-Mueller, Pensées invisibles, 9 novembre 2022 - 3 septembre 2023
Further details
Baule nda double-mask, Ivory Coast

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Alexis Maggiar
Alexis Maggiar International Head, African & Oceanic Art, Vice Chairman of Christie's France

Lot Essay

RÉMY MAGUSTEIRO

Les masques nda (jumeaux), relativement rares, sont considérés comme des portraits idéalisés de jeunes filles ou de jeunes hommes du village. Ces masques appartenant au groupe Mblo ou Gbagba, sont destinés à divertir et sont donc amenés à être vus de tous. Bien qu’ils n’aient pas de fonction rituelle, ils sont liés à la naissance de jumeaux, considérée comme un événement heureux nécessitant d’être célébrée par des cérémonies.

Véritable merveille de l’art Baoulé, ce chef-d’œuvre est lié aux noms de Roger Bédiat et d’Henri Kamer. Nous devons au premier plusieurs trésors de Côte d’Ivoire, aujourd’hui conservés dans les plus grandes institutions ou collections privées du monde. Bédiat s’installe dès les années 1920 en Abidjan, à Anyama plus exactement, où il se concentre sur son activité de forestier. Par la suite, cet amateur de première heure développe son goût pour les cultures et l’art des régions qu’il parcourt. Il collabore par la suite avec Charles Ratton dans la période de l’entre-deux-guerres. Ce n’est qu’au milieu des années 1950, quelques temps avant sa mort, qu’il vend une grande partie de sa collection à Hélène Leloup et Henri Kamer. De cet exceptionnel ensemble, Henri Kamer cède ce masque en 1978, comptant parmi les joyaux de la collection Barbier-Mueller.

Ce masque accède d’emblée au statut de magnum opus. Il sera l’œuvre-phare de plusieurs expositions d’art d’Afrique organisées de 1958 à nos jours. Apparaissant en couverture de Masques d’Afrique dans les collections du musée Barbier-Müller (Fagg, W., Paris, 1980), ce chef-d’œuvre révèle tout le génie d’un grand maître tant sur le plan formel - fascinante qualité sculpturale - que sur le plan conceptuel - conjuguant gémellité et unicité.

Le masque-jumeau de Monique et Jean Paul Barbier-Mueller présente deux visages parfaitement sculptés et quasi-symétriques puisqu’ils se distinguent uniquement par des éléments ornementaux. L’artiste, en suivant les canons d’excellence de beauté chez les Baoulé, a pris le plus grand soin d’individualiser les coiffures et les scarifications du front, des joues et des commissures des lèvres. Seules les marques ngole - tempes et arête nasale - sont identiques. Bien que les visages d’un masque nda soient généralement du même sexe, la différence de couleur indique une distinction sexuelle. Les couleurs utilisées par les Baoulé reflètent leur conception philosophique de l’organisation dualiste de l’univers dans laquelle l’harmonie est obtenue par l’union de principes complémentaires.

Finalement, ce double-masque est une ode à l’Homme et au dualisme qui nous façonne. La peau craquelée à vif du premier visage, laisse apparaître le rouge qui coule dans notre enveloppe charnelle, et répond à son double animique préservé des affres de la vie. Ce masque est une injonction à accepter notre nature-même : celle de l’éternelle co-résidence de l’âme et du corps. Ce chef-d’œuvre nous rappelle que l’apprentissage passe par l’opposition, que notre individualité est construite des tiraillements de la raison à la passion, de la liberté à la nécessité, de la certitude au doute ou encore du devoir à la sensibilité. Ce masque-double se révèle être l’image même du dualisme cartésien qui a sans doute trouvé ici, sa plus belle représentation artistique.


Relatively rare nda (twin) masks are considered to be idealised portraits of young girls or young men from local villages. These masks, which belong to the Mblo or Gbagba sub-groups, are intended to entertain during dances or ceremonies and can therefore be seen by everyone. Although they have no ritual function, they are linked to the birth of twins, considered a happy event that is to be celebrated during ceremonies.

A true marvel of Baule art, this masterpiece is linked to the names of Roger Bédiat and Henri Kamer. The former is responsible for a number of treasures from the Ivory Coast, now housed in the world's leading institutions and private collections. In the 1920s, Bédiat settled in Abidjan - in Anyama to be precise - where he concentrated on his work as a forest ranger. Subsequently, this early amateur collector developed his taste for the culture and art of the regions he travelled through. During the inter-war period, he went on to collaborate with Charles Ratton. It was not until the mid-1950s, shortly before his death, that he sold a large part of his collection to Hélène Leloup and Henri Kamer. Amongst this exceptional ensemble, Henri Kamer parted with this mask in 1978, making it one of the jewels in the Barbier-Mueller collection.

This mask immediately achieved the status of magnum opus. It was the star piece of several African art exhibitions organised between 1958 and the present day. Appearing on the cover of Masques d'Afrique dans les collections du musée Barbier-Müller (Fagg, W., Paris, 1980), this masterpiece reveals the genius of a great master, both in terms of shape - with its fascinating sculptural quality - and in terms of concept - combining twinship and uniqueness.

Monique and Jean Paul Barbier-Mueller's twin masks features two perfectly sculpted, almost symmetrical faces, distinguished only by ornamental elements. The artist, following the Baule canons of perfected beauty, has taken great care to individualise the hairstyles and scarification marks on the forehead, cheeks and corners of the mouth. Only the ngole marks - temples and nasal bridge - are identical. Although the faces in a nda mask are generally of the same sex, the difference in colour indicates a gender distinction. The colours used by the Baule reflect their philosophical conception of the dualistic organisation of the universe, in which harmony is achieved through the union of complementary principles.

Ultimately, this double mask is an ode to Man and the dualism that shapes us. The raw, cracked skin of the first face reveals the red hue that flows through our carnal envelope, and responds to its animic double, preserved from the torments of life. This mask is an injunction to accept our very nature: that of the eternal co-existence of soul and body. Thus, this masterpiece reminds us that learning occurs through opposition, that our individuality is constructed from the tug-of-war between reason and passion, freedom and necessity, certainty and doubt, as well as duty and sensitivity. This double mask is the very image of Cartesian dualism, which has undoubtedly found its finest artistic representation here.

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