Details
Statue Mbété
Gabon
Hauteur : 77 cm. (30 3⁄8 in.)
Provenance
Collection Aristide Courtois (1883-1962), Paris, acquis avant 1938
Charles Ratton (1895-1986), Paris, en 1939
Madeleine Rousseau (1895-1980), Paris
René Rasmussen (1912-1979), Paris
Transmis par descendance
Loudmer-Poulain, Drouot Rive Gauche, Paris, Succession René Rasmussen. 1ère vente, 14 décembre 1979, lot 53
Alain de Monbrison, Paris, acquis lors de cette vente
Collection Hubert Goldet (1945-2000), Paris, acquis auprès de ce dernier ca. 1979
De Ricqlès, Maison de la Chimie, Paris, Collection Hubert Goldet, 30 juin - 1er juillet 2001, lot 276
Collection Monique (1929-2019) et Jean Paul (1930-2016) Barbier-Mueller (inv. n° 1019-86)
Literature
Verbeken, A., « La poésie nègre au Congo », in Le Musée vivant. Revue de l’APAM, Paris, novembre 1948, n° 36-37, p. 13, n° 7
Césaire, A., Soleil cou-coupé, Paris, 1948, plat recto
Lehuard, R., « La Collection Rasmussen », in Arts d’Afrique Noire, Arnouville, hiver 1979, n° 32, p. 23
Paudrat, J.-L., La voie des ancêtres. En hommage à Claude Lévi-Strauss/The Way of the Ancestors. A Tribute to Claude Levi-Strauss, Paris, 1986, n° 36b
Berjonneau, G. et Sonnery, J.-L., Chefs-d’œuvre inédits de l’Afrique noire/ Rediscovered Masterpieces of African Art/ Onbekende meesterwerken uit zwart Afrika, Boulogne, 1987, p. 228, n° 211
Lehuard, R., « A propos de “La voie des ancêtres” », in Arts d’Afrique Noire, Arnouville, printemps 1987, n° 61, p. 12
Bacquart, J.-B., L’art tribal d’Afrique noire/The Tribal Arts of Africa, Paris, 1998, p. 119, n° D
Villanis, E., « La collection Goldet entre dans l’Histoire », in Gazette Drouot, Paris, juillet 2001, n° 27, p. 43
Duponchelle, V., « La ruée vers l’or noir », in Le Figaro, Paris, 2 juillet 2001
Schlumberger, J., « L’art primitif atteint des sommets », in Journal du Dimanche, Paris, 1er juillet 2001
Melikian, S., « Out of Africa, Inspiration for the 20th Century », in International Herald Tribune, Paris, 7-8 juillet 2001
Perrois, L., « L'art des Ambété et la tradition “Kota”/Ambete Art and the “Kota” Tradition », in Art Tribal, Paris, hiver 2002, n° 1, pp. 74 et 75
Perrois, L., « L’ancêtre mbédé du « maître d’Abolo ». Un chef-d’œuvre de l’art africain dans son contexte : histoire, société, style/The Mbédé Ancestor of the “Abolo Master”. A Masterpiece of African Art in its Historical, Social and Stylistic Context », in Arts & Cultures, Genève, 2004, n° 5, plat recto, pp. 144- 145, 147, 154, 156 et 158, n° 1, 3, 8 et 11
LaGamma, A., « Ancêtres éternels. L’art du reliquaire en Afrique centrale/ Eternal Ancestors. Art of the Central African Reliquary », in Tribal Art Magazine, Arquennes, automne 2007, n° 18, p. 80, n°15
LaGamma, A., Eternal Ancestors. The Art of the Central African Reliquary, New York, 2007, p. 274, n° 93
Barbier-Mueller, J.P., 1977-2007. Musée Barbier-Mueller, Genève, 2007, plat verso
Alleva, A. d’ et al., Arts d’Afrique et d’Océanie. Fleurons du musée Barbier-Mueller/Arts of Africa and Oceania. Highlights from the Musée Barbier-Mueller, Genève, 2007, pp. 196-197 et 389
Perrois, L., Arts du Gabon, Genève, 2011, plat recto
Butor, M., 6000 ans de réceptacles. La vaisselle des siècles, Lausanne, 2017, p. 129, n° 63
Martin, S. et al., Les forêts natales. Arts d’Afrique équatoriale atlantique, Paris, 2017, pp. 102 et 308, n° 241
Valluet, M.-C., Regards visionnaires. Arts d'Afrique, d'Amérique, d'Asie du Sud-Est et d'Océanie/ Collectors' Visions. Arts of Africa, Oceania, Southeast Asia and the Americas, Milan, 2018, p. 231, n° 31
Exhibited
Paris, Musée Dapper, La voie des ancêtres. En hommage à Claude Lévi-Strauss, 6 novembre 1986 - 7 février 1987
Paris, Musée Dapper, Chefs-d’œuvre inédits de l’Afrique noire, 10 octobre 1987 - 5 mai 1988
New York, The Metropolitan Museum of Art, Eternal Ancestors. The Art of the Central African Reliquary, 1er octobre 2007 - 2 mars 2008
Genève, Musée Barbier-Mueller, 6000 ans de réceptacles. La vaisselle des siècles, 17 mai 2017 - 25 février 2018
Paris, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Les forêts natales. Arts d’Afrique équatoriale atlantique, 3 octobre 2017 - 21 janvier 2018
Further details
Mbete figure, Gabon

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Alexis Maggiar
Alexis Maggiar International Head, African & Oceanic Art, Vice Chairman of Christie's France

Lot Essay

PIERRE AMROUCHE

L’ancêtre masculin est représenté debout les bras plaqués au corps, les jambes courtes fléchies. Au dos est creusée une chambre reliquaire obturée par un volet rectangulaire fixé par six cordelettes. La sculpture est peinte au kaolin et au rouge de padouk, noircie au feu à la coiffe, au cou, aux épaules et aux bras. Le visage plat losangé est peint au padouk à l’exception d’une mentonnière dessinée au kaolin, la face creusée en retrait. Sous les grandes arcades sourcilières, des cauris forment des yeux obliques. La bouche grande ouverte est armée de fines dents de fer caractéristiques des reliquaires ambété et tsogho.

La coiffure imposante dessine un casque à cimier médian percé à l’avant d’un orifice de fixation de parure, et un large couvre-nuque en pavillon ; elle est striée de nattes curvilignes. Le cou puissant, renflé en son milieu, orné d’un collier de perles de verre bleu. Des trous de fixation sont percés au niveau des coudes sans doute pour porter des amulettes. Un large tatouage triangulaire descend de l’ombilic au pubis. Scarification géométrique aux reins. Gravure aux mollets, pieds obliques schématisés.

La statue s’impose par son hiératisme en accord avec sa fonction de réceptacle des reliques des fondateurs du lignage. L’oxydation foncée du bois, la patine épaisse et laquée qui couvre la sculpture, attestent de la grande ancienneté de cet objet exceptionnel datable probablement du XIXe siècle.

Au sein de l’étroit corpus des statues reliquaires, cet exemplaire au pedigree prestigieux domine par son style plein de vigueur, sa finesse d’expression et sa magnifique patine d’usage.

On peut la comparer à la statue reliquaire de la collection Pierre Matisse, celle-ci présente un tel nombre de similitudes que, de toute évidence, elles sont l’œuvre du même maître. Toutes deux furent en tout cas acquises par Aristide Courtois dont il convient d’évoquer ici la mémoire tant son rôle fut déterminant dans le devenir des collections de l’Afrique équatoriale.

Exposée à New York au Metropolitan Museum of Art, elle est comparée à quatre autres statues reliquaire Ambété-Mbété, Alisa LaGamma souligne la pureté de sa forme qui la classe comme le chef-d’œuvre de ces statues de Courtois (Eternal Ancestors. The Art of the Central African Reliquary, New York, 2007, p. 274).

Rappelons qu’en 1948 lorsqu’elle appartenait encore à Madeleine Rousseau ou à René Rasmussen, elle fut reproduite pour la publication du célèbre poème d’Aimé Césaire Soleil Cou-coupé, par K-Editeur. Cet objet est donc lié à l’histoire de l’art sous toutes ses formes, plastique et poétique. Sa généalogie est impressionnante : Courtois, Ratton, Rousseau, Rasmussen, Goldet, Barbier-Mueller, le Gotha des arts premiers. Acquise à la vente Hubert Goldet organisée à Paris en 2001, pour Monique Barbier-Mueller cette statue restera son œuvre d’art africain favorite.


The male ancestor is shown standing with his arms close to his body and his short legs bent. On the back is a reliquary chamber sealed by a rectangular flap attached by six cords. The sculpture is painted with kaolin and padouk red; the headdress, neck, shoulders and arms are fire-blackened on. The flat, diamond-shaped face is painted in padouk, with the exception of a chin strap drawn in kaolin, while the face is recessed. Under the large eyebrow arches, cowries form slanted eyes. The wide-open mouth is armed with fine iron teeth typical of Ambété and Tsogho reliquaries.

The imposing headdress features a helmet with a median crest pierced at the front by a hole for attaching finery, and a wide pavilion-shaped neckpiece; it is streaked with curvilinear braids. The neck is powerful, swollen in the middle and adorned with a necklace of blue glass beads. Holes have been drilled in the elbows, probably to carry amulets. A large triangular tattoo runs from the umbilicus to the pubis. Geometric scarification on the kidneys. Engraving on the calves, schematised oblique feet.

The statue stands out because of its hieratic style, in keeping with its function as a receptacle for the relics of the founders of the lineage. The dark oxidation of the wood and the thick, lacquered patina covering the sculpture attest to the great age of this exceptional object, which can be dated to the 19th century.

Within the narrow corpus of reliquary statues, this example with its prestigious pedigree stands out by its vigorous style, its finesse of expression and its magnificent patina.

It can be compared with the reliquary statue in the Pierre Matisse collection at the Metropolitan Museum of Art, which has so many similarities that they are clearly the work of the same master. In any case, both were acquired by Aristide Courtois, who deserves to be remembered for the decisive role he played in the development of the Equatorial African collections.

Exhibited in New York, it is compared with four other Ambété-Mbete reliquary statues, and Alisa LaGamma emphasises the purity of its shape, which makes it the masterpiece of Courtois' statues (Eternal Ancestors. The Art of the Central African Reliquary, New York, 2007, p. 274).

Let us not forget that in 1948, when it still belonged to Madeleine Rousseau or René Rasmussen, it was reproduced for the publication of Aimé Césaire's famous poem Soleil Cou-coupé by K-Editeur. Hence, this object is linked to the history of art in all its forms, plastic and poetic. Its genealogy is impressive: Courtois, Ratton, Rousseau, Rasmussen, Goldet, Barbier-Mueller, the Gotha of primitive art. Acquired at the Hubert Goldet sale in Paris in 2001, this statue remains Monique Barbier-Mueller's favourite piece of African art.

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