BALZAC, Honoré de (1799-1850)
BALZAC, Honoré de (1799-1850)
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"Tôt ou tard, la littérature, la politique, le journalisme, un mariage ou ma grande affaire me feront une fortune. Il nous faut encore un peu souffrir" (Balzac à sa mère, lettre du 15 juillet 1832)
BALZAC, Honoré de (1799-1850)

Oeuvres complètes. Paris : Furne, Dubochet, Hetzel et Paulin, 1842-1848 (vol. 1-17) [puis :] Alexandre Houssiaux, 1855-1858 (vol. 18-20).

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BALZAC, Honoré de (1799-1850)
Oeuvres complètes. Paris : Furne, Dubochet, Hetzel et Paulin, 1842-1848 (vol. 1-17) [puis :] Alexandre Houssiaux, 1855-1858 (vol. 18-20).

Édition originale de La Comédie humaine : l'exemplaire donné par l'auteur à sa mère, avec envoi "à ma chère mère" sur 9 volumes.

Les relations liant Balzac et sa mère furent difficiles, comme en témoignent les allusions récurrentes à la figure de la "mauvaise mère" dans les lettres et les romans de l'auteur. Laure Sallambier (1778-1854) épouse à la veille de ses dix-neuf ans Bernard François Balzac, âgé de cinquante-et-un ans. Le couple s'installe à Tours, et de leur union naît deux ans plus tard Honoré, qui sera immédiatement placé en nourrice, puis sous l'autorité d'une gouvernante, en demi-pension et enfin au Collège des Oratoriens de Vendôme en 1807, un établissement sévère où les élèves ne sortaient qu'à la fin de leurs études. Il le quitte brièvement en 1813 pour rejoindre sa famille, avant d'intégrer le collège de Tours en 1814. Quand le ménage s'installe à Paris, il est à nouveau mis en pension. Balzac reprochera toujours à sa mère cet éloignement dès la naissance, prêtant son enfance malheureuse au personnage de Félix de Vandenesse dans le Lys dans la vallée. En 1846, au lendemain d'une visite à sa mère, il va jusqu'à déclarer à Eve Hanska, dans une lettre empreinte de désespoir et de mélancolie : "Je n’ai jamais eu de mère [...] Aussitôt que j’ai été mis au monde, j’ai été envoyé en nourrice chez un gendarme et j’y suis resté jusqu’à l’âge de quatre ans. De quatre ans à six ans, j’étais en demi-pension, et à six ans et demi, j’ai été envoyé à Vendôme, j’y suis resté jusqu’à quatorze ans, en 1813, n’ayant vu que deux fois ma mère. [...] Quand elle m’a pris chez elle, elle m’a rendu la vie si dure qu’à dix-huit ans, en 1817, je quittais la maison paternelle et j’étais [installé] dans un grenier, rue Lesdiguières, y menant la vie que j’ai décrite dans la Peau de Chagrin" (2 janvier).

Certaines périodes semblent toutefois plus apaisées, la correspondance entre mère et fils faisant état de formules affectueuses rappelant celles des envois du présent exemplaire, allant de "ma bonne mère", "ma chérie", "ma mère aimée" à "ma chère mère adorée". De 1832 à 1834, Balzac sollicite régulièrement l'aide et les conseils maternels, notamment sur le plan financier, tout en l'informant de l'avancée de ses romans : "j'ai beaucoup travaillé" lui écrit-il le 21 août 1832, "Réponds-moi sur tout en détail" le jour suivant. Il fait d'elle un intermédiaire auprès des libraires : "toi, mère, je te recommande encore de veiller à ce que mes épreuves de Lyon soient sur papier blanc, que j'en aie deux, et que tous les manuscrits me soient renvoyés", et quelques jours plus tard : "Supplie le prote de Crapelet de bien vérifier les corrections pour Gosselin" (25 août). Elle s'éloignera de ce rôle, Balzac espaçant ses lettres et réduisant au strict minimum la fréquence de leurs rencontres : "Moi, j’ai failli rompre avec ma mère ; ce serait une nécessité. J’aime mieux continuer à souffrir. C’est une plaie que rien ne peut guérir" (lettre à Eve Hanska, 17 octobre 1842).

Les envois varient légèrement d'un volume à l'autre :
- Vol. 1 : "à ma mère, son fils respectueux, Honoré" ;
- Vol. 2 : "à ma chère mère, son fils, Honoré" ;
- Vol. 3 : "à ma chère mère, son fils respectueux, Honoré" ;
- Vol. 4 : "à ma mère, son fils respectueux, Honoré" ;
- Vol. 5 : "à ma bonne mère, son fils affectionné, Honoré" ;
- Vol. 6 : "à ma chère mère, son fils affectionné, Honoré" ;
- Vol. 7 : "à ma chère mère, son fils affectionné et respectueux, Honoré" ;
- Vol. 10 : "à ma chère mère, son fils affectionné, Honoré" ;
- Vol. 11 : "à ma chère mère, son fils affectionné et respectueux, Honoré" ;

Cette édition, la première de La Comédie humaine, a d'abord été publiée en 17 volumes, dont le texte avait été revu et corrigé par Balzac. Après la mort de l'auteur, l'édition sera réimprimée par Houssiaux, qui lui adjoint trois volumes.

Carteret, I, p. 79 et III, pp. 56-62 ; E. Bordas, P. Glaudes et N. Mozet, Dictionnaire Balzac, pp. 131 ; T. Bodin, En français dans le texte, p. 242 ("C'est en 1840 que Balzac conçoit le classement définitif de son oeuvre sous le titre de La Comédie Humaine ; les premiers volumes en paraîtront en 1842. Un catalogue de 1845, prévoyant 137 titres en 26 tomes, donne la mesure de l'inachèvement de cette oeuvre colossale qui, comme le proclame Balzac dans son 'Avant-propos', 'embrasse à la fois l'histoire et la critique de la Société, l'analyse de ses moeurs et la discussion de ses principes'").

L'exemplaire appartint à Edward Bailey Meyer (1897-19??), qui fut étudiant à Princeton puis reporter à Chicago avant de rejoindre l'équipe parisienne du Chicago Tribune. Il se passionna pour la littérature française du XIXe siècle, dont il rassembla un important ensemble dans son appartement du boulevard Raspail. La plupart de ses livres rejoignirent les collections de l'Université de Princeton, à l'exception de quelques-uns dont il s'était séparé de son vivant, dont le présent exemplaire, qui constituait le joyau de sa bibliothèque : "To complete the picture of Meyer's library some of his lost treasures must be recorded. He sold the set of the Comédie Humaine which Balzac, his favorite author, gave his mother. [...] But the remainder of his collection will [...] constitute an appropriate memorial to a son of Princeton who combined great taste and real scholarship." (D. Gordon et L.-F. Hoffmann, “New & Notable”, in The Princeton University Library Chronicle 36, no. 2, pp. 149-167).

20 vol. in-8 (212 x 130 mm). Édition originale, premier tirage : les volumes 1 à 16 ont bien les deux faux-titres "Oeuvres complètes" et "La Comédie humaine", et dans les légendes des gravures le titre de l'ouvrage illustré apparaît en petites capitales. Avec les 3 volumes complémentaires publiés par Houssiaux de façon posthume : le volume 17 ne comprend pas le portrait de Balzac, le volume 19 porte la date de 1858 et le volume 20 est en retirage (porte la mention "Sainc-André" dans l'adresse), sans la notice, les gravures pour le tome XIII ni le frontispice. Illustré de 116 gravures pour les volumes 1 à 16 et 30 gravures pour les volumes 17 à 20, soit un total de 146 gravures hors-texte d'après Meissonier, Gavarni, Monnier et d'autres. Reliure uniforme de l'époque : demi-veau rouge, dos à faux-nerfs orné de filets et petits fers dorés. (piqures et rousseurs, reliure légèrement tachée et frottée, accident à la coiffe supérieure du volume 1)

Provenance : Laure Sallambier, mère d'Honoré de Balzac (envois sur 9 volumes) -- Edward B. Meyer (ex-libris) -- Jaime Ortiz-Patino (1930-2013 ; sa vente, 21 avril 1998, n° 18).

First edition of the complete works of Balzac - precious copy inscribed nine times by the author to his mother, with whom he always had a conflictual relationship.

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