Lot Essay
Le peintre René Rousseau-Decelle (1881-1964) a fait partie de cette génération d’artistes voyant émerger l’art nouveau de la photographie et en embrassa les possibilités. Il s’appuya ainsi de photographies sur plaques et explora les possibilités de cette technologie nouvelle pour livrer cette grande peinture mondaine. Doté d’une solide culture académique ayant été notamment élève de Bouguereau (1825-1909), Rousseau-Decelle n’avait certainement pas besoin de la photographie comme béquille. Cependant des documents inédits découverts dans la demeure familiale de l’artiste dont proviennent directement ces précieuses toiles (lots 42 et 43) ont permis de mettre en lumière le processus créatif du peintre. Différents modèles prestigieux de cette grande toile documentaire semblent avoir posé sous l’objectif de l’artiste.
Il semblerait que le personnage à gauche de la composition (robe rose à rubans noirs) soit Madame Alice Clairville (1882-1966) en grande conversation avec celui qui pourrait être le journaliste Pierre Lafitte (1872-1938) coiffé d’un haut-de-forme. Si tel était le cas, elle apparaîtrait ainsi parmi les photographies retrouvées dans les archives du peintre (Fig. 1). De même, la danseuse Stacia Napierkoska (1891-1945), future réalisatrice et pionnière du cinéma, assise en noir au premier plan, ombrelle blanche et chapeau sombre orné de fleurs roses, paraît également identifiable dans son élégance de comédienne parmi les archives photographiques du peintre prenant la même pose sous l'objectif que dans la composition peinte (Fig. 2).
Grâce à la presse écrite de l’époque ayant largement relayé cette impressionnante peinture du Salon de 1912, l’essentiel des hôtes du comte Robert de Clermont-Tonnerre (1851-1929), ici au centre de la composition derrière Madame de Fraivelles assise en rouge, est aujourd’hui connu. Plusieurs actrices et comédiennes s’étaient retrouvées pour cette représentation au sein du charmant pavillon Clermont-Tonnerre, malheureusement détruit dans les années 1980 (Fig. 3). Sur le perron, nous observons toutes de blanc vêtues les actrices Gaby de Boissy (1884-1976) et Gabrielle Dorziat (1880-19179). Derrière le comte se tiennent deux écrivains également chapeautés, le romancier André de Fouquières (1874-1959) et le journaliste belge Francis de Croisset (1877-1937). Rassemblée autour de la danseuse déjà évoquée, assise devant en noir, nous retrouvons l’actrice Nelly Cormon (1877-1942) dans une élégante robe de mousseline violette, ainsi que Gabrielle Robinne (1886-1980) également comédienne, attentive aux propos du critique d’art Fernand Nozière (1874-1931) grand admirateur des artistes symbolistes et rosicruciens. Enfin, à l’extrême droite de la composition, identifiable par sa taille de guêpe, la fantasque Mademoiselle Polaire (1874-1939), danseuse de caf’conc’ comme on disait alors, dépeinte par Lautrec (1864-1901) ou la Gandara (1861-1917). Celle qu’on qualifiait de 'gommeuse épileptique' pour décrire son style de danse endiablé, frénétique était en effet détentrice du record authentifié par le Guiness Book de la taille la plus fine de l’histoire : 33 centimètres !
Cette élégante assemblée immortalisée par les tons vifs de l’artiste évoque sous son brillant pinceau cette société cultivée et singulière qui avait fait la grandeur de Paris à la Belle Époque. Une société d’élites originales à l’apogée d’un monde malheureusement bientôt bouleversé par les conflits à venir.
Il semblerait que le personnage à gauche de la composition (robe rose à rubans noirs) soit Madame Alice Clairville (1882-1966) en grande conversation avec celui qui pourrait être le journaliste Pierre Lafitte (1872-1938) coiffé d’un haut-de-forme. Si tel était le cas, elle apparaîtrait ainsi parmi les photographies retrouvées dans les archives du peintre (Fig. 1). De même, la danseuse Stacia Napierkoska (1891-1945), future réalisatrice et pionnière du cinéma, assise en noir au premier plan, ombrelle blanche et chapeau sombre orné de fleurs roses, paraît également identifiable dans son élégance de comédienne parmi les archives photographiques du peintre prenant la même pose sous l'objectif que dans la composition peinte (Fig. 2).
Grâce à la presse écrite de l’époque ayant largement relayé cette impressionnante peinture du Salon de 1912, l’essentiel des hôtes du comte Robert de Clermont-Tonnerre (1851-1929), ici au centre de la composition derrière Madame de Fraivelles assise en rouge, est aujourd’hui connu. Plusieurs actrices et comédiennes s’étaient retrouvées pour cette représentation au sein du charmant pavillon Clermont-Tonnerre, malheureusement détruit dans les années 1980 (Fig. 3). Sur le perron, nous observons toutes de blanc vêtues les actrices Gaby de Boissy (1884-1976) et Gabrielle Dorziat (1880-19179). Derrière le comte se tiennent deux écrivains également chapeautés, le romancier André de Fouquières (1874-1959) et le journaliste belge Francis de Croisset (1877-1937). Rassemblée autour de la danseuse déjà évoquée, assise devant en noir, nous retrouvons l’actrice Nelly Cormon (1877-1942) dans une élégante robe de mousseline violette, ainsi que Gabrielle Robinne (1886-1980) également comédienne, attentive aux propos du critique d’art Fernand Nozière (1874-1931) grand admirateur des artistes symbolistes et rosicruciens. Enfin, à l’extrême droite de la composition, identifiable par sa taille de guêpe, la fantasque Mademoiselle Polaire (1874-1939), danseuse de caf’conc’ comme on disait alors, dépeinte par Lautrec (1864-1901) ou la Gandara (1861-1917). Celle qu’on qualifiait de 'gommeuse épileptique' pour décrire son style de danse endiablé, frénétique était en effet détentrice du record authentifié par le Guiness Book de la taille la plus fine de l’histoire : 33 centimètres !
Cette élégante assemblée immortalisée par les tons vifs de l’artiste évoque sous son brillant pinceau cette société cultivée et singulière qui avait fait la grandeur de Paris à la Belle Époque. Une société d’élites originales à l’apogée d’un monde malheureusement bientôt bouleversé par les conflits à venir.