Lot Essay
                                Ce bureau dans un état exceptionnel de conservation présente la double estampille de R.V.L.C. et de R. Lacroix. Christian Baulez a émis l'hypothèse d'un usage de l'estampille abréviative de Lacroix lorsque cet ébéniste destinait sa production à un marchand-mercier. Dans le cas présent, l'utilisation de cette double estampille n'a pas été encore explicitée.
Datable stylistiquement des environs de 1785 ce bureau s'inspire de l'oeuvre de David Roentgen. C'est ainsi que les caissons latéraux découvrant des tiroirs se retrouvent sur un secrétaire livré par l'ébéniste allemand à Louis XVI en 1781 (Musée National du château de Versailles). Comme Lacroix, Jean-Henri Riesener chercha à imiter David Roentgen qui connaissait alors un immense succès. En témoigne un bureau également à caissons latéraux, vente Christie's New York, le 30 octobre 1993, lot 373. Les deux bureaux mentionnés reposent également sur huit pieds, sans cannelures.
Sous la Restauration, un certain Duval proposa l'achat suivant au Garde Meuble de la Couronne:
Un bureau à deux faces en bois d'acajou plein de 6 pieds de long (196 cm) deux pieds neuf pouces de profondeur (87,6 cm) orné de bronze, filets et godrons dorés supporté par huit pieds cannelés quatre tiroirs sur chaque face, serre-papier sur le côté en bois d'acajou. Ce bureau fait par Riesener a appartenu à Louis XVI.
Cette description trop succinte ne permet pas un rapprochement concluant d'autant plus qu'un second bureau identique à celui-ci est connu dans les collections Elie de Rothshild, A. Serebriakoff, Portraitiste d'intérieur- Musée National des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, 1994, planche 8, Hôtel Masseran, Grand Salon.
LES GREFFULHE ET LEUR COLLECTION
Henry Greffulhe (1848-1932) était l'héritier d'une dynastie de banquiers ayant fait fortune pendant la Révolution Française.
Dès la Restauration, la famille Greffulhe s'allia à la plus ancienne noblesse. Ainsi, par sa grand-mère née Vintimille du Luc, il descendait du fameux "demi-Louis", fils de Louis XV et de Pauline de Mailly-Nesle. Par sa mère Félicie de la Rochefoucauld d'Estissac, il était allié à toute l'aristocratie française. Quand à sa fortune, elle était considérable et ses "espérances" plus grandes encore. Elevé dans ce milieu très privilégié, c'est tout naturellement que le jeune Henry commença à collectionner.
Dès 1877, à moins de trente ans, sa collection était déjà encensée par Charles Guellette dans la Gazette des Beaux Arts.
Ce fut tout d'abord le comte d'Armaillé, célèbre brocanteur et oncle du jeune Henry qui guida son neveu. Quelques années plus tard, Robert de Montesquiou cousin germain de son épouse conseilla le couple dans ses achats.
En 1878, Henry Greffulhe épousait la jeune princesse Elisabeth de Caraman-Chimay. Arrière, petite-fille de Madame Tallien. Celle qui allait devenir une des plus belles femmes de son temps, alliait son époux à l'aristocratie européenne. Devenue comtesse Greffulhe, elle inspira à Marcel Proust le personnage de la duchesse de Guermantes. Elle est difficile à juger, sans doute parce que juger c'est comparer, et qu'aucun élément n'entre en elle qu'on ait pu voir chez aucune autre ni même nulle part ailleurs... Je n'ai jamais vu une femme aussi belle. C'est dans l'hôtel de la rue d'Astorg ainsi que dans la propriété de chasse de Bois-Boudran que la plus célèbre femme de son temps entretint le tout Paris musicien et intellectuel.
Son petit-fils l'évoqua ainsi: Elle préférait les Arts aux Lettres et les personnalités aux objets. Elle avait le génie de découvrir les talents: un jour, elle décida de faire aimer Wagner aux parisiens, connut Branly bien avant tout le monde, contribua à lancer Helleu, les ballets russes et Diaghilev. Au décès de la comtesse Greffulhe en 1952, les collections dont une partie avait été dispersée en 1937 après le décès du comte, échurent à leur fille Elaine, duchesse de Gramont. C'est d'ailleurs dans l'hôtel de Gramont, avenue Henri-Martin que le bureau fut photographié il y a plus de soixante ans.
Références: Anne de Cossé-Brissac, La comtesse Greffulhe, Terre des Femmes, Perrin, 1991.
This desk, in exceptional condition, bears the double stamp of R.V.L.C. and R. Lacroix. Christian Baulez has suggested that Lacroix used this abbreviated stamp when his work was destined for a haberdasher. In this case, the reason for the double stamp has not yet been explained.Stylistically datable to around 1785, this desk was inspired by the work of David Roentgen. The side compartments revealing drawers can be found on a secretary desk delivered by the German cabinetmaker to Louis XVI in 1781 (Musée National du château de Versailles). Like Lacroix, Jean-Henri Riesener sought to imitate David Roentgen, who was enjoying immense success at the time. This is evidenced by a desk also with side compartments, sold at Christie's New York on 30 October 1993, lot 373. The two desks mentioned also rest on eight legs, without fluting.
During the Restoration, a certain Duval proposed the following purchase to the Garde Meuble de la Couronne:
Un bureau à deux faces en bois d'acajou plein de 6 pieds de long (196 cm) deux pieds neuf pouces de profondeur (87,6 cm) orné de bronze, filets et godrons dorés supporté par huit pieds cannelés quatre tiroirs sur chaque face, serre-papier sur le côté en bois d'acajou. Ce bureau fait par Riesener a appartenu à Louis XVI.
This overly brief description does not allow for a conclusive comparison, especially since a second desk identical to this one is known to exist in the Elie de Rothschild and A. Serebriakoff collections, Portraitiste d'intérieur- Musée National des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, 1994, plate 8, Hôtel Masseran, Grand Salon.
THE GREFFULHES AND THEIR COLLECTION
Henry Greffulhe (1848-1932) was the heir to a dynasty of bankers who made their fortune during the French Revolution.From the Restoration onwards, the Greffulhe family allied itself with the oldest nobility. Through his grandmother, née Vintimille du Luc, he was descended from the famous ‘half-Louis’, son of Louis XV and Pauline de Mailly-Nesle. Through his mother, Félicie de la Rochefoucauld d'Estissac, he was related to the entire French aristocracy. As for his fortune, it was considerable, and his ‘expectations’ even greater. Raised in this very privileged environment, it was only natural that the young Henry began collecting.By 1877, when he was less than thirty years old, his collection was already being praised by Charles Guellette in the Gazette des Beaux Arts. It was first the Count d'Armaillé, a famous antique dealer and uncle of young Henry, who guided his nephew. A few years later, Robert de Montesquiou, his wife's first cousin, advised the couple on their purchases.
In 1878, Henry Greffulhe married the young Princess Elisabeth de Caraman-Chimay, great-granddaughter of Madame Tallien. She would become one of the most beautiful women of her time, linking her husband to the European aristocracy. Having become Countess Greffulhe, she inspired Marcel Proust to create the character of the Duchess of Guermantes. She is difficult to judge, no doubt because judging means comparing, and there is nothing about her that we have seen in anyone else or anywhere else... I have never seen a woman so beautiful. It was in the hotel on Rue d'Astorg and in the hunting lodge at Bois-Boudran that the most famous woman of her time entertained the musical and intellectual elite of Paris.Her grandson described her thus: She preferred the arts to literature and personalities to objects. She had a genius for discovering talent: one day, she decided to make the Parisians love Wagner, knew Branly long before anyone else, and helped launch Helleu, the Russian ballets and Diaghilev. When Countess Greffulhe died in 1952, the collections, part of which had been dispersed in 1937 after the Count's death, passed to their daughter Elaine, Duchess of Gramont. It was in the Hôtel de Gramont on Avenue Henri-Martin that the desk was photographed more than sixty years ago.
                            
                        Datable stylistiquement des environs de 1785 ce bureau s'inspire de l'oeuvre de David Roentgen. C'est ainsi que les caissons latéraux découvrant des tiroirs se retrouvent sur un secrétaire livré par l'ébéniste allemand à Louis XVI en 1781 (Musée National du château de Versailles). Comme Lacroix, Jean-Henri Riesener chercha à imiter David Roentgen qui connaissait alors un immense succès. En témoigne un bureau également à caissons latéraux, vente Christie's New York, le 30 octobre 1993, lot 373. Les deux bureaux mentionnés reposent également sur huit pieds, sans cannelures.
Sous la Restauration, un certain Duval proposa l'achat suivant au Garde Meuble de la Couronne:
Un bureau à deux faces en bois d'acajou plein de 6 pieds de long (196 cm) deux pieds neuf pouces de profondeur (87,6 cm) orné de bronze, filets et godrons dorés supporté par huit pieds cannelés quatre tiroirs sur chaque face, serre-papier sur le côté en bois d'acajou. Ce bureau fait par Riesener a appartenu à Louis XVI.
Cette description trop succinte ne permet pas un rapprochement concluant d'autant plus qu'un second bureau identique à celui-ci est connu dans les collections Elie de Rothshild, A. Serebriakoff, Portraitiste d'intérieur- Musée National des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, 1994, planche 8, Hôtel Masseran, Grand Salon.
LES GREFFULHE ET LEUR COLLECTION
Henry Greffulhe (1848-1932) était l'héritier d'une dynastie de banquiers ayant fait fortune pendant la Révolution Française.
Dès la Restauration, la famille Greffulhe s'allia à la plus ancienne noblesse. Ainsi, par sa grand-mère née Vintimille du Luc, il descendait du fameux "demi-Louis", fils de Louis XV et de Pauline de Mailly-Nesle. Par sa mère Félicie de la Rochefoucauld d'Estissac, il était allié à toute l'aristocratie française. Quand à sa fortune, elle était considérable et ses "espérances" plus grandes encore. Elevé dans ce milieu très privilégié, c'est tout naturellement que le jeune Henry commença à collectionner.
Dès 1877, à moins de trente ans, sa collection était déjà encensée par Charles Guellette dans la Gazette des Beaux Arts.
Ce fut tout d'abord le comte d'Armaillé, célèbre brocanteur et oncle du jeune Henry qui guida son neveu. Quelques années plus tard, Robert de Montesquiou cousin germain de son épouse conseilla le couple dans ses achats.
En 1878, Henry Greffulhe épousait la jeune princesse Elisabeth de Caraman-Chimay. Arrière, petite-fille de Madame Tallien. Celle qui allait devenir une des plus belles femmes de son temps, alliait son époux à l'aristocratie européenne. Devenue comtesse Greffulhe, elle inspira à Marcel Proust le personnage de la duchesse de Guermantes. Elle est difficile à juger, sans doute parce que juger c'est comparer, et qu'aucun élément n'entre en elle qu'on ait pu voir chez aucune autre ni même nulle part ailleurs... Je n'ai jamais vu une femme aussi belle. C'est dans l'hôtel de la rue d'Astorg ainsi que dans la propriété de chasse de Bois-Boudran que la plus célèbre femme de son temps entretint le tout Paris musicien et intellectuel.
Son petit-fils l'évoqua ainsi: Elle préférait les Arts aux Lettres et les personnalités aux objets. Elle avait le génie de découvrir les talents: un jour, elle décida de faire aimer Wagner aux parisiens, connut Branly bien avant tout le monde, contribua à lancer Helleu, les ballets russes et Diaghilev. Au décès de la comtesse Greffulhe en 1952, les collections dont une partie avait été dispersée en 1937 après le décès du comte, échurent à leur fille Elaine, duchesse de Gramont. C'est d'ailleurs dans l'hôtel de Gramont, avenue Henri-Martin que le bureau fut photographié il y a plus de soixante ans.
Références: Anne de Cossé-Brissac, La comtesse Greffulhe, Terre des Femmes, Perrin, 1991.
This desk, in exceptional condition, bears the double stamp of R.V.L.C. and R. Lacroix. Christian Baulez has suggested that Lacroix used this abbreviated stamp when his work was destined for a haberdasher. In this case, the reason for the double stamp has not yet been explained.Stylistically datable to around 1785, this desk was inspired by the work of David Roentgen. The side compartments revealing drawers can be found on a secretary desk delivered by the German cabinetmaker to Louis XVI in 1781 (Musée National du château de Versailles). Like Lacroix, Jean-Henri Riesener sought to imitate David Roentgen, who was enjoying immense success at the time. This is evidenced by a desk also with side compartments, sold at Christie's New York on 30 October 1993, lot 373. The two desks mentioned also rest on eight legs, without fluting.
During the Restoration, a certain Duval proposed the following purchase to the Garde Meuble de la Couronne:
Un bureau à deux faces en bois d'acajou plein de 6 pieds de long (196 cm) deux pieds neuf pouces de profondeur (87,6 cm) orné de bronze, filets et godrons dorés supporté par huit pieds cannelés quatre tiroirs sur chaque face, serre-papier sur le côté en bois d'acajou. Ce bureau fait par Riesener a appartenu à Louis XVI.
This overly brief description does not allow for a conclusive comparison, especially since a second desk identical to this one is known to exist in the Elie de Rothschild and A. Serebriakoff collections, Portraitiste d'intérieur- Musée National des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, 1994, plate 8, Hôtel Masseran, Grand Salon.
THE GREFFULHES AND THEIR COLLECTION
Henry Greffulhe (1848-1932) was the heir to a dynasty of bankers who made their fortune during the French Revolution.From the Restoration onwards, the Greffulhe family allied itself with the oldest nobility. Through his grandmother, née Vintimille du Luc, he was descended from the famous ‘half-Louis’, son of Louis XV and Pauline de Mailly-Nesle. Through his mother, Félicie de la Rochefoucauld d'Estissac, he was related to the entire French aristocracy. As for his fortune, it was considerable, and his ‘expectations’ even greater. Raised in this very privileged environment, it was only natural that the young Henry began collecting.By 1877, when he was less than thirty years old, his collection was already being praised by Charles Guellette in the Gazette des Beaux Arts. It was first the Count d'Armaillé, a famous antique dealer and uncle of young Henry, who guided his nephew. A few years later, Robert de Montesquiou, his wife's first cousin, advised the couple on their purchases.
In 1878, Henry Greffulhe married the young Princess Elisabeth de Caraman-Chimay, great-granddaughter of Madame Tallien. She would become one of the most beautiful women of her time, linking her husband to the European aristocracy. Having become Countess Greffulhe, she inspired Marcel Proust to create the character of the Duchess of Guermantes. She is difficult to judge, no doubt because judging means comparing, and there is nothing about her that we have seen in anyone else or anywhere else... I have never seen a woman so beautiful. It was in the hotel on Rue d'Astorg and in the hunting lodge at Bois-Boudran that the most famous woman of her time entertained the musical and intellectual elite of Paris.Her grandson described her thus: She preferred the arts to literature and personalities to objects. She had a genius for discovering talent: one day, she decided to make the Parisians love Wagner, knew Branly long before anyone else, and helped launch Helleu, the Russian ballets and Diaghilev. When Countess Greffulhe died in 1952, the collections, part of which had been dispersed in 1937 after the Count's death, passed to their daughter Elaine, Duchess of Gramont. It was in the Hôtel de Gramont on Avenue Henri-Martin that the desk was photographed more than sixty years ago.
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