.jpg?w=1)
.jpg?w=1)
.jpg?w=1)
.jpg?w=1)
Violoniste-coq au-dessus des ponts de Paris
Details
Marc Chagall (1887-1985)
Violoniste-coq au-dessus des ponts de Paris
avec le cachet 'MArc chAgAll' (en bas au centre)
huile, tempera, gouache et encres de couleurs sur toile
55 x 46 cm.
Peint en 1972
stamped 'MArc chAgAll' (lower centre)
oil, tempera, gouache and coloured inks on canvas
21 5⁄8 x 18 1⁄8 in.
Painted in 1972
Violoniste-coq au-dessus des ponts de Paris
avec le cachet 'MArc chAgAll' (en bas au centre)
huile, tempera, gouache et encres de couleurs sur toile
55 x 46 cm.
Peint en 1972
stamped 'MArc chAgAll' (lower centre)
oil, tempera, gouache and coloured inks on canvas
21 5⁄8 x 18 1⁄8 in.
Painted in 1972
Provenance
Atelier de l’artiste.
Collection particulière, Suisse (acquis auprès de celui-ci).
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel.
Collection particulière, Suisse (acquis auprès de celui-ci).
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel.
Further Details
Le Comité Chagall a confirmé l’authenticité de cette œuvre.
« Les poètes utilisent toujours les mêmes lettres, mais en tirent constamment de nouveaux mots »
— Chagall, cité in J. Baal-Teshuva, Marc Chagall: 1887 – 1985, Cologne et New York, 1998, p. 269
Violoniste-coq au-dessus des ponts de Paris (1972) est une œuvre emblématique de la poésie visuelle et symbolique de Marc Chagall, réalisée durant une période particulièrement prolifique de sa carrière. À ce moment, l’artiste, déjà reconnu comme une figure majeure de l’art moderne, vit paisiblement dans le sud de la France, à Saint-Paul-de-Vence. Porté par ce climat de sérénité et ses explorations récentes en mosaïque et vitrail, il renouvelle sa créativité en revisitant ses thèmes les plus intimes. Notre tableau atteste d’une maîtrise virtuose de la couleur, la surface prenant vie au gré des tonalités fortes et pures qu'y applique l'artiste, pour qui le pigment est « le pouls d'une œuvre d'art » (Chagall, cité in J. Baal-Teshuva, op. cit., p. 180). Les rouges, oranges et verts vibrants animent la surface, insufflant à la scène une énergie ardente.
« Je peux dire aujourd’hui en toute liberté que je dois tout ce que j’ai réussi à accomplir à Paris, à la France, dont l’air, les hommes, la nature furent pour moi la véritable école de ma vie et de mon art. »
— Marc Chagall, entretien avec James Johnson Sweeney, 1946
La scène se déploie dans le décor familier de Paris, ville d’adoption de Chagall, où il célèbre la joie, l’amour et la douceur de sa vie aux côtés de sa seconde épouse, Valentina « Vava » Brodsky. Au centre, une figure hybride — mi-violoniste, mi-coq — flotte au-dessus des ponts parisiens et de la silhouette iconique de la Tour Eiffel, rappelant la profonde inspiration que la capitale française a représentée pour Chagall. Cette chimère incarne ses racines culturelles, son identité profonde, ainsi que sa conception spirituelle de la vocation artistique. L’œuvre conjugue avec finesse le lexique symbolique personnel de l’artiste et une iconographie folklorique riche. À la différence de ses compositions habituelles célébrant l’amour accompli, la scène évoque une romance naissante : une femme, penchée vers le violoniste-coq, écoute sa musique avec attention, dans une douce intimité encore fragile.
« Le fait que j’aie utilisé des vaches, des laitières, des coqs et l’architecture provinciale russe comme formes de référence tient au fait qu’ils font partie de l’environnement dont je suis issu, et qui, sans aucun doute, a laissé l’empreinte la plus profonde dans la mémoire visuelle que je garde de mes expériences. »
— Marc Chagall, cité dans B. Harshav (éd.), Marc Chagall on Art and Culture, Stanford, 2003, p. 83.
Le violoniste, figure centrale de la composition, puise profondément dans la culture juive ashkénaze dont Chagall est issu. Symbole des communautés d’Europe de l’Est, il symbolise la gaieté et la fête, mais aussi ses racines juives orthodoxes, tel un souvenir des quartiers des shtetls comme Vitebsk, ville natale de l’artiste, où la musique, omniprésente, retentissait au rythme des cérémonies religieuses, des processions et des noces. Cette musique se fait le lien fragile entre sacré et profane, mêlant allégresse et mélancolie, souvenir d’un monde disparu que Chagall honore avec nostalgie.
Le choix de fusionner le violoniste avec le coq introduit une dimension supplémentaire, complexe et personnelle. Le coq, figure récurrente dans l’imaginaire chagallien, occupe dans sa mythologie intime une place comparable à celle du Minotaure chez Picasso. Tandis que ce dernier incarne la puissance virile dans un registre mythologique antique et terrifiant, le coq chez Chagall tire ses racines de la simplicité de la vie rurale et des basses-cours de son enfance : « Le poulailler aussi a sa place dans les souvenirs d’enfance de Chagall. C’est pourquoi la volaille apparaît toujours dans les scènes russes qu’il peint durant sa première période parisienne » (F. Meyer, 1964, p. 381). Au fil du temps, ce volatile se mue en un avatar personnel, un symbole de virilité mais aussi de puissance créatrice élémentaire, voire spirituelle : « Depuis des millénaires, il joue un rôle dans les rites religieux, en tant qu’incarnation des forces du soleil et du feu. Ce sens symbolique demeure vivant dans l’œuvre de Chagall » (ibid.).
La relation entre le coq et la musique renvoie à la mythologie grecque : symbole solaire, le coq est associé à Apollon, qui transmit aux hommes l’art musical et fut le messager de la lumière du jour, tout comme le chant du coq annonce l’aube nouvelle. Emblème de la virilité, il représente aussi, par extension, les capacités créatrices de l’artiste. L’association du violoniste et du coq porte ainsi une double charge symbolique : d’un côté la musique et la tradition juive, de l’autre la force vitale solaire et mystique. Le violoniste-coq devient métaphore de l’artiste lui-même, oscillant entre réel et imaginaire, ciel et terre.
« En tant que symbole, le coq possède une nature tout à fait différente, et bien plus étrange, que celle des quadrupèdes qui, malgré leurs quatre pattes, sont plus proches de l’homme. Depuis des millénaires, il joue un rôle dans les rites religieux en tant qu’incarnation des forces du soleil et du feu. Ce sens symbolique perdure dans l’œuvre de Chagall, où le coq incarne une puissance spirituelle élémentaire. »
— F. Meyer, Marc Chagall, New York, 1964, p. 380-381
Souvent représenté jouant sur les toits de Paris ou de Vitebsk, Chagall incarne cette quête d’équilibre précaire propre à l’acte créateur. Sa musique s’entrelace avec la puissance solaire du coq, annonciatrice de lumière et de création. Par ce symbole, l’artiste affirme son rôle d’intermédiaire entre mondes visibles et invisibles, matérialisant force spirituelle et résilience culturelle.
« Je suis arrivé à Paris comme poussé par le destin. Les mots jaillissaient de mon cœur pour affluer à ma bouche. Ils m’étouffaient presque. Je balbutiais sans répit. Les mots se bousculaient, impatients d’être baignés dans cette lumière de Paris, de s’en parer. Je suis arrivé avec les pensées, les rêves que l’on ne peut avoir qu’à vingt ans. »
— Cité dans Jacob Baal-Teshuva (éd.), Chagall : A Retrospective, New York, 1995, p. 74
Paris, « véritable école de [sa] vie et de [son] art », devient le théâtre de cette rencontre entre tradition juive et modernité occidentale. Ce paysage urbain, associé à la symbolique solaire du coq, traduit une expérience intime où se mêlent rêve, souvenir et réalité. Violoniste-coq au-dessus des ponts de Paris, par la richesse de son iconographie et l’intensité de ses couleurs, s’impose comme une synthèse magistrale : mythologie, mémoire, spiritualité et puissance créatrice s’y unissent en une figure poétique unique. Suspendue entre ciel et terre, cette chimère incarne le messager des émotions, des récits et des aspirations qui ont nourri la vie et l’œuvre de Marc Chagall.
‘Poets always use the same letters, yet they constantly form new words with them.’
— Chagall, quoted in J. Baal-Teshuva, Marc Chagall: 1887–1985, Cologne and New York, 1998, p. 269.
Violoniste-coq au-dessus des ponts de Paris (1972) stands as a quintessential work of Marc Chagall’s visual and symbolic poetry, created during one of the most prolific periods of his career. By this time, Chagall—already acclaimed as a major figure in modern art—was living peacefully in the South of France, in Saint-Paul-de-Vence. Buoyed by this atmosphere of serenity and his recent explorations in mosaic and stained glass explorations, he renewed his creative energy by revisiting his most intimate themes. Our painting demonstrates an exceptional mastery of color: the surface comes alive with bold, pure tones, applied by an artist for whom pigment is “the pulse of a work of art” (Chagall, quoted in J. Baal-Teshuva, op. cit., p. 180). Vibrant reds, oranges, and greens animate the composition, imbuing the scene with a fiery energy.
‘I can freely say today that I owe all I have succeeded in achieving to Paris, to France, of which the air, the men, nature were for me the true school of my life and of my art.’
— Marc Chagall, in an interview with James Johnson Sweeney, 1946
The scene unfolds in the familiar setting of Paris, Chagall’s adopted city, where he celebrated joy, love, and the gentle rhythm of life shared with his second wife, Valentina “Vava” Brodsky. At the centre, a hybrid figure—part violinist, part rooster—floats above the bridges of Paris and the iconic silhouette of the Eiffel Tower, a reminder of the profound inspiration the French capital provided. This chimera embodies Chagall’s cultural roots, his innermost identity, and his spiritual understanding of the artistic vocation. The work seamlessly weaves the artist’s personal symbolic lexicon with a rich folkloric iconography. Unlike his more typical compositions that exalt fulfilled love, this scene hints at a budding romance: a woman leans gently towards the rooster-violinist, listening intently to his music in a tender, fragile intimacy.
‘The fact that I made use of cows, milkmaids, roosters and provincial Russian architecture as my source forms is because they are part of the environment from which I spring and which undoubtedly left the deepest impression on my visual memory of the experiences I have,’
— Marc Chagall, quoted in B. Harshav (ed.), Marc Chagall on Art and Culture, Stanford, 2003, p. 83
The violinist, central figure of the composition, draws deeply from the Ashkenazi Jewish culture to which Chagall belonged. A symbol of Eastern European communities, he evokes joy and festivity, but also the artist’s Orthodox Jewish roots—a memory of the shtetl quarters like Vitebsk, Chagall’s native town, where music resounded during religious ceremonies, processions, and weddings. This music becomes the delicate bridge between the sacred and the profane, mingling joy with melancholy—a remembrance of a vanished world that reality which Chagall honours with profound nostalgia.
The fusion of violinist and rooster adds introduces a further, layered dimension— one that feels complex and deeply personal. The rooster, a recurring figure in Chagall’s imagination, holds a place in his private mythology akin to that of the Minotaur in Picasso’s: while the latter embodies virile power within a terrifying mythological register, Chagall’s rooster springs from the rustic simplicity of childhood and village barnyards. “The chicken coop also has its place in Chagall’s childhood memories. That is why poultry always appears in the Russian scenes he painted during his early Parisian period” (F. Meyer, 1964, p. 381). Over time, this bird evolved into a personal avatar, a symbol of masculinity but also of elemental, even spiritual, creative force: “For millennia, it has played a role in religious rites, as an incarnation of the powers of the sun and of fire. This symbolic meaning remains alive in Chagall’s work” (ibid.).
The connection between the rooster and music calls to mind Greek mythology: as a solar symbol, the rooster is linked to Apollo, god of music and light, who gave humankind the gift of art and heralded the dawn—just as the rooster’s song announces the coming day. Emblem of virility, it also represents by extension the artist’s creative capacities. The violinist-rooster thus bears a dual symbolic charge: on one side, music and Jewish tradition; on the other, vital solar and mystical force. He becomes a metaphor for the artist himself—suspended between reality and imagination, earth and sky.
‘As a symbol, the cock has an entirely different and far stranger nature than the quadrupeds, which, despite their four feet, are more closely related to man. For thousands of years it has played a part in religious rites as the embodiment of the forces of sun and fire. This symbolic meaning still lingers on in Chagall's work, where the cock represents elementary spiritual power.’
— F. Meyer, Marc Chagall, New York, 1964, pp. 380-381).
Often shown playing atop the roofs of Paris or Vitebsk, Chagall embodies this precarious balance at the heart of the creative act. His music intertwines with the rooster’s solar energy, heralding light and creation. Through this symbol, the artist asserts his role as an intermediary between the visible and invisible worlds, giving form to both spiritual strength and cultural resilience.
‘I arrived in Paris as though driven by fate. Words coming from my heart flowed to my mouth. They almost choked me. I kept stammering. The words crowded outward, anxious to be illuminated by this Paris light, to adorn themselves with it. I arrived with the thoughts, the dreams, that one can only have at the age of twenty.’
— Quoted in Jacob Baal-Teshuva (ed.), Chagall: A Retrospective, New York, 1995, p. 74
Paris, the “true school of [his] life and of [his] art”, becomes the stage for this encounter between Jewish tradition and Western modernity. This urban landscape, infused with the solar symbolism of the rooster, conveys an intimate experience where dream, memory, and reality are seamlessly interwoven. Violoniste-coq au-dessus des ponts de Paris, with its rich iconography and vivid colour palette, emerges as a masterful synthesis: mythology, memory, spirituality, and creative power merge into a singular poetic figure. Suspended between heaven and earth, this chimera becomes the messenger of emotions, stories, and aspirations that nourished the life and work of Marc Chagall.
« Les poètes utilisent toujours les mêmes lettres, mais en tirent constamment de nouveaux mots »
— Chagall, cité in J. Baal-Teshuva, Marc Chagall: 1887 – 1985, Cologne et New York, 1998, p. 269
Violoniste-coq au-dessus des ponts de Paris (1972) est une œuvre emblématique de la poésie visuelle et symbolique de Marc Chagall, réalisée durant une période particulièrement prolifique de sa carrière. À ce moment, l’artiste, déjà reconnu comme une figure majeure de l’art moderne, vit paisiblement dans le sud de la France, à Saint-Paul-de-Vence. Porté par ce climat de sérénité et ses explorations récentes en mosaïque et vitrail, il renouvelle sa créativité en revisitant ses thèmes les plus intimes. Notre tableau atteste d’une maîtrise virtuose de la couleur, la surface prenant vie au gré des tonalités fortes et pures qu'y applique l'artiste, pour qui le pigment est « le pouls d'une œuvre d'art » (Chagall, cité in J. Baal-Teshuva, op. cit., p. 180). Les rouges, oranges et verts vibrants animent la surface, insufflant à la scène une énergie ardente.
« Je peux dire aujourd’hui en toute liberté que je dois tout ce que j’ai réussi à accomplir à Paris, à la France, dont l’air, les hommes, la nature furent pour moi la véritable école de ma vie et de mon art. »
— Marc Chagall, entretien avec James Johnson Sweeney, 1946
La scène se déploie dans le décor familier de Paris, ville d’adoption de Chagall, où il célèbre la joie, l’amour et la douceur de sa vie aux côtés de sa seconde épouse, Valentina « Vava » Brodsky. Au centre, une figure hybride — mi-violoniste, mi-coq — flotte au-dessus des ponts parisiens et de la silhouette iconique de la Tour Eiffel, rappelant la profonde inspiration que la capitale française a représentée pour Chagall. Cette chimère incarne ses racines culturelles, son identité profonde, ainsi que sa conception spirituelle de la vocation artistique. L’œuvre conjugue avec finesse le lexique symbolique personnel de l’artiste et une iconographie folklorique riche. À la différence de ses compositions habituelles célébrant l’amour accompli, la scène évoque une romance naissante : une femme, penchée vers le violoniste-coq, écoute sa musique avec attention, dans une douce intimité encore fragile.
« Le fait que j’aie utilisé des vaches, des laitières, des coqs et l’architecture provinciale russe comme formes de référence tient au fait qu’ils font partie de l’environnement dont je suis issu, et qui, sans aucun doute, a laissé l’empreinte la plus profonde dans la mémoire visuelle que je garde de mes expériences. »
— Marc Chagall, cité dans B. Harshav (éd.), Marc Chagall on Art and Culture, Stanford, 2003, p. 83.
Le violoniste, figure centrale de la composition, puise profondément dans la culture juive ashkénaze dont Chagall est issu. Symbole des communautés d’Europe de l’Est, il symbolise la gaieté et la fête, mais aussi ses racines juives orthodoxes, tel un souvenir des quartiers des shtetls comme Vitebsk, ville natale de l’artiste, où la musique, omniprésente, retentissait au rythme des cérémonies religieuses, des processions et des noces. Cette musique se fait le lien fragile entre sacré et profane, mêlant allégresse et mélancolie, souvenir d’un monde disparu que Chagall honore avec nostalgie.
Le choix de fusionner le violoniste avec le coq introduit une dimension supplémentaire, complexe et personnelle. Le coq, figure récurrente dans l’imaginaire chagallien, occupe dans sa mythologie intime une place comparable à celle du Minotaure chez Picasso. Tandis que ce dernier incarne la puissance virile dans un registre mythologique antique et terrifiant, le coq chez Chagall tire ses racines de la simplicité de la vie rurale et des basses-cours de son enfance : « Le poulailler aussi a sa place dans les souvenirs d’enfance de Chagall. C’est pourquoi la volaille apparaît toujours dans les scènes russes qu’il peint durant sa première période parisienne » (F. Meyer, 1964, p. 381). Au fil du temps, ce volatile se mue en un avatar personnel, un symbole de virilité mais aussi de puissance créatrice élémentaire, voire spirituelle : « Depuis des millénaires, il joue un rôle dans les rites religieux, en tant qu’incarnation des forces du soleil et du feu. Ce sens symbolique demeure vivant dans l’œuvre de Chagall » (ibid.).
La relation entre le coq et la musique renvoie à la mythologie grecque : symbole solaire, le coq est associé à Apollon, qui transmit aux hommes l’art musical et fut le messager de la lumière du jour, tout comme le chant du coq annonce l’aube nouvelle. Emblème de la virilité, il représente aussi, par extension, les capacités créatrices de l’artiste. L’association du violoniste et du coq porte ainsi une double charge symbolique : d’un côté la musique et la tradition juive, de l’autre la force vitale solaire et mystique. Le violoniste-coq devient métaphore de l’artiste lui-même, oscillant entre réel et imaginaire, ciel et terre.
« En tant que symbole, le coq possède une nature tout à fait différente, et bien plus étrange, que celle des quadrupèdes qui, malgré leurs quatre pattes, sont plus proches de l’homme. Depuis des millénaires, il joue un rôle dans les rites religieux en tant qu’incarnation des forces du soleil et du feu. Ce sens symbolique perdure dans l’œuvre de Chagall, où le coq incarne une puissance spirituelle élémentaire. »
— F. Meyer, Marc Chagall, New York, 1964, p. 380-381
Souvent représenté jouant sur les toits de Paris ou de Vitebsk, Chagall incarne cette quête d’équilibre précaire propre à l’acte créateur. Sa musique s’entrelace avec la puissance solaire du coq, annonciatrice de lumière et de création. Par ce symbole, l’artiste affirme son rôle d’intermédiaire entre mondes visibles et invisibles, matérialisant force spirituelle et résilience culturelle.
« Je suis arrivé à Paris comme poussé par le destin. Les mots jaillissaient de mon cœur pour affluer à ma bouche. Ils m’étouffaient presque. Je balbutiais sans répit. Les mots se bousculaient, impatients d’être baignés dans cette lumière de Paris, de s’en parer. Je suis arrivé avec les pensées, les rêves que l’on ne peut avoir qu’à vingt ans. »
— Cité dans Jacob Baal-Teshuva (éd.), Chagall : A Retrospective, New York, 1995, p. 74
Paris, « véritable école de [sa] vie et de [son] art », devient le théâtre de cette rencontre entre tradition juive et modernité occidentale. Ce paysage urbain, associé à la symbolique solaire du coq, traduit une expérience intime où se mêlent rêve, souvenir et réalité. Violoniste-coq au-dessus des ponts de Paris, par la richesse de son iconographie et l’intensité de ses couleurs, s’impose comme une synthèse magistrale : mythologie, mémoire, spiritualité et puissance créatrice s’y unissent en une figure poétique unique. Suspendue entre ciel et terre, cette chimère incarne le messager des émotions, des récits et des aspirations qui ont nourri la vie et l’œuvre de Marc Chagall.
‘Poets always use the same letters, yet they constantly form new words with them.’
— Chagall, quoted in J. Baal-Teshuva, Marc Chagall: 1887–1985, Cologne and New York, 1998, p. 269.
Violoniste-coq au-dessus des ponts de Paris (1972) stands as a quintessential work of Marc Chagall’s visual and symbolic poetry, created during one of the most prolific periods of his career. By this time, Chagall—already acclaimed as a major figure in modern art—was living peacefully in the South of France, in Saint-Paul-de-Vence. Buoyed by this atmosphere of serenity and his recent explorations in mosaic and stained glass explorations, he renewed his creative energy by revisiting his most intimate themes. Our painting demonstrates an exceptional mastery of color: the surface comes alive with bold, pure tones, applied by an artist for whom pigment is “the pulse of a work of art” (Chagall, quoted in J. Baal-Teshuva, op. cit., p. 180). Vibrant reds, oranges, and greens animate the composition, imbuing the scene with a fiery energy.
‘I can freely say today that I owe all I have succeeded in achieving to Paris, to France, of which the air, the men, nature were for me the true school of my life and of my art.’
— Marc Chagall, in an interview with James Johnson Sweeney, 1946
The scene unfolds in the familiar setting of Paris, Chagall’s adopted city, where he celebrated joy, love, and the gentle rhythm of life shared with his second wife, Valentina “Vava” Brodsky. At the centre, a hybrid figure—part violinist, part rooster—floats above the bridges of Paris and the iconic silhouette of the Eiffel Tower, a reminder of the profound inspiration the French capital provided. This chimera embodies Chagall’s cultural roots, his innermost identity, and his spiritual understanding of the artistic vocation. The work seamlessly weaves the artist’s personal symbolic lexicon with a rich folkloric iconography. Unlike his more typical compositions that exalt fulfilled love, this scene hints at a budding romance: a woman leans gently towards the rooster-violinist, listening intently to his music in a tender, fragile intimacy.
‘The fact that I made use of cows, milkmaids, roosters and provincial Russian architecture as my source forms is because they are part of the environment from which I spring and which undoubtedly left the deepest impression on my visual memory of the experiences I have,’
— Marc Chagall, quoted in B. Harshav (ed.), Marc Chagall on Art and Culture, Stanford, 2003, p. 83
The violinist, central figure of the composition, draws deeply from the Ashkenazi Jewish culture to which Chagall belonged. A symbol of Eastern European communities, he evokes joy and festivity, but also the artist’s Orthodox Jewish roots—a memory of the shtetl quarters like Vitebsk, Chagall’s native town, where music resounded during religious ceremonies, processions, and weddings. This music becomes the delicate bridge between the sacred and the profane, mingling joy with melancholy—a remembrance of a vanished world that reality which Chagall honours with profound nostalgia.
The fusion of violinist and rooster adds introduces a further, layered dimension— one that feels complex and deeply personal. The rooster, a recurring figure in Chagall’s imagination, holds a place in his private mythology akin to that of the Minotaur in Picasso’s: while the latter embodies virile power within a terrifying mythological register, Chagall’s rooster springs from the rustic simplicity of childhood and village barnyards. “The chicken coop also has its place in Chagall’s childhood memories. That is why poultry always appears in the Russian scenes he painted during his early Parisian period” (F. Meyer, 1964, p. 381). Over time, this bird evolved into a personal avatar, a symbol of masculinity but also of elemental, even spiritual, creative force: “For millennia, it has played a role in religious rites, as an incarnation of the powers of the sun and of fire. This symbolic meaning remains alive in Chagall’s work” (ibid.).
The connection between the rooster and music calls to mind Greek mythology: as a solar symbol, the rooster is linked to Apollo, god of music and light, who gave humankind the gift of art and heralded the dawn—just as the rooster’s song announces the coming day. Emblem of virility, it also represents by extension the artist’s creative capacities. The violinist-rooster thus bears a dual symbolic charge: on one side, music and Jewish tradition; on the other, vital solar and mystical force. He becomes a metaphor for the artist himself—suspended between reality and imagination, earth and sky.
‘As a symbol, the cock has an entirely different and far stranger nature than the quadrupeds, which, despite their four feet, are more closely related to man. For thousands of years it has played a part in religious rites as the embodiment of the forces of sun and fire. This symbolic meaning still lingers on in Chagall's work, where the cock represents elementary spiritual power.’
— F. Meyer, Marc Chagall, New York, 1964, pp. 380-381).
Often shown playing atop the roofs of Paris or Vitebsk, Chagall embodies this precarious balance at the heart of the creative act. His music intertwines with the rooster’s solar energy, heralding light and creation. Through this symbol, the artist asserts his role as an intermediary between the visible and invisible worlds, giving form to both spiritual strength and cultural resilience.
‘I arrived in Paris as though driven by fate. Words coming from my heart flowed to my mouth. They almost choked me. I kept stammering. The words crowded outward, anxious to be illuminated by this Paris light, to adorn themselves with it. I arrived with the thoughts, the dreams, that one can only have at the age of twenty.’
— Quoted in Jacob Baal-Teshuva (ed.), Chagall: A Retrospective, New York, 1995, p. 74
Paris, the “true school of [his] life and of [his] art”, becomes the stage for this encounter between Jewish tradition and Western modernity. This urban landscape, infused with the solar symbolism of the rooster, conveys an intimate experience where dream, memory, and reality are seamlessly interwoven. Violoniste-coq au-dessus des ponts de Paris, with its rich iconography and vivid colour palette, emerges as a masterful synthesis: mythology, memory, spirituality, and creative power merge into a singular poetic figure. Suspended between heaven and earth, this chimera becomes the messenger of emotions, stories, and aspirations that nourished the life and work of Marc Chagall.
Sale Room Notice
Veuillez noter que le Lot 122, qui n’avait pas été marqué par un symbole dans le catalogue, est maintenant soumis à une garantie de prix minimum et a été financé avec l’aide d’un tiers qui enchérit sur le lot et peut recevoir une rémunération de Christie’s.
Please note that Lot 122, which was not marked with a symbol in the catalogue, is now subject to a minimum price guarantee and has been financed by a third party who is bidding on the lot and may receive a financing fee from Christie’s.
Please note that Lot 122, which was not marked with a symbol in the catalogue, is now subject to a minimum price guarantee and has been financed by a third party who is bidding on the lot and may receive a financing fee from Christie’s.
Brought to you by

Léa Bloch
Specialist, Head of Sale