拍品專文
Cette impressionnante tête en terre cuite, aboutie et détaillée, est très probablement une étude préparatoire et peut-être finale réalisée par François Girardon pour son célèbre groupe en marbre de L’Enlèvement de Proserpine (1675–1694) livré pour Louis XIV au château de Versailles et placé dans la Colonnade. Les caractéristiques de cette tête se retrouvent fidèlement dans la sculpture définitive, taillée avec précision dans le marbre par le sculpteur qui refusa la sous-traitance pour cette réalisation. L’œuvre s’inscrit dans le vaste programme de la « Grande Commande » de 1674, et plus précisément dans l'incarnation des quatre éléments où elle représente le Feu sous les traits de Pluton, dieu des Enfers.
Originaire de Troyes, François Girardon est envoyé à Rome aux frais du chancelier Séguier pour y étudier l’art antique. Revenu en France, il se perfectionne auprès de Laurent Magnier et François Anguier puis participe aux chantiers de la galerie d’Apollon au Louvre en 1659 et du palais des Tuileries avant de travailler à Vaux-le-Vicomte. 1666 marque le début de son activité versaillaise avec les livraisons d’Apollon servi par les nymphes, puis du bassin de Saturne (1672-77), de la statue de l’Hiver (1675-83), et surtout du groupe de L’Enlèvement de Proserpine (1675-94), d’abord destiné au parterre de l’Orangerie avant d’être installé en 1699 au cœur de la Colonnade.
Girardon reçoit pour l’Enlèvement un premier paiement en avril 1675 (Maral, p. 110). Un « grand modelle » est mentionné en 1679 dans son atelier du Louvre sans que son matériau ne soit décrit. Cependant, les sources indiquent que le traitement de ce modèle manque de précision (Maral, p. 111), permettant de rejeter la possibilité que notre tête, au traitement très vif et assez fini, en soit issue. Le politicien et collectionneur Suédois Carl Gustaf Tessin de passage à Paris découvre la collection de Girardon en 1687, toujours au Louvre, et décrit une sculpture en terre « d’assez grandes dimensions » qu’Alexandre Maral rapproche « probablement du petit modèle devenu objet de collection » (ibid.). Il pourrait tout à fait s’agir de notre tête de Pluton.
Notre terre cuite pourrait également être celle figurant dans la célèbre Gallerie de Girardon, un ensemble de planches gravées représentant les œuvres du sculpteur dans une architecture fantasmée. En effet, une tête du dieu des Enfers y apparaît sous le numéro 7 de la planche I, symétriquement opposée à celle de Proserpine, avec la mention « Modèles en grand des Testes de Pluton, et de Proserpine, du Groupe de F. Girardon qui est placé à Versailles dans la Colonnade ». La position inversée de la tête, due à l’impression, correspond parfaitement à notre terre cuite tout comme la disposition des mèches de cheveux et de sa barbe. Plus encore, le manque visible à droite de notre terre cuite correspond bien au mouvement du corps du groupe final et à sa propre épaule gauche remontant vers son visage. Françoise de La Moureyre précisait dans son article sur la Gallerie que le matériau n’était pas indiqué et que ce buste pouvait correspondre à la tête en marbre des collections Pierre Crozat (2015, p. 421). Néanmoins, elle ne connaissait alors pas encore l’existence de notre tête récemment redécouverte. On peut donc raisonnablement avancer que la tête ici présentée pourrait être celle figurant dans la Gallerie et peut-être celle vue par Tessin.
Cette pièce revêt un caractère exceptionnel : aucun autre modèle ou ébauche de Girardon ne nous est parvenu. Elle constitue un témoignage unique du processus créatif de l’un des plus grands sculpteurs du règne de Louis XIV.
Nous tenons à remercier Madame Françoise de La Moureyre pour son aide à la rédaction de cette notice.
Un test de thermoluminescence réalisé par le Laboratoire CIRAM en mars 2025 confirme la période de datation de notre œuvre.
Originaire de Troyes, François Girardon est envoyé à Rome aux frais du chancelier Séguier pour y étudier l’art antique. Revenu en France, il se perfectionne auprès de Laurent Magnier et François Anguier puis participe aux chantiers de la galerie d’Apollon au Louvre en 1659 et du palais des Tuileries avant de travailler à Vaux-le-Vicomte. 1666 marque le début de son activité versaillaise avec les livraisons d’Apollon servi par les nymphes, puis du bassin de Saturne (1672-77), de la statue de l’Hiver (1675-83), et surtout du groupe de L’Enlèvement de Proserpine (1675-94), d’abord destiné au parterre de l’Orangerie avant d’être installé en 1699 au cœur de la Colonnade.
Girardon reçoit pour l’Enlèvement un premier paiement en avril 1675 (Maral, p. 110). Un « grand modelle » est mentionné en 1679 dans son atelier du Louvre sans que son matériau ne soit décrit. Cependant, les sources indiquent que le traitement de ce modèle manque de précision (Maral, p. 111), permettant de rejeter la possibilité que notre tête, au traitement très vif et assez fini, en soit issue. Le politicien et collectionneur Suédois Carl Gustaf Tessin de passage à Paris découvre la collection de Girardon en 1687, toujours au Louvre, et décrit une sculpture en terre « d’assez grandes dimensions » qu’Alexandre Maral rapproche « probablement du petit modèle devenu objet de collection » (ibid.). Il pourrait tout à fait s’agir de notre tête de Pluton.
Notre terre cuite pourrait également être celle figurant dans la célèbre Gallerie de Girardon, un ensemble de planches gravées représentant les œuvres du sculpteur dans une architecture fantasmée. En effet, une tête du dieu des Enfers y apparaît sous le numéro 7 de la planche I, symétriquement opposée à celle de Proserpine, avec la mention « Modèles en grand des Testes de Pluton, et de Proserpine, du Groupe de F. Girardon qui est placé à Versailles dans la Colonnade ». La position inversée de la tête, due à l’impression, correspond parfaitement à notre terre cuite tout comme la disposition des mèches de cheveux et de sa barbe. Plus encore, le manque visible à droite de notre terre cuite correspond bien au mouvement du corps du groupe final et à sa propre épaule gauche remontant vers son visage. Françoise de La Moureyre précisait dans son article sur la Gallerie que le matériau n’était pas indiqué et que ce buste pouvait correspondre à la tête en marbre des collections Pierre Crozat (2015, p. 421). Néanmoins, elle ne connaissait alors pas encore l’existence de notre tête récemment redécouverte. On peut donc raisonnablement avancer que la tête ici présentée pourrait être celle figurant dans la Gallerie et peut-être celle vue par Tessin.
Cette pièce revêt un caractère exceptionnel : aucun autre modèle ou ébauche de Girardon ne nous est parvenu. Elle constitue un témoignage unique du processus créatif de l’un des plus grands sculpteurs du règne de Louis XIV.
Nous tenons à remercier Madame Françoise de La Moureyre pour son aide à la rédaction de cette notice.
Un test de thermoluminescence réalisé par le Laboratoire CIRAM en mars 2025 confirme la période de datation de notre œuvre.