Lot Essay
Ce vif et attrayant dessin doit être un fragment d’une plus grande composition, préparée sans aucun doute pour une des magnifiques tapisseries crée dans un des ateliers bruxellois, connus dans toute l’Europe, et qui comptaient parmi leurs clients les collectionneurs les plus prestigieux et les familles régnantes de leur temps. Bien qu’aucune composition en rapport n’ait été identifiée, plusieurs tapisseries, dans une des plus importantes collection en son genre, en Espagne, la Patrimonio Nacional, comprend des figures d’empereurs couronnées de lauriers (P. Junquera de Vega, C. Herrero Carretero, Catálogo de tápices del Patrimonio Nacional, I, Siglo XVI, Madrid, 1986, pp. 248-262 (séries 35, Alexandre le Grand), 279-289 (séries 39, Cyrus le Grand), 314-324 (séries 51, Auguste)). En particulier, dans les séries tirées de la vie du fondateur de l’empire Perse, Cyrus le Grand, dont dix panneaux sont conservés à la Patrimonio Nacional, mais d’un format plus grand, la représentation triomphante de l’empereur n’est pas sans rappeler la tête du fragment ci-contre (fig. 1, récemment à la vente Christie’s, Londres, 18 juin 2014, lot 103 ; pour les panneaux les plus similaires à Madrid, voir Junquera de Vega et C. Herrero Carretero, op. cit., p. 282, n° III, p. 288, n° X, ill.; pour ces séries, voir aussi E. Duverger, ‘De Brusselse stadspatroonschilder voor de tapijtkunst Michiel van Cocxyen (ca. 1497-1592). Een inleidende studie’, Handelingen van de Koninklijke Kring voor Oudheidkunde, Letteren en Kunst van Mechelen, XCVI, 1992 (publié 1993), n° 2, Michiel Coxcie, pictor regis (1499-1592). Internationall colloquium, 5 et 6 juin 1992, pp. 178, 181).
La série sur Cyrus a été attribuée de façon certaine à un des principaux artistes italo-flamand du XVIe siècle, Michiel Coxcie. En effet, le dessin présenté ici peut être comparé à certaines œuvres attribuées au peintre, telles que les deux volets d’un retable avec La Chute et l’Expulsion du Paradis, au Gemäldegalerie (Kunsthistorisches Museum de Vienne, inv. 1031, 1032); et le polyptique du Martyre de Saint-Philippe conservé au Real Monasterio de El Escorial, Patrimonio Nacional (K. Jonckheere et A. Pérez de Tudela in Michiel Coxcie (1499-1592) and the Giants of his Age, cat. exp., Louvain, M – Museum Leuven, 2023-2024, pp. 83-84, figs. 77, 78, 80, p. 109, fig. 107). Les yeux ronds, ainsi que les nez courts vus de dessous sont fréquemment repris dans d’autres compositions de peintures et tapisseries attribuées à Coxcie, dont la date se situe bien après son retour d’Italie, en 1539, durant les dernières années de sa vie, quand son activité de dessinateur pour les tisserands de Bruxelles est documentée (Duverger, op. cit.).
Le dessin est un ajout supplémentaire dans le petit corpus subsistant d’esquisses et de croquis en lien avec l’Âge d’or de la production bruxelloise de tapisseries. Peu de dessins ou de fragments par des artistes flamands nous sont parvenus, hormis ceux de Pieter Coecke van Aelst et de son atelier (S. Alsteens, ‘The Drawings of Pieter Coecke van Aelst’, Master Drawings, LII, n° 3, automne 2014, pp. 316-320, n° B1-B17, ill.). De Bernard von Orley, une seule esquisse a été identifiée (S.W. Mallory, ‘A Lost Dog Found. A Tapestry Cartoon Fragment Attributed to Bernard van Orley’, Master Drawings, LII, n° 3, automne 2014, pp. 363-370). Un dessin attribué par certains à Coxcie est conservé au Rijksmuseum, à Amsterdam (inv. RP-T-2004-1), mais une autre esquisse de la même composition (Musée du Louvre, Paris, inv. RF 51923) a été attribuée à un artiste du cercle de Giulio Romano de Mantoue, Fermo Ghisoni (au sujet de l’esquisse d’Amsterdam, et celle de Paris, voir E. Hartkamp-Jonxis, ‘Een geschilderd patroon voor een wandtapijt met de Landing van Scipio op de kust van Afrika uit het midden van de 16de eeuw’, Bulletin van het Rijksmuseum, LVI, n° 1-2, 2008, pp. 82-101, figs. 1, 7). Un fragment récemment mis en vente sur le marché peut être comparé à l’atelier de l’artiste italien, actif à Bruxelles, Tommaso di Andrea Vincidor, dont certaines esquisses sont répertoriées aujourd’hui (précédemment dans la vente Christie’s, Londres, 23 juillet 2020, lot 126, maintenant dans la collection de la Fondation Phoebus à Anvers ; voir An Van Camp dans From Scribble to Cartoon. Drawings from Bruegel to Rubens in Flemish Collections, cat. exp., Anvers, Museum Plantin-Moretus, 2023-2024, n° 53, ill.).
Fig. 1. Jan van Tieghem, d’après un dessin attribué à Michiel Coxie, Cyrus le Grand capture Astyage et réunit la Médie et la Perse. Tapisserie. Localisation inconnue.
La série sur Cyrus a été attribuée de façon certaine à un des principaux artistes italo-flamand du XVIe siècle, Michiel Coxcie. En effet, le dessin présenté ici peut être comparé à certaines œuvres attribuées au peintre, telles que les deux volets d’un retable avec La Chute et l’Expulsion du Paradis, au Gemäldegalerie (Kunsthistorisches Museum de Vienne, inv. 1031, 1032); et le polyptique du Martyre de Saint-Philippe conservé au Real Monasterio de El Escorial, Patrimonio Nacional (K. Jonckheere et A. Pérez de Tudela in Michiel Coxcie (1499-1592) and the Giants of his Age, cat. exp., Louvain, M – Museum Leuven, 2023-2024, pp. 83-84, figs. 77, 78, 80, p. 109, fig. 107). Les yeux ronds, ainsi que les nez courts vus de dessous sont fréquemment repris dans d’autres compositions de peintures et tapisseries attribuées à Coxcie, dont la date se situe bien après son retour d’Italie, en 1539, durant les dernières années de sa vie, quand son activité de dessinateur pour les tisserands de Bruxelles est documentée (Duverger, op. cit.).
Le dessin est un ajout supplémentaire dans le petit corpus subsistant d’esquisses et de croquis en lien avec l’Âge d’or de la production bruxelloise de tapisseries. Peu de dessins ou de fragments par des artistes flamands nous sont parvenus, hormis ceux de Pieter Coecke van Aelst et de son atelier (S. Alsteens, ‘The Drawings of Pieter Coecke van Aelst’, Master Drawings, LII, n° 3, automne 2014, pp. 316-320, n° B1-B17, ill.). De Bernard von Orley, une seule esquisse a été identifiée (S.W. Mallory, ‘A Lost Dog Found. A Tapestry Cartoon Fragment Attributed to Bernard van Orley’, Master Drawings, LII, n° 3, automne 2014, pp. 363-370). Un dessin attribué par certains à Coxcie est conservé au Rijksmuseum, à Amsterdam (inv. RP-T-2004-1), mais une autre esquisse de la même composition (Musée du Louvre, Paris, inv. RF 51923) a été attribuée à un artiste du cercle de Giulio Romano de Mantoue, Fermo Ghisoni (au sujet de l’esquisse d’Amsterdam, et celle de Paris, voir E. Hartkamp-Jonxis, ‘Een geschilderd patroon voor een wandtapijt met de Landing van Scipio op de kust van Afrika uit het midden van de 16de eeuw’, Bulletin van het Rijksmuseum, LVI, n° 1-2, 2008, pp. 82-101, figs. 1, 7). Un fragment récemment mis en vente sur le marché peut être comparé à l’atelier de l’artiste italien, actif à Bruxelles, Tommaso di Andrea Vincidor, dont certaines esquisses sont répertoriées aujourd’hui (précédemment dans la vente Christie’s, Londres, 23 juillet 2020, lot 126, maintenant dans la collection de la Fondation Phoebus à Anvers ; voir An Van Camp dans From Scribble to Cartoon. Drawings from Bruegel to Rubens in Flemish Collections, cat. exp., Anvers, Museum Plantin-Moretus, 2023-2024, n° 53, ill.).
Fig. 1. Jan van Tieghem, d’après un dessin attribué à Michiel Coxie, Cyrus le Grand capture Astyage et réunit la Médie et la Perse. Tapisserie. Localisation inconnue.