Lot Essay
"La Grande Parade tourne autour d'une section de gradins bleus où se silhouettent les spectateurs. Sur la piste noire, comme agitée des soubresauts des numéros passés, une écuyère danse sur la croupe d'un cheval, des clowns remuent en tous sens, jouent d'instruments de musique. En haut, une trapéziste éclaboussée de rouge ouvre les bras à son partenaire, qui, se balançant suspendu au-dessus de la foule, lui tend un bouquet. La partie inférieure droite serait plus mystérieuse, avec cette bête cornue enlaçant une jeune rousse, verte et nue, assise sur un coq, si Chagall n'avait précisé, dans un entretien accordé à Edouard Roditi, qu'il cherchait "une logique de ce qui est illogique (...) un univers où tout est possible, où il n'y a plus aucune raison d'être surpris par quoi que ce soit ou de cesser d'être surpris par tout ce que l'on y découvre". Le cirque n'est-il pas, comme la peinture de Chagall, un des derniers lieux où les rêves sont permis, où les enfants que nous sommes peuvent trouver parfaitement normal la présence d'une femme verte, en amazone sur un coq?" (L'Oeuvre ultime, exhibition catalogue , 1989, p. 112)