Lot Essay
"Delvaux découvrit, grace au Surréalisme, la possibilité de décrire, dans son unité, le monde de sentiments complexes qui l'habitait.
"La femme habillée à l'ancienne mode qui se penche vers un bouton de rose poussant à même le plancher d'un interminable corridor, comtemplée par une autre femme, sa soeur jumelle, ou son reflet, et la troupe de femmes en robes de dentelle se dirigeant vers une perspective triomphale d'architectures antiques, c'est toujours la même femme, dédoublée, multiplée dans des mirroirs invisibles. Voici ces femmes encore devant des palais grandioses, très nues maintenant, très belles toujours, avec leurs yeux fixes et calmes, leurs seins lourds, leurs corps lisses. Toujours la même femme dont les gestes sans intention disent seulement que chacune de ses images est bien vivante.
"Deux voyages que fit le peintre en Italie avant la guerre le confirmèrent dans son goût pour les architectures classiques et son admiration pour la construction parfaite du corps feminin. Delvaux a 'assis la Beauté sur ses genoux' et s'est bien gardé de l'insulter car pour lui la beauté est l'Amour: une sensualité libre et tranquille à force d'être souveraine, une passion paienne ignorant l'idée du pêcher, un désir d'une telle violence et dont le triomphe est tellement assuré qu'il parait impregner et immobiliser les paysages.
"La Stimmung chez Delvaux nait des perspectives qui donnent aux sites une densité 'métaphysique', perspectives de toute rigueur et très rarement forcées comme chez Chirico. Elle émane des cités imaginées, nocturnes et lunaires, des corps phosphorescents des femmes, des portiques et des montagnes 'semblables au loin à des roches géants, gisantes dans l'obscurité'. Elle subsiste dans les scènes diurnes. Elle s'intériorise avec ces chambres wallonnes désuètes et immaculées, à boiseries et plafonds moulures et éclairage au gaz." (M. Jean, Histoire de la Peinture Surréaliste, Paris, 1959, p.. 257.)
"La femme habillée à l'ancienne mode qui se penche vers un bouton de rose poussant à même le plancher d'un interminable corridor, comtemplée par une autre femme, sa soeur jumelle, ou son reflet, et la troupe de femmes en robes de dentelle se dirigeant vers une perspective triomphale d'architectures antiques, c'est toujours la même femme, dédoublée, multiplée dans des mirroirs invisibles. Voici ces femmes encore devant des palais grandioses, très nues maintenant, très belles toujours, avec leurs yeux fixes et calmes, leurs seins lourds, leurs corps lisses. Toujours la même femme dont les gestes sans intention disent seulement que chacune de ses images est bien vivante.
"Deux voyages que fit le peintre en Italie avant la guerre le confirmèrent dans son goût pour les architectures classiques et son admiration pour la construction parfaite du corps feminin. Delvaux a 'assis la Beauté sur ses genoux' et s'est bien gardé de l'insulter car pour lui la beauté est l'Amour: une sensualité libre et tranquille à force d'être souveraine, une passion paienne ignorant l'idée du pêcher, un désir d'une telle violence et dont le triomphe est tellement assuré qu'il parait impregner et immobiliser les paysages.
"La Stimmung chez Delvaux nait des perspectives qui donnent aux sites une densité 'métaphysique', perspectives de toute rigueur et très rarement forcées comme chez Chirico. Elle émane des cités imaginées, nocturnes et lunaires, des corps phosphorescents des femmes, des portiques et des montagnes 'semblables au loin à des roches géants, gisantes dans l'obscurité'. Elle subsiste dans les scènes diurnes. Elle s'intériorise avec ces chambres wallonnes désuètes et immaculées, à boiseries et plafonds moulures et éclairage au gaz." (M. Jean, Histoire de la Peinture Surréaliste, Paris, 1959, p.. 257.)