Projet en grisaille pour un frontispice de thèse : Les vertus du président Lamoignon

Le présent tableau fut commandé à Mignard pour être gravé par François de Poilly (voir M. Lhote, L'oeuvre gravée de F. et N. Poilly d'Abbeville, graveurs français du XVIIème siècle, Paris, 1994). La gravure, en sens inverse, présente, à l'intérieur du cadre ovale, le portrait en buste du président Guillaume de Lamoignon. Plusieurs états sont connus, l'un est daté de 1664, un autre de 1671. La légende "CUI PUDOR ET IUSTITIAE SOROR INCORRUPTA FIDES NUDAQUE VERITAS/QUANDO ULLUM INVENIENT PAREM" figure en bas de la gravure. Sous le portrait du premier prèsident Guillaume de Lamoignon se trouve un bas relief montrant la justice munie d'un faisceau de licteur et d'une balance. A gauche est représentée la vérité, dénudée, conformément à la tradition. La Pudicité avec son voile et son lys blanc, symboles de pureté et de chasteté, est assise au premier plan. la Foi se tient debout à droite, elle brandit un coeur , signe de sa fidélité et de sa ferveur et porte une ceinture où se voit le motif de deux mains enlaçées, autre attribut de cette vertu. Cette gravure servait de frontispice à une thèse comme le signale Monville biographe de Mignard. Le frontispice était constitué de deux parties, chacune correspondant à une planche gravée. Le présent tableau servit pour la partie haute. La partie basse de la gravure reprenait sans doute le titre de la thèse et le nom de son auteur mais cette gravure n'a pas été à ce jour retrouvée.
Il est intéressant d'observer les minimes différences entre le projet peint de Mignard et la gravure de Poilly: la Vérité, par exemple, est plus chaste dans la gravure, Poilly ayant choisi de lui voiler la poitrine à demi.
Les Lamoignon de Basville devinrent sous Louis XIII des magistrats puissants. Guillaume de Lamoignon, qui était resté fidèle au Roi Louis XIV pendant la Fronde, fut nommé premier Président du Parlement en 1658. Il prit part au procès de Fouquet et fut l'un des plus proches collaborateurs de Colbert et connaissait Mignard. Il mourut en 1677.
E. Féral, qui posséda le présent tableau était d'origine toulousaine. Il était un expert en tableaux anciens à Paris à la fin du XIXème siècle. Nous remercions Mademoiselle Viginie Barr pour son aide à la rédaction de cette note.