JOUG EN PIERRE
COLLECTION D'UN GRAND AMATEUR
JOUG EN PIERRE

VERACRUZ, CLASSIQUE, ENVIRON 450-650 APRÈS J.-C.

Details
JOUG EN PIERRE
Veracruz, Classique, environ 450-650 après J.-C.
La partie frontale représente la tète d'un serpent puissamment sculptée (peut être un boa constrictor), avec, vue de face, une tête aux larges yeux en ellipses qui sont incisés avec des pupilles en forme de "L" inversés. Le museau est aplati et les narines sont dilatées, alors que la bouche est grande ouverte avec une langue pendante. Les cotés sont sculptés avec des jambes stylisées de jaguar en position accroupie. Le coté gauche est sculpté au plus bas avec un relief en forme de demi squelette humain dont les cotes sont apparentes et le coté droit avec un crâne vu de face. Le tout est sculpté dans une métadiorite mouchetée verte et finement lustrée, avec d'importantes traces de cinabre.
Largeur: 43 cm
Provenance
Docteur Charles Maillant, Neuilly. Acquis dans les années 1940, puis l'actuel propriétaire par descendance.
Né en 1898, Charles Maillant fut très tôt attiré par l'art sous toutes ses formes. Souhaitant devenir expert en œuvres d'art, il dut pourtant suivre les conseils de sa famille, fit des études médecine et devint un médecin de grande réputation. Artiste plein de fantaisie,"esprit libre et sincère" d'après les critiques, il s'est lui-même exprimé à travers la création de mobiliers, bijoux ou tableaux, en travaillant toutes les matières.
Rapportant toujours quelque chose de ses visites quotidiennes à Douot ou à ses amis Lecorneur et Roudillon, il collectionna toutes les civilisations jusqu'à sa mort, en 1992, et ses collections furent mises en valeur à Paris, en 1960, lors d'un exposition intitulée Résonances des arts primitifs. Dans sa maison de Neuilly la rigueur des objets Haute Epoque côtoyait la pureté des formes précolombiennes ou cycladiques, la richesse de l'art africain ou la puissance des sculptures océaniennes : toutes les civilisations aujourd'hui rassemblées sous le terme des arts premiers le fascinait et la recherche fut sa raison d'être.
Exhibited
Paris, Résonances des arts primitifs, Galerie Jacques Peron, 12 février-12 mars 1960, no. 20.

Further details
VERACRUZ STONE EFFIGY YOKE
CLASSIC, CA. A.D. 450-650

Deeply carved in the front with the head of snake, possibly a Boa constrictor, the broad face with large, elliptical, eyes incised with inverted "L" as pupils, flattened snout with nostrils, indicating the heat sensors, gaping mouth with bared tongue, the sides carved with stylized jaguar legs in a crouching pose, with the left side further carved with a relief of a half-length human skeletal figure with ribs demarcated, the right side with a frontal view of a skull; in finely polished green speckled metadiorite, with extensive remains of cinnabar.

Provenance
Dr. Charles Maillant, Neuilly.
Acquired in the 1940s and then by descent to the present owner. Dr. Maillant was a well-known physician and impassioned collector of Antiquities, Medieval, African and Pre-Columbian art whose collection was prominently exhibited in 1960 in Paris under the title, Resonances des Arts Primitifs.
For a related yoke with identical skeletal iconography in The Brooklyn Museum, see Ulama, fig. 58. Such 'death' imagery is depicted on a distinct group of yokes and hachas. Here the half-length skeleton might be a personification of Death, see Sport of Life and Death, p.260.
The incised skull might hearken to the skulls that are often seen embossed within the rubber balls in ballgame depictions, as seen in the reliefs in the ball court at Chichén Itzá, see Sport of Life and Death, p. 45, 72 and for such a frontal skull molded on a ball, see ibid, fig. 34, such skulls might refer to an episode in the Popol Vuh, the sacred book of the Maya, in which the head of the Hero Twin Huhahpu was used instead of the rubber ball.
The ballgame, know as ollamaliztli in Nahuatl, was one of the most widespread rituals of Mesoamerica-said to have originated with the Olmec and chronicled by the Conquistadors as they encountered the Aztecs who played it for a more recreational purpose. Over the centuries, perhaps as many as 400 ballgame courts identified within the Gulf Coast and Maya region. The ballgame might possibly have originated in the Veracruz heartland in the Preclassic period where latex rubber (which the ball was composed of), was first developed. Numerous Preclassic and later Veracruz figurines (fig. 1) from the central Mexican Highlands wearing ballgame costume, also point to an early origin in this region.
The Maya and probably the Veracruz version of the game was played in formal masonry courts, usually of I-shaped form, and located near the most sacred areas of the city. While the rules and number of players varied, seemingly points were made by keeping the dense balls aloft and successfully hitting stone markers set along the ball court walls or end zones. Teams ranged from two to four players (fig. 2). Surviving ballgame paraphernalia include stone yokes, palmas and hachas. Elite players were elaborately attired in protective clothing including a wood or wicker U-shaped yoke worn high on the chest. Such stone versions of yokes were probably created for funerary and commemorative purposes.

The ballgame served many functions to the ancient Mesoamericans-the ball court itself was a carefully circumscribed sacred space and an entrance to the spirit world. Political rivalries were settled in certain ballgame contests which ended in sacrifice by decapitation. From Maya ceramics with ballgame scenes to such Veracruz stone prototypes of ballgame accoutrements there is "...a vibrancy rarely seen in ancient works of art-in part because what we see goes beyond what is represented, and because an anticipated rebirth is inherent in death itself." (Sport of Life, p. 87)

Lot Essay

Un joug similaire avec une iconographie de squelette identique se trouve au Brooklyn Museum (voir Ulama, fig. 58) et de telles images au vocable « funeste » se retrouvent dans un groupe distinct de jougs et de hachas. Pour la représentation du demi squelette, qui peut être la personnification de la mort, voir Sport of Life and Death, p. 260. Le crâne incisé enfin, peut rappeler ceux que l'on trouve décrits sur les balles en caoutchouc des jeux sacrés de balle et tels que l'on peut en voir sculptés sur l'aire de jeu de Chichen Itza (voir Sport of Life and Death, p. 45 et 72 et pour un tel type de crâne frontal modelé sur une balle, voir ibid, fig. 34). De tels crânes peuvent être rapprochés d'un épisode du Popol Vuh, le livre sacré des Mayas, où la tête du jumeau héros Huhahpu est utilisée en lieu et place de la balle de caoutchouc.
Le jeu de balle, connu sous l'appellation ollamaliztli en langage Nahuatl, était un des principaux rituels de la Mésoamérique et trouve son origine dans la civilisation olmèque. Il fut décrit par les Conquistadores lors de leur rencontre avec les Aztèques, qui le pratiquaient alors plutôt pour leur loisir. Au cours des siècles, ce sont près de 400 aires de jeu qui furent édifiées dans le Golfe du Mexique ou en pays maya. L'origine du jeu de balle se situe peut être dans la région de la civilisation Véracruz, à la période pré-classique, où le latex (dont sont faites les balles) fut exploité en premier. Cette hypothèse semble confirmée par de nombreuses figurines Véracruz d'époque pré-classique ou plus tardives, provenant des hauts plateaux du Mexique central, et qui portent les tenues nécessaires à la pratique d'un tel jeu.
La version maya du jeu de balle, et probablement aussi celle de la civilisation Véracruz, était pratiquée dans des aires construites en dur habituellement en forme de I et situées dans les zones les plus sacrées de la cité. Bien que les règles et le nombre de joueurs ait pu varier, des similitudes existaient dans la façon de saisir la lourde balle au bon et da la faire successivement frapper les marquages de pierre situés tout le long du mur de l'aire de jeu ainsi qu'à ses extrémités. Les équipes étaient composées de quatre joueurs. Les équipements qui subsistent de ces jeux de balle sont les jougs en pierre, les palmas et les hachas. Les joueurs d'élite étaient pour leur part savamment vêtus avec des protections comprenant un joug en forme de U, en bois ou en osier, porté haut sur la poitrine. Pour ce qui est des jougs en pierre, ils étaient probablement réservés à des usages funéraires ou commémoratifs.
L'usage du jeu de balle était multiple dans l'ancienne Mésoamérique (les aire de jeu étant elles-mêmes considérées comme une entrée vers le monde spirituel soigneusement délimitées). Les rivalités politiques trouvaient parfois leur règlement au cours de jeux qui s'achevaient par une décapitation sacrificielle. Sur les représentations de scènes de jeu des céramiques mayas comme sur de tels objets Véracruz que celui présenté ici, on peut ressentir " ... une émotion rarement rencontrée dans les arts anciens car ce que nous pouvons voir va bien au delà de la réalité visible, et parce qu'une résurrection espérée est sous-jacente à la mort elle-même". (Sport of life, p. 87).

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