拍品專文
Ce dessin est une étude pour la fresque de forme trapézoïdale peinte par Domenichino sur la demi-coupole du choeur de l'église de S. Andrea della Valle à Rome (A. Coliva, 'Sant'Andrea della Valle', Domenichino, cat. expo., Palazzo Venezia, Rome, 1996, p. 292, fig. 7).
La fresque du Martyre de Saint André fait partie d'un cycle sur la vie du saint commandé à Domenichino par le Cardinal Alessandro Peretti Montalto, un petit-neveu du Pape Sixte V (1585-90). La construction de l'église commença en 1591 sous l'impulsion de l'archevêque de Naples Cardinal Alfonso Gesualdi. A sa mort en 1603 Montalto reprit l'église et en 1608 chargea Carlo Maderno de l'achèvement des travaux. Le transept et le tambour de la coupole furent terminés en 1619-20, la voûte du choeur en 1621 et finalement la coupole en 1623. Les travaux de décoration devaient être achevés pour l'Année Sainte de 1625 mais, à cause du retard pris par les doreurs pour les stucs du choeur, Domenichino ne put commencer les fresques avant 1626. Un dessin à Windsor Castle (J. Pope-Hennessy, The Drawings of Domenichino in the Collection of His Majesty the King at Windsor Castle, Londres, 1948, no. 752) reprend le motif des stucs, laissant des réserves pour les quadri riportati. Domenichino composa la décoration en 13 fresques, cinq pour la demi-coupole (La Vocation de Saint Pierre et Saint André, La Flagellation de Saint André, Le Martyre de Saint André, L'Apothéose de Saint André et Ecce Agnus Dei), six pour des Vertus placées en dessous des premières fresques et deux nus pour les corniches.
Deux petits cartons pour les fresques du Martyre et de la Flagellation sont à Windsor Castle, où est aujourd'hui rassemblée la majeure partie des dessins de Domenichino, dont 173 pour le cycle de S. Andrea della Valle (J. Pope-Hennessy, op. cit., nos. 790 et 812).
La composition du dessin ne diffère qu'en très peu de détails de celle de la fresque, même si les formes des compositions sont différentes. La rareté de ce type de dessin de composition achevée est déjà notée par Mariette en 1741: 'Il ne faut pas être surpris de trouver ici si peu de Desseins du Dominiquain; il eut pû en faire de très-beaux, car à en juger par ses paysages, il avoit la plume facile, & l'on doit lui rendre cette justice que de tous les élèves des Carraches, c'est celui qui a dessiné le plus correctement; mais il n'étoit pas dans l'usage de faire de petits Desseins. Après avoir beaucoup réfléchi pendant longtemps sur ce qu'il devoit exécuter, il faisoit tout d'un coup ses études en grand, & c'est ainsi qu'il préparoit ces beaux Cartons qui sont si arrêtés, & où ce fameux Peintre paroit tout ce qu'il est' (P.-J. Mariette, Description sommaire des desseins des grands maistres d'Italie, des Pays-Bas et de France, du cabinet de feu M. Crozat, Paris, 1741, pp. 55-6).
Le dessin est probablement celui mentionné dans l'inventaire de Francesco Raspantino (actif 1637-1664), l'assistant de Domenichino à Naples et son héritier artistique (folio 31r, no. 178, R. Spear, op. cit., p. 342). Le dessin fut ensuite acquit par le banquier Everhard Jabach (1618-1695), dans l'inventaire duquel il se retrouve en 1695 (sous le numéro 127). Le dessin appartint ensuite à son fils Gerhard Machael qui le vendit à Amsterdam en 1753. Jaques-Gabriel de Saint-Aubin recopia le dessin dans son exemplaire de la vente Mariette en l'annotant 'Jabac'.
Calvière acheta ce dessin lors de la vente après décès de Pierre-Jean Mariette en 1775-6, une des plus importantes de la deuxième partie du 18ème siècle. Au moment de la vente il écrivit de nombreuses lettres à son ami le médecin avignonnais Esprit-Claude-François Calvet (1728-1810). Dans l'une des lettres, datée du 16 février 1776, il écrit 'Je crois que cette vente [...] passera les 100,000 écus et je n'en serai pas surpris car les tableaux et dessins flamands sont au feu et il y en a de tel de ces dernier sur une seule feuille de papier qui a dû monter jusqu'à 500 écus. Je n'ai eu garde comme vous croyez bien de viser à rien de pareil et je m'en suis tenu modestement (!) à mes bons amis les Italiens. Par ce moyen, mon acquisition [...] me plait beaucoup car il en a 3 qui méritent d'être mis en vue et une douzaine d'autres pour mes portefeuilles. Le plus cher de tous est un Supplice de Saint André par le Dominiquin et il est déjà placé sous glace. Celui-là ne coûte que 101 livres 1 sol et les autres 2, 3 et 4 pistoles environ' (O. Cavalier, op. cit., pp. 64-7).
Avant la vente Mariette le dessin a fait partie de la collection Jabach et de celle de son fils. Cette provenance est précisée par une inscription 'Jabac' de Saint-Aubin à côté du dessin qu'il a fait du Domenichino dans son exemplaire de la vente Mariette. Jabach acquit probablement le dessin de Francesco Raspantino (actif 1637-1664), l'assistant de Domenichino à Naples et son héritier artistique (R. Spear, op. cit., p. 342.
This drawing is a study for the trapezoidal fresco painted by Domenichino on the half-cupola of the church of S. Andrea della Valle in Rome. The fresco is part of a cycle of thirteen commissioned by Cardinal Montalto in 1623 and finished three years later. A cartoon for the Martyrdom is at Windsor Castle along with 173 drawings for the cycle. Mariette, who owned the present drawing, stressed the rarity of such full compositional drawings in Domenichino's oeuvre. This drawing is the most expensive bought by Calvière in Mariette's sale.
La fresque du Martyre de Saint André fait partie d'un cycle sur la vie du saint commandé à Domenichino par le Cardinal Alessandro Peretti Montalto, un petit-neveu du Pape Sixte V (1585-90). La construction de l'église commença en 1591 sous l'impulsion de l'archevêque de Naples Cardinal Alfonso Gesualdi. A sa mort en 1603 Montalto reprit l'église et en 1608 chargea Carlo Maderno de l'achèvement des travaux. Le transept et le tambour de la coupole furent terminés en 1619-20, la voûte du choeur en 1621 et finalement la coupole en 1623. Les travaux de décoration devaient être achevés pour l'Année Sainte de 1625 mais, à cause du retard pris par les doreurs pour les stucs du choeur, Domenichino ne put commencer les fresques avant 1626. Un dessin à Windsor Castle (J. Pope-Hennessy, The Drawings of Domenichino in the Collection of His Majesty the King at Windsor Castle, Londres, 1948, no. 752) reprend le motif des stucs, laissant des réserves pour les quadri riportati. Domenichino composa la décoration en 13 fresques, cinq pour la demi-coupole (La Vocation de Saint Pierre et Saint André, La Flagellation de Saint André, Le Martyre de Saint André, L'Apothéose de Saint André et Ecce Agnus Dei), six pour des Vertus placées en dessous des premières fresques et deux nus pour les corniches.
Deux petits cartons pour les fresques du Martyre et de la Flagellation sont à Windsor Castle, où est aujourd'hui rassemblée la majeure partie des dessins de Domenichino, dont 173 pour le cycle de S. Andrea della Valle (J. Pope-Hennessy, op. cit., nos. 790 et 812).
La composition du dessin ne diffère qu'en très peu de détails de celle de la fresque, même si les formes des compositions sont différentes. La rareté de ce type de dessin de composition achevée est déjà notée par Mariette en 1741: 'Il ne faut pas être surpris de trouver ici si peu de Desseins du Dominiquain; il eut pû en faire de très-beaux, car à en juger par ses paysages, il avoit la plume facile, & l'on doit lui rendre cette justice que de tous les élèves des Carraches, c'est celui qui a dessiné le plus correctement; mais il n'étoit pas dans l'usage de faire de petits Desseins. Après avoir beaucoup réfléchi pendant longtemps sur ce qu'il devoit exécuter, il faisoit tout d'un coup ses études en grand, & c'est ainsi qu'il préparoit ces beaux Cartons qui sont si arrêtés, & où ce fameux Peintre paroit tout ce qu'il est' (P.-J. Mariette, Description sommaire des desseins des grands maistres d'Italie, des Pays-Bas et de France, du cabinet de feu M. Crozat, Paris, 1741, pp. 55-6).
Le dessin est probablement celui mentionné dans l'inventaire de Francesco Raspantino (actif 1637-1664), l'assistant de Domenichino à Naples et son héritier artistique (folio 31r, no. 178, R. Spear, op. cit., p. 342). Le dessin fut ensuite acquit par le banquier Everhard Jabach (1618-1695), dans l'inventaire duquel il se retrouve en 1695 (sous le numéro 127). Le dessin appartint ensuite à son fils Gerhard Machael qui le vendit à Amsterdam en 1753. Jaques-Gabriel de Saint-Aubin recopia le dessin dans son exemplaire de la vente Mariette en l'annotant 'Jabac'.
Calvière acheta ce dessin lors de la vente après décès de Pierre-Jean Mariette en 1775-6, une des plus importantes de la deuxième partie du 18ème siècle. Au moment de la vente il écrivit de nombreuses lettres à son ami le médecin avignonnais Esprit-Claude-François Calvet (1728-1810). Dans l'une des lettres, datée du 16 février 1776, il écrit 'Je crois que cette vente [...] passera les 100,000 écus et je n'en serai pas surpris car les tableaux et dessins flamands sont au feu et il y en a de tel de ces dernier sur une seule feuille de papier qui a dû monter jusqu'à 500 écus. Je n'ai eu garde comme vous croyez bien de viser à rien de pareil et je m'en suis tenu modestement (!) à mes bons amis les Italiens. Par ce moyen, mon acquisition [...] me plait beaucoup car il en a 3 qui méritent d'être mis en vue et une douzaine d'autres pour mes portefeuilles. Le plus cher de tous est un Supplice de Saint André par le Dominiquin et il est déjà placé sous glace. Celui-là ne coûte que 101 livres 1 sol et les autres 2, 3 et 4 pistoles environ' (O. Cavalier, op. cit., pp. 64-7).
Avant la vente Mariette le dessin a fait partie de la collection Jabach et de celle de son fils. Cette provenance est précisée par une inscription 'Jabac' de Saint-Aubin à côté du dessin qu'il a fait du Domenichino dans son exemplaire de la vente Mariette. Jabach acquit probablement le dessin de Francesco Raspantino (actif 1637-1664), l'assistant de Domenichino à Naples et son héritier artistique (R. Spear, op. cit., p. 342.
This drawing is a study for the trapezoidal fresco painted by Domenichino on the half-cupola of the church of S. Andrea della Valle in Rome. The fresco is part of a cycle of thirteen commissioned by Cardinal Montalto in 1623 and finished three years later. A cartoon for the Martyrdom is at Windsor Castle along with 173 drawings for the cycle. Mariette, who owned the present drawing, stressed the rarity of such full compositional drawings in Domenichino's oeuvre. This drawing is the most expensive bought by Calvière in Mariette's sale.