Lot Essay
Fils et élève du peintre de natures mortes Pieter Claesz, Nicolaes Berchem fut aussi influencé par son cousin Jan Baptist Weenix, spécialisé dans les paysages italianisants. En 1651-53, il se rendit en Italie. Beaucoup plus tard, vraisemblablement au milieu des années 1660, Berchem exécuta une série de capricci de ports italiens, animés de personnages élégants, où se retrouvent les mêmes détails : les chiens, le singe, la statue de Vénus, le maure enturbanné. La présence de ces différents éléments, symboles érotiques aisément déchiffrables au XVIIème siècle, ajoute peut-être une portée morale à une oeuvre dédiée aux plaisirs de la vie, à la musique, aux femmes et au vin. Deux tableaux notamment présentent des affinités avec le tableau de la collection Hottinguer. Il s'agit du Maure offrant un perroquet à une femme élégante, du Musée d'Hartford et du Concert sur une place publique du Musée de Rouen.
La beauté des détails et l'élégance de la scène du présent tableau ont été soulignées à l'occasion des differentes publications dont la collection Delessert fit l'objet, et des différentes présentations du tableau dans des catalogues de ventes prestigieuses. Le marchand anglais John Smith, qui le vit dans la collection Delessert avant 1834 notait: 'La vue est celle d'une place publique, ou d'un port en Italie, remarquable par plusieurs édifices, et une fontaine d'une sculpture riche et ouvragée. Parmi les personnages du premier plan, on remarque un espagnol jouant de la guitare et deux femmes avec un sourire contenu, vêtues élégamment qui semble attirées par la musique; deux autres personnes, dont l'une porte les vêtements d'un Arménien, l'autre d'un Turc, conversent. Chaque morceau de la scène est animé d'un détail d'intérêt ou de beauté picturale'. Dans le catalogue de la vente Lempereur, le tableau était ainsi commenté: 'c'est un morceau d'autant plus précieux que Berghem en a fait très peu de ce genre grâcieux, et que son talent y brille tout autant que dans ses sujets champêtres auxquels il s'est principalement consacré'.
Avant d'entrer dans la collection d'Etienne Delessert, le tableau figura dans diverses collections prestigieuses. Il appartint d'abord à Jean-Denis Lempereur (1710-1779), échevin de Paris, joaillier célèbre et amateur de tableaux et dessins (sa collection comporta jusqu'à 1.200 oeuvres). La plupart de ses dessins venaient de la vente Crozat. Il posséda l'étude du Christ par Michel-Ange de la collection Brinsley Ford (vendu par Christie's Londres, le 4 juillet 2000, lot 83). Son l'hôtel particulier de la Cour de Lamoignon était orné de tableaux flamands et hollandais de Teniers, Wouverman, Gerrit Dou mais son goût se portait aussi sur la peinture française et italienne du XVIIème siècle et du début du XVIIIème siècle.
C'est lors d'une des ventes organisées par Lempereur qu'un autre fameux collectionneur, Pierre-Louis Randon de Boisset (1708-1776), acheta le présent tableau. Ce fermier général avait constitué, grâce à son immense fortune, l'une des plus importantes bibliothèques du monde ainsi qu'un fabuleux cabinet de peintures, sculptures, porcelaines et estampes. Ami de Boucher avec qui il voyagea en Italie, et de Greuze qui fit son portrait (Musée de Budapest), Randon de Boisset acheta la majorité de ses 237 tableaux à l'occasion de ventes aux enchères à Paris. La dispersion de ses collections après son décès en 1777 fut un véritable événement: la vente qui regroupait près de 1500 lots attira, entre autres, l'Impératrice Catherine II de Russie qui acheta un Wouverman (Départ de la Chasse, aujourd'hui à l'Ermitage de Saint Petersbourg). Les goûts de Randon de Boisset étaient très variés mais se portaient toujours sur des oeuvres d'excellente qualité. Randon possédait ainsi, par exemple, le Souper à Emmaüs aujourd'hui au Louvre, La Fête vénitienne de Watteau aujourd'hui à la Galerie Nationale d'Ecosse à Edimbourg, l'Ecole de l'Amour de Boucher et le Miroir brisé de Greuze, tous deux à la Wallace collection de Londres.
Après cette vente notre tableau entra dans les collections du Comte de Merle, grand amateur de tableaux de Joseph Vernet, puis dans celles de Claude Tolozan, collectionneur de Lyon, qui réalisa la plupart de ses achats dans les ventes parisiennes de la fin du XVIIIème siècle sur les conseils du marchand Lebrun. Il est d'ailleurs possible (d'après un exemplaire annoté du catalogue de la vente Tolozan) que Lebrun ait un temps été le possesseur de ce Berchem.
Etienne Delessert acheta, par l'intermédaire d'un certain Martin Laporte, probablement marchand, plusieurs tableaux dans la vente Tolozan (dont un tableau de Joseph Vernet, l'Arc en ciel, vendu par Christie's Londres, le 16 décembre 1998, lot 71; et un autre de Claude Lorrain, Port de mer au soleil couchant, vendu par Christie's Londres, le 11 juillet 2001, lot 59).
La beauté des détails et l'élégance de la scène du présent tableau ont été soulignées à l'occasion des differentes publications dont la collection Delessert fit l'objet, et des différentes présentations du tableau dans des catalogues de ventes prestigieuses. Le marchand anglais John Smith, qui le vit dans la collection Delessert avant 1834 notait: 'La vue est celle d'une place publique, ou d'un port en Italie, remarquable par plusieurs édifices, et une fontaine d'une sculpture riche et ouvragée. Parmi les personnages du premier plan, on remarque un espagnol jouant de la guitare et deux femmes avec un sourire contenu, vêtues élégamment qui semble attirées par la musique; deux autres personnes, dont l'une porte les vêtements d'un Arménien, l'autre d'un Turc, conversent. Chaque morceau de la scène est animé d'un détail d'intérêt ou de beauté picturale'. Dans le catalogue de la vente Lempereur, le tableau était ainsi commenté: 'c'est un morceau d'autant plus précieux que Berghem en a fait très peu de ce genre grâcieux, et que son talent y brille tout autant que dans ses sujets champêtres auxquels il s'est principalement consacré'.
Avant d'entrer dans la collection d'Etienne Delessert, le tableau figura dans diverses collections prestigieuses. Il appartint d'abord à Jean-Denis Lempereur (1710-1779), échevin de Paris, joaillier célèbre et amateur de tableaux et dessins (sa collection comporta jusqu'à 1.200 oeuvres). La plupart de ses dessins venaient de la vente Crozat. Il posséda l'étude du Christ par Michel-Ange de la collection Brinsley Ford (vendu par Christie's Londres, le 4 juillet 2000, lot 83). Son l'hôtel particulier de la Cour de Lamoignon était orné de tableaux flamands et hollandais de Teniers, Wouverman, Gerrit Dou mais son goût se portait aussi sur la peinture française et italienne du XVIIème siècle et du début du XVIIIème siècle.
C'est lors d'une des ventes organisées par Lempereur qu'un autre fameux collectionneur, Pierre-Louis Randon de Boisset (1708-1776), acheta le présent tableau. Ce fermier général avait constitué, grâce à son immense fortune, l'une des plus importantes bibliothèques du monde ainsi qu'un fabuleux cabinet de peintures, sculptures, porcelaines et estampes. Ami de Boucher avec qui il voyagea en Italie, et de Greuze qui fit son portrait (Musée de Budapest), Randon de Boisset acheta la majorité de ses 237 tableaux à l'occasion de ventes aux enchères à Paris. La dispersion de ses collections après son décès en 1777 fut un véritable événement: la vente qui regroupait près de 1500 lots attira, entre autres, l'Impératrice Catherine II de Russie qui acheta un Wouverman (Départ de la Chasse, aujourd'hui à l'Ermitage de Saint Petersbourg). Les goûts de Randon de Boisset étaient très variés mais se portaient toujours sur des oeuvres d'excellente qualité. Randon possédait ainsi, par exemple, le Souper à Emmaüs aujourd'hui au Louvre, La Fête vénitienne de Watteau aujourd'hui à la Galerie Nationale d'Ecosse à Edimbourg, l'Ecole de l'Amour de Boucher et le Miroir brisé de Greuze, tous deux à la Wallace collection de Londres.
Après cette vente notre tableau entra dans les collections du Comte de Merle, grand amateur de tableaux de Joseph Vernet, puis dans celles de Claude Tolozan, collectionneur de Lyon, qui réalisa la plupart de ses achats dans les ventes parisiennes de la fin du XVIIIème siècle sur les conseils du marchand Lebrun. Il est d'ailleurs possible (d'après un exemplaire annoté du catalogue de la vente Tolozan) que Lebrun ait un temps été le possesseur de ce Berchem.
Etienne Delessert acheta, par l'intermédaire d'un certain Martin Laporte, probablement marchand, plusieurs tableaux dans la vente Tolozan (dont un tableau de Joseph Vernet, l'Arc en ciel, vendu par Christie's Londres, le 16 décembre 1998, lot 71; et un autre de Claude Lorrain, Port de mer au soleil couchant, vendu par Christie's Londres, le 11 juillet 2001, lot 59).