Details
TRONE DU BENIN
Environ 1885-1895
L'assise avec un cavalier sculpté en bas-relief, portant une tunique frangée et une bandoulière, un chapeau à bord et une épée dans chaque main. Des bandes de laiton martelé sont appliquées à l'avant et à l'arrière du siège, à la base des supports du dossier et utilisées comme des disques autour des vis retenant les pieds avants. Les deux pieds arrières se terminent par deux têtes de serpents reposant sur l'assise, chacune avec des yeux incrustés de miroirs, deux personnages sont placés sous chaque bras recourbé du fauteuil et surmontés d'une projection ovoïde, incrustations de miroir sur l'arrière des trois traverses du dossier percés.
Hauteur: 84 cm
Provenance
E.R. Dimsey, R.N., chirurgien d'état major durant l'expédition Punitive du Benin de 1897.
Further details
A BENIN THRONE

Lot Essay

Les sièges rectangulaires du Bénin, agbo, furent trouvés dans Benin City lors de l'Expédition Punitive de 1897 et plus tardivement, mais seulement deux exemplaires portant les armes de la manufacture du Bénin semblent exister, ils furent tous deux rapportés lors de l'Expédition. L'un par l'Amiral Rawson, le commandant de l'Expédition, faisant partie de la Collection Perls, conservé au Metropolitan Museum of Art (K. Ezra The Royal Art of Beinin. The Perls Collection, New York, 1992, pp.272 et 273) où l'assise est seule à être décorée, l'autre par le chirurgien Dimsey qui est ici proposé à la vente pour la première fois.
L'assise de la chaise de Rawson est sculptée de quatre personnages, chacun représenté sur un côté, les bras sont lisses et les trois traverses arrièrees percés de motifs géométriques. Dans celle de Dimsey, l'assise est décorée d'un seul cavalier - ses quatre serviteurs sont écartés pour être représentés sur l'enroulé de la partie inférieure des bras. La finesse de la sculpture rehausse les détails des costumes.
Le cavalier est probablement un important visiteur venu du Nord. Il est coiffé d'un chapeau dans le style de ceux portés par les membres de la cavalerie Fulani, tribu qui avait conquis au XIXe siècle les royaumes Hausa et Nupe, allant de la rivière Niger jusqu'au nord du Bénin et ce chapeau se retrouve aussi porté par des guerriers habitant encore plus au sud (voir le cavalier reposant sur un poteau Ekiti dans la collection du musée Dapper, Chasseurs et Guerriers, Paris, 1998, pp.30 et 31) ; il brandit une épée légèrement incurvée dans sa main droite, le fourreau porté vers l'arrière, une rangée d'amulettes, probablement des gourdes remplies de substances magiques, repose en bandoulière sur sa poitrine.
Les liens rectangulaires en métal des reines tenues dans sa main gauche sont typiques de celles utilisées au XIXe entre autres par la cavalerie Oyo.
L'artiste ne semble pas avoir vu un cheval dans sa vie car sa robe est représentée en écailles comme celle des pangolins, il n'y a pas d'étriers ni de sangles représentés de façon appropriée. Les têtes décapitées avec les pics au dessus des têtes plutôt qu'en dessous et les motifs entrelacés montrent sa maîtrise dans la représentation de l'espace, ils indiquent aussi son horror vacuii, horreur du vide.
Deux marins sont représentés assis sous le bras droit du trône - l'un deux a perdu sa tête : ils tiennent tous les deux des objets en forme de livres et sculptés de symboles en "S". Sous le bras gauche sont sculptés deux hommes avec des ornements de perles, l'un nu comme il l'est demandé aux pages masculins, assis tenant un court balais, l'autre debout tenant une épée. L'arrière des trois traverses contient des incrustations de trois sections de miroirs placés à l'intérieur d'un motif complémentaire. Même si cela n'a pas beaucoup de sens lorsqu'on regarde le siège de face, ces miroirs devaient apparaître très brillants avec un mélange de lumière directe et réfléchie. Les plaques d'étain sur le siège de même que les yeux de serpents ajoutaient des éléments brillants. Les serpents sont des éléments importants de l'iconographie du Bénin et on pouvait voir un grand serpent en bronze sur la tourelle à l'entrée du palais (voir une boîte en laiton dans le Museum für Vülkerkunde, Berlin, P. Girshick Ben-Amos, Art, Innovation and Politics in Eighteenth Century Benin, Bloomington, 1999, p.17, fig.3). Les renforts en fer à l'arrière attestent de l'ancienneté du trône.

Nous remercions le professeur Peter Morton Williams de nous avoir fait partager ses observations sur ce trône.

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