ALEXANDRE IACOVLEFF (SAINT PETERSBOURG 1887-1938 PARIS)
This lot is offered without reserve. LE REGARD D'ALEXANDRE IACOVLEFF D'origine russe, Alexandre Iacovleff (Saint Pétersbourg, 1887- Paris, 1938) est connu pour ses extraordinaires dessins et peintures rapportés des Croisières Noire et Jaune. Sous l'égide d'André Citroën, ces expéditions scientifiques et artistiques en autochenilles, dirigées par Georges-Marie Haardt à travers l'Afrique en 1924 et l'Asie en 1931, connaissent un immense succès. Peintre officiel des deux expéditions, Alexandre Iacovleff est chargé par le ministre des Beaux-Arts de "fixer par le pinceau, les moeurs et coutumes indigènes en voie de disparition". De nombreuses expositions et ouvrages rendront un hommage émerveillé aux fétichistes de la forêt équatoriale, à une troupe d'Afghans altiers, aux coolies de l'Himalaya, à un groupe de lamas au rire clair... De chaque mission, Alexandre Iacovleff revient avec plus de trois cent dessins, une centaine d'études en couleur, et des dizaines de carnets de croquis zébrés de notes. Grand dessinateur, il réalise ses portraits à la sanguine - matériau qui fera sa gloire-, au sépia, au crayon. Parfois, à l'aide du pastel, il adoucit le trait, notamment pour indiquer les éléments de couleur des tissus. Coloriste subtil et créatif, Alexandre Iacovleff recompose les nuances de sa palette, au gré des voyages, établissant des correspondances entre les êtres et les couleurs. Georges Le Fèvre écrira qu'il invente "un vert palmeraie, un rouge spahi, un bleu minaret" (Georges Le Fèvre, La Croisière Jaune, Plon, 1933.) Il réserve l'huile au travail d'atelier, car elle est trop lente à sécher. En revanche, aux étapes des expéditions, il prépare sa détrempe ou sa tempera (mélange de pigments avec un liant à base de jaune d'oeuf) qui sèche rapidement, technique héritée du monde grec antique, et enseignée par son cher maître Dimitri Kardowski à l' Ecole des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg. Déjà en 1918, lors de son premier séjour en Chine, Alexandre Iacovleff maîtrise parfaitement la sanguine, art également appris dans l'atelier de Saint-Pétersbourg. En Extrême-Orient, son talent de portraististe fait fureur. Nombreux sont ceux qui prennent la pose dans la rue pékinoise ou les clubs de Shangaï! N'oublions pas qu'en Chine, le portrait a un charme tout particulier, aussi bien pour le peuple que pour l'élite, car le peintre incarne le type même du lettré. Dans ce Profil d'un Chinois (lot 873), l'on remarque la délicatesse des traits, la bouche entre ouverte, le regard fixe, la brillance des cheveux rasés sur le devant. Admiratif des portraits chinois de son ami, le peintre Nicolas Roerich s'enthousiasme pour "ces tableaux étonnants, où se dégagent une telle finesse et quelque chose de si convaincant,..." (Propos de Nicolas Roerich à l'exposition d'Alexandre Iacovleff, à la Grafton gallery, Londres, 1920.) Alexandre Iacovleff s'installe à Paris en 1920. L'exposition de ses oeuvres d'Extrême-Orient à la galerie Barbazanges connaît un succès, confirmé par la publication de ses Dessins et Peintures d'Extrême-Orient chez Lucien Vogel, et du Théâtre chinois aux éditions de Brunhoff. Son talent lui vaut d'être choisi comme peintre de la Croisière Noire. Il parcoura l'Afrique, de l'Algérie à Madagascar, à bord de l'autochenille "Centaure". Une fois encore, l'artiste utilise la sanguine, sa technique de prédilection pour réaliser les portraits des indigènes, ou des membres de l'expédition. Présenté sous le lot 869, le Commandant Bettembourg, personnage-clé de l'exposition africaine, choisi pour sa parfaite connaissance du Sahara, désert qu'il a sillonné pendant douze ans, à sa sortie de Saint-Cyr, comme chef d'Etat-major du général Laperrine. Il y a du respect dans cette oeuvre où l'homme en uniforme, portant le casque colonial, regarde au loin, dans une pose sereine. "Alphonse Bettembourg est un des sept Samouraïs",(sept hommes avec des fonctions précises constituent en effet l'équipe de G.M. Haardt) s'amuse à dire le peintre japonisant (Jacques Wolgensinger, L'aventure de la Croisière Noire, Robert Laffont, 2002.). Toujours de bonne humeur, extrêmement travailleur, Adolphe Bettembourg roule sur l'autochenille "Eléphant à la tour" et se charge de la trésorerie ainsi que des itinéraires de l'exposition. Itinéraires qu'il a préparés avec soin, pendant des mois, particulièrement celui des chasses au Tchad et en Oubangui-Chari. A. Bettemboug est un chasseur devant l'éternel! Sur la carte de cet immense territoire, sont représentés les buffles, éléphants, antilopes, girafes, hippopotames, rhinocéros, et lions... Une fois abattus, ces animaux seront dessinés par Alexandre Iacovleff, intéressants au Museum d'Histoire naturelle de Paris. (dans les réserves du Museum, parmi les animaux rapportés de la Croisière Noire, il y a un lycaon, chien sauvage d'une grande férocité, capable de tuer un buffle, qui a été tué par le Commandant Bettemboug, en Oubangui-Chari, en 1925) A Yalinga, où cesse la piste , et commence le royaume des bêtes, des pièges à panthère dressés à côté des cases révèlent la terreur inspirée par ce fauve qui attaque par surprise, et toujours dans le dos. Dans ce petit village en pleine savane, l'expédition rencontre "des chasseurs de grande race, véritables seigneurs de la brousse" (Georges-Marie Haardt et Louis Audoin-Dubreuil, La croisière Noire, Plon, 1927) qui poursuivent loyalement le gibier. Parmi eux, Deux hommes en tenue de brousse (lot 868) que l'artiste a réalisés à la sanguine, le 27 février 1925. Cette date correspond au dernier jour des chasses de l'expédition, qui repart le lendemain vers Bangassou et le Congo Belge. Il y a à la fois du charme et de l'humour dans le portrait de ces deux compagnons, assis sur des tippoy, les jambes écartées. L'un boit un verre, l'autre fume la pipe et tous deux semblent prêts à raconter leurs magnifiques exploits. Ne manque plus que le feu de brousse pour les éclairer! Quant aux dédicaces humoristiques mais difficilement lisibles d'Alexandre Iacovleff, elles leur conviennent, puisque les deux portent les titres de Prince de la Guérande et de Marquis de Lalande! Le retour à Paris de l'expédition est triomphal, bénéficiant de la vogue pour "l'Art nègre", de l'engouement pour l'exotisme comme les formes sculpturales de Joséphine Baker, du déferlement du jazz, les expositions de la Croisière Noire au Louvre et des oeuvres d'Alexandre Iacovleff à la galerie Charpentier ne désemplissent pas. Lucien Vogel édite un album luxueux des Dessins et Peintures d'Afrique, Croquis et notes de voyage d'Alexandre Iacovleff en 1927, comprenant cinquante planches de grande qualité (lot 867). D'où sont extraites les planches suivantes: une femme arabe, quelques animaux, un Abourou, à Am Dafok, une Antilope, à Bahr Namj, Aboura, un chef à Bambili, dans la forêt équatoriale et des indigènes de Dodoma Mutila et Marigua, dans le Nyassaland. Quelques années plus tard, en 1931, la fameuse Croisière Jaune relie Beyrouth à Pékin. Alexandre Iacovleff appartient au groupe Pamir et roule aux côtés de son ami Georges-Marie Haardt, dans l'autochenille de commandement, le Scarabée d'or. Les conditions de voyage rendent malaisée la tâche du peintre. Souvent, il se borne à réaliser quelques esquisses, le bras tendu pour atténuer les cahots de l'automobile. Il dessine des croquis rapides, écrit de brèves indications compréhensibles de lui seul, prend des notes et recueille une documentation qu'il retravaillera longuement dans son atelier parisien. Toutefois, à certaines haltes où il dispose de plus de temps, il brosse d'étonnants portraits, ou exécute des huiles sur chevalets "encore dans l'ambiance du sujet, sous l'émotion de la vision toute fraîche" (Dessins et Peintures d'Asie, Croquis et notes de voyage d'Alexandre Iacovleff, Editions Lucien Vogel, 1934). C'est la cas de cette jolie huile sur carton représentant Un torrent à Misgar (lot 870). Pour traverser l'Himalaya, l'expédition est scindée en trois groupes. Le peintre fait partie du groupe I avec l'archéologue Joseph Hackin. A Misgar, ils attendent pendant 15 jours le groupe du Chef Georges-Marie Haardt, qui n'arrive que le 17 août 1931. A cette étape de la Croisière Jaune, le peintre a le temps de réaliser des peintures à l'huile sur chevalet. Après avoir traversé des torrents sur des ponts faits de trois cordes en brindilles de bouleaux tressées (l'une pour les pieds, les deux autres comme rampes pour les mains), Alexandre Iacovleff habite dans ce village, dans des conditions rudimentaires, avec une poignée de montagnards, derniers représentants de la race aryenne. Misgar, c'est aussi le dernier endroits où arrive le fil télégraphique, avant que la chaîne du Karakoram ne se noue aux contreforts de l'Hindou-Kouch dans un chaos rocheux inextricable. Du Portrait de Maurice Penaud (lot 871), réalisé en 1932, dans le Kansou, se dégage la force invincible, la volonté de cet homme hors du commun, prêt à tout affronter. Mais l'artiste est aussi fin psychologue: en dessinant plusieurs silhouettes du fidèle compagnon, le chien Paris, il dévoile aussi la tendresse du personnages. Il faut dire que Maurice Penaud appartient à cette race d'hommes d'avant-guerre, au language fleuri, que rien n'effraye: ni les éboulis rocheux, ni la boue du Fleuve jaune. Passionné de mécanique, il juge l'autochenille, "Une voiture Tous Terrains tout simplement idéale." (Jacques Wolgensinger, L'aventure de la Croisière Noire, Robert Laffont, 2002.). Homme de confiance d'André Citroën et de G.M. Haardt, Chevalier de la Légion d'Honneur, Maurice Penaud est le seul Chef mécanicien à avoir réalisé les trois expéditions Citroën, la Première traversée du Sahara, le Croisière Noire et la Croisière Jaune. Alexandre Iacovleff le représente emmitouflé dans sa veste de mouton, coiffé de son bonnet d'astrakan, ganté de moufles. Ces vêtements sont confectionnés à la hâte par les tailleurs d'Ouroumsti pour permettre aux membres de l'expédition de surmonter les froids de moins 30 degrés de l'hiver chinois. Le berger allemand accompagne l'expédition depuis Paris, ... et porte le même nom! Devenu la mascotte de la Croisière Jaune, ce chien fácétieux ne peut s'empêcher de faire irruption au mariage de Petro à la Légation française de Pékin, et de se coucher aux pieds de l'assistance. (Jacques Wolgensinger, L'aventure de la Croisière Noire, Robert Laffont, 2002) Comment a-t-il trouvé son chemin de l'hôtel à la légation ? Mystère! Le 29 décembre 1931, l'expédition arrive épuisée au couvent de Liang Tchéou après avoir passé cinquante-deux heures sans dormir. Mais grâce aux moteurs qui ont tourné jour et nuit, le désert de Gobi est traversé. Le nouvel an est fêté chez les Pères allemands du Verbe divin. Le Père Volpert, doyen de ces courageux missionnaires lève son verre: "A votre réussite, mes frères européens!". Dans cette oasis chrétienne, où l'on révise les voitures jusqu'au 7 janvier, Alexandre Iacovleff travaille énormément. Intéressé par les différentes physionomies rencontrées dans ce Kansou dévasté par la misère, la famine, l'opium et les bandits, il réalise grand nombre de portraits, dont ce Portrait d'un Chinois (lot 872). Sanguine, fusain et pastel d'un très joli bleu nuit lui confèrent une grande harmonie. Toutefois, dans ce visage marqué par les épreuves, le regard scrute l'artiste et semble dire: "Qu'allons-nous devenir ?". Caroline Haardt de la Baume Caroline Haardt de la Baume, spécialiste de l'oeuvre d'Alexandre Iacovleff, prépare le catalogue raisonné de ce peintre. Elle a publié Alexandre Iacovleff, l'artiste voyageur (Editions Flammarion, Paris, 2000) et contribue par différentes manifestations à le remettre en lumière.
ALEXANDRE IACOVLEFF (SAINT PETERSBOURG 1887-1938 PARIS)

6 planches en couleurs d'après Dessins et peintures d'Afrique, Croquis de route et notes de voyage, Paris, Lucien Vogel, 1927

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ALEXANDRE IACOVLEFF (SAINT PETERSBOURG 1887-1938 PARIS)
6 planches en couleurs d'après Dessins et peintures d'Afrique, Croquis de route et notes de voyage, Paris, Lucien Vogel, 1927
lithographie
six dans le lot (6)
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This lot is offered without reserve.
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A SET OF SIX PRINTS FROM THE BOOK BY LUCIEN VOGEL DATED 1927