HUTTICH, Johann (vers 1480-1544). Imperatorum romanorum libellus. Una cum imaginibus, ad vivam effigiem expressis. Strasbourg: Wolfgang Cephalaeus (Köpfel), 1526.
HUTTICH, Johann (vers 1480-1544). Imperatorum romanorum libellus. Una cum imaginibus, ad vivam effigiem expressis. Strasbourg: Wolfgang Cephalaeus (Köpfel), 1526.

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HUTTICH, Johann (vers 1480-1544). Imperatorum romanorum libellus. Una cum imaginibus, ad vivam effigiem expressis. Strasbourg: Wolfgang Cephalaeus (Köpfel), 1526.

Petit in-8 (165 x 101 mm). Titre imprimé et marque typographique de Cephaleus (Köpfler, Capito) dans un encadrement de quatre bois à thème bachique, 185 portraits d'empereurs de l'Empire romain gravés sur bois dans le texte, une plus grande version de la marque de l'imprimeur au verso du dernier feuillet. (Mouillures dans la marge inférieure du volume, erreurs d'imposition dans les cahiers C, E, F et H, inversant chaque fois les feuillets 2-3 et 6-7, sans manque. Curieusement, 2 feuillets blancs ont été reliés à l'époque entre le cahier A et le cahier B.)

RELIURE PARISIENNE PAR "L'ATELIER à LA FLEUR DE LIS" POUR JEAN GROLIER, VERS 1540: veau fauve, encadrement de multiples filets dorés et à froid rehaussé aux angles de fleurs de lis dorées, champ central orné d'un triple cartouche concentrique dessiné au filet et fers feuillagés, larges rosaces dans les angles, dos à sept nerfs orné de filets et trèfles, au centre du premier plat inscription en lettres dorées : RO. IMPP. IMAGINES, au second plat: GROLIERII ET AMICORUM, garde en tête de peau de vélin, tranches dorées. (Quelques taches et mouillures sur les plats. Restaurations aux angles, aux coiffes et charnières; les fleurs de lis d'angles poussés après restaurations.) Boîte.

PROVENANCE: Jean Grolier (ex-libris doré sur le plat inférieur) -- Jean Colin (ex-libris manuscrit à l'encre sur le contreplat et sur le titre) -- Jacques Dorat (Jacobus Auratus, ex-libris manuscrit à l'encre, daté 1627, sur le recto de la garde de vélin et plusieurs fois répété sur les premiers feuillets blancs) -- Louis Guibert (ex-libris gravé du XIXe siècle au premier contreplat) -- Vente à Paris, 19 mai 1987, lot 73, ill. -- Vente à Paris, 16 septembre 1988, lot 78, ill.

Seconde édition, parue un an après la première imprimée à Strasbourg en 1525. Archéologue et numismate allemand, Huttich se fixa à Strasbourg où il se consacra à l'étude des antiquités. Finement imprimée en caractères italiques, elle contient 263 médaillons, dont 185 à portraits et 78 laissés vides. Ces très beaux portraits d'empereurs et de leurs épouses, gravés en creux et par conséquent blancs sur fond noir, furent copiés pour la plupart des Illustrium imagines de Andrea Fulvio (Mortimer, French, I, 242), lesquelles reproduisaient les pièces et médailles collectionnées par Mazocchi, éditeur de la première édition de ces dessins, à Rome en 1517. Les cinq derniers portraits, contemporains, figurant Frédéric III d'Autriche, son fils Maximilien, Philippe, fils de Maximilien et Marie de Bourgogne, son fils Charles Quint, et Ferdinand, frère de ce dernier, sont d'une taille supérieure, et d'une main différente. Une partie des gravures de l'édition a été attribuée à Hans Weiditz, qui en augmenta le nombre pour la réédition de 1534.

CE TRèS BEL OUVRAGE, L'UN DES PLUS ORIGINAUX DE LA NUMISMATIQUE BIBLIOPHILIQUE, FUT ICI MIS à L'HONNEUR PAR JEAN GROLIER (C. 1489-1565), LE BIBLIOPHILE NUMISMATE LE PLUS ESTIMé DE SON TEMPS, QUI LE FIT RECOUVRIR à PARIS D'UNE TRèS éLéGANTE RELIURE à CARTOUCHE EN ACCOLADES. La collection de monnaies et médailles du trésorier Grolier, considérée comme la plus prestigieuse de France à son époque, fut interceptée in extremis par le roi Charles IX alors qu'elle quittait la France pour l'Italie à la mort de Grolier. Acquise à prix d'or pour les collections royales, elle fut néanmoins dispersée lors des pillages des ligueurs à la fin du XVIe siècle, et sa trace sans doute irrémédiablement perdue.

Exactement contemporaines, reliées vers 1540, et de même format, sont les reliures recouvrant Cicéron, Epistolae ad Atticum, Venise, 1521 (University Library, Edimbourg, cité par Nixon, Grolier, n° 18 et Austin, n° 107-1), Vida, Christiados libri sex, Lyon, 1536 (Paris, Bibliothèque nationale, cité par Austin, n° 535), ou Polybe, Historiarum, Venise, 1541 (voir le lot 41 du présent catalogue), exécutées à l'aide des mêmes fers selon une composition semblable: les cartouches placés les uns dans les autres sont dessinés aux fers en accolade parfois réunis par un fer feuillagé. Cette très élégante composition est mise en valeur ici par un fer singulier poussé dans les angles évoquant une grosse rose, que l'on retrouve utilisé de manière identique sur Saint Grégoire, Orationes novem elegantissimae, Venise, 1536 (Bruxelles, Bibliothèque Royale, H, F.S. IX 33).

Exécutée au début de la décennie 1540, cette composition à cartouches concentriques appartient à la dernière bibliothèque de Jean Grolier constituée à Paris, après 1536, date à laquelle sa deuxième bibliothèque fut dispersée par ordre du Parlement. Pierre Roffet, premier relieur parisien de Grolier est alors mort depuis trois ans (1533). Son matériel est hérité par son fils aîné Etienne, nommé relieur du roi François Ier en 1539, imprimeur de ses Ordonnances sur le faict des monnoyes en 1540, dont les exemplaires, reliés dans son atelier, nous informent exactement sur le matériel de dorure de ce relieur mythique, auteur de somptueuses reliures pour la bibliothèque bellifontaine du roi et pour Jean Grolier. On constatera avec curiosité, en comparant les fers de notre exemplaire avec les fers d'une reliure des Ordonnances exécutée à la même date (Esmerian I, 1972, lot 66) que le fer d'accolade feuillagé du Huttich est une variante très proche du fer utilisé de manière identique sur les reliures officielles des Ordonnances par Etienne Roffet. De même, le petit fleuron répété aux entrenerfs est-il une copie du fleuron frappé au dos des Ordonnances et non le fer de Pierre et Etienne Roffet. La question se pose de savoir si cette reliure proviendrait alors de l'atelier de Jean Picard, lequel est à cette date importateur de l'officine aldine à Paris (de 1540 à 1547) et relieur, et est en relation permanente avec Jean Grolier, ami de François d'Asola et lui-même grand amateur d'éditions aldines, auquel il montre ses comptes mensuellement. Détrônant de nombreuses attributions à Claude de Picques, Jean Picard s'affirme comme l'un des relieurs parisiens principaux de Jean Grolier durant la décennie 1540. En 1547, surendetté envers l'officine, Picard disparaît; il est remplacé l'année même par Gommar Estienne, lequel relie déjà pour le compte de Grolier (de 1537 à 1550). Gommar Estienne sera nommé, à la mort d'Etienne Roffet en 1549, relieur du roi et ce pour dix années jusqu'en 1559, date à laquelle le devient Claude de Picques. Picard et Estienne sont à cette date les deux relieurs principaux de Grolier, mais non les seuls. Anthony Hobson, dans l'étude qu'il consacre aux grands collectionneurs de la Renaissance, cite cette reliure comme l'une des premières acquisitions de Grolier à sa sortie de prison, et l'attribue au relieur non-identifié, dit "à la fleur de lis". Elle doit être rapprochée d'une reliure au décor très proche, le Polybe d'Alde, 1521, de la collection Michel Wittock (voir le lot 41 du présent catalogue), dont elle partage en outre quelques fers. Annie Parent-Charon, "Nouveaux documents sur les relieurs parisiens du XVIe siècle" in Revue française d'histoire du livre, n° 36, 1982, pp. 389 à 408.

Le volume a conservé en tête ses gardes de peau de vélin et papier; seul le vélin du contreplat a survécu en fin de volume.

EDITION: Fairfax-Murray (German, I, 219), Adams (H-1247) et Cicognara (2887) ne citent que l'édition de 1534; Brunet III, 391.
RELIURE CITéE: Hobson/Culot 30; Anthony Hobson, Renaissance book collecting, pp. 58 et 59 (l'exemplaire est cité p. 58, n., p. 224, n° 237 bis); Austin, The library of Jean Grolier: a few additions, in "Festschrift Otto Schäfer", Stuttgart, 1987, 237-1; "Numismatics in the age of Grolier", exposition au Grolier Club, New York, 11 sept. 2001-24 nov. 2001, cat. p. 49; Musea nostra 29.
Further details
Jean Grolier, who was as great a coin and medal collector as he was a biliophile, owned at least two copies of Köpfel's 1526 edition of Huttich's numismatic monograph on Roman emperors, both bound in Paris c.1540 by the so-called Fleur-de-lis Binder. He acquired them at an early stage of forming a third library after his release from prison (following the loss of his Italian library and his first Parisian collection), using his "et amicorum" ownership inscription on the binding, but not yet his motto. The rosette, a common ornament on German gothic and English bindings, here found at the inner corners of both covers, is a rather unusual tool to find on French Renaissance bookbindings.

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