.jpg?w=1)
Intéressante correspondance avec l'auteur des OEillades ciselées en branche.
Hans BELLMER
Details
Hans BELLMER
17 lettres autographes signées à Georges Hugnet.
16 datées du 19 mai 1946 au 22 août 1949; une sans date (vers 1942-1943).
17 lettres formant 24 pp., dont 16 in-4, 7 in-8 et une au format carte postale, de la très fine écriture de Bellmer, aux encres de teintes variées sur des papiers différents; accompagnées de 16 enveloppes. Ensemble réuni en un volume in-4 (282 x 222 mm) et monté entre des feuilles de papier vélin. (Excellent état de conservation avec quelques minimes défauts.) La lettre au format carte postale, datée du 2 décembre 1946, est écrite à l'encre rouge au verso d'une photographie originale de Bellmer reproduisant un de ses plus célèbres dessins, ayant servi à illustrer Histoire de l'oeil de Georges Bataille en 1947 (4ème illustration). Les lettres sont adressées de Castres, Revel, Toulouse ou de Carcassonne, où son ami l'écrivain Joë Bousquet lui avait trouvé un logement de survie; puis, à partir d'avril 1949, de Paris. 7 lettres sont signées de son nom, les autres "Votre H." ou "H.B.".
2 pp. dactylographiées ont été reliées à la fin décrivant sommairement le contenu de chaque lettre. La deuxième lettre, sans date, se situe entre la fin de 1942 et avril 1943.
RELIURE SIGNÉE DE MONIQUE MATHIEU, DATÉE DE 1985.
Pleine vachette vert-beige; décor mosaïqué sur les plats, représentant, au centre du premier, le recto et le verso d'une enveloppe en vachette gris-beige, portant les mots poussés à froid "Lettres de Hans Bellmer à Georges Hugnet", accompagnés au-dessus du chiffre "17" mosaïqué de veau rose chair et de box bleu marine, et au-dessous du sigle des Postes françaises en mosaïques de veau rose chair; sur le recto de l'enveloppe, un "timbre" à la taille réelle en fines mosaïques de diverses teintes; filets à froid se prolongeant vers les angles. Au second plat, reprise du même timbre mosaïqué au centre. Dos lisse muet. Doublures et gardes de daim rose sombre et rose clair. Chemise et étui. (Parfait état de conservation.)
Cette correspondance, en très grande partie inédite, est d'un grand intérêt pour comprendre Bellmer et son oeuvre. Le poète Georges Hugnet (1906-1974), qui signa avec Bellmer l'ouvrage Oeillades ciselées en branche, en 1939, et qui collabora à la traduction de la préface des Jeux de la Poupée, en 1949, fut l'un des plus proches amis de Bellmer.
Les deux hommes se rencontrèrent à Paris au début de l'année 1935 et correspondirent jusqu'en 1949. Dans les présentes lettres, Bellmer parle de sa vie douloureuse, de son manque cruel d'argent; en même temps il parle de ses réalisations en cours, expose ses projets de tableaux et d'illustrations, ainsi que ses conceptions plastiques de l'inconscient. Il évoque aussi ses rencontres et ses relations avec les autres membres du mouvement surréaliste: Eluard, Breton, Duchamp, Ernst, Arp, Parisot, Valançay, Bousquet...
Lettre sans date (fin 1942-printemps 1943) : "(...) je pense seulement avec une certaine frayeur que, au fond, je vous ai terriblement ennuyé avec cette éternelle traduction de la "Jointure à boule". (...) Depuis le départ de Max Ernst, je suis terriblement isolé, sans signe amical aucun (...) Je fais un livre, depuis quelque temps, (...) une espèce de petite anatomie de l'inconscient (physique) texte et dessins. Mais une chose plutôt "sèche", je veux dire à tendance très objective et en évitant au profit de la clarté, les caprices d'ordre verbal. Cela sensuit naturellement des expériences de la Poupée, mais devra donc embrasser tout ce qui a été mis à jour par le Surréalisme. Outillage, dialectique donnés, bien sûr, par Freud, Breton, etc. Mais il y a là une certaine nécessité de faire cette histoire, nécessité même assez passionnante (...) vous avez édité un petit livre (avec vos poèmes ?) avec ornementation typographique par Marcel Duchamp. Pourriez-vous me céder un exemplaire ? (...) Je suis affamé de livres (...) Jarry (sauf les deux Ubus), de Sade, Freud, etc. Ou, si vous aviez en double le "Dictionnaire abrégé du Surréalisme" ou l'"Anthologie poétique du Surréalisme" que vous avez préfacé ? (...)."
19 mai 1946: "(...) Quant à moi, cher ami, cela va assez mal, même très mal, depuis longtemps. Je vous ai parlé, superficiellement, de ces atroces embêtements de la part de mon épouse, qui ont fini par faire de ma vie un enfer où s'usent à une allure terrifiante mes nerfs et mon courage. Je n'ai plus le moindre plaisir de vivre. Ce qui rend l'inévitable solution odieuse, d'avance, c'est que je serai attaqué par tous les moyens, c'est-à-dire le caractère "sadique", "obscène", "pervers", etc. de mes travaux on essayera de le transférer sur le plan de mon caractère (...) Mon divorce (...) sera un spectacle de boue, et un jeu odieux, où l'on pourra me ruiner matériellement, moralement jusqu'à la fin de mes jours. Eluard seul, avec le poids de sa renommée, pourrait, le moment donné, me donner l'appui immense. Mais pourrai-je oser lui en parler ? Qu'en pensez-vous ? (...)."
16 juillet 1949, de Paris: " (...) En pessimiste-mélancolique que je suis depuis mon enfance, je ne trouve rien de mieux à dire que ceci : vous connaissez de très près ma vie actuelle. Elle est rose, en comparaison avec les années d'enfer que j'ai passé à Castres, à Toulouse, à Carcassonne. Elle est rose, vivable, parce que je m'occupe de nouveau à "faire des livres", à alimenter avec plaisir ma petite légende, indispensable au soutien du Moi, ou du "sur-Moi". Espérons qu'elle tienne, car, par ailleurs, depuis un moment déjà, je suis entré dans la période où l'on vieillit inguérissablement, où, dans le jeu de l'affectif, on passe du bourreau au rôle de la victime (...)."
Référence: P. Dourthe Op. cit, sept des dix-sept présentes lettres sont largement citées: les lettres 2, 7, 8, 10, 12, 14 et 16. pp.125-126, 148, 150, 159, 203, 220, 221, 226.
17 lettres autographes signées à Georges Hugnet.
16 datées du 19 mai 1946 au 22 août 1949; une sans date (vers 1942-1943).
17 lettres formant 24 pp., dont 16 in-4, 7 in-8 et une au format carte postale, de la très fine écriture de Bellmer, aux encres de teintes variées sur des papiers différents; accompagnées de 16 enveloppes. Ensemble réuni en un volume in-4 (282 x 222 mm) et monté entre des feuilles de papier vélin. (Excellent état de conservation avec quelques minimes défauts.) La lettre au format carte postale, datée du 2 décembre 1946, est écrite à l'encre rouge au verso d'une photographie originale de Bellmer reproduisant un de ses plus célèbres dessins, ayant servi à illustrer Histoire de l'oeil de Georges Bataille en 1947 (4ème illustration). Les lettres sont adressées de Castres, Revel, Toulouse ou de Carcassonne, où son ami l'écrivain Joë Bousquet lui avait trouvé un logement de survie; puis, à partir d'avril 1949, de Paris. 7 lettres sont signées de son nom, les autres "Votre H." ou "H.B.".
2 pp. dactylographiées ont été reliées à la fin décrivant sommairement le contenu de chaque lettre. La deuxième lettre, sans date, se situe entre la fin de 1942 et avril 1943.
RELIURE SIGNÉE DE MONIQUE MATHIEU, DATÉE DE 1985.
Pleine vachette vert-beige; décor mosaïqué sur les plats, représentant, au centre du premier, le recto et le verso d'une enveloppe en vachette gris-beige, portant les mots poussés à froid "Lettres de Hans Bellmer à Georges Hugnet", accompagnés au-dessus du chiffre "17" mosaïqué de veau rose chair et de box bleu marine, et au-dessous du sigle des Postes françaises en mosaïques de veau rose chair; sur le recto de l'enveloppe, un "timbre" à la taille réelle en fines mosaïques de diverses teintes; filets à froid se prolongeant vers les angles. Au second plat, reprise du même timbre mosaïqué au centre. Dos lisse muet. Doublures et gardes de daim rose sombre et rose clair. Chemise et étui. (Parfait état de conservation.)
Cette correspondance, en très grande partie inédite, est d'un grand intérêt pour comprendre Bellmer et son oeuvre. Le poète Georges Hugnet (1906-1974), qui signa avec Bellmer l'ouvrage Oeillades ciselées en branche, en 1939, et qui collabora à la traduction de la préface des Jeux de la Poupée, en 1949, fut l'un des plus proches amis de Bellmer.
Les deux hommes se rencontrèrent à Paris au début de l'année 1935 et correspondirent jusqu'en 1949. Dans les présentes lettres, Bellmer parle de sa vie douloureuse, de son manque cruel d'argent; en même temps il parle de ses réalisations en cours, expose ses projets de tableaux et d'illustrations, ainsi que ses conceptions plastiques de l'inconscient. Il évoque aussi ses rencontres et ses relations avec les autres membres du mouvement surréaliste: Eluard, Breton, Duchamp, Ernst, Arp, Parisot, Valançay, Bousquet...
Lettre sans date (fin 1942-printemps 1943) : "(...) je pense seulement avec une certaine frayeur que, au fond, je vous ai terriblement ennuyé avec cette éternelle traduction de la "Jointure à boule". (...) Depuis le départ de Max Ernst, je suis terriblement isolé, sans signe amical aucun (...) Je fais un livre, depuis quelque temps, (...) une espèce de petite anatomie de l'inconscient (physique) texte et dessins. Mais une chose plutôt "sèche", je veux dire à tendance très objective et en évitant au profit de la clarté, les caprices d'ordre verbal. Cela sensuit naturellement des expériences de la Poupée, mais devra donc embrasser tout ce qui a été mis à jour par le Surréalisme. Outillage, dialectique donnés, bien sûr, par Freud, Breton, etc. Mais il y a là une certaine nécessité de faire cette histoire, nécessité même assez passionnante (...) vous avez édité un petit livre (avec vos poèmes ?) avec ornementation typographique par Marcel Duchamp. Pourriez-vous me céder un exemplaire ? (...) Je suis affamé de livres (...) Jarry (sauf les deux Ubus), de Sade, Freud, etc. Ou, si vous aviez en double le "Dictionnaire abrégé du Surréalisme" ou l'"Anthologie poétique du Surréalisme" que vous avez préfacé ? (...)."
19 mai 1946: "(...) Quant à moi, cher ami, cela va assez mal, même très mal, depuis longtemps. Je vous ai parlé, superficiellement, de ces atroces embêtements de la part de mon épouse, qui ont fini par faire de ma vie un enfer où s'usent à une allure terrifiante mes nerfs et mon courage. Je n'ai plus le moindre plaisir de vivre. Ce qui rend l'inévitable solution odieuse, d'avance, c'est que je serai attaqué par tous les moyens, c'est-à-dire le caractère "sadique", "obscène", "pervers", etc. de mes travaux on essayera de le transférer sur le plan de mon caractère (...) Mon divorce (...) sera un spectacle de boue, et un jeu odieux, où l'on pourra me ruiner matériellement, moralement jusqu'à la fin de mes jours. Eluard seul, avec le poids de sa renommée, pourrait, le moment donné, me donner l'appui immense. Mais pourrai-je oser lui en parler ? Qu'en pensez-vous ? (...)."
16 juillet 1949, de Paris: " (...) En pessimiste-mélancolique que je suis depuis mon enfance, je ne trouve rien de mieux à dire que ceci : vous connaissez de très près ma vie actuelle. Elle est rose, en comparaison avec les années d'enfer que j'ai passé à Castres, à Toulouse, à Carcassonne. Elle est rose, vivable, parce que je m'occupe de nouveau à "faire des livres", à alimenter avec plaisir ma petite légende, indispensable au soutien du Moi, ou du "sur-Moi". Espérons qu'elle tienne, car, par ailleurs, depuis un moment déjà, je suis entré dans la période où l'on vieillit inguérissablement, où, dans le jeu de l'affectif, on passe du bourreau au rôle de la victime (...)."
Référence: P. Dourthe Op. cit, sept des dix-sept présentes lettres sont largement citées: les lettres 2, 7, 8, 10, 12, 14 et 16. pp.125-126, 148, 150, 159, 203, 220, 221, 226.
Further details
Revealing and largely unpublished correspondence of 17 autograph letters signed by Hans Bellmer to the poet, Georges Hugnet, his collaborator on Oeillades ciselées en branches (1939). It covers the years 1942-1949 and discusses in considerable detail Bellmer's private affairs, his relations with the other Surrealists, as well as his artistic and literary projects. One letter is written on the verso of a postcard-size photograph of a famous erotic drawing by Bellmer from George Bataille's Histoire de l'oeil (1947). The letters are mounted into an album, with their stamped envelopes. Fine mosaic binding by Monique Mathieu dated 1985, incorporating postal devices.