PLAT CIRCULAIRE DU XVIIEME SIECLE
L'ART DE LA NACRE GUJARAT Les coquillages exotiques figuraient parmi les objets les plus convoîtés aux XVIème et XVIIème siècle par les collectionneurs de Curiosa, pour qui la nacre aux reflets irrisés évoquait un monde lointain, celui des Indes et de l'Océan Pacifique. Résumés de l'Univers, les Kunstkammern comprenaient aussi bien des exotica, éléments naturels aussi étranges que les oeufs d'autruche, les noix de coco, les coraux ou les minéraux que des arteficiala, les oeuvres créées par les artisans des cours de la Renaissance et de l'âge Baroque. Seuls quelques collectionneurs pouvaient s'offrir ces trésors enrichis de montures exécutées par les plus grands orfèvres et bijoutiers de leur temps. Ces objets luxueux en nacre, ornés de précieuses montures d'or et d'argent, à la fois merveilles de la nature et témoignages du savoir-faire humain se devaient de figurer dans les plus prestigieuses collections. Etant donné leur assemblage piqué de petits clous qui les rend impropres à l'usage, nos objets étaient vraisemblablement des pièces d'apparat conservées au sein de Kunstkammern et exposées lors de grands banquets. Avec leur dessin particulier - probablement représentant une fleur de lotus stylisée ou une feuille - ces bassins et cette bouteille sont caractéristiques de la production de Gujarat sur la côte ouest de l'Inde qui remonte au début du XVIème siècle. Leur exportation vers l'Europe démarra dès le second quart du XVIème siècle, comme le montrent un bassin et une aiguière conservés à Dresde. En effet, ces deux pièces sont très précisément datées: elles comportent des montures en argent exécutées par un orfèvre de Nuremberg vers 1530-40 (D. Syndram, Das Grüne Gewölbe zu Dresden, Münich, 1997, p.76). Toutefois, il faut attendre le développement du commerce indo-portugais à la fin du XVIème et au début du XVIIème siècle pour que ces objets en nacre arrivent en plus grand nombre en Europe. On en retrouve dans l'inventaire du château d'Ambras de Ferdinand II dressé en 1596 et dans celui de l'empereur Matthias en 1619, qui mentionne un bassin très proche des trois que nous proposons en vente (Exotica: Portugals Entdeckungen im Spiegel fürstlicher Kunst- und Wunderkammern der Renaissance, catalogue d'exposition, Vienne, 2000, n. 70). Parmi les rares pièces de Gujarat qui peuvent être datées précisement, citons un bassin avec des montures de vermeil portant des poinçons de Londres de 1621-22 (A. Jaffer, Luxury Goods from India: The Art of the Indian Cabinet-Maker, Londres, 2002, n. 13). Un autre du XVIIème siècle dont la monture date cependant du XIXème siècle est passée en vente, collection Rotschild et Rosebery, Mentmore, Sotheby's Londres, le 11 février 1999, lot 51. Parmi ceux connus aujourd'hui, rares sont les plats similaires aux nôtres tant par le dessin que par la qualité d'exécution. Et tous sont de plus petite taille. Les dimensions, le raffinement du dessin et l'extrême attention portée à l'exécution sont autant de critères de rareté et d'exception à la faveur des merveilleuses pièces que nous présentons aujourd'hui.
PLAT CIRCULAIRE DU XVIIEME SIECLE

TRAVAIL DU GUJARAT, INDE

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PLAT CIRCULAIRE DU XVIIEME SIECLE
TRAVAIL DU GUJARAT, INDE
En nacre, pierres simulant des rubis, le revers gainé de velours rouge inscrit IHS surmonté d'une croix
Diamètre: 41 cm. (16 in.)
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A CIRCULAR MOTHER-OF-PEARL DISH, GUJARAT, 17TH CENTURY

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