Details
SADE Donatien Alphonse François, marquis de (1740-1814). Lettre autographe à Melle de Rousset. Non datée (Vincennes, mai 1782).
3 pages petit in-4 (200 x 157 mm.) à l'encre brune, avec adresse autographe "A Mademoiselle de Rousset ou Dieu l'a mis".
LETTRE TRÈS LIBERTINE ET ENJOUÉE, ADRESSÉE DE PRISON À LA GOUVERNANTE DU CHÂTEAU DE LA COSTE, AVEC UN POÈME ÉROTIQUE COMPOSÉ DE 9 TERCETS.
Il s'apprêtait à écrire à son amie lorsqu'un maudit carillon a commencé un sabbat d'enfer ce qui l'a conduit par vengeance à répondre dans le même esprit, "et j'ai dit :
De plaisir, de jouir
il faut donc vous désaisir
mon ame, mon ame,
____
Capucin, capucin
rencontre au moins une main
qui branle - qui branle ()
____
Mais ici - quel souci
pour tout bien j'ai dieu merci
la mienne, la mienne
____
Venés donc - venés donc
soulager par votre c
ma peine, ma peine ()
____
D'humeur badine, Sade se moque de la Présidente de Montreuil, sa belle-mère, puis demande à "Mamselle" Rousset de lui envoyer de bons petits pois de Provence, avant de clore sa lettre sur des propos nettement plus audacieux :
"Adieu bel ange, pensés quelque fois à moi, quand vous êtes entre deux draps, les cuisses ouvertes, et la main droite occupée à chercher vos puces. Souvenés vous que dans ce cas là il faut que l'autre agisse aussi, sans cela on n'a que la moitié du plaisir (...).".
Marie-Dorothée de Rousset (1744-1784), fille du notaire de la famille de Sade, était liée à Madame de Sade qui l'avait fait venir à La Coste où elle jouait le rôle de gouvernante. D.A.F. de Sade s'entendit fort bien avec la jeune fille et go{ta avec elle, selon ses propres termes, "tous les charmes du sentiment de pure amitié". Lorsque le marquis fut incarcéré à Vincennes en 1777 sur demande de Madame de Montreuil, Mademoiselle de Rousset rejoignit Madame de Sade à Paris en novembre 1778. Assistant la marquise, elle tâchait aussi de soutenir moralement le prisonnier par ses lettres enjouées qu'il appréciait beaucoup. Mademoiselle de Rousset était une provençale qui aimait s'exprimer dans sa langue et Sade qui admirait ses talents littéraires, tâchait de lui donner maladroitement la réplique, ce dont elle le moquait. En 1779, sans doute pour tromper l'ennui de l'incarcération, Le marquis se mit à traduire en français, avec Melle de Rousset, une célèbre chanson provençale "Lou Beou Tircis" dont le rythme est celui d'une ritournelle. Peut-être le marquis s'en est-il malicieusement inspiré pour composer cette gaillardise rimée qui n'était pas pour effaroucher "Milli" de Rousset. Il la surnommait amicalement "La Sainte", "Milli Printemps" ou "Fanny" ; de son côté, elle lui donnait du "monsieur le fagot d'épines". Ces plaisanteries n'excluaient pas des échanges plus sérieux et l'on conserve du marquis de Sade deux importantes lettres envoyées à Melle de Rousset : en janvier 1782 une célèbre lettre d'étrennes, qui est une longue imprécation à caractère philosophique sur la morale et la science "O homme est-ce à toi qu'il appartient de prononcer sur ce qui est bien ou sur ce qui est mal Je te pardonnerai d'être moraliste quand tu seras meilleur physicien Une seconde superbe lettre du 17 avril 1782, commençait par ces mots "L'aigle, mademoiselle" formule qui fut reprise par Gilbert Lély comme titre d'un volume de manuscrits et lettres inédits publiés en 1949, rendant hommage à la fois au divin marquis et à la touchante personnalité de cette correspondante qui mourut jeune, à quarante ans, ayant veillé jusqu'au bout sur le domaine de La Coste, les papiers et la bibliothèque de son cher de Sade auquel elle avait écrit un jour en plaisantant "mouoré de te pas veïré"
Cette lettre a été publiée dans Lettres choisies du Marquis de Sade, chez J.J. Pauvert, en 1963 (lettre n012, pp. 149-153).
Georges Daumas et Gilbert Lely, Lettres et mélanges littéraires écrits à Vincennes et à la Bastille, avec des lettres de Madame de Sade, de Marie-Dorothée de Rousset et de diverses personnes. Recueil inédit publié sur les manuscrits autographes de l'Arsenal, par. Editions Borderie,1980. 3 vol.
Provenance : Vente Drouot 30 juin 1987.
3 pages petit in-4 (200 x 157 mm.) à l'encre brune, avec adresse autographe "A Mademoiselle de Rousset ou Dieu l'a mis".
LETTRE TRÈS LIBERTINE ET ENJOUÉE, ADRESSÉE DE PRISON À LA GOUVERNANTE DU CHÂTEAU DE LA COSTE, AVEC UN POÈME ÉROTIQUE COMPOSÉ DE 9 TERCETS.
Il s'apprêtait à écrire à son amie lorsqu'un maudit carillon a commencé un sabbat d'enfer ce qui l'a conduit par vengeance à répondre dans le même esprit, "et j'ai dit :
De plaisir, de jouir
il faut donc vous désaisir
mon ame, mon ame,
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Capucin, capucin
rencontre au moins une main
qui branle - qui branle ()
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Mais ici - quel souci
pour tout bien j'ai dieu merci
la mienne, la mienne
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Venés donc - venés donc
soulager par votre c
ma peine, ma peine ()
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D'humeur badine, Sade se moque de la Présidente de Montreuil, sa belle-mère, puis demande à "Mamselle" Rousset de lui envoyer de bons petits pois de Provence, avant de clore sa lettre sur des propos nettement plus audacieux :
"Adieu bel ange, pensés quelque fois à moi, quand vous êtes entre deux draps, les cuisses ouvertes, et la main droite occupée à chercher vos puces. Souvenés vous que dans ce cas là il faut que l'autre agisse aussi, sans cela on n'a que la moitié du plaisir (...).".
Marie-Dorothée de Rousset (1744-1784), fille du notaire de la famille de Sade, était liée à Madame de Sade qui l'avait fait venir à La Coste où elle jouait le rôle de gouvernante. D.A.F. de Sade s'entendit fort bien avec la jeune fille et go{ta avec elle, selon ses propres termes, "tous les charmes du sentiment de pure amitié". Lorsque le marquis fut incarcéré à Vincennes en 1777 sur demande de Madame de Montreuil, Mademoiselle de Rousset rejoignit Madame de Sade à Paris en novembre 1778. Assistant la marquise, elle tâchait aussi de soutenir moralement le prisonnier par ses lettres enjouées qu'il appréciait beaucoup. Mademoiselle de Rousset était une provençale qui aimait s'exprimer dans sa langue et Sade qui admirait ses talents littéraires, tâchait de lui donner maladroitement la réplique, ce dont elle le moquait. En 1779, sans doute pour tromper l'ennui de l'incarcération, Le marquis se mit à traduire en français, avec Melle de Rousset, une célèbre chanson provençale "Lou Beou Tircis" dont le rythme est celui d'une ritournelle. Peut-être le marquis s'en est-il malicieusement inspiré pour composer cette gaillardise rimée qui n'était pas pour effaroucher "Milli" de Rousset. Il la surnommait amicalement "La Sainte", "Milli Printemps" ou "Fanny" ; de son côté, elle lui donnait du "monsieur le fagot d'épines". Ces plaisanteries n'excluaient pas des échanges plus sérieux et l'on conserve du marquis de Sade deux importantes lettres envoyées à Melle de Rousset : en janvier 1782 une célèbre lettre d'étrennes, qui est une longue imprécation à caractère philosophique sur la morale et la science "O homme est-ce à toi qu'il appartient de prononcer sur ce qui est bien ou sur ce qui est mal Je te pardonnerai d'être moraliste quand tu seras meilleur physicien Une seconde superbe lettre du 17 avril 1782, commençait par ces mots "L'aigle, mademoiselle" formule qui fut reprise par Gilbert Lély comme titre d'un volume de manuscrits et lettres inédits publiés en 1949, rendant hommage à la fois au divin marquis et à la touchante personnalité de cette correspondante qui mourut jeune, à quarante ans, ayant veillé jusqu'au bout sur le domaine de La Coste, les papiers et la bibliothèque de son cher de Sade auquel elle avait écrit un jour en plaisantant "mouoré de te pas veïré"
Cette lettre a été publiée dans Lettres choisies du Marquis de Sade, chez J.J. Pauvert, en 1963 (lettre n012, pp. 149-153).
Georges Daumas et Gilbert Lely, Lettres et mélanges littéraires écrits à Vincennes et à la Bastille, avec des lettres de Madame de Sade, de Marie-Dorothée de Rousset et de diverses personnes. Recueil inédit publié sur les manuscrits autographes de l'Arsenal, par. Editions Borderie,1980. 3 vol.
Provenance : Vente Drouot 30 juin 1987.
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Post lot text
Fine libertine autograph letter signed by the Marquis de Sade to Mlle de Rousset, friend of Mme de Sade and governess at La Coste castle. Written from the solitariness of Vincennes prison, the letter incorporates a charming erotic pome in tercets.