" f " : In addition to the regular Buyer’s premium… Read more
SADE, Donatien Alphonse François, marquis de (1740-1814). Lettre autographe signée, "à un cher citoyen". Non datée (Charenton, début 1808).

Details
SADE, Donatien Alphonse François, marquis de (1740-1814). Lettre autographe signée, "à un cher citoyen". Non datée (Charenton, début 1808).

2 pages petit in-4 (198 x 156 mm) à l'encre brune (quelques mots d'une autre main, à moitié effacés, dans l'angle inférieur gauche au verso).

VÉHÉMENTE LETTRE ÉCRITE DE L'HOSPICE DE CHARENTON, où Sade se défend de l'injuste accusation d'être responsable de l'émigration de ses enfants au moment de la Révolution, "un échafaudage de calomnies".

"[...] Le certificat des citoyens de la Charité de Charenton qui atteste que j'ai été détenu chez eux jusqu'au 3 avril 1790; et à cette époque les enfants dont il s'agit étaient déjà partis [...] Je suis séparé de corps et de bien avec ma femme depuis 18 ans, il y en a 22 que je n'ai vu mes enfants, il y a en a 22 que ma femme en est seule et spécialement chargée, je ne les ai moi, jamais ni vus ni connus que dans leur tendre enfance. Depuis 18 ans je n'habite ni avec ma femme ni avec mes enfans ni avec les parens de ma femme ; depuis la révolution, jettés moi par sistème et par reconnaissance dans le plus haut degré du patriotisme. Je n'ai pu ni n'ai du avoir aucune sorte de liaison avec de pareils gens, que diable me cherche-t-on donc sur ce fait. Il est inexplicable que l'on veuille me composer des torts sur cet objet, et il n'y a que la méchanceté ou la plus mauvaise volonté qui puisse soutenir cet échafaudage de calomnies contre moi, la plus légère atention suffit pour convaincre de mon innocence même le plus entêté [...].
GAUFFRIDI se cache et ne peut rien pour moi, LIONS est détenu je n'ai donc plus absolument que vous et je suis perdu si vous m'abandonnés. Je vous recommande toujours les débris de ma pauvre famille, à défaut des facultés humaines soyez bien sûr que le ciel vous récompensera de ce que vous faites dans ce moment ci [...]".

La lettre n'est pas datée mais les précisions que donne Sade "je suis séparé de corps et de bien avec ma femme depuis 18 ans" (la séparation fut effective en 1790) permet d'avancer cette date. La lettre est donc écrite de l'asile de Charenton car depuis le 27 avril 1803, le marquis de Sade avait de nouveau été arrêté, pour deux de ses écrits: La nouvelle Justine et Les Crimes de l'amour, ayant été surpris par la police chez son imprimeur lors d'une perquisition.
Il semble ici qu'une nouvelle accusation, totalement fausse, plane au-dessus de sa tête, celle d'avoir encouragé ses enfants à émigrer au moment de la Révolution.

Déjà le marquis avait dû se défendre d'avoir lui-même émigré. En effet, sans doute à la suite d'une malveillance, le nom de Sade avait été à deux reprises inscrit à tort sur la liste des émigrés du département des Bouches du Rhône puis du Vaucluse. Le marquis avait de quoi s'indigner puisqu'il avait été, dès sa libération par la Constituante en 1790, l'un des membres les plus actifs de la célèbre "section des piques" furieusement anti-royaliste. Un décret datant de 1797 vint sans doute remettre au jour cette question puisque ce décret stipulait que les noms des nobles ne pouvaient être supprimés de la liste des émigrés et que leurs biens pouvaient toujours être saisis et confisqués. En outre il était précisé que les parents étaient tenus pour responsables de l'émigration de leurs enfants. Or on sait que les deux fils de Sade, tous deux militaires, émigrèrent au moment de la révolution, désertant leur garnison, qui entraîna un désaveu public de leur père. Dans cette lettre Sade s'efforce de démonter point par point "cet échafaudage de calomnies" à la fois en faisant valoir son patriotisme et en démontrant qu'il n'avait plus aucun lien, "depuis 22 ans" avec ses enfants, d'ailleurs majeurs au moment des faits. Au passage il a des mots très durs pour sa belle famille "je n'ai pu ni n'ai dû avoir aucune sorte de liaison avec de pareils gens".
Face à cet acharnement, le marquis balance entre la combativité, l'incompréhension et le désespoir. Il se démène pour fournir des attestations indiquant qu'il était détenu au moment de l'émigration de ses enfants, mais il garde précieusement sa carte civique: "je persiste à vous répondre qu'aucun citoyen ne peut se défaire de sa Carte Civique". La lettre se termine par un pathétique appel à l'aide. Une nouvelle époque s'est ouverte: Sade est désormais définitivement classé comme ennemi de la société et ce ne sont plus des personnes qui vont décider de son sort mais une administration paperassière au service des nouveaux cerbères de la morale.
Special notice
" f " : In addition to the regular Buyer’s premium, a commission of 7% (i.e. 7.49% inclusive of VAT for books, 8.372% inclusive of VAT for the other lots) of the hammer price will be charged to the buyer. It will be refunded to the Buyer upon proof of export of the lot outside the European Union within the legal time limit.(Please refer to section VAT refunds)
Further details
Important autograph letter signed, written from Charenton hospice, at the beginning of 1808 (undated), to an unidentified correspondent addressed as "cher citoyen", concerning Sade's desperate family circumstances and financial situation.

More from Bibliothèque Erotique Gérard Nordmann-Première Partie

View All
View All