Lot Essay
Deux jeunes femmes sont étendues sur le sol, enveloppées par une épaisse fumée lourde et brûlante, dans une atmosphère encore électrisée par l'action violente qui vient de s'y dérouler.
Cette étude préparatoire pour l'Incendie (National Gallery of Ireland, Dublin) est tirée d'un fait divers marquant de la conquête de l'Algérie : le massacre de Nekmaria précédant la prise de Laghouat. En 1852, les Ouled Riah fuient devant l'armée française jusqu'à la grotte de Nekmaria, où ils sont volontairement enfumés.
En juin 1853, un lieutenant de l'armée française rapporte cette histoire à Fromentin. Six mois après celui-ci se rend sur les lieux du massacre. La ville de Laghouat porte toujours les stigmates du carnage. Il réalise ensuite la série de l'Incendie, faisant appel à ses souvenirs et à ses notes de voyage. Ainsi, dans cette étude, il se réapproprie l'histoire de Fatma et M'riem, deux jeunes femmes gisant sur le sol de Laghouat. Fromentin ajoute sa touche personnelle en réalisant une synthèse entre le témoignage de l'expérience vécue et le récit sublimé de l'auditeur extérieur. Ce sont la portée et la valeur tragique du fait-divers qui intéressent Fromentin, l'émotion qu'il suscite.
Suivant la mode et l'influence des peintres orientalistes qu'il fréquente, Eugène Fromentin effectue son premier voyage en Algérie en 1846. La lumière vive qu'il y découvre lui inspire des oeuvres aux couleurs éclatantes. Il connaît rapidement le succès avec ses scènes orientalistes. Mais on retrouve ici un sujet oriental plus dramatique, d'une grande sobriété, avec une composition simple et équilibrée héritée de sa formation néoclassique, qui révèle sa volonté d'être un véritable "peintre d'histoire".
Fromentin a réussi le difficile mariage entre la scène de massacre dans sa brutalité et le raffinement des nus féminins dans leur traitement classique. En poète de la beauté féminine, il dépasse le stade de la mort violente pour y conserver l'essence de la féminité, l'élégance des suppliciées. Contrairement à l'esquisse de Dublin, où les deux Ouled-Naîl sont enlacées, on les voit ici l'une à côté de l'autre. Bien que le tableau final n'ait jamais vu le jour et malgré l'aspect tragique de la scène, ces esquisses restent néanmoins les représentations les plus sensuelles de toute l'oeuvre du peintre.
Un dessin préparatoire est passé en vente publique à Rennes (Bretagne enchères, 8 novembre 2005, lot 14).
Cette étude préparatoire pour l'Incendie (National Gallery of Ireland, Dublin) est tirée d'un fait divers marquant de la conquête de l'Algérie : le massacre de Nekmaria précédant la prise de Laghouat. En 1852, les Ouled Riah fuient devant l'armée française jusqu'à la grotte de Nekmaria, où ils sont volontairement enfumés.
En juin 1853, un lieutenant de l'armée française rapporte cette histoire à Fromentin. Six mois après celui-ci se rend sur les lieux du massacre. La ville de Laghouat porte toujours les stigmates du carnage. Il réalise ensuite la série de l'Incendie, faisant appel à ses souvenirs et à ses notes de voyage. Ainsi, dans cette étude, il se réapproprie l'histoire de Fatma et M'riem, deux jeunes femmes gisant sur le sol de Laghouat. Fromentin ajoute sa touche personnelle en réalisant une synthèse entre le témoignage de l'expérience vécue et le récit sublimé de l'auditeur extérieur. Ce sont la portée et la valeur tragique du fait-divers qui intéressent Fromentin, l'émotion qu'il suscite.
Suivant la mode et l'influence des peintres orientalistes qu'il fréquente, Eugène Fromentin effectue son premier voyage en Algérie en 1846. La lumière vive qu'il y découvre lui inspire des oeuvres aux couleurs éclatantes. Il connaît rapidement le succès avec ses scènes orientalistes. Mais on retrouve ici un sujet oriental plus dramatique, d'une grande sobriété, avec une composition simple et équilibrée héritée de sa formation néoclassique, qui révèle sa volonté d'être un véritable "peintre d'histoire".
Fromentin a réussi le difficile mariage entre la scène de massacre dans sa brutalité et le raffinement des nus féminins dans leur traitement classique. En poète de la beauté féminine, il dépasse le stade de la mort violente pour y conserver l'essence de la féminité, l'élégance des suppliciées. Contrairement à l'esquisse de Dublin, où les deux Ouled-Naîl sont enlacées, on les voit ici l'une à côté de l'autre. Bien que le tableau final n'ait jamais vu le jour et malgré l'aspect tragique de la scène, ces esquisses restent néanmoins les représentations les plus sensuelles de toute l'oeuvre du peintre.
Un dessin préparatoire est passé en vente publique à Rennes (Bretagne enchères, 8 novembre 2005, lot 14).