PAIRE DE GIRANDOLES D'EPOQUE LOUIS XVI
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PAIRE DE GIRANDOLES D'EPOQUE LOUIS XVI

細節
PAIRE DE GIRANDOLES D'EPOQUE LOUIS XVI
En granit gris et bronze ciselé et doré, à quatre lumìères, le vase orné de chaînes perlées, surmonté de volutes de feuillage soutenant les bobèches autour d'une hampe sommée d'un ananas, sur un piédouche mouluré reposant sur un socle carré à décor de brettés, anciennement percées pour l'électricité
Hauteur: 84,5 cm. (33¼ in.), Diamètre: 38 cm. (15 in.) (2)
來源
Collection Laurent Grimod de la Reynière, son hôtel rue Boissy d'Anglas, salon de Madame.
Vente après décès du précédent, Paris, le 7 septembre 1797, lot 142.
Probablement chez le marchand Lerouge, 1815-1818
Collection Voguë, Paris, 1877, rue Fabert.
Christie's Monaco, le 19 juin 1999, lot 82 (FF. 2.700.000), acquis par l'actuel propriétaire.
注意事項
No VAT will be charged on the hammer price, but VAT payable at 19.6% (5.5% for books) will be added to the buyer’s premium which is invoiced on a VAT inclusive basis
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A PAIR OF LOUIS XVI ORMOLU-MOUNTED GREY GRANITE FOUR-LIGHT CANDELABRAS

拍品專文

L'HOTEL GRIMOD

L'hôtel Grimod de La Reynière se situait à Paris, à l'angle de l'avenue Gabriel et de la rue Boissy d'Anglas -qui s'appelait alors rue de la Bonne-Morue-. Il avait été construit en 1775 par l'architecte Jean-Benoît-Vincent Barré (1732-1824) pour Laurent Grimod de La Reynière, sur un terrain naguère occupé par un dépôt des marbres des Bâtiments du Roi et dont le commanditaire avait obtenu la concession en septembre 1769. Barré est considéré comme l'un des créateurs du style Louis XVI en architecture. Il débute dans le cabinet d'Antoine Matthieu Le Carpentier, qui lui transmet une partie de sa clientèle. Il travaille pour les commanditaires les plus fortunés et les plus importants, à l'image de Jean-Joseph de Laborde, du maréchal de Contades ou encore de Jean Le Maître de La Martinière (pour lequel il construit son oeuvre la plus connue, le château du Marais en 1772-1779). L'extérieur de l'hôtel nous est connu notamment par une toile de Pierre Antoine Demachy et de son atelier, passée en vente chez Christie's, Paris, 22 juin 2005, lot 82.

La distribution des appartements de l'hôtel Grimod de La Reynière est connue par un relevé de l'architecte Kamsetzer conservé à Cracovie. Ces documents essentiels et passionnants ont été publiés par Louis Réau, La décoration de l'Hôtel Grimod de la Reynière daprès les dessins de l'architecte polonais Kamsetzer, in Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français, Paris, 1937, p. 7-17. Le grand salon et les chambres de parade donnaient sur un jardin anglais s'étendant entre la façade sud et les jardins des Champs-Élysées. La salle à manger se trouvait dans l'aile ouest, entre deux cours et un petit jardin intérieur. Elle était de forme ovale et chauffée par quatre poêles. Deux fontaines étaient disposées dans une galerie entre la cuisine et le buffet. On y accédait par un salon de billard et un vestibule octogonal. De l'autre côté de la cour d'honneur, la galerie de tableaux et la bibliothèque donnaient sur la rue de la Bonne-Morue.
Dans cet hôtel, les peintres Charles-Louis Clérisseau (1721-1820) et Étienne de La Vallée Poussin exécutèrent le premier décor à l'antique inspiré des découvertes archéologiques faites à Pompéi et Herculanum. Ce décor a été vendu vers 1850 et se trouve en partie au Victoria & Albert Museum à Londres.

Au XIXe siècle, l'hôtel abrita le Cercle impérial, puis le Cercle de l'Union artistique. Défiguré par des adjonctions successives, il a été rasé en 1932 et remplacé par un pastiche de style néo-classique édifié entre 1931 et 1933 par les architectes William Delano et Victor Laloux pour abriter l'ambassade des États-Unis.

Amie d'enfance de Maria Feodorovna, la baronne d'Oberkirch (1754-1803) l'accueille ainsi que son mari -le futur tsar Paul Ier- en France en 1783. Dans ses mémoires, elle nous livre la visite de l'hôtel Grimod. Elle écrit : "On ne peut se figurer sans les avoir vus ce que sont ces appartements. Quelle recherche ! quelle coquetterie ! Les cabinets de toute sorte, les niches, les draperies, les porcelaines, enfin une véritable curiosité. Nous y restâmes deux heures et nous n'en avons pas vu la moitié" (Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789, Paris, 1989, p. 288).

LAURENT GRIMOD DE LA REYNIERE

Laurent Grimod de La Reynière (1733-1793)- fut, comme son père Antoine Gaspard, fermier général. Cette position, l'une des plus enviables de l'Ancien-Régime, lui donna une situation financière des plus confortables.

Les fermiers généraux étaient les financiers qui tenaient à ferme -ou à bail- un certain nombre d'impôts et de taxes, à l'exemple de la taille et de la gabelle. On qualifierait aujourd'hui le principe de la Ferme d'externalisation ou de sous traitance de la fiscalité ; ceci présentait l'avantage de procurer au Trésor des recettes prévisibles et régulières, tout en le débarrassant des soucis de la perception. En effet, les fermiers s'engageaient à verser au Trésor la somme stipulée au bail, à charge pour eux de percevoir la recette correspondante et de se rémunérer sur les excédents éventuels.
Parfois d'origine obscure, les financiers qui prirent ces droits à ferme réalisèrent souvent rapidement des fortunes immenses qui leur permirent de jouer un rôle politique et social considérable. Parmi les fermiers généraux les plus brillants, on retiendra les Crozat ou les frères Paris. Leur avidité et leurs excès choquèrent l'opinion et furent tournés en ridicule par la littérature, par exemple par Alain-René Lesage dans Turcaret. Dépeints comme des rapaces et des tyrans, les fermiers généraux payèrent le prix de leur fortunes sur l'échafaud : 28 anciens fermiers généraux furent guillotinés le 8 mai 1794, parmi lesquels des hommes de très grande valeur comme le chimiste Antoine Laurent de Lavoisier.

Quand il mourut (en 1791 ou 1793), il légua l'hôtel à sa femme et à son fils Alexandre-Balthazar. Ce dernier était un gastronome réputé doté d'une personnalité excentrique.

La première mention des présentes girandoles se trouve dans l'inventaire après décès de Gaspard Laurent Grimod de la Reynière. En 1796, dans le salon de compagnie de son épouse, elles sont localisées sur la cheminée :
"Une paire de girandoles composée de forts vases en granit gris des Vosges ajusté de () branchages d'arabesques et portant trois bobèches et une quatrième sur un ananas, le tout aussi en cuivre ciselé et doré 360 livres"

Le 7 septembre 1797, la collection de Grimod de la Reyniere est mise en vente. Sous le numéro 142, on trouve les présentes girandoles :
"une paire de girandoles de cheminée, à trois branches de genre arabesque, avec tiges et feuilles d'ananas dans le haut ; le tout en cuivre ciselé et doré au mat : elles sont ajustées dans des vases de granit gris des Vosges, formés d'oeufs tronqués, à colets et piédouches haut 30 pouc. "

Elles sont alors rachetées par Madame Grimod de la Reynière, nièce de Monseigneur de Jarente, nièce du très influent évêque d'Orléans. A son décès en 1815, les girandoles sont toujours mentionnées dans le même salon, sous le numéro 143 de l'inventaire : "deux vases en granit garnis d'ornement de cuivre et en forme de girandoles à trois lumières 240 francs".

Elles furent vendues le 19 Juin 1815 et peut-être achetées par le marchand Lerouge où le 27 avril 1818 figuraient sous le numéro 94 "deux vases en granit gris des Vosges, portant des girandoles à trois branches, et couronnée par un anana, très riche ciselure et finement dorés". Ils furent achetés à cette vente par le marchand Jamard. Ce dernier les revendit peut-être ultérieurement à Monsieur de Vogüé. En 1877, dans l'inventaire après décès de Léonce Melchior de Vogüé apparaît sous le numéro 27 "Une garniture de trois pièces en granit gris montée en bronze prise douze cents francs".

LEONCE DE VOGüE

Léonce Louis Melchior (1805-1877), marquis de Vogüé, se destine d'abord à la carrière militaire. Entré à seize ans au Corps des Pages du Roi à Versailles, il participe à la campagne de Catalogne de 1823 et à l'expédition d'Alger de 1830 avant de quitter l'armée après la Révolution de Juillet par fidélité aux Bourbons.

Sa collection fut constituée à partir de plusieurs héritages familiaux et complétée par quelques achats. Par son mariage en 1826 avec Henriette Marie Marguerite de Machault d'Arnouville (1808-1864), il récupère une partie importante des collections de son arrière grand père Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville (1701-1794), Garde des Sceaux et Contrôleur Général des Finances dez Louis XV.

Parallèlement à ses activités d'agronome et d'industriel, il mène une carrière politique, en particulier dans le Cher (voir en particulier Fabrice Cardon, Léonce Louis Melchior marquis de Vogüé, agronome, industriel et député (1805-1877), mémoire de maîtrise, Université de Tours, 1996).

Léonce de Vogüé avait hérité des grandes propriétés de sa famille maternelle (les Perrinet), comprenant trois châteaux en Sancerrois et en Pays-Fort. Il acquiert les châteaux de Vogüé (1843) et de Rochecolombe (1840) dont son grand-père avait été dépossédé. En 1842, il achète le château de la Verrerie (Cher). A Paris, il s'installe en 1868 dans un très bel hôtel particulier nouvellement bâti rue Fabert où il habite jusqu'à sa mort.