Lot Essay
Ce diptyque en deux registres avec des scènes de la Passion du Christ fait partie d'une série que Koechlin en 1906 attribua à l'atelier du Maître de la Passion et data du troisième quart du 14ème siècle (op. cit., p. 292). Les diptyques les plus célèbres appartenant à ce groupe sont au nombre de dix environ, chacun à trois registres de scènes narratives. Des exemples sont conservés au Minneapolis Institute of Arts (Barnett, op. cit., n. 33, p. 177-179), à la Walters Art Gallery, Baltimore (R.H. Randall, op. cit., 1985, n. 312, p. 218-219), au Toledo Museum of Art, Tolède (R. H. Randall, op. cit., 1993, n. 103, p. 88-89) et une version anciennement dans la collection Dormeuil, vendue chez Sotheby's à Paris, le 19 novembre 2007, lot 11.
Dans son article de 1906 (op. cit., p. 56), Koechlin mentionne l'existence d'une série de diptyques aussi larges et à deux registres, de style identique et suivant le même cycle narratif que ceux à trois registres, bien que destinés à des commanditaires moins fortunés. Dans une étude de 1924 il sépare ces ivoires en quatre groupes dont les exemples principaux sont dans la collection Dutuit, le musée de Lübeck et de Cluny (op. cit., respectivement n. 802, 803 et 805). Il y inclue le diptyque Gillot (Ibid., n. 804). Bien que Koechlin illustre l'exemple de Cluny, une étude précise de tous ces ivoires montre que le diptyque Gillot compte parmi les oeuvres les plus précieuses et ainsi qu'il l'écrit en 1906 devrait être considérée comme "égale aux meilleures de l'atelier".
Les exemples de Toledo et de l'ancienne collection Dormeuil sont parmi les versions les plus abouties de l'atelier. Elles sont très proches stylistiquemment et suivent la forme narrative, la seule différence étant dans la taille, la dernière étant 20 plus large permettant ainsi aux figures de s'étaler. Le diptyque Gillot suit le même récit commençant par L'Entrée dans Jérusalem en haut à gauche, La Trahison en dessous, La Cène et Le Lavement des pieds, Le Calvaire et La Crucifixion. L'ivoire Gillot exclue La Résurrection de Lazare, Le Mont des Oliviers, mais n'oublie pas Le Calvaire. Le sculpteur a déployé tout son talent en représentant toutes les scènes avec fidélité et précision malgré la petite taille, chacune conservant une grande lisibilité. Ceci est particulièrement évident sur la scène de la Trahison du diptyque Gillot qui déploie un sens dramatique dans le mouvement exagéré de Pierre ainsi que dans le mouvement du Christ qui touche déjà l'oreille de la personne allongée. Il sait également souligner le mouvement insidieux de Judas dans son baiser au Christ qui annonce sa propre pendaison. En tout, seulement trois figures de l'arrière-plan ont été sacrifiées, sans qu'en aucune façon la qualité et l'émotion de la scène ne soient compromises. C'est encore plus manifeste en ce qui concerne la réunion des scènes du Dernier Repas et du Lavement des Pieds. L'ivoire de l'ancienne collection Dormeuil consacre deux registres à ces scènes, tandis que le sculpteur de l'ivoire Gillot a réuni ces deux sujets en un seul registre.
Le Diptyque de la Passion figure sans aucun doute parmi les exemples les plus délicats des ivoires parisiens du XIVe siècle et représente le sommet de cet art. Il représente aussi une avancée considérable dans le concept de narration, dans le style de sculpture et dans la qualité générale par rapport aux exemples antérieurs de diptyques de la Passion, parmi lesquels figurent en particulier ceux que Koechlin nomme le groupe de Soissons et qui date des années 1250-1270 (Barnett, op. cit., n. 10-12, p. 132-135). Leurs scènes, très compartimentées et sculptées assez simplement, sont remplacées par des scènes plus fournies et dont l'enchaînement est facilité. Ils étaient propices plus qu'avec toute autre expression artistique à l'engagement personnel recherché à travers un tel objet de dévotion.
Dans son article de 1906 (op. cit., p. 56), Koechlin mentionne l'existence d'une série de diptyques aussi larges et à deux registres, de style identique et suivant le même cycle narratif que ceux à trois registres, bien que destinés à des commanditaires moins fortunés. Dans une étude de 1924 il sépare ces ivoires en quatre groupes dont les exemples principaux sont dans la collection Dutuit, le musée de Lübeck et de Cluny (op. cit., respectivement n. 802, 803 et 805). Il y inclue le diptyque Gillot (Ibid., n. 804). Bien que Koechlin illustre l'exemple de Cluny, une étude précise de tous ces ivoires montre que le diptyque Gillot compte parmi les oeuvres les plus précieuses et ainsi qu'il l'écrit en 1906 devrait être considérée comme "égale aux meilleures de l'atelier".
Les exemples de Toledo et de l'ancienne collection Dormeuil sont parmi les versions les plus abouties de l'atelier. Elles sont très proches stylistiquemment et suivent la forme narrative, la seule différence étant dans la taille, la dernière étant 20 plus large permettant ainsi aux figures de s'étaler. Le diptyque Gillot suit le même récit commençant par L'Entrée dans Jérusalem en haut à gauche, La Trahison en dessous, La Cène et Le Lavement des pieds, Le Calvaire et La Crucifixion. L'ivoire Gillot exclue La Résurrection de Lazare, Le Mont des Oliviers, mais n'oublie pas Le Calvaire. Le sculpteur a déployé tout son talent en représentant toutes les scènes avec fidélité et précision malgré la petite taille, chacune conservant une grande lisibilité. Ceci est particulièrement évident sur la scène de la Trahison du diptyque Gillot qui déploie un sens dramatique dans le mouvement exagéré de Pierre ainsi que dans le mouvement du Christ qui touche déjà l'oreille de la personne allongée. Il sait également souligner le mouvement insidieux de Judas dans son baiser au Christ qui annonce sa propre pendaison. En tout, seulement trois figures de l'arrière-plan ont été sacrifiées, sans qu'en aucune façon la qualité et l'émotion de la scène ne soient compromises. C'est encore plus manifeste en ce qui concerne la réunion des scènes du Dernier Repas et du Lavement des Pieds. L'ivoire de l'ancienne collection Dormeuil consacre deux registres à ces scènes, tandis que le sculpteur de l'ivoire Gillot a réuni ces deux sujets en un seul registre.
Le Diptyque de la Passion figure sans aucun doute parmi les exemples les plus délicats des ivoires parisiens du XIVe siècle et représente le sommet de cet art. Il représente aussi une avancée considérable dans le concept de narration, dans le style de sculpture et dans la qualité générale par rapport aux exemples antérieurs de diptyques de la Passion, parmi lesquels figurent en particulier ceux que Koechlin nomme le groupe de Soissons et qui date des années 1250-1270 (Barnett, op. cit., n. 10-12, p. 132-135). Leurs scènes, très compartimentées et sculptées assez simplement, sont remplacées par des scènes plus fournies et dont l'enchaînement est facilité. Ils étaient propices plus qu'avec toute autre expression artistique à l'engagement personnel recherché à travers un tel objet de dévotion.