Promenade en caïque sur le Bosphore

Il arrive qu'un artiste choisisse pour patrie un lieu qui, souvent bien lointain de sa terre d'origine, le révèle à lui-même et lui inspire l'art qu'il veut défendre. Tel est le cas de Nikolai Kalmikoff avec la Turquie et sa capitale Istanbul. Originaire de Kharkov, où il passa les 21 premières années de sa vie et étudia à l'Académie des Beaux-Arts, il fuit la Russie avec sa famille à la veille de la Révolution bolchevique. Après un bref passage en Crimée, il découvre celle qui fut depuis 330 ap. J.-C. le berceau des empires romain, byzantin puis ottoman. Les premiers temps y sont extrêmement difficiles mais une rencontre va très vite changer la donne. Les frères Ipekçi, propriétaires de plusieurs salles de cinéma, lui confient la décoration de leurs bâtiments. Son travail est vite remarqué par le Ministère des Travaux Publics et c'est ainsi qu'il devient l'un des artistes officiels les plus prolifiques de Turquie. Plusieurs entrées d'immeubles des quartiers historiques de Kadiköy et Nisantasi, de nombreuses fresques ornant des résidences le long du Bosphore et des pavillons à Izmir portent sa signature.

Promenade en caïque sur le Bosphore est antérieur à 1936 car, au-delà de cette date, Kalmikoff acquiert la nationalité turque et signe ses tableaux du nom de Naci Kalmukoglu. Cette oeuvre magistrale par la vivacité de ses couleurs et la souplesse de sa touche se pose comme symbole de l'impact de l'impressionnisme sur l'ensemble des artistes du XXème siècle, qui ont pris ses principes et techniques à leur propre compte pour enrichir à leur tour l'histoire de l'art. Il est difficile de situer exactement le point d'embarcation de ces élégantes. Bien que la porte et son grillage rappellent l'entrée latérale du palais du Dolmabahçe, il est plus probable qu'il s'agisse d'un yali appartenant à la noblesse stambouliote.