拍品專文
Connu pour son goût de l'ornement, Louis XV influença toute la Cour avec le style rococo émergeant, de la peinture aux vêtements, jusqu'aux arts décoratifs. Les tapis incarnaient eux aussi cette nouvelle idéologie du luxe avec une tendence pour les couleurs vives et un tissage épais, au point noué, utilisant des motifs floraux luxuriants, curvilinéaires, enroulés et symboliques. Louis XV portait une grande attention à cet art et la manufacture de tapis de la Savonnerie fut à son apogée sous son patronage. Fondée au XVIIème siècle, la Savonnerie doit son nom à son installation dans une ancienne usine de savon. Elle a été la principale manufacture royale de tapis de son temps. Les tapis n'étaient pas un élément secondaire de la décoration intérieure durant cette période. Louis XV s'intéressait personnellement au choix des motifs qui orneraient les nombreuses pièces de ses châteaux (J.Whitehead, The French Interior in the Eighteenth Century, New York, 1993, p.200). Par ailleurs, ces tapis luxueux devenaient aussi cadeaux diplomatiques. Louis XV donna par exemple une petite version carrée de notre tapis au Sultan Ottoman en 1742 (P.Verlet, Savonnerie : The James A. De Rothschild Collection at Waddesdon Manor, Londres, 1982, p.258). L'intention était double : ce geste ayant aussi pour but d'affirmer la suprématie des manufactures de tapis français sur la production turque.
La production de tapis est bien documentée grâce aux quelques projets aquarellés qui ont survécu jusqu'à nos jours. Le dessin de notre tapis a été attribué à Pierre-Josse Perrot, qui, selon Sarah Sherrill, fut probablement le dessinateur de tapis au point noué le plus influent sous Louis XV (S. B. Sherrill, Carpets and Rugs of Europe and America, New York, 1996, p. 74). L'autorité de Perrot dans le dessin était incontestable, son influence dépassait les frontières marquant même la production de certains tapis anglais.
Notre tapis contient tous les éléments caractéristiques du tapis Louis XV : bouquets et couronnes de fleurs élaborés et déjà harmonieux, rose moresque au centre, feuilles enroulées, coquillages et éventails de couleurs vibrantes. La fleur de Lys emblématique complète l'ensemble visuel.
Le format du dessin pouvait être adapté en fonction du sol auquel se destinait le tapis. Un tapis antérieur au nôtre reprend par exemple la même composition mais ajustée en format carré. Notre version a remplacé les cartouches et agrafes décoratives au chaque coin par le motif de la fleur de lys, et a éliminé la bordure extérieure d'oves.
Une version vraissemblablement issue d'une commande privée car ne présentant pas les fleurs de lys, était conservée dans la collection de Karl Lagerfeld, Paris. Deux exemplaires de ce modèle carré antérieur furent tissés pour la famille royale. Pierre Verlet qui les a étudié dans son volume Savonnerie : THE JAMES A. DE ROTHSCHILD COLLECTION AT WADDESDON MANOR en conclut que la forme carrée n'était pas du goût de la famille royale, ceux-ci étant faiblement mis en valeur dans les résidences royales : l'un sous la table dans la chambre du Roi à Fontainebleau et l'autre sous une table dans les appartements de la Reine à Versailles (Verlet p.257, 444). Des tapis carrés se trouvent dans la collection de James A. de Rothschild à Waddesdon Manor (Verlet, p.257-259, fig. 161, cat. no. 6) et dans la collection Wrightsman au Metropolitan Museum of Art.
Notre tapis a en revanche le même format destiné à l'emplacement ostentatoire de la salle à manger des terrasses à Versailles. Livré à la résidence royale le 29 novembre 1736, ce tapis fut le premier de ce format à être tissé et fut alors estimé à 2,514 l. 10 s. 7 d (Verlet p. 260, 445).
Le fait que le format allongé, ait été reproduit de nombreuses fois par la manufacture de la Savonnerie, indique aussi l'assentiment de Louis XV pour ce modèle. Verlet relève en 1982 sept versions de ce format tissé pour le mobilier Royal entre 1736 et 1762 (Verlet p. 260): l'un alors conservé à la villa Ephrussi de Rothschild, un second dans une collection privée française, un troisième aperçu sur le marché de l'art à Paris en 1954, le nôtre et enfin celui tissé pour le Salon de la Comédie du château de Choisy en 1740 (M. Jarry, The Carpets of the Manufactory de la Savonnerie, Leigh-on-Sea, 1966, p.34). D'autres furent offerts comme cadeaux diplomatiques notamment un auprès de la famille royale de Suède qui le conserve encore à ce jour.
La production de tapis est bien documentée grâce aux quelques projets aquarellés qui ont survécu jusqu'à nos jours. Le dessin de notre tapis a été attribué à Pierre-Josse Perrot, qui, selon Sarah Sherrill, fut probablement le dessinateur de tapis au point noué le plus influent sous Louis XV (S. B. Sherrill, Carpets and Rugs of Europe and America, New York, 1996, p. 74). L'autorité de Perrot dans le dessin était incontestable, son influence dépassait les frontières marquant même la production de certains tapis anglais.
Notre tapis contient tous les éléments caractéristiques du tapis Louis XV : bouquets et couronnes de fleurs élaborés et déjà harmonieux, rose moresque au centre, feuilles enroulées, coquillages et éventails de couleurs vibrantes. La fleur de Lys emblématique complète l'ensemble visuel.
Le format du dessin pouvait être adapté en fonction du sol auquel se destinait le tapis. Un tapis antérieur au nôtre reprend par exemple la même composition mais ajustée en format carré. Notre version a remplacé les cartouches et agrafes décoratives au chaque coin par le motif de la fleur de lys, et a éliminé la bordure extérieure d'oves.
Une version vraissemblablement issue d'une commande privée car ne présentant pas les fleurs de lys, était conservée dans la collection de Karl Lagerfeld, Paris. Deux exemplaires de ce modèle carré antérieur furent tissés pour la famille royale. Pierre Verlet qui les a étudié dans son volume Savonnerie : THE JAMES A. DE ROTHSCHILD COLLECTION AT WADDESDON MANOR en conclut que la forme carrée n'était pas du goût de la famille royale, ceux-ci étant faiblement mis en valeur dans les résidences royales : l'un sous la table dans la chambre du Roi à Fontainebleau et l'autre sous une table dans les appartements de la Reine à Versailles (Verlet p.257, 444). Des tapis carrés se trouvent dans la collection de James A. de Rothschild à Waddesdon Manor (Verlet, p.257-259, fig. 161, cat. no. 6) et dans la collection Wrightsman au Metropolitan Museum of Art.
Notre tapis a en revanche le même format destiné à l'emplacement ostentatoire de la salle à manger des terrasses à Versailles. Livré à la résidence royale le 29 novembre 1736, ce tapis fut le premier de ce format à être tissé et fut alors estimé à 2,514 l. 10 s. 7 d (Verlet p. 260, 445).
Le fait que le format allongé, ait été reproduit de nombreuses fois par la manufacture de la Savonnerie, indique aussi l'assentiment de Louis XV pour ce modèle. Verlet relève en 1982 sept versions de ce format tissé pour le mobilier Royal entre 1736 et 1762 (Verlet p. 260): l'un alors conservé à la villa Ephrussi de Rothschild, un second dans une collection privée française, un troisième aperçu sur le marché de l'art à Paris en 1954, le nôtre et enfin celui tissé pour le Salon de la Comédie du château de Choisy en 1740 (M. Jarry, The Carpets of the Manufactory de la Savonnerie, Leigh-on-Sea, 1966, p.34). D'autres furent offerts comme cadeaux diplomatiques notamment un auprès de la famille royale de Suède qui le conserve encore à ce jour.