Lot Essay
Ce camée exceptionnel dépeint le Christ tel qu'il était traditionnellment réprésenté sur les médailles en bronze dévotieuses de la fin du XVème siècle, bien qu'il ne semble pas avoir été copié sur un camée en particulier (comparer avec G. F. Hill, The Medallic Portraits of Christ, Oxford, 1920; et C. Avery dans E.G. Heller ed., Icons or Portraits? Images of Jesus and Mary from the Collection of Michael Hall, catalogue d'exposition, The Gallery at the American Bible Society, New York, 2002, nos. 92-94).
Le style emprunté ici rappelle deux autres images célèbres ornées de pierres semi-précieuses, représentant des personnalités importantes de l'époque: Lorenzo 'Il Magnifico' de' Medici dans un camée en agate, ainsi que Fra Girolamo Savonarola, dans un intaglio en cornaline (tous deux conservés au Museo degli Argenti, Palazzo Pitti, à Florence, inv. Gemmes 1921, nos. 111 et 321; Avery, op.cit., pls. A et D).
Le Savonarole fut attribué par Vasari dans la deuxième édition de ses Vies à un certain Giovanni delle Corniuole, dont le nom de famille - 'des cornalines' - suggère son métier de lapidaire. Fils de Lorenzo di Pietro delle Opere, Giovanni delle Corniuole naquit à Pise vers 1470 et ne put ainsi collaborer avec Lorenzo que peu de temps, ce dernier s'éteignant en 1492. Sa réputation est soutenue par le fait qu'après l'exil des Médicis, Giovanni delle Corniuole ainsi que deux orfèvres, reçurent l'ordre du nouveau gouvernement républicain d'expertiser les bijoux saisis par ce dernier. Giovanni qui était un contribuable en 1498 fut l'un de ceux sélectionnés pour s'exprimer sur l'installation du David de Michel-Ange sur la Piazza della Signoria en 1513 ; il fut également chargé, la même année, de tailler une cornaline représentant une image d'Hercule destinée a servir de sceau pour la république.
Avery fut le premier à énoncer les raisons pour lesquelles on pouvait rapprocher ces trois gemmes du travail de Giovanni delle Corniuole (op.cit., pp. 75-76) énonçant:
'Dans les trois portraits, on note un talent égal dans le rendu de la structure osseuse en léger relief: par exemple, la relation de l'oeil et son orbite à la pommette et au nez est très convaincante. Malgré le manque de malléabilité des matériaux et les petites proportions utilisées, chaque portrait représente un personnage distinct: les traits durs et le regard fixe de Savonarole confèrent une aura empreinte d'ascétisme et d'une grande détermination, voire même d'un certain fanatisme; le portrait de Lorenzo, par le rendu massif du front et de la mâchoire, renforcé par l'inclinaison nette du visage vers le haut, témoigne de l'habitude de commandement dont il jouissait; Alors que le portrait du Christ, avec son nez fin, ses lèvres délicates et (sous la barbe) un menton légèrement fuyant, révèle un sentiment de fragilité humaine, cependant compensé par une pupille délicatement percée. Cela confère au portrait un pathos important, d'autant plus remarquable que cette représentation n'est - contrairement aux deux autres portraits - que le fruit de l'imagination. Il semble qu'il y ait ainsi de bonnes raisons d'associer le camée du Christ nouvellement découvert aux portraits de Savonarole et plus particulièrement à ceux de Lorenzo. Si tant est que l'on accepte l'attribution de ces portraits de Lorenzo à Giovanni delle Corniuole, le portrait du Christ peut-il lui aussi être attribué au protégé de Lorenzo, sur lequel Vasari ne tarissait pas d'éloges.
Le style emprunté ici rappelle deux autres images célèbres ornées de pierres semi-précieuses, représentant des personnalités importantes de l'époque: Lorenzo 'Il Magnifico' de' Medici dans un camée en agate, ainsi que Fra Girolamo Savonarola, dans un intaglio en cornaline (tous deux conservés au Museo degli Argenti, Palazzo Pitti, à Florence, inv. Gemmes 1921, nos. 111 et 321; Avery, op.cit., pls. A et D).
Le Savonarole fut attribué par Vasari dans la deuxième édition de ses Vies à un certain Giovanni delle Corniuole, dont le nom de famille - 'des cornalines' - suggère son métier de lapidaire. Fils de Lorenzo di Pietro delle Opere, Giovanni delle Corniuole naquit à Pise vers 1470 et ne put ainsi collaborer avec Lorenzo que peu de temps, ce dernier s'éteignant en 1492. Sa réputation est soutenue par le fait qu'après l'exil des Médicis, Giovanni delle Corniuole ainsi que deux orfèvres, reçurent l'ordre du nouveau gouvernement républicain d'expertiser les bijoux saisis par ce dernier. Giovanni qui était un contribuable en 1498 fut l'un de ceux sélectionnés pour s'exprimer sur l'installation du David de Michel-Ange sur la Piazza della Signoria en 1513 ; il fut également chargé, la même année, de tailler une cornaline représentant une image d'Hercule destinée a servir de sceau pour la république.
Avery fut le premier à énoncer les raisons pour lesquelles on pouvait rapprocher ces trois gemmes du travail de Giovanni delle Corniuole (op.cit., pp. 75-76) énonçant:
'Dans les trois portraits, on note un talent égal dans le rendu de la structure osseuse en léger relief: par exemple, la relation de l'oeil et son orbite à la pommette et au nez est très convaincante. Malgré le manque de malléabilité des matériaux et les petites proportions utilisées, chaque portrait représente un personnage distinct: les traits durs et le regard fixe de Savonarole confèrent une aura empreinte d'ascétisme et d'une grande détermination, voire même d'un certain fanatisme; le portrait de Lorenzo, par le rendu massif du front et de la mâchoire, renforcé par l'inclinaison nette du visage vers le haut, témoigne de l'habitude de commandement dont il jouissait; Alors que le portrait du Christ, avec son nez fin, ses lèvres délicates et (sous la barbe) un menton légèrement fuyant, révèle un sentiment de fragilité humaine, cependant compensé par une pupille délicatement percée. Cela confère au portrait un pathos important, d'autant plus remarquable que cette représentation n'est - contrairement aux deux autres portraits - que le fruit de l'imagination. Il semble qu'il y ait ainsi de bonnes raisons d'associer le camée du Christ nouvellement découvert aux portraits de Savonarole et plus particulièrement à ceux de Lorenzo. Si tant est que l'on accepte l'attribution de ces portraits de Lorenzo à Giovanni delle Corniuole, le portrait du Christ peut-il lui aussi être attribué au protégé de Lorenzo, sur lequel Vasari ne tarissait pas d'éloges.