Lot Essay
Le memento mori en buis présenté ici, suscitant à la fois fascination et terreur, s'inscrit dans la longue tradition de l'art européen, selon laquelle le corps humain était représenté en décomposition. Comme Tertullien l'a illustré dans l'Apologeticus (op. cit.), le concept de memento mori, ou 'rappelle-toi que tu es mortel', trouve ses origines dans l'Antiquité. Dans l'Apologeticus, il décrit la façon dont les généraux romains victorieux paradaient dans les rues de Rome, suivis par un esclave répétant dans leur dos 'Respice post te! Hominem te esse memento!' (Regarde derrière toi ! Rappelle-toi que tu es un homme !). Ce thème a perduré pendant tout le Moyen-âge avant d'atteindre son apogée à la Renaissance, avec l'une des images les plus frappantes de l'époque : le squelette monumental en marbre, se tenant debout, exécuté par Ligier Richier vers 1544. Cette tradition de représentation de la mort, ainsi que sa relation avec l'homme perdurent jusqu'au XVIIème siècle, particulièrement en Europe du Nord, où l'on trouve d'innombrables représentations du thème, sous la forme de crânes, de sabliers et de fleurs défraîchies. Ceci peut sans doute s'expliquer par le fait que la Réforme, qui sévissait en Europe du Nord à l'époque, ait accordé une valeur importante à l'idéologie chrétienne, et en conséquence, à la relation de l'homme avec Dieu et la mort. La vue, et par extension la possession d'un memento mori, forçait tout chrétien à réfléchir sur la vanité et sur la fugacité des plaisirs terrestres, et l'invitait à se concentrer sur sa vie dans l'au-delà. La référence qu'on associe souvent à ce concept, est : 'in omnibus operibus tuis memorare novissima tua, et in aeternum non peccabis' ('dans tout acte souviens toi de l'au-delà et tu ne pêcheras pas': Ecclesiasticus 7:40).
Le squelette en buis présenté ici est un memento mori de cette même veine qui, selon la tradition, donne à celui qui le regarde la conscience de sa mortalité, et le fait également réfléchir à l'universalité de la mort. Ce thème est très bien illustré dans la gravure de 1493 de Michael Wolgemut La Danse Macabre, qui représente cinq squelettes, dans des poses outrancières, dansant sur une tombe, démontrant par là-même, que quelque soit notre origine, la mort est le destin de tous. Même si cette image était à l'époque monnaie courante, il y a de fortes chances pour qu'une gravure de ce type ait influencé la composition du présent lot. Tant d'un point de vue stylistique, que sur le plan de la composition, le squelette présenté ici est pratiquement identique à un autre exemple, en buis, que l'on peut voir dans le memento mori monogrammé AD et daté 1673 du Bayerisches Nationalmuseum, à Munich (Beck, loc. cit.). Bien qu'il reste encore à identifier l'artiste qui a laissé son monogramme sur la version de Munich, la date qui est y gravée fournit une indication précieuse quant à sa réalisation.
Le squelette en buis présenté ici est un memento mori de cette même veine qui, selon la tradition, donne à celui qui le regarde la conscience de sa mortalité, et le fait également réfléchir à l'universalité de la mort. Ce thème est très bien illustré dans la gravure de 1493 de Michael Wolgemut La Danse Macabre, qui représente cinq squelettes, dans des poses outrancières, dansant sur une tombe, démontrant par là-même, que quelque soit notre origine, la mort est le destin de tous. Même si cette image était à l'époque monnaie courante, il y a de fortes chances pour qu'une gravure de ce type ait influencé la composition du présent lot. Tant d'un point de vue stylistique, que sur le plan de la composition, le squelette présenté ici est pratiquement identique à un autre exemple, en buis, que l'on peut voir dans le memento mori monogrammé AD et daté 1673 du Bayerisches Nationalmuseum, à Munich (Beck, loc. cit.). Bien qu'il reste encore à identifier l'artiste qui a laissé son monogramme sur la version de Munich, la date qui est y gravée fournit une indication précieuse quant à sa réalisation.