Lot Essay
Ce type de vase se retrouvait presque exclusivement dans les cours royales. Il n'en existe aujourd'hui plus que sept exemples, dont celui ici offert. Ces pots étaient composés de sept parties: le col, la panse, la base, les deux becs et les deux anses. Selon la qualité du cristal, le décor de la panse était plus ou moins compact et élaboré; dès la fin du XVIème siècle, le décor de ce type de vase évolue et laisse place à un décor dit 'végétal'. La forme des anses se présente sous deux aspects: un dragon ou un terme féminin ailé, coiffé d'un diadème et revêtu d'une riche ceinture (Alcouffe, op. cit., p. 288).
Notre pot est caractéristique des pots réalisés à la fin du XVIème ou au début du XVIIème siècle dans les ateliers de Milan. Il est remarquable de par la qualité de son décor 'végétal' symétrique aux larges palmes à graines. Le vase, dont la gravure est très belle, est de par sa forme, ses motifs et ses dimensions, voisin d'un pot à bouquet conservé au Musée du Louvre, à Paris (Alcouffe, op. cit., no. 141). Un autre exemple proche, dans l'emploi d'un même décor végétal, est le vase à anses au Staatliche Kunstsammlungen, à Dresde (illustré dans Princely Splendor; loc. cit.).
L'engouement des rois de France pour les objets profanes et religieux en pierres dures remonte à Charles V (1338-1380) qui commença à les rassembler pour son plaisir personnel. Malheureusement, cet ensemble fut dispersé au cours du XVème siècle.
Si Charles V est l'un des premiers rois de France à s'être intéressé à ce type d'objets, c'est François Ier qui constitua la première collection de gemmes. Il fut le premier roi de France à développer la notion de collection, pratique qu'il considérait comme 'un divertissement noble et privé'. Sa collection de gemmes passa ensuite de roi en roi, sans à priori, ne jamais s'être étoffée. Il fallut attendre presque deux siècles, avec l'avènement de Louis XIV au pouvoir, pour que la collection royale de cristaux de roche atteigne toute sa splendeur et soit révélée au grand jour.
De par le faste et la richesse de ses collections, le Roi Soleil désireux d'affirmer toute sa puissance aux yeux de tous, et notamment aux yeux des autres monarchies européennes, ouvra ses collections au public, marquant ainsi un tournant capital dans l'histoire des collections d'objets d'art. A Versailles, il dispose les collections royales, non plus dans les pièces retirées du château, mais à l'étage noble dans son Petit Appartement et dans le Cabinet des Médailles, espaces plus ou moins accessibles au public jusqu'à la Révolution (Castelluccio, op. cit, p. 225).
Le goût personnel et la passion de Louis XIV pour les pierres dures peuvent s'expliquer par l'intérêt que sa mère Anne d'Autriche et le cardinal Mazarin portaient pour les objets en pierres de couleur et pour le cristal de roche. Louis XIV constitua en effet diverses collections royales tout au long de son règne mais se concentra tout particulièrement sur les objets en pierres dures ou 'bijoux', ceux-ci lui permettant de s'inscrire dans la continuité des empereurs romains. Louis XIV était en effet conscient que ces objets précieux contribuaient à l'expression du faste de leur propriétaire: 'la magnificence des Princes consiste à rassembler ce qu'il y a de plus rare et plus beau dans tous les genres'. (Mercure de France, décembre 1750, Ier volume, p. 146).
Au début du règne de Louis XIV, la collection royale de pierres dures était constituée d'une quinzaine de vases de pierres de couleur ainsi que de cent quarante-sept vases en cristal de roche. Dans le premier inventaire de 1673, la collection royale comprenait deux grands chapîtres: celui des 'cristaux de roche' avec 301 numéros et celui des 'divers pièces et vases d'agates, jaspes, lapis, amatistes comprenant 173 objets en agate'. (Castelluccio, op. cit., p. 45). Louis XIV désirait cependant créer des collections comparables, voire supérieures à celles des princes étrangers et quarante ans plus tard, le 14 novembre 1713, Guiffrey mentionne une augmentation surprenante du nombre d'objets précieux constituant ces deux chapitres, celui-ci passant à 446 cristaux de roche et 377 agates. Il est indiqué qu'en 1663 le roi acheta soixante-cinq objets 'pour mettre dans son chasteau de Versailles' (Alcouffe, op. cit., p. 11). Il convient de remarquer qu'à l'époque, le prix des cristaux de roche variait entre 300 et 600 livres et pouvait atteindre jusqu'à 2000 livres.
A partir de 1665, les pièces de la collection royale proviennent d' origines diverses: legs de Gaston d'Orléans, oncle de Louis XIV, succession du cardinal Mazarin, dons et présents diplomatiques, acquisitions ponctuelles (successions) auprès de correspondants à Augsbourg et Milan, ou bien directement auprès de marchands parisiens. (Castelluccio, op. cit., pp. 52-58).
Le fils de Louis XIV, le grand Dauphin, débuta sa collection vers 1681, à l'âge de 20 ans. Il se passionne pour les pierres dures et les porcelaines. Contrairement à son père, il préfère les vases en pierres de couleur aux cristaux et acquis la plupart de ses pièces auprès de marchands parisiens ou aux foires, et les expose comme le veut la tradition de l'époque dans des armoires.
On constate au début du XVIIIème siècle un manque d'intérêt pour ces objets précieux qui ne sont plus 'à la mode'. A partir de 1738, Louis XV entrepose ses objets en pierres dures au Garde-Meuble de Paris, dans l'Hôtel du Petit-Bourbon.
Bien que plusieurs inventaires aient été réalisés au fil du temps, ce n'est qu'en 1791 qu'un grand nombre de pièces sont officiellement répertoriées. C'est à cette époque, après des mois de travail que sont enfin répertoriés et numérotés (numéros gravés sur les montures) tous les objets ayant appartenu à la famille royale dans l'inventaire de 1791 (Alcouffe, op. cit., p. 19). C'est dans ce même inventaire que le lot ici présent apparaît sous le numéro '188', celui-ci ayant également fait partie d'un groupe d'objets cédé à Jacques de Chapeaurouge en 1791.
Notre pot est caractéristique des pots réalisés à la fin du XVIème ou au début du XVIIème siècle dans les ateliers de Milan. Il est remarquable de par la qualité de son décor 'végétal' symétrique aux larges palmes à graines. Le vase, dont la gravure est très belle, est de par sa forme, ses motifs et ses dimensions, voisin d'un pot à bouquet conservé au Musée du Louvre, à Paris (Alcouffe, op. cit., no. 141). Un autre exemple proche, dans l'emploi d'un même décor végétal, est le vase à anses au Staatliche Kunstsammlungen, à Dresde (illustré dans Princely Splendor; loc. cit.).
L'engouement des rois de France pour les objets profanes et religieux en pierres dures remonte à Charles V (1338-1380) qui commença à les rassembler pour son plaisir personnel. Malheureusement, cet ensemble fut dispersé au cours du XVème siècle.
Si Charles V est l'un des premiers rois de France à s'être intéressé à ce type d'objets, c'est François Ier qui constitua la première collection de gemmes. Il fut le premier roi de France à développer la notion de collection, pratique qu'il considérait comme 'un divertissement noble et privé'. Sa collection de gemmes passa ensuite de roi en roi, sans à priori, ne jamais s'être étoffée. Il fallut attendre presque deux siècles, avec l'avènement de Louis XIV au pouvoir, pour que la collection royale de cristaux de roche atteigne toute sa splendeur et soit révélée au grand jour.
De par le faste et la richesse de ses collections, le Roi Soleil désireux d'affirmer toute sa puissance aux yeux de tous, et notamment aux yeux des autres monarchies européennes, ouvra ses collections au public, marquant ainsi un tournant capital dans l'histoire des collections d'objets d'art. A Versailles, il dispose les collections royales, non plus dans les pièces retirées du château, mais à l'étage noble dans son Petit Appartement et dans le Cabinet des Médailles, espaces plus ou moins accessibles au public jusqu'à la Révolution (Castelluccio, op. cit, p. 225).
Le goût personnel et la passion de Louis XIV pour les pierres dures peuvent s'expliquer par l'intérêt que sa mère Anne d'Autriche et le cardinal Mazarin portaient pour les objets en pierres de couleur et pour le cristal de roche. Louis XIV constitua en effet diverses collections royales tout au long de son règne mais se concentra tout particulièrement sur les objets en pierres dures ou 'bijoux', ceux-ci lui permettant de s'inscrire dans la continuité des empereurs romains. Louis XIV était en effet conscient que ces objets précieux contribuaient à l'expression du faste de leur propriétaire: 'la magnificence des Princes consiste à rassembler ce qu'il y a de plus rare et plus beau dans tous les genres'. (Mercure de France, décembre 1750, Ier volume, p. 146).
Au début du règne de Louis XIV, la collection royale de pierres dures était constituée d'une quinzaine de vases de pierres de couleur ainsi que de cent quarante-sept vases en cristal de roche. Dans le premier inventaire de 1673, la collection royale comprenait deux grands chapîtres: celui des 'cristaux de roche' avec 301 numéros et celui des 'divers pièces et vases d'agates, jaspes, lapis, amatistes comprenant 173 objets en agate'. (Castelluccio, op. cit., p. 45). Louis XIV désirait cependant créer des collections comparables, voire supérieures à celles des princes étrangers et quarante ans plus tard, le 14 novembre 1713, Guiffrey mentionne une augmentation surprenante du nombre d'objets précieux constituant ces deux chapitres, celui-ci passant à 446 cristaux de roche et 377 agates. Il est indiqué qu'en 1663 le roi acheta soixante-cinq objets 'pour mettre dans son chasteau de Versailles' (Alcouffe, op. cit., p. 11). Il convient de remarquer qu'à l'époque, le prix des cristaux de roche variait entre 300 et 600 livres et pouvait atteindre jusqu'à 2000 livres.
A partir de 1665, les pièces de la collection royale proviennent d' origines diverses: legs de Gaston d'Orléans, oncle de Louis XIV, succession du cardinal Mazarin, dons et présents diplomatiques, acquisitions ponctuelles (successions) auprès de correspondants à Augsbourg et Milan, ou bien directement auprès de marchands parisiens. (Castelluccio, op. cit., pp. 52-58).
Le fils de Louis XIV, le grand Dauphin, débuta sa collection vers 1681, à l'âge de 20 ans. Il se passionne pour les pierres dures et les porcelaines. Contrairement à son père, il préfère les vases en pierres de couleur aux cristaux et acquis la plupart de ses pièces auprès de marchands parisiens ou aux foires, et les expose comme le veut la tradition de l'époque dans des armoires.
On constate au début du XVIIIème siècle un manque d'intérêt pour ces objets précieux qui ne sont plus 'à la mode'. A partir de 1738, Louis XV entrepose ses objets en pierres dures au Garde-Meuble de Paris, dans l'Hôtel du Petit-Bourbon.
Bien que plusieurs inventaires aient été réalisés au fil du temps, ce n'est qu'en 1791 qu'un grand nombre de pièces sont officiellement répertoriées. C'est à cette époque, après des mois de travail que sont enfin répertoriés et numérotés (numéros gravés sur les montures) tous les objets ayant appartenu à la famille royale dans l'inventaire de 1791 (Alcouffe, op. cit., p. 19). C'est dans ce même inventaire que le lot ici présent apparaît sous le numéro '188', celui-ci ayant également fait partie d'un groupe d'objets cédé à Jacques de Chapeaurouge en 1791.