Lot Essay
Depuis sa découverte, le prototype antique de l'Hermaphrodite, aujourd'hui conservé au Musée du Louvre, suscita à la fois admiration et scepticisme. Exhumée près des Thermes de Dioclétien après 1613 et avant 1620, la figure allongée fut acquise par le Cardinal Scipion Borghèse afin d'être exposée dans la Villa Borghèse, à Rome.
Sa provenance illustre fut renforcée en 1620 lorsque le maître du baroque, Gianlorenzo Bernini, fut retenu pour la restauration de la figure et pour la réalisation d'un matelas comme support pour celle-ci. Elle fut acquise, tout comme une grande partie de la collection Borghèse, en 1807, par Napoléon Bonaparte, beau-frère du Prince Camillo Borghèse.
Aucun des adeptes du Grand Tour au XVIIIème ne manquèrent de s'exprimer sur cette fascinante sculpture. Dupaty fit fréquemment remarquer aux visiteurs de la Villa Borghèse (Haskell and Penny, op. cit., p. 235) qu'il valait mieux ne pas regarder le marbre s'ils ne voulaient pas rougir à la fois de plaisir et de honte. En effet, la représentation des parties génitales masculines sur cette figure choqua et charma tout à la fois les adeptes du Grand Tour, ce qui explique probablement le nombre important de modèles (de taille réduite) qui furent commandés. Parmi ceux-ci, citons une version en bronze réalisée par Gianfrancesco Susini, signée et datée 1639, désormais conservée au Metropolitan Museum, à New York (Avery and Radcliffe, loc. cit.). De nombreuses versions furent également réalisées aux XVIIIème et XIXème siècles.
Cependant, c'est l'interprétation de ce modèle par Gianfrancesco Susini qu'il convient d'étudier ici et de comparer au modèle présent. L'Hermaphrodite de la collection Yves Saint Laurent - Pierre Bergé suit la composition du bronze du Metropolitan Museum et offre un drapé, positionnement du corps, contour du matelas, décor de passementeries très particulier, et une gravure sur les côtés du coussin, tous pratiquement identiques au lot ici offert. Ce bronze présente aussi un trait distinctif caractéristique de l'oeuvre de Gianfrancesco Susini: les traces de laque translucide brun - or, que Susini et son atelier appliquaient sur leurs commandes les plus importantes.
Les traits du visage, la coiffure ainsi que le drapé du modèle ici offert sont à rapprocher d'un autre modèle en bronze, traditionnellement considéré comme étant de la main de Susini : la Nymphe endormie. Comme pour l'Hermaphrodite, la Nymphe s'inspire également d'un modèle antique, dont une version en bronze, attribuée à Susini, est passée en vente chez Sotheby's, à Londres, le 8 décembre 2006, lot 106.
Ces trois bronzes présentent des caractéristiques communes: les paupières légèrement bombées, le nez proéminent, les lèvres légèrement écartées, un petit menton, ainsi que les plis sinueux du drapé et la gravure à motifs de volutes feuillagées sur le coussin.
Tout au long de sa carrière, Gianfrancesco Susini fut souvent en compétition avec un autre sculpteur, Pietro Tacca, lui aussi directement influencé par le style de Giambologna. Bien qu'ils furent tous deux formés au sein d'un même milieu culturel et intellectuel à Florence à la fin du XVIème siècle, c'est cependant l'influence des modèles classiques sur l'oeuvre de Gianfrancesco Susini qui reflète le mieux le style de prédilection des académies florentines, dont les Médicis étaient les plus grands clients.
L'oeuvre de Susini témoigne à la fois d'une compréhension solide de ces modèles classiques, ainsi que d'une faculté d'appréciation, comparable à celle de Giambologna, des compositions 'à points de vue multiples' réalisées par ce dernier, ce qui permit de différencier l'oeuvre de Susini de celle de Tacca.
Sa provenance illustre fut renforcée en 1620 lorsque le maître du baroque, Gianlorenzo Bernini, fut retenu pour la restauration de la figure et pour la réalisation d'un matelas comme support pour celle-ci. Elle fut acquise, tout comme une grande partie de la collection Borghèse, en 1807, par Napoléon Bonaparte, beau-frère du Prince Camillo Borghèse.
Aucun des adeptes du Grand Tour au XVIIIème ne manquèrent de s'exprimer sur cette fascinante sculpture. Dupaty fit fréquemment remarquer aux visiteurs de la Villa Borghèse (Haskell and Penny, op. cit., p. 235) qu'il valait mieux ne pas regarder le marbre s'ils ne voulaient pas rougir à la fois de plaisir et de honte. En effet, la représentation des parties génitales masculines sur cette figure choqua et charma tout à la fois les adeptes du Grand Tour, ce qui explique probablement le nombre important de modèles (de taille réduite) qui furent commandés. Parmi ceux-ci, citons une version en bronze réalisée par Gianfrancesco Susini, signée et datée 1639, désormais conservée au Metropolitan Museum, à New York (Avery and Radcliffe, loc. cit.). De nombreuses versions furent également réalisées aux XVIIIème et XIXème siècles.
Cependant, c'est l'interprétation de ce modèle par Gianfrancesco Susini qu'il convient d'étudier ici et de comparer au modèle présent. L'Hermaphrodite de la collection Yves Saint Laurent - Pierre Bergé suit la composition du bronze du Metropolitan Museum et offre un drapé, positionnement du corps, contour du matelas, décor de passementeries très particulier, et une gravure sur les côtés du coussin, tous pratiquement identiques au lot ici offert. Ce bronze présente aussi un trait distinctif caractéristique de l'oeuvre de Gianfrancesco Susini: les traces de laque translucide brun - or, que Susini et son atelier appliquaient sur leurs commandes les plus importantes.
Les traits du visage, la coiffure ainsi que le drapé du modèle ici offert sont à rapprocher d'un autre modèle en bronze, traditionnellement considéré comme étant de la main de Susini : la Nymphe endormie. Comme pour l'Hermaphrodite, la Nymphe s'inspire également d'un modèle antique, dont une version en bronze, attribuée à Susini, est passée en vente chez Sotheby's, à Londres, le 8 décembre 2006, lot 106.
Ces trois bronzes présentent des caractéristiques communes: les paupières légèrement bombées, le nez proéminent, les lèvres légèrement écartées, un petit menton, ainsi que les plis sinueux du drapé et la gravure à motifs de volutes feuillagées sur le coussin.
Tout au long de sa carrière, Gianfrancesco Susini fut souvent en compétition avec un autre sculpteur, Pietro Tacca, lui aussi directement influencé par le style de Giambologna. Bien qu'ils furent tous deux formés au sein d'un même milieu culturel et intellectuel à Florence à la fin du XVIème siècle, c'est cependant l'influence des modèles classiques sur l'oeuvre de Gianfrancesco Susini qui reflète le mieux le style de prédilection des académies florentines, dont les Médicis étaient les plus grands clients.
L'oeuvre de Susini témoigne à la fois d'une compréhension solide de ces modèles classiques, ainsi que d'une faculté d'appréciation, comparable à celle de Giambologna, des compositions 'à points de vue multiples' réalisées par ce dernier, ce qui permit de différencier l'oeuvre de Susini de celle de Tacca.