![[AFFAIRE DREYFUS] -- POINCARÉ, Raymond (1860-1934). Lettre autographe signée. 2 pages in-12 (178 x 113) sur un feuillet replié à l'adresse "32, rue des Mathurins". Datée 25 9bre [très probablement 1898].](https://www.christies.com/img/LotImages/2010/PAR/2010_PAR_05607_0162_000(affaire_dreyfus_--_poincare_raymond_lettre_autographe_signee_2_pages_i090449).jpg?w=1)
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[AFFAIRE DREYFUS] -- POINCARÉ, Raymond (1860-1934). Lettre autographe signée. 2 pages in-12 (178 x 113) sur un feuillet replié à l'adresse "32, rue des Mathurins". Datée 25 9bre [très probablement 1898].
LETTRE DE RAYMOND POINCARÉ À LA VEILLE DE LA RÉVISION DU PROCÈS DREYFUS ET AU MOMENT OÙ LE LIEUTENANT-COLONEL PICQUART, INCARCÉRÉ À LA PRISON DU CHERCHE-MIDI, VA ÊTRE TRADUIT EN JUSTICE.
Le 23 novembre 1898, le lieutenant-colonel Picquart est appelé à comparaître devant le Conseil de guerre pour faux et délit de communication. Cette décision suscite de nombreux remous. "La gauche veut exiger du gouvernement qu'il ajourne, comme la loi lui permet, la réunion du Conseil de guerre" (J.-D. Bredin, p. 336). Raymond Poincaré, ministre des Finances lors de la condamnation du capitaine Dreyfus et alors député de la Meuse et vice-président de la Chambre, avait toujours affiché une grande prudence jusqu'à son intervention le 28 novembre 1898.
"J'estime trop la sincérité de vos convictions pour m'étonner ou me froisser de votre télégramme. Mais je ne puis reprocher, sans motifs, l'impartialité et la loyauté des militaires qui auront à juger Picquart.
Je ne connais pas celui-ci; j'imagine les charges produites contre lui; je ne puis donc me prononcer sur le fond des choses. J'ai été terriblement impressionné par les conditions dans lesquelles avaient été engagées les poursuites et par les lenteurs de l'instruction. J'ai, sans bruit inutile, mais avec fermeté, dit à M. Dupuy [président du Conseil] et M. de Freycinet [ministre de la Guerre] que le gouvernement me semblait avoir le devoir de faire le possible pour que l'information se terminât et pour que, s'il y avait inculpation, les débats fussent publiés. J'ai fait ces démarches très spontanément, avec beaucoup de mes amis, dans l'intérêt de la paix publique et de la vérité. mais je ne connais aucun moyen légal d'intervenir dans une instruction judiciaire qu'elle soit militaire ou civile. J'attends donc les débats [...]" TRÈS INTÉRESSANT TÉMOIGNAGE QUELQUES JOURS SEULEMENT AVANT QUE POINCARÉ N'INTERVIENNE À LA CHAMBRE pour dénoncer les procédés du ministère de la Guerre dans l'affaire Dreyfus et déclare: "Je sais bien qu'en rompant aujourd'hui ce silence qui me pesait, je m'expose à des attaques, à des injures, à des calomnies. Je ne m'en soucie pas je suis heureux d'avoir saisi, à cette tribune, l'occasion trop longtemps attendue, de libérer ma conscience" (J.-D. Bredin, p. 336). Jean-Denis Bredin L'Affaire. Paris: Julliard, 1983.
LETTRE DE RAYMOND POINCARÉ À LA VEILLE DE LA RÉVISION DU PROCÈS DREYFUS ET AU MOMENT OÙ LE LIEUTENANT-COLONEL PICQUART, INCARCÉRÉ À LA PRISON DU CHERCHE-MIDI, VA ÊTRE TRADUIT EN JUSTICE.
Le 23 novembre 1898, le lieutenant-colonel Picquart est appelé à comparaître devant le Conseil de guerre pour faux et délit de communication. Cette décision suscite de nombreux remous. "La gauche veut exiger du gouvernement qu'il ajourne, comme la loi lui permet, la réunion du Conseil de guerre" (J.-D. Bredin, p. 336). Raymond Poincaré, ministre des Finances lors de la condamnation du capitaine Dreyfus et alors député de la Meuse et vice-président de la Chambre, avait toujours affiché une grande prudence jusqu'à son intervention le 28 novembre 1898.
"J'estime trop la sincérité de vos convictions pour m'étonner ou me froisser de votre télégramme. Mais je ne puis reprocher, sans motifs, l'impartialité et la loyauté des militaires qui auront à juger Picquart.
Je ne connais pas celui-ci; j'imagine les charges produites contre lui; je ne puis donc me prononcer sur le fond des choses. J'ai été terriblement impressionné par les conditions dans lesquelles avaient été engagées les poursuites et par les lenteurs de l'instruction. J'ai, sans bruit inutile, mais avec fermeté, dit à M. Dupuy [président du Conseil] et M. de Freycinet [ministre de la Guerre] que le gouvernement me semblait avoir le devoir de faire le possible pour que l'information se terminât et pour que, s'il y avait inculpation, les débats fussent publiés. J'ai fait ces démarches très spontanément, avec beaucoup de mes amis, dans l'intérêt de la paix publique et de la vérité. mais je ne connais aucun moyen légal d'intervenir dans une instruction judiciaire qu'elle soit militaire ou civile. J'attends donc les débats [...]" TRÈS INTÉRESSANT TÉMOIGNAGE QUELQUES JOURS SEULEMENT AVANT QUE POINCARÉ N'INTERVIENNE À LA CHAMBRE pour dénoncer les procédés du ministère de la Guerre dans l'affaire Dreyfus et déclare: "Je sais bien qu'en rompant aujourd'hui ce silence qui me pesait, je m'expose à des attaques, à des injures, à des calomnies. Je ne m'en soucie pas je suis heureux d'avoir saisi, à cette tribune, l'occasion trop longtemps attendue, de libérer ma conscience" (J.-D. Bredin, p. 336). Jean-Denis Bredin L'Affaire. Paris: Julliard, 1983.
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Christoph Auvermann