Lot Essay
Au XVIe siècle, les Djennenké fuirent les difficiles conditions de vie de l'ouest du plateau de Bandiagara, soumis aux sécheresses et aux intempéries, pour s'installer à l'est de ce dernier. Ils y trouvèrent un environnement propice à leur développement ; une plaine baignée par la rivière Yame
N'dule. Cette nouvelle situation leur permit de s'organiser en une civilisation plus structurée, basée sur l'agriculture. Sous les sollicitations d'une émergente classe aisée, les sculpteurs se virent confier de nouvelles commandes. Le style N'duleri émergea, caractérisé par le réalisme et la force de la statuaire de Tintam, au nord du plateau, combinés à une souplesse et une élégance que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. De superbe qualité d'exécution, les oeuvres représentent de grands et minces personnages. Les coiffures font l'objet d'une attention toute particulière, les figures se parent d'ornements tels que des boucles d'oreilles en double spirale. Certaines réminiscences du style Djennenké se notent dans la représentation de vtement et de scarification.
Le XVIIIe siècle semble marquer l'apogée du style N'duleri.
Il ne subsiste malheureusement que très peu d'uvres témoignant de ce que fut l'art dogon à cette époque. Le temps eut raison de la plupart des objets. La fécondité d'une femme est d'une importance primordiale quant à sa place dans la société dogon. Le premier enfant témoignera de son nouveau rang. La représentation de la maternité prend alors tout son sens. Le corps de la femme fertile est magnifié, le sculpteur valorise la forte poitrine en la plaant
en hauteur. La minceur du buste est soulignée par des bras interminablement longs et fins. Ceux-ci se rejoignent au niveau du ventre, le lieu originel. La cambrure des reins est volontairement accentuée. L'enfant, agrippé au dos de sa mère, est disproportionnellement petit, probable métaphore de cette société africaine attachée aux valeurs de ses anctres créateurs. L'art dogon ne fut reconnu que tardivement. En effet, l'inaccessibilité du territoire ainsi que son manque de richesses minérale et forestière ont isolé les terres dogon pendant longtemps. Peu d'occidentaux en revenaient chargés de souvenirs sculptés. De plus les chefs de villages, dissimulaient leur patrimoine artistique aux étrangers. À partir des années 1950, parmi les premiers pionniers à s'aventurer au coeur du territoire dogon citons Pierre Langlois, Hélène et Henri Kamer ainsi qu'Emil Storrer. Ces derniers ont découvert des terres quasi-inexplorées. Dès 1954, ils ont ainsi pu révéler au grand public un art méconnu qui deviendra par la suite un des archétypes des arts traditionnels de l'Afrique Noire. Au mme moment, l'engouement pour l'art primitif prit un véritable essor aux États-Unis. L'intért manifesté par un personnage aussi important que Nelson Rockefeller y contribua énormément. John J. Klejman était un marchand new-yorkais d'origine polonaise spécialisé dans la porcelaine et l'argenterie. Celui-ci s'intéressa rapidement à l'art Africain et devint l'un des marchands les plus important
de la cte ouest. De fréquents voyages en Europe lui permettaient de s'approvisionner régulièrement.
Cette maternité dogon N'duleri provient très probablement d'une de ces premières collectes. D'un style absolument fidèle aux canons de l'époque, elle nous est parvenu dans un parfait état de conservation. Acquise auprès de John J. Klejman en 1958, cette oeuvre témoigne de la clairvoyance d'Isidor Kahane quant à la reconnaissance de cet art frachement révélé. En 1960, le pays, devenu indépendant, développa ses réseaux de transports et s'ouvrit à l'Islam, ce qui entrana une fuite inexorable et définitive de la production artistique des anciens dogons.
Pour une oeuvre similaire voir Leloup, Hélène, Statuaire Dogon, Strasbourg, Editions Danièle Amez, 1994, fig.113.
Bibliographie :
Leloup, Hélène, Statuaire Dogon, Strasbourg, Editions Danièle Amez, 1994
Falgayrettes-Leveau, Christiane, Femmes dans les arts d'Afrique, Musée Dapper, Paris, 2008
N'dule. Cette nouvelle situation leur permit de s'organiser en une civilisation plus structurée, basée sur l'agriculture. Sous les sollicitations d'une émergente classe aisée, les sculpteurs se virent confier de nouvelles commandes. Le style N'duleri émergea, caractérisé par le réalisme et la force de la statuaire de Tintam, au nord du plateau, combinés à une souplesse et une élégance que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. De superbe qualité d'exécution, les oeuvres représentent de grands et minces personnages. Les coiffures font l'objet d'une attention toute particulière, les figures se parent d'ornements tels que des boucles d'oreilles en double spirale. Certaines réminiscences du style Djennenké se notent dans la représentation de vtement et de scarification.
Le XVIIIe siècle semble marquer l'apogée du style N'duleri.
Il ne subsiste malheureusement que très peu d'uvres témoignant de ce que fut l'art dogon à cette époque. Le temps eut raison de la plupart des objets. La fécondité d'une femme est d'une importance primordiale quant à sa place dans la société dogon. Le premier enfant témoignera de son nouveau rang. La représentation de la maternité prend alors tout son sens. Le corps de la femme fertile est magnifié, le sculpteur valorise la forte poitrine en la plaant
en hauteur. La minceur du buste est soulignée par des bras interminablement longs et fins. Ceux-ci se rejoignent au niveau du ventre, le lieu originel. La cambrure des reins est volontairement accentuée. L'enfant, agrippé au dos de sa mère, est disproportionnellement petit, probable métaphore de cette société africaine attachée aux valeurs de ses anctres créateurs. L'art dogon ne fut reconnu que tardivement. En effet, l'inaccessibilité du territoire ainsi que son manque de richesses minérale et forestière ont isolé les terres dogon pendant longtemps. Peu d'occidentaux en revenaient chargés de souvenirs sculptés. De plus les chefs de villages, dissimulaient leur patrimoine artistique aux étrangers. À partir des années 1950, parmi les premiers pionniers à s'aventurer au coeur du territoire dogon citons Pierre Langlois, Hélène et Henri Kamer ainsi qu'Emil Storrer. Ces derniers ont découvert des terres quasi-inexplorées. Dès 1954, ils ont ainsi pu révéler au grand public un art méconnu qui deviendra par la suite un des archétypes des arts traditionnels de l'Afrique Noire. Au mme moment, l'engouement pour l'art primitif prit un véritable essor aux États-Unis. L'intért manifesté par un personnage aussi important que Nelson Rockefeller y contribua énormément. John J. Klejman était un marchand new-yorkais d'origine polonaise spécialisé dans la porcelaine et l'argenterie. Celui-ci s'intéressa rapidement à l'art Africain et devint l'un des marchands les plus important
de la cte ouest. De fréquents voyages en Europe lui permettaient de s'approvisionner régulièrement.
Cette maternité dogon N'duleri provient très probablement d'une de ces premières collectes. D'un style absolument fidèle aux canons de l'époque, elle nous est parvenu dans un parfait état de conservation. Acquise auprès de John J. Klejman en 1958, cette oeuvre témoigne de la clairvoyance d'Isidor Kahane quant à la reconnaissance de cet art frachement révélé. En 1960, le pays, devenu indépendant, développa ses réseaux de transports et s'ouvrit à l'Islam, ce qui entrana une fuite inexorable et définitive de la production artistique des anciens dogons.
Pour une oeuvre similaire voir Leloup, Hélène, Statuaire Dogon, Strasbourg, Editions Danièle Amez, 1994, fig.113.
Bibliographie :
Leloup, Hélène, Statuaire Dogon, Strasbourg, Editions Danièle Amez, 1994
Falgayrettes-Leveau, Christiane, Femmes dans les arts d'Afrique, Musée Dapper, Paris, 2008