Lot Essay
Ce remarquable cabinet est un exemple passionnant de création, à la fin du XVIIIe siècle, d'un meuble réemployant des panneaux de marqueterie antérieurs. Le procédé est moins étonnant qu'il n'y parait : les ébénistes traitent en effet les panneaux de marqueterie de leurs prédécesseurs comme ils utilisent les matériaux précieux dont ils ornent leurs créations: panneaux de pierres dures, plaques de porcelaine, panneaux de laque de Chine ou du Japon ...
Les panneaux de marqueterie qui ornent la façade, les côtés mais aussi l'intérieur de ce cabinet sont attribués à l'ébéniste Pierre Gole. Au revers du vantail et sur les façades des six tiroirs, le contraste de couleurs entre les rinceaux et le fond de bois clair est une thématique qui se retrouve sur plusieurs de ses meubles.
Citons en premier lieu le cabinet dit cabinet de Serrant (illustré dans Théodoor Lunsingh Scheurleer, Pierre Gole. Ebéniste de Louis XIV, Editions Faton, Dijon, 2005, p.53-54) et le médailler donné par M.Djahanguir Riahi au musée du Louvre (Inventaire OA 11852) qui est illustré dans Nouvelles acquisitions du Département des Objets d'Art, 1995-2002, Réunion des Musées nationaux, Paris, 2003, p.85 à 87. Mentionnons également le cabinet conservé au Rijksmuseum à Amsterdam (illustré dans Theodoor Lunsingh Scheurleer, op.cit., p. 67 ainsi que dans Reinier Baasen, 17th century cabinets, Amsterdam, 2000, p.49-51.)
D'origine hollandaise, Pierre Gole (probablement 1620-1685) arrive en France vers 1640. A partir de 1651, s'étant fait connaitre pour ses talents d'ébéniste et de marqueteur, il est amené à livrer des meubles pour Louis XIV et Anne d'Autriche. Son succès est facilité par le mariage entre sa belle-soeur et l'architecte des Bâtiments du Roi Jean Marot. Gole obtient alors rapidement le titre de "menuisier en ébène ordinaire" du Roi. Intégré dans l'équipe de menuisiers, tapissiers et ébénistes chargés de meubler le château de Versailles, Pierre Gole se fait connaître d'autres personnages majeurs de la Cour, tel que Mazarin à qui il livrera deux cabinets en ébène et bronze doré. La plupart de ses cabinets ont aujourd'hui disparu, certains détruits par le passage du temps, certains démantelés par des marchands et ébénistes du XVIIIème siècle qui souhaitent réemployer les précieux matériaux ou les panneaux marquetés afin d'orner de novueaux meubles.
Il est intéressant de souligner la similitude des pieds du présent cabinet avec ceux imaginés par André-Charles Boulle. Cette forme de toupie se retrouve notamment sur la paire de commode exécutée en 1708 pour le Grand Trianon et qui est conservée aujourd'hui au musée du château de Versailles. Ces commodes sont les seules identifiées de façon incontestable, grâce à des documents d'archives, comme étant de la main de l'ébéniste (Daniel Meyer, Le Mobilier de Versailles, XVIIe et XVIIIe siècles, Tome I, Editions Faton, Dijon, 2002, p.54-57).
Citons également les nombreuses planches de modèles dessinées par Boulle, où l'on peut voir à plusieurs reprises des meubles avec de tels pieds en toupie (Jean-Pierre Samoyault, André-Charles Boulle et sa famille, Librairie Droz, Genève, 1979, pl.7, 8 et 10). Notons que cette forme de pieds connaît un regain d'intérêt avec l'arrivée du style Louis XVI, comme on peut le constater sur le présent cabinet.
Ce modèle de pied figure sur un certain nombre de meubles de la seconde moitié du XVIIIème siècle et notamment sur les oeuvres des plus novateurs des grands ébénistes néoclassiques tels que Pierre Garnier (cf. en particulier Christophe Huchet de Quénetain, Pierre Garnier, Les Editions de l'Amateur, Paris, 2003, p.103 et 133-134).
Ce cabinet est révélateur de l'évolution stylistique du mobilier Boulle entre celui réalisé sous Louis XIV et celui exécuté sous Louis XVI. En effet, la décoration intérieure néoclassique exige plus de meubles bas, qui laissent les cimaises dégagées pour l'accrochage de tableaux (cf. Alexandre Pradère, "Boulle. Du Louis XIV sous Louis XVI.", L'Objet d'Art, Février 1988, p.39). On demande donc moins de cabinets à piètement et d'armoires. Ces derniers sont donc transformés pour correspondre aux attentes de la nouvelle vogue, à l'exemple du présent meuble.
Les panneaux de marqueterie qui ornent la façade, les côtés mais aussi l'intérieur de ce cabinet sont attribués à l'ébéniste Pierre Gole. Au revers du vantail et sur les façades des six tiroirs, le contraste de couleurs entre les rinceaux et le fond de bois clair est une thématique qui se retrouve sur plusieurs de ses meubles.
Citons en premier lieu le cabinet dit cabinet de Serrant (illustré dans Théodoor Lunsingh Scheurleer, Pierre Gole. Ebéniste de Louis XIV, Editions Faton, Dijon, 2005, p.53-54) et le médailler donné par M.Djahanguir Riahi au musée du Louvre (Inventaire OA 11852) qui est illustré dans Nouvelles acquisitions du Département des Objets d'Art, 1995-2002, Réunion des Musées nationaux, Paris, 2003, p.85 à 87. Mentionnons également le cabinet conservé au Rijksmuseum à Amsterdam (illustré dans Theodoor Lunsingh Scheurleer, op.cit., p. 67 ainsi que dans Reinier Baasen, 17th century cabinets, Amsterdam, 2000, p.49-51.)
D'origine hollandaise, Pierre Gole (probablement 1620-1685) arrive en France vers 1640. A partir de 1651, s'étant fait connaitre pour ses talents d'ébéniste et de marqueteur, il est amené à livrer des meubles pour Louis XIV et Anne d'Autriche. Son succès est facilité par le mariage entre sa belle-soeur et l'architecte des Bâtiments du Roi Jean Marot. Gole obtient alors rapidement le titre de "menuisier en ébène ordinaire" du Roi. Intégré dans l'équipe de menuisiers, tapissiers et ébénistes chargés de meubler le château de Versailles, Pierre Gole se fait connaître d'autres personnages majeurs de la Cour, tel que Mazarin à qui il livrera deux cabinets en ébène et bronze doré. La plupart de ses cabinets ont aujourd'hui disparu, certains détruits par le passage du temps, certains démantelés par des marchands et ébénistes du XVIIIème siècle qui souhaitent réemployer les précieux matériaux ou les panneaux marquetés afin d'orner de novueaux meubles.
Il est intéressant de souligner la similitude des pieds du présent cabinet avec ceux imaginés par André-Charles Boulle. Cette forme de toupie se retrouve notamment sur la paire de commode exécutée en 1708 pour le Grand Trianon et qui est conservée aujourd'hui au musée du château de Versailles. Ces commodes sont les seules identifiées de façon incontestable, grâce à des documents d'archives, comme étant de la main de l'ébéniste (Daniel Meyer, Le Mobilier de Versailles, XVIIe et XVIIIe siècles, Tome I, Editions Faton, Dijon, 2002, p.54-57).
Citons également les nombreuses planches de modèles dessinées par Boulle, où l'on peut voir à plusieurs reprises des meubles avec de tels pieds en toupie (Jean-Pierre Samoyault, André-Charles Boulle et sa famille, Librairie Droz, Genève, 1979, pl.7, 8 et 10). Notons que cette forme de pieds connaît un regain d'intérêt avec l'arrivée du style Louis XVI, comme on peut le constater sur le présent cabinet.
Ce modèle de pied figure sur un certain nombre de meubles de la seconde moitié du XVIIIème siècle et notamment sur les oeuvres des plus novateurs des grands ébénistes néoclassiques tels que Pierre Garnier (cf. en particulier Christophe Huchet de Quénetain, Pierre Garnier, Les Editions de l'Amateur, Paris, 2003, p.103 et 133-134).
Ce cabinet est révélateur de l'évolution stylistique du mobilier Boulle entre celui réalisé sous Louis XIV et celui exécuté sous Louis XVI. En effet, la décoration intérieure néoclassique exige plus de meubles bas, qui laissent les cimaises dégagées pour l'accrochage de tableaux (cf. Alexandre Pradère, "Boulle. Du Louis XIV sous Louis XVI.", L'Objet d'Art, Février 1988, p.39). On demande donc moins de cabinets à piètement et d'armoires. Ces derniers sont donc transformés pour correspondre aux attentes de la nouvelle vogue, à l'exemple du présent meuble.