PAIRE DE FAUTEUILS A CHASSIS D'EPOQUE TRANSITION
PAIRE DE FAUTEUILS A CHASSIS D'EPOQUE TRANSITION

ESTAMPILLE DE JEAN-JACQUES POTHIER, VERS 1760

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PAIRE DE FAUTEUILS A CHASSIS D'EPOQUE TRANSITION
ESTAMPILLE DE JEAN-JACQUES POTHIER, VERS 1760
En bois mouluré, sculpté et doré, le dossier à la Reine à décor de godrons et sommé d'une guirlande de culots centrée d'une rosace, les accotoirs munis de manchettes et reposant sur des supports en coup de fouet, la ceinture à frises de grecques et de godrons reposant sur des pieds cambrés ornés d'une feuille d'acanthe et terminés en enroulement, chaque fauteuil estampillé sous la ceinture et sur le châssis I.POTHIER et portant les numéros incisés respectivement VI et II, garniture (endommagée) de velours de soie gaufré cognac probablement d'origine
Hauteur: 98 cm. (38½ in.) ; Largeur: 74 cm. (29¼ in.)
Jean-Jacques Pothier, reçu maître en 1750 (2)
Literature
Bibliographie :
Cat. expo., Grands Ebénistes et Menuisiers Parisiens du XVIIIe Siècle, Paris, Musée des Arts Décoratifs, 1955-1956, no. 253 (non illustré).
Paul Guth, "Le Palais Abbatial de Royaumont ", in Connaissance des Arts, Février 1957, p. 26.
Axelle de Gaigneron, "L'inconnu de Royaumont", in Connaissance des Arts, Décembre 1982, p. 110.

Bibliographie comparative :
André Pératé et Gaston Brière, Collections Georges Hoentschel acquises par M. J. Pierpont Morgan et offertes au Metropolitan Museum de New York, Tome III, Librairie Centrale des Beaux-Arts, 1908, pl. CVIII.
Madeleine Jarry, Le Siège Français, Office du Livre, Fribourg, 1973, ill. 174.
Svend Eriksen, Early Neo-Classicism in France, Faber and Faber, Londres, 1974, pl. 159.
Bill G.B. Pallot, L'Art du Siège au XVIIIe Siècle en France, ACR - Gismondi Editeurs, Courbevoie, 1987, p. 177.
Nicole Hoentschel, Georges Hoentschel, Editions Monelle Hayot, Saint Rémy en l'Eau, 1999, p. 195
Jérôme Coignard et al., Hôtel de la Vaupalière, Paris, 2008, p. 54-55.
Exhibited
Grands Ebénistes et Menuisiers Parisiens du XVIIIe Siècle, Paris, Musée des Arts Décoratifs, 1955-1956, no. 253.
Further details
A PAIR OF LOUIS XV-LOUIS XVI TRANSITIONAL GILTWOOD FAUTEUILS A CHASSIS STAMPED BY JEAN-JACQUES POTHIER, CIRCA 1760

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Nicolas Couvrand
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Lot Essay

Ces remarquables fauteuils font partie d'un des mobiliers de salon les plus emblématiques du style Transition. De ce mobilier, six fauteuils et un canapé sont aujourd'hui répertoriés, sans que l'on puisse savoir si ce mobilier comprenait initialement d'autres sièges. Outre les deux présents fauteuils, un fauteuil est conservé au Metropolitan Museum of Art à New York, deux figuraient dans la collection Crespi dans les années 60, un fait partie des collections du Groupe Axa tandis que le canapé, inédit jusqu'à ce jour, est dans une collection particulière française.

Ces fauteuils se singularisent par leur interprétation de la transition qui marque le passage du rococo au néo-classicisme. La structure des fauteuils est encore très Louis XV ; ainsi, toutes les traverses et tous les montants sont galbés. Au contraire, les motifs sont d'esprit Louis XVI, en particulier le motif de grecques qui est un de ceux qui caractérisent le plus le néo-classicisme.

Ce motif figure sur de nombreux meubles d'ébénisterie, tant pour la marqueterie que pour l'ornementation de bronze doré ; citons en particulier le célèbre bureau de La Live de July. En revanche, il n'apparaît que très rarement sur des sièges. Mentionnons à ce sujet la gouache de Pierre Antoine Baudoin et la gravure qui en a été tirée par Jean Massard publiée par Svend Eriksen (op. cit., ill. 389) ; on y voit un fauteuil avec une ceinture sculptée de grecques.

Les présents fauteuils -et le mobilier dont ils font partie- sont un des projets les plus ambitieux et certainement le plus créatif de Jean-Jacques Pothier. Ce dernier accède à la maîtrise en 1750 et, après avoir travaillé rue Mazarine, s'installe rue de Bourbon-Villeneuve. Svend Eriksen (op. cit., p. 335) souligne qu'à cette adresse, Pothier était voisin de Delanois, un des menuisiers les plus ouverts aux évolutions du style et à la traduction en menuiserie de la vague néo-classique. Il voit dans cette proximité une potentielle explication à la réalisation d'un ensemble aussi ambitieux par un menuisier qui n'est pas particulièrement réputé pour son progressisme.

Evoquons maintenant les différents sièges qui composent ce mobilier qui a été démembré au plus tard à la fin du XIXe siècle.

Le fauteuil du Metropolitan provient de la collection Hoentschel. Georges Hoentschel (1855-1915) est un des architectes - décorateurs phares du tournant des XIXe et XXe siècle. C'est également un collectionneur enthousiaste, ayant une véritable passion pour le XVIIIe siècle français. Après la mort tragique de sa femme en 1905, il cède à J. Pierpont Morgan (1837-1913) l'essentiel des collections ornant son hôtel particulier du boulevard Flandrin. Parmi les près de deux mille objets, on trouve de nombreux chefs d'oeuvre, à l'exemple du fauteuil de Pothier. A sa mort, le reste de ses collections est dispersé à la Galerie Georges Petit, dans une série de cinq ventes mémorables en 1919 et 1922.
J. Pierpont Morgan fait l'acquisition le 27 avril 1906 des collections Hoentschel pour la somme de quatre millions de francs or ; elles sont ensuite données au Metropolitan Museum of Art par le financier.
Le fauteuil du Metropolitan a été souvent illustré ; citons en particulier André Pératé et Gaston Brière, op. cit., pl. CVIII., Nicole Hoentschel, op. cit., p. 195, Madeleine Jarry, op. cit., ill. 174, Svend Eriksen, op. cit., pl. 159 et Bill G.B. Pallot, op. cit., p. 177.

Un fauteuil fait partie des collections du groupe Axa, conservées à Paris à l'Hôtel de La Vaupalière. Signalons que le décorateur François-Joseph Graf en a fait exécuter sept répliques pour reconstituer un mobilier ; l'ensemble est exposé dans l'Antichambre de l'Hôtel et est illustré dans Jérôme Coignard et al., Hôtel de la Vaupalière, Paris, 2008, p. 54-55.

Deux fauteuils figurent en 1961 dans la collection de M. et Mme Mario Crespi, à Milan. Ils n'ont, semble-t-il, été publiés qu'en 1961 (Eveline Schlumberger, "Deux mécènes milanais installent à la française leurs collections dans un palais", in Connaissance des Arts, Octobre 1961, p. 108). La collection Crespi, consacrée au XVIIIe siècle italien et français, fit l'objet de plusieurs articles publiés par Connaissance des Arts dans le numéro précité. Elle avait été installée en 1952 par le sénateur Mario Crespi et sa femme dans un palais de la via Sant'Andrea. Pour la décoration, Fosca Crespi avait fait appel à Hyppolyte Gayral. Il a fallu l'oeil avisé d'un amateur éclairé pour identifier, sur une des photos publiées en 1961, les fauteuils de Pothier.

Un canapé, inédit jusqu'à ce jour, figure dans une collection particulière française. Il est estampillé à deux reprises de Pothier; sa largeur est de 193 cm. On peut le rapprocher de deux autres canapés de Pothier, tous deux à châssis. Le premier a fait partie de la collection Wrightsman donnée au Metropolitan Museum of Art à New York (Inv. 1976.155.167). Il est illustré dans Bill G.B. Pallot, L'Art du Siège au XVIIIe Siècle en France, ACR - Gismondi Editeurs, Courbevoie, 1987, p. 202 ainsi que dans Francis J. B. Watson, The Wrightsman Collection. Furniture. Volume I., The Metropolitan Museum of Art, New York, 1966, p. 56.
Le second fait partie du mobilier de salon de Pothier de la collection Henry Ford II et a été vendu, Christie's New York, 12 novembre 1981, lot 215. Ce mobilier avait été exposé, Exposition Internationale du Cadre du XVe au XXe siècle, à la Galerie Georges Petit en avril 1931 sous le numéro 739.

En ce qui concerne les présents fauteuils, nous ne connaissons pas leur provenance. Signalons qu'ils ne semblent pas figurer dans l'inventaire dressé en juillet 1913 par Georges Samary de la "Collection de Monsieur le Baron Eugène Fould". On peut imaginer qu'ils ont été achetés auprès des marchands ayant la confiance d'Eugène Fould, tels que Guiraud ou Seligmann. Un des deux fauteuils a été prêté par le Baron Fould Springer à l'exposition Grands Ebénistes et Menuisiers Parisiens du XVIIIe Siècle au Musée des Arts Décoratifs à Paris en 1955 et 1956. Ils illustrent particulièrement bien le goût d'Eugène Fould-Springer pour les sièges qui a su constituer, à Royaumont, un ensemble fabuleux de sièges néoclassiques.

Aucun des sièges de ce mobilier de salon ne porte, semble-t-il, d'inscription ou d'étiquette permettant d'identifier le commanditaire de ce mobilier.

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