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Details
PIEYRE DE MANDIARGUES, André. Balthus, je me souviens. Manuscrit autographe signé "André Pieyre de Mandiargues" en lettres capitales. Sans date, vers 1975. 7 feuillets in-4 (269 x 209 mm). Stylo à bille noir sur papier vert d'eau, au recto seulement, rares ratures et corrections.
"BALTHUS, OUI, DÈS SA PREMIÈRE EXPOSITION LEVA LE RIDEAU SUR UN SPECTACLE ESSENTIEL QUE DEPUIS COURBET PERSONNE N'AVAIT VOULU OU OSÉ MONTRER [...]".
L'écrivain rencontre Balthus en 1934 lors de sa première exposition à la galerie Pierre Loeb. Ce texte fut publié en juin 1975 dans le n° 44 de la revue XXe siècle et repris, en 1995, dans Quatrième belvédère (pp. 199 à 203).
"[...] La peinture de Balthus est un théâtre où le mouvement a été interrompu à un instant de choix. D'où la solitude dans laquelle semblent avoir été fixés les acteurs; d'où la tension, le charme; par rupture de vie, comme par rupture de courant [...] Artaud, plus définitivement, n'avait-il pas écrit 'Au-dessus de la révolution surréaliste, au-dessus des formes de l'académisme classique, la peinture révolutionnaire de Balthus rejoint une sorte de tradition mystérieuse.' Le grand tableau de La Rue, dans sa plus ancienne version comme dans la postérieure, à cet égard est caractéristique, et l'on n'a pas besoin d'autres exemples, qui ne manqueraient pas cependant, pour reconnaître que cette 'tradition mystérieuse' est celle qui orientait la démarche de plusieurs vieilles écoles italiennes. Sans trop citer, rappelons, dans la toscane, Piero della Francesca et Paolo Uccello, dans la ferraraise, Tura et le Cossa, dans la vénitienne, Carpaccio. Du dernier nommé, l'Histoire de sainte Ursule à l'Accademia de Venise, n'a jamais cessé de m'enchanter au point suprême. Par l'humanité, par la poésie et par la cruauté prodigieuse, par la solitude et par l'élégance des personnages dérivant de l'amour à la mort, cette vaste fresque est un carrefour, point de rencontre de Carpaccio avec Shakespeare, Artaud et Balthus. Me ferait-on jouer au jeu [...] de pouvoir sauver une chose, mais une seule, de l'art de l'Occident, c'est l'Histoire de sainte Ursule que je sauverais. Du même coup je préserverais la meilleure essence et la plus considérable de Balthus. Ou pour être plus franc, ce que je préfère dans son humanisme [...] Car l'humanisme de Balthus est érotique et cruel. Ce n'était pas le moins important de l'exposition de 1934 que le retour de quelque chose que l'on avait cessé de voir depuis Delacroix et surtout depuis Courbet, et qui est l'érotisme [...]".
[On joint:] -La copie carbone du texte (4 feuillets in-4).
"BALTHUS, OUI, DÈS SA PREMIÈRE EXPOSITION LEVA LE RIDEAU SUR UN SPECTACLE ESSENTIEL QUE DEPUIS COURBET PERSONNE N'AVAIT VOULU OU OSÉ MONTRER [...]".
L'écrivain rencontre Balthus en 1934 lors de sa première exposition à la galerie Pierre Loeb. Ce texte fut publié en juin 1975 dans le n° 44 de la revue XXe siècle et repris, en 1995, dans Quatrième belvédère (pp. 199 à 203).
"[...] La peinture de Balthus est un théâtre où le mouvement a été interrompu à un instant de choix. D'où la solitude dans laquelle semblent avoir été fixés les acteurs; d'où la tension, le charme; par rupture de vie, comme par rupture de courant [...] Artaud, plus définitivement, n'avait-il pas écrit 'Au-dessus de la révolution surréaliste, au-dessus des formes de l'académisme classique, la peinture révolutionnaire de Balthus rejoint une sorte de tradition mystérieuse.' Le grand tableau de La Rue, dans sa plus ancienne version comme dans la postérieure, à cet égard est caractéristique, et l'on n'a pas besoin d'autres exemples, qui ne manqueraient pas cependant, pour reconnaître que cette 'tradition mystérieuse' est celle qui orientait la démarche de plusieurs vieilles écoles italiennes. Sans trop citer, rappelons, dans la toscane, Piero della Francesca et Paolo Uccello, dans la ferraraise, Tura et le Cossa, dans la vénitienne, Carpaccio. Du dernier nommé, l'Histoire de sainte Ursule à l'Accademia de Venise, n'a jamais cessé de m'enchanter au point suprême. Par l'humanité, par la poésie et par la cruauté prodigieuse, par la solitude et par l'élégance des personnages dérivant de l'amour à la mort, cette vaste fresque est un carrefour, point de rencontre de Carpaccio avec Shakespeare, Artaud et Balthus. Me ferait-on jouer au jeu [...] de pouvoir sauver une chose, mais une seule, de l'art de l'Occident, c'est l'Histoire de sainte Ursule que je sauverais. Du même coup je préserverais la meilleure essence et la plus considérable de Balthus. Ou pour être plus franc, ce que je préfère dans son humanisme [...] Car l'humanisme de Balthus est érotique et cruel. Ce n'était pas le moins important de l'exposition de 1934 que le retour de quelque chose que l'on avait cessé de voir depuis Delacroix et surtout depuis Courbet, et qui est l'érotisme [...]".
[On joint:] -La copie carbone du texte (4 feuillets in-4).
Further details
IMPORTANT ESSAY DEVOTED TO BALTHUS AND PUBLISHED IN 1975 IN XXe siècle (n° 44). PIEYRE DE MANDIARGUES MET BALTHUS IN 1934.
Brought to you by
Eloïse Peyre