PLAT DE RELIURE DE LIVRE EN CUIVRE DORE CHAMPLEVE ET EMAUX POLYCHROMES
PLAT DE RELIURE DE LIVRE EN CUIVRE DORE CHAMPLEVE ET EMAUX POLYCHROMES

LIMOGES, VERS 1190-1200

Details
PLAT DE RELIURE DE LIVRE EN CUIVRE DORE CHAMPLEVE ET EMAUX POLYCHROMES
LIMOGES, VERS 1190-1200
La Crucifixion s'inscrivant dans une mandorle convexe; les têtes d'appliques classiques; montée sur un panneau de bois portant la marque d'un trou de suspension et deux étiquettes en papier au revers, l'une gravée d'une figure de Saint Martin et portant le numéro '121' au crayon et l'autre portant l'inscription 'E.U.1900/M Martin le Roy'; accidents et manques mineurs
32 x 19.2 cm. (12.5 x 7½ in.)
Provenance
Collection Victor Martin le Roy, Neuilly-sur-Seine, 1906.
Collection Jean-Joseph Marquet de Vasselot, puis par descendance à ses héritiers.
Literature
BIBLIOGRAPHIE:
R. Koechlin, Catalogue Raisonné de la Collection Martin le Roy, I, Orfèvrerie et Emaillerie, Paris, 1906, no. 30, pp. 51-52, pl. XXII.
E. Molinier et F. Marcou, Exposition rétrospective de l'art français des origines à 1800, Paris, 1900, p.89.
M.-M. Gauthier, Les Reliures en émail de Limoges conservées en France: recensement raisonné in Humanisme actif: Mélanges d'art et de litérature offerts à Julien Cain, 2 vols., Paris, 1968, I, p. 285.
E. Antoine, D. Gaborit-Chopin, M. M. Gauthier, Corpus des Emaux méridionaux, II, l'Apogée, 1190-1215, Paris, 2011, VB 1, n 27. pp. 207-211.

REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE:
M.-A. Carlier, Art médieval: exposition à l'occasion du centenaire de Brimo de Laroussilhe, Paris, 2008, ill. 10, pp. 49-52.
Exhibited
Exposition rétrospective de l'art français des origines à 1800, Paris, Petit Palais, 1900, no. 2506.
Further details
A RECTANGULAR GILT-COPPER AND POLYCHROME CHAMPLEVE ENAMEL BOOK COVER, LIMOGES, CIRCA 1190-1200
The central rectangular panel with convex mandorla, the heads applied; mounted on an oak panel with the remains of a suspension loop and two paper labels to the reverse, one label with St Martin and the other inscribed 'E.U. 1900 M Martin le Roy'; minor losses and damages

Lot Essay

Cet important plat de reliure recouvrait très probablement à l'origine la face supérieure d'un ouvrage liturgique des plus précieux et répondait à un plat de reliure inférieur représentant le Christ en Majesté et les quatre symboles des évangélistes placés autour de la mandorle dans l'ordre habituel. Le plat de reliure Marquet de Vasselot présente la Crucifixion s'inscrivant dans une mandorle convexe travaillée en repoussé. La mandorle est cantonnée par deux anges et deux symboles évangéliques.

Bien que l'iconographie de la plaque centrale diffère ici du type habituel, la mandorle convexe et en relief, la composition, la gamme de couleurs, et les personnages réservés, ciselés, gravés munis des têtes d'applique classicisantes, sont des caractéristiques liant ce plat à un petit groupe de la production de Limoges aux alentours de 1200. Le plat ici présent comme il est mentionné dans le récent ouvrage sur les émaux de Limoges écrit par Antoine, Gaborit-Chopin et Gauthier (loc.cit., VA n3, VC n17) est à rapprocher de deux autres plats de reliure, celui de la Cathédrale de Lyon et de Copenhague provenant de Saint-Knud à Odense.

Cet important plat de reliure en émail est rare tant par sa composition que par la qualité et rigueur du travail du métal. Comme nous l'évoquons pour la châsse (lot 16), de nombreuses oeuvres en émail de cette période témoignent de l'activité artistique de très haut niveau des ateliers de Limoges, cependant il semble difficile d'attribuer une oeuvre comme la plaque ici présente à un artiste en particulier.

Comme de nombreux objets provenant de la collection Martin Le Roy, la plaque ici présente porte une étiquette en papier gravée de la figure de Saint Martin et du mot STERN en bas à gauche. La Maison Stern Graveur, fondée en 1836, fut installée dans le second arrondissement de Paris (passage des Panoramas) par Monsieur Aumoitte qui s'associa à un jeune graveur, Moise Stern. Cette collaboration de quatorze années s'acheva en 1850, année où la direction de la Maison fut reprise par Moise Stern. Dès ses débuts, l'entreprise connut un essor prodigieux en travaillant pour la plupart des Cours d'Europe, les ambassades, les institutions d'état, la noblesse, et les plus grandes entreprises françaises et étrangères, en réalisant et personnalisant le besoin de chaque commanditaire. C'est sous le Second Empire que Stern Graveur connu son apogée en devenant fournisseur officiel de l'Empereur Napoléon III ; renommée marquée par l'obtention de la Médaille d'or lors des Expositions Universelles de Paris en 1867 et 1889. Dans les années 1890, Stern s'associa avec son fils René. De nos jours, la Maison est toujours active (faubourg Saint Honoré) et a cette volonté très forte de conserver et valoriser un savoir-faire et des techniques artisanales.

Stern utilise des procédés anciens de gravure sur cuivre, blocs d'acier et de typographie sur des papiers. La gravure en taille-douce est une technique permettant une très grande finesse de l'écriture. La planche de cuivre est conservée par le graveur pour les prochaines impressions. Les étiquettes en papier représentant Saint Martin sur la plupart des objets de la collection de Marquet de Vasselot sont donc considérées comme des gravures. Il est certain que Martin le Roy commissionna ces gravures afin de les apposer sur ces oeuvres d'art, cependant il est difficile de les dater (fin du XIXème siècle).

This beautiful enamel bookcover would originally have adorned a precious liturgical book and would probably have been paired with a representation of Christ in Majesty surrounded by the symbols of the evangelists on the reverse. The plaque represents the Crucifixion framed in a chased convex mandorla. The mandorla is surrounded by two angels and two Evangelist symbols.

Even though the iconography of the central plaque differs from the common type, the structural composition and the colour palette, the reserved, punched and chased figures with heads applied separately and of classical type are typical of a small group of Limoges enamels produced around 1200. In the present instance, the enamel bookcover relates closely to other examples, one from the Cathedral in Lyon and the other in Copenhagen from Odense, as has been noted in the recent publication on Limoges enamels by Antoine, Gaborit-Chopin and Gauthier (loc. cit., VA n3, VC n17).

The present enamel plaque is a rare and remarkable example distinguished not only by its composition but also by the clarity of the enamel work. As discussed also in relation to the enamel chasse in this collection (see lot 16), the book cover offered here testifies to the extremely high level of artistic quality characteristic of Limoges workshops. Nevertheless, the lack of specific documentation has made it impossible to attribute a work such as the present plaque to an individual craftsman.

Like many objects from the Martin Le Roy collection, the present plaque has a paper label with an image of St. Martin and the word 'STERN' at lower left. The Maison Stern Graveur was founded in 1836 in Paris in the 2nd arrondissement by a M. Aumoitte in association with the young engraver, Moses Stern. This partnership lasted for fourteen years and ended in 1850, when Moses Stern took over the house. From its very beginnings, the company enjoyed an enormous prestige by working for most of the European courts, embassies, government institutions, nobility and major French and foreign companies. Stern Graveur reached its peak in the Second Empire, by becoming the official supplier of the Emperor Napoleon III. Both in 1867 and 1889, at the Universal Exhibitions, Maison Stern was awarded the Gold Medal for quality. In the 1890s, Stern's son René joined the company. Today, the company is still active in the Faubourg Saint-Honore and maintains the highest standards through traditional techniques.

The techniques used include copperplate or steel block engraving and letterpress. Engraving and letterpress allow for a great delicacy and attention to details in typography. The copperplate is then kept by the engraver for future impressions. The paper labels depicting Saint Martin on most of the objects belonging to the collection of Marquet de Vasselot are thus actual engravings. It is highly likely that Martin le Roy commissioned the engraving plate in order to label the works of art from his collection; nevertheless it is difficult to date the engravings with certainty (late 19th century).

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