Lot Essay
Leonhard Kern originaire de Forchtenber débuta son apprentissage auprès de son père Michael Kern. Il continua sa formation en Italie se basant deux années à Rome, où il se consacra à la sculpture italienne du 16e siècle. En 1614, il épousa Amalia Zollner, avec laquelle il eut quatorze enfants, dont la plupart sont morts en bas-âge. Il travailla tout d'abord dans l'atelier de son frère Michael, puis fut nommé à la cour de l'Electeur palatin Frédéric V., à Heidelberg, pour lequel il réalisa en 1617 un groupe monumental (mairie de Nuremberg). L'implication du Palatinat dans la Guerre de Trente Ans le força à quitter Heidelberg et il s'installa en 1620 dans la ville impériale de Schwabisch Hall. Il y fonde son propre atelier, où il se spécialisa dans la production de petites figurines comme pièces de cabinet avec une thématique très vaste. En 1648, il fut nommé sculpteur auprès de la cour de Brandebourg, s'assurant ainsi une renommée et une sécurité. Comptant parmi les sculpteurs les plus singuliers et importants du XVIIe siècle, Leonhard Kern représente ses statuettes très souvent nues et voluptueuses, pourvues d'une expression intense, leur conférant ainsi une modernité qui le rapproche davantage de l'oeuvre d'Aristide Maillol ou de Fernand Botero plutôt que de ses contemporains. C'est probablement pour cette raison que les oeuvres de Kern ont à ce point suscité l'attrait des collectionneurs au cours du dernier siècle. Les matériaux préférés de Kern étaient le bois et l'ivoire, et il s'inspirait de figures tirées de l'Ancien Testament, de l'Antique et de la mythologie. D'un point de vue stylistique, Kern représente à la fois le réalisme et le classicisme de la sculpture baroque allemande.
Comme H. J Hennze l'évoque dans son article, les thèmes du sacrifice, de la jeunesse et vieillesse sont très présent dans l'oeuvre de Kern. Effectivement, de nos jours il existe plusieurs versions du thème du sacrifice conservées dans des institutions attribuées à Kern. Les analogies entre l'ivoire conservé au Victoria et Albert Museum daté aux alentours de 1630-1635 (op. cit., fig. 1) l'ivoire du Kunstmuseum de Dusseldorf daté de 1620 (op. cit., fig. 2) et le groupe ici présent sont frappantes tant au niveau du traitement des cheveux, de la barbe, qu'au niveau du modelé des corps. Dans chaque version, il a cherché la possibilité de représenter de façon imagée le dialogue entre le père et son fils et a transcrit très précisément les différentes phases du sacrifice dans la gestuelle, la posture et les mimiques des protagonistes. L'interdépendance des deux personnages rend le sculpteur capable de créer un groupe qui offre au spectateur de nombreux points de vue avec en partie des aspects surprenants. On retrouve la même opposition gestuelle dans notre groupe et celui du Victoria and Albert Museum. La figure masculine regarde vers le ciel et réalise probablement avec douleur ce que le sacrifice signifie pour lui, tandis que l'enfant est presque mort à terre.
La qualité d'exécution est telle que le réalisme des morphologies des deux corps, la grande maitrise au niveau du traitement des cheveux, de la barbe, les proportions des corps, le modelé et l'observation anatomique nous permettent d'attribuer cette oeuvre à Leonhard Kern. Nous pouvons également faire le rapprochement entre l'ivoire ici présent et un groupe exposé en 1879 à Londres qui est par ailleurs le plus apparent et représentatif de tous les exemples connus de nos jours. (voir Burlington Fine Arts Club, cat. Exp. Catalogue of Bronzes and Ivories of European Origin, 1879, London, p. 56. No. 339.). A l'époque ce groupe fut prêté par Mr Fisher et catalogué comme 'Group from the Murder of the Innocents' (le massacre des Innocents), Italien datant du XVe siècle. Ce dernier groupe est le plus analogue de notre ivoire et nous permet d'avancer l'hypothèse que la figure masculine du groupe ici présent devait probablement tenir une épée ou un sabre de sa main gauche et que ces deux groupes sont la réalsisation d'un même artiste, ici donc Leonhard Kern.
Cet ivoire provient d'une collection privée française et n'a pas été présenté sur le marché depuis plus de 150 ans. Il illustre parfaitement l'habilité de Leonhard Kern à représenter le modelé et la composition anatomique du corps humain. Sa provenance, ses dimensions inhabituelles, son attribution, la qualité et la blancheur de l'ivoire ainsi que son excellent état de conservation, en font une opportunité rare d'acquérir une oeuvre d'art allemande majeure en ivoire datant du début du XVIIe siècle.
Comme H. J Hennze l'évoque dans son article, les thèmes du sacrifice, de la jeunesse et vieillesse sont très présent dans l'oeuvre de Kern. Effectivement, de nos jours il existe plusieurs versions du thème du sacrifice conservées dans des institutions attribuées à Kern. Les analogies entre l'ivoire conservé au Victoria et Albert Museum daté aux alentours de 1630-1635 (op. cit., fig. 1) l'ivoire du Kunstmuseum de Dusseldorf daté de 1620 (op. cit., fig. 2) et le groupe ici présent sont frappantes tant au niveau du traitement des cheveux, de la barbe, qu'au niveau du modelé des corps. Dans chaque version, il a cherché la possibilité de représenter de façon imagée le dialogue entre le père et son fils et a transcrit très précisément les différentes phases du sacrifice dans la gestuelle, la posture et les mimiques des protagonistes. L'interdépendance des deux personnages rend le sculpteur capable de créer un groupe qui offre au spectateur de nombreux points de vue avec en partie des aspects surprenants. On retrouve la même opposition gestuelle dans notre groupe et celui du Victoria and Albert Museum. La figure masculine regarde vers le ciel et réalise probablement avec douleur ce que le sacrifice signifie pour lui, tandis que l'enfant est presque mort à terre.
La qualité d'exécution est telle que le réalisme des morphologies des deux corps, la grande maitrise au niveau du traitement des cheveux, de la barbe, les proportions des corps, le modelé et l'observation anatomique nous permettent d'attribuer cette oeuvre à Leonhard Kern. Nous pouvons également faire le rapprochement entre l'ivoire ici présent et un groupe exposé en 1879 à Londres qui est par ailleurs le plus apparent et représentatif de tous les exemples connus de nos jours. (voir Burlington Fine Arts Club, cat. Exp. Catalogue of Bronzes and Ivories of European Origin, 1879, London, p. 56. No. 339.). A l'époque ce groupe fut prêté par Mr Fisher et catalogué comme 'Group from the Murder of the Innocents' (le massacre des Innocents), Italien datant du XVe siècle. Ce dernier groupe est le plus analogue de notre ivoire et nous permet d'avancer l'hypothèse que la figure masculine du groupe ici présent devait probablement tenir une épée ou un sabre de sa main gauche et que ces deux groupes sont la réalsisation d'un même artiste, ici donc Leonhard Kern.
Cet ivoire provient d'une collection privée française et n'a pas été présenté sur le marché depuis plus de 150 ans. Il illustre parfaitement l'habilité de Leonhard Kern à représenter le modelé et la composition anatomique du corps humain. Sa provenance, ses dimensions inhabituelles, son attribution, la qualité et la blancheur de l'ivoire ainsi que son excellent état de conservation, en font une opportunité rare d'acquérir une oeuvre d'art allemande majeure en ivoire datant du début du XVIIe siècle.